Le Réseau africain des jeunes chercheurs en géographie (RAJEC Géo) du Groupe de recherche Populations, sociétés et territoires (PoSTer) de l’université Jean Lorougnon Guédé (Daloa, Côte d’Ivoire) organise le 6 février 2024 sa deuxième journée d’étude. Par cet appel à contribution, le RAJEC Géo propose d’aborder les études de genre en géographie sur le continent et invite à réfléchir aux approches méthodologiques et théoriques adoptées par les chercheurs africains qui mobilisent cette grille d’analyse des rapports sociaux et spatiaux dans leurs travaux. Cet appel à contribution s'inscrit dans une perspective géographique et pluridisciplinaire.

Présentation

Le Réseau Africain des Jeunes Chercheurs en Géographie (RAJEC Géo) du Groupe de recherche Populations, Sociétés et Territoires (PoSTer) de l’Université Jean Lorougnon Guédé (Daloa, Côte d’Ivoire) organise le 6 février 2024 à 10:15 (heure d’Abidjan) sa deuxième journée d’étude. Cette journée a pour thème : GÉOGRAPHIE ET GENRE EN AFRIQUE. LEVIERSET PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DE CARRIÈRES ACADÉMIQUES DANS LARECHERCHE EN AFRIQUE.

La journée d'étude se tiendra en visio-conférence. Il n'y a pas de frais d'inscription ni de participation. Par cet appel à contribution, le Réseau Africain des Jeunes Chercheurs en Géographie (RAJEC Géo) propose d’aborder les questions liées au genre en géographie en Afrique.

Ce séminaire aborde les études de genre en géographie sur le continent et propose de réfléchir aux approches méthodologiques et théoriques adoptées par les chercheurs africains pour réfléchir à cette question dans leurs travaux. Bien évidemment, par cette thématique, le RAJEC Géo considère aussi le développement personnel et professionnel de ses adhérents, notamment des chercheuses africaines en géographie. Cet appel à contribution s'inscrit dans une perspective géographique et pluridisciplinaire. Nous invitons toutes les jeunes chercheuses et tous les jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales à nous faire parvenir leurs propositions de contribution en français ou en anglais. Les propositions sont à envoyer à l’adresse rajecgeo.poster@gmail.com d’ici au vendredi 22 décembre 2023.

La date de la journée d’étude vient en écho à la date commémorative du décès de M'Balia Camara (1929 - 1955), militante guinéenne du Rassemblement démocratique africain (RDA). Cette date anticipe encore la journée internationale des femmes et des filles de science de l’organisation des Nations Unies (11 février).

Argumentaire

Si la décolonisation de la géographie prend de l’ampleur en Afrique, il demeure que le rapport qu’entretient la discipline avec les questions liées aux genres restent peu abordées par les géographes sur le continent. De façon générale, la recherche scientifique reste encore un monde accordé au masculin (Löwj, 2001). L’Afrique ne fait donc pas exception. La notion de genre est féconde en sciences sociales (Omer-Houseaux, 2008). En géographie, les questions de genre rassemblent l’ensemble des modes d’appropriation de l’espace géographique qui instruisent la différence mais surtout les rapports entre les sexes. Frédérique Omer-Houseaux (2008) analyse combien ces rapports sont structurés « par une domination du « masculin » sur le « féminin » [et] évolutifs dans l’histoire et dans l’espace social ». De plus en plus, la géographie intègre les questions liées au genre et la diversité des approches que la notion permet de mobiliser pour penser, mais aussi pour analyser l'espace différemment. Dès lors, il est question d’analyser l’organisation des espaces africains fortement marqués par une lecture sexuée à toutes les échelles. La prise en compte de la différence de genre et des enjeux que cela sous-entend en termes d’inégalités ouvrent à une plus grande diversité dans les pratiques du territoire, dans les approches et les modes de transmission du savoir géographique ainsi que dans les manières de concevoir nos construits cognitifs (concepts, protocoles, etc.) (Ngo Nlend, 2020).

La science géographique est presque entièrement forgée par des individus de sexe masculin. Et pendant longtemps, « la géographie servit, d’abord, à faire la guerre »¹. Ainsi, la discipline est construite autour de principes sexués comme la découverte, la conquête, le pouvoir, l’appropriation du territoire, tous étroitement androcentristes. Aussi, alors que le continent africain était destiné, avec ses ressources et ses habitants, à assouvir l’hégémonie impérialiste de l’Europe, la femme africaine et son identité courbaient sous le triple fardeau du racisme, du colonialisme et de la marginalisation (Rodet, 2006). Marginalisée, qu’elle fut en tant qu’objet d’étude et acteur scientifique de la géographie. Dès lors, « le genre se révèle aussi comme un outil conceptuel dont la portée épistémologique met en question une grande partie des constructions classiques de la géographie » (Raibaud, 2012).

Réfléchir sur le genre implique de questionner autant l’objet d’étude africain du géographe que la (ou le) géographe en lui-même, sa spatialité, ses représentations, ses méthodes ainsi que les limites à l’exercice de sa recherche. La disproportion entre le nombre de femmes et d’hommes au sein du Réseau Africains des Jeunes Chercheurs en Géographie (RAJEC Géo)² est symbolique de leur absence presque totale dans les institutions de recherche continentales chapotant la discipline, elles-mêmes éminemment hétéronormatives. La place des femmes dans la recherche n’a certes pas cessé de croître, réduisant l’asymétrie entre les sexes dans la communauté des géographes du continent. « Les intellectuelles africaines ont mis beaucoup de temps pour revendiquer et nourrir une parole conceptuelle et pour formuler des énoncés prescriptifs sur leur propre situation » (Touré, 2011). Toutefois, le contexte social, culturel, économique et politique n’est pas étanche aux rapports de domination qui construisent les limites bridant le rapport des chercheuses avec leurs démarches scientifiques.

Les inégalités spatiales qu’ambitionnent de mettre en évidence la géographie sont alors confrontées aux inégalités sociales qu’induisent la différence des sexes et des genres. Manifestement, en comparaison avec le contexte de la recherche dans les pays riches, dans beaucoup de pays africains, on ne fait pas de recherche dans les mêmes conditions quand on est un homme, c'est encore plus vrai quand on est une femme. Aussi, en Afrique, les quelques travaux en géographie et plus largement dans les sciences sociales, portant ou non sur les rapports liés au genre dans les territoires africains, sont à enraciner dans des analyses féministes ou tout au moins tenant compte de la condition et de la participation des femmes en Afrique (Sow, 2004). Mieux, la question du sexe et la notion de genre apparaissent elles-mêmes au fil des terrains comme des « objets géographiques » (Raibaud, 2012). Objets, inextricablement liés à un argumentaire féministe charrié par les migrations, mûri à travers son ouverture au monde et affirmé dans la critique, sinon la relecture des traditions (Fall-Sokhna et Thiéblemont- Dollet, 2009).

Dans le cadre de sa deuxième journée d’étude, le Réseau Africain des Jeunes Chercheurs en Géographie (RAJEC Géo) propose d’aborder les questions liées au genre en géographie en Afrique. Ce séminaire aborde les études de genre en géographie sur le continent et propose de réfléchir aux approches méthodologiques et théoriques adoptées par les chercheurs africains pour réfléchir à cette question dans leurs travaux. Bien évidemment, par cette thématique, le RAJEC Géo considère aussi le développement personnel et professionnel de ses adhérents, notamment des chercheuses africaines en géographie. L’idée est de participer à l’essor de la problématique du genre dans la science géographique en Afrique et la promotion de la chercheuse africaine en géographie. En effet, la promotion de candidatures féminines par la discrimination positive au sein de nombreuses institutions puise dans l’idée d’une redistribution des rôles, dégagée de stéréotypes de genre. Elle ouvre à la chercheuse africaine en géographie des opportunités nouvelles vers une éducation de qualité et inclusive, ainsi qu’une employabilité non-discriminante (Poggi et Waltmann, 2019). Incontestablement, il s’agit là d’un levier et d’une perspective pleine de promesse dans le développement de carrières académiques des femmes dans la recherche en géographie en Afrique. Enfin, à travers ce thème, le RAJEC Géo s’ouvre à une démarche pluridisciplinaire. L’intérêt étant d’ouvrir un dialogue entre ses membres et des chercheurs d’autres disciplines. L’idée est d’aborder ensemble des sujets de réflexion communs aux sciences sociales sous divers angles d’analyse, et à travers diverses méthodes scientifiques.

Notes

¹ Lacoste, Y. (2014). La Géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre. La Découverte. https://doi.org/10.3917/dec.lacos.2014.01

² Sur sa centaine de membres, le RAJEC Géo ne connait que 32 pourcents des membres femmes.

Modalités de soumission

La principale question de recherche de cette journée d’étude est à envisager en fonction de différentes perspectives méthodologiques, selon que ces perspectives s’inscrivent dans une perspective géographique ou dans l’ouverture pluridisciplinaire de cette journée d’étude. Nous invitons toutes les jeunes chercheuses et tous les jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales à nous faire parvenir leurs propositions de contribution en français ou en anglais.

Les propositions de communication sont à présenter dans un résumé entre 2500 et 4 500 signes, espaces compris et bibliographie incluse. Les propositions devront être aussi précises que possible : titre de l’article, question de recherche, outils théoriques, terrain étudié, principaux résultats. Elles devront inclure les noms et prénoms des auteur·e·s, leur statut et leur rattachement institutionnel, ainsi que le courriel de l’auteur·e correspondant. Les propositions sont à envoyer à l’adresse rajec.poster@gmail.com

d’ici au vendredi 22 décembre 2023.

À l’issue de la journée d’étude, les jeunes chercheuses et jeunes chercheurs panelistes s’engagent à soumettre sous la forme d’un article, leurs contributions à la revue en ligne Espaces Africains. Cette contribution reprendra les grandes lignes de leurs communications, nourries des apports des autres chercheurs du panel et des perspectives soulevées durant les discussions par l’ensemble des participants.

Comité d’organisation

• Ondo Ze, Docteur en géographie, Centre d’Etudes et de Recherche en Géosciences Politiques et Prospective (CERGEP) de l’université Omar Bongo (Gabon).
• Emile Aurelien Ahua, Doctorant en géographie, Institut de Géographie Tropicale (IGT) Université Félix Houphouët Boigny (Côte d’ivoire).

Comité scientifique

• Ondo Ze, Docteur en géographie, Centre d’Etudes et de Recherche en Géosciences Politiques et Prospective (CERGEP) de l’université Omar Bongo (Gabon).
• Benoite Ohoussa, Docteure en géographie, Espaces et SOciétés (France).
• Florent Gohourou, Professeur de géographie (CAMES), Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa, (Côte d’Ivoire) Chercheur associé - Laboratoire MIGRINTER (CNRS- Université de Poitiers-France).
• Maureen Mihindou, Doctorante en géographie, Laboratoire Ruralités, Université de Poitiers (Université de Poitiers-France)
• Christian Wali Wali, Docteur de géographie, Maitre-Assistant CAMES, Centre d’Etudes et de Recherche en Géosciences Politiques et Prospective (CERGEP) de l’université Omar Bongo (Gabon).

Courriels du RAJEC Géo : ragec.poster@gmail.com

Site internet du RAJEC Géo

Bibliographie

Fall-Sokhna R. et Thiéblemont-Dollet S. (2009), “Du genre au Sénégal”, Questions de communication [Online], 16 | 2009, Online since 22 September 2015, URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/350 ; DOI : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.350.

Löwy, I. (2001), La science ne doit plus se décliner au masculin. Entretien avec Evelyn Fox Keller.

Mouvements, no<(sup>17), 117-124, URL : https://doi.org/10.3917/mouv.017.0117.

Ngo Nlend, N. L. (2020), « Les études sur le genre en histoire au Cameroun : enjeux et défis d’un savoir en construction », Revue Interventions économiques [En ligne], 64 | 2020, mis en ligne le 01 mai 2020, URL : http://journals.openedition.org/ interventionseconomiques/11157 ; DOI : https://doi.org/10.4000/interventionseconomiques.11157.

Omer-Houseaux, F. (2008), Le genre, une notion féconde pour les sciences sociales. Idées économiques et sociales, 153, 4-5, URL : https://doi.org/10.3917/idee.153.0004.

Poggi, C. et Waltmann, J. (2019), La (re)production des inégalités de genre : quels enjeux dans

l’éducation, la santé et la protection sociale ? Dans : C. Poggi & J. Waltmann (Dir), La (re)production des inégalités de genre : quels enjeux dans l’éducation, la santé et la protection sociale, pp. 1-38, Paris Cedex 12, Éditions AFD, URL : https://doi.org/10.3917/afd.poggi.2019.01.0001.

Raibaud, Y. (2012), Introduction : « Géographie du genre : ouvertures et digressions ».

L'Information géographique, n° 76, pp. 7-15, URL : https://doi.org/10.3917/lig.762.0007

Rodet, M. (2006), C'est le regard qui fait l’histoire : Comment utiliser des archives coloniales qui nous renseignent malgré elles sur l'histoire des femmes africaines (archives). Terrains & travaux, 10, pp. 18-35, URL : https://doi.org/10.3917/tt.010.0018

Sow F. (2004), « Avant-propos », in : Imam M.-T. A., Mama A., Sow F., dirs, Sexe, genre et société. Engendrer les sciences sociales africaines, pp. 11-14, Dakar/Paris, Codesria/Karthala.

Touré, M. (2011), La recherche sur le genre en Afrique : quelques aspects épistémologiques, théoriques et culturels. Genre et dynamiques socio-économiques et politiques en Afrique, pp. 105-126.