Pour la huitième rencontre des « Études africaine en France », du 1^er au 4 juillet 2024 à l’université Côte d’Azur, nous proposons un atelier intitulé « Les nourritures de l’Afrique de l’Ouest aux prismes des défis écologiques et de l’affirmation d’une identité culturelle». Cet atelier se propose de comprendre l’impact de la colonisation sur les écologies ouest-africaine, mais aussi de comprendre de façon politique et sociale comment elles relèvent ou non ses défis.

Argumentaire

Montée des eaux, sècheresse, Grands Lacs africains menacés par les explorations pétrolières, trafic du bois : Comment les pays d’Afrique de l’Ouest font-ils face à ces défis écologiques ? Régions anciennement colonisées, peut-on considérer que ces questionnements écologiques sont le résultat d’une domination coloniale attestant l’hypothèse du néo-colonialisme ? Et comment lier ses défis écologiques à l’affirmation d’une identité culturelle ouest-africaine post-coloniale qui se comprend notamment à travers les pratiques culturelles culinaires ? Thiéboudienne, Poulet Yassa, Riz Jolof, Foufou, plats disposant d’une renommée internationale grâce à une diaspora ouest-africaine – ne sont-ils pas en périls compte tenu des catastrophes écologiques ? Et, par conséquent, ne remettent-ils pas en cause l’affirmation de l’identité culturelle ouest-africaine ? En somme, comment l’Afrique de l’Ouest pense-t-elle son futur propre entre défis écologiques et nécessité d’affirmation culturelle qui a été déniée pendant la violence de l’époque coloniale ? Cet atelier se propose de comprendre l’impact de la colonisation sur les écologies ouest-africaine, mais aussi de comprendre de façon politique et sociale comment elles relèvent ou non ses défis.

Entre volonté de développement au sein d’un système capitaliste et écologie traditionnelle africaine, l’objectif sera de situer l’Afrique de l’Ouest dans le monde. Si certain.e.s Afro-futuriste africain pensent le futur à travers une cosmologie englobant l’ensemble du vivant comment est-il possible de la matérialiser ? En outre, comment peut-on lire l’affirmation d’une identité ouest-africaine qui passe par une nourriture et qui se retrouve en péril face à ces mêmes désastres écologiques ? Quels sont les enjeux de « manger » en Afrique de l’Ouest ?

L’atelier tentera de déchiffrer l’importance de l’identité comme un facteur d’affirmation culturelle aussi bien dans des plats emblématiques que dans une agriculture traditionnelle ouest-africaine plus respectueuse de l’environnement, et ; pouvant potentiellement contrecarrer ces défis écologiques en mettant à défaut le modèle agraire capitaliste de la sur-production. En somme l’alimentation ne représente-t-elle pas le potentiel de résistance de l’Afrique de l’Ouest pour lutter contre son histoire coloniale, répondre aux défis écologiques et penser le futur ?

La question des inégalités retiendra particulièrement notre attention puisqu’elles sont consécutives du développement de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, dans quelle mesure les États sont-ils en mesure de réduire ces inégalités et de trouver un arbitrage entre développement économique, défis écologiques et revendication d’une identité culturelle propre ? Les frontières délimitant le territoire politique, parfois abstraites, sont le résidu d’un passif colonial où le territoire politique est délimité par l’occupation. Or, l’affirmation d’une identité culturelle étatique se heurte à des revendications culturelles communautaires et ethniques, dont la légitimité est contestée par les pouvoirs publics. Ainsi, l’alimentation – à l’image du combat féroce, entre pays de l’Afrique de l’Ouest, pour l’inscription du Thiéboudienne au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO – se retrouve aux prismes des problèmes politico-sociétaux qui animent cette région d’Afrique.

La diversité et la pluralité des ethnies et des États politique représentant l’Afrique de l’Ouest posent aussi la question de la délimitation et de la définition géographique de cette région ainsi que son prétendu universalisme culturel. L’unité de cette région n’est-elle pas un leurre invisibilisant les différentes inégalités écologiques, alimentaires et culturelles ? Cet universalisme régional est à exhumer dans l’objectif de comprendre aussi la pluralité des enjeux, non pas de la nourriture d’Afrique de l’Ouest, mais des nourritures se liant aux prismes des défis écologiques et de l’affirmation d’une identité culturelle.

Pistes de réflexion envisagées

• L’affirmation d’une identité culinaire : comment les pays d’Afrique de l’Ouest tentent de valoriser leur patrimoine à travers les grandes instances internationales (tentative d’inscription de certains plats au patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO)
• La diaspora ouest-africaine : une réflexion sur l’importance de cette diaspora dans la valorisation des pratiques gastronomiques
• Une historicité des pratiques culinaires : contexte historique dans lequel elles ont émergé (influence de l’époque coloniale, interdiction alimentaire, importation et exportation de produits vers le pays colonisateur….)
• Défis écologiques : catastrophe naturelle (engendrant ou non des migrations..)
• Écologie décoloniale : historiciser les problèmes écologiques
• Agriculture traditionnelle : réaffirmer une agriculture contrecarrant celles des pays colonisateurs.
• Inégalités alimentaires : au sein de la région, mais aussi au sein de la diaspora qui tente de s’installer dans les pays développés (anciennement pays colonisateur)
• Différences régionales sur les pratiques culinaires et culturelles : importance des ethnies, difficulté des pouvoirs politiques, problèmes des frontières, entente politique ou non entre les pays, importance de la délimitation géographique et de la dénomination de cette région.

Modalités de contribution

28 novembre 2023 : date limite d’envoi des résumés de propositions en français

(300 mots environ à l’adresse mail : debbiche.mathilde@gmail.com)

• 15 décembre 2023 : réponse du comité scientifique
• 15 mars 2024 : date limite d'inscription aux 8ème REAF sur https://reaf2024.sciencesconf.org
• 1-4 juillet 2024 : 8èmes Rencontres des études africaines en France 2024 (REAF) - Nice - Université Côte d'Azur

Pour l'envoie, veuillez mettre REAF-NOM en ordre dans le mail. 

Évaluation

La sélection des propositions sera effectuée par Debbiche Mathilde, Laboratoire ERRAPHIS (École doctorale ALLPHA) à l’Université de Toulouse