HomePas de (ré)conciliation sans décolonisation ?
Pas de (ré)conciliation sans décolonisation ?
Dialogue(s) et dissonance(s) entre communautés autochtones, allochtones et autorités publiques en Amérique du Nord
Published on Thursday, October 19, 2023
Abstract
Malgré un processus dit de réconciliation initié en 2008 au Canada, le dialogue entre populations autochtones, allochtones et autorités publiques au Canada et aux États-Unis, quand il est amorcé, semble souvent se heurter à des obstacles. Si certains sont évidents, tels que la discrimination systémique qui perdure envers les Autochtones, d’autres le sont moins, et découlent par exemple des difficultés à exposer et assumer la mémoire des crimes passés ou de l’éloignement entre les différents acteurs en question, produit du colonialisme. Face à ce constat, ce colloque se donne pour but de chercher à cerner ce qui demeure de l’ordre du colonialisme, du néo-colonialisme, de la colonialité, des impasses du post-colonialisme – autant de concepts essentiels qu’il s’agira d’explorer. En somme, l’objectif est d’étudier ce qui empêche encore, souvent, une relation « équitable et inclusive » entre populations autochtones et allochtones.
Announcement
Université de Poitiers, 7, 8 et 9 Mars 2024
Organisation
Organisé à l’Université de Poitiers par le MIMMOC, en partenariat avec :
- À l’Université de Poitiers : l’IEAQ, la chaire de recherche Senghor sur la francophonie, la MSHS et le festival Bruits de Langues ;
- Sur le plan régional : la Fédération pour l'étude des civilisations contemporaines (FE2C) : D2iA La Rochelle, Rémélice Orléans et EHIC Limoges ;
- À l’international : le Centre interuniversitaire d'études et de recherches autochtones CIÉRA-MTL de l’Université de Montréal.
Argumentaire
Malgré un processus dit de réconciliation initié en 2008 au Canada (Commission Vérité et Réconciliation), le dialogue entre populations autochtones, allochtones et autorités publiques au Canada et aux États-Unis, quand il est amorcé, semble souvent se heurter à des obstacles. Si certains sont évidents, tels que la discrimination systémique qui perdure envers les Autochtones, d’autres le sont moins, et découlent par exemple des difficultés à exposer et assumer la mémoire des crimes passés (Madley) ou de l’éloignement entre les différents acteurs en question, produit du colonialisme. Parfois, il s’agit encore d’un manque de connaissance « patent » (Bousquet). Face à ce constat, ce colloque se donne pour but de chercher à cerner ce qui demeure de l’ordre du colonialisme, du néo-colonialisme, de la colonialité (Escobar), des impasses du post-colonialisme – autant de concepts essentiels qu’il s’agira d’explorer. En somme, l’objectif est d’étudier ce qui empêche encore, souvent, une relation « équitable et inclusive » (Principes de réconciliation, CVRC) entre populations autochtones et allochtones.
Qu’est-ce qui perdure des pratiques coloniales, structurellement ou systémiquement dans le récit historique, les politiques publiques, les mémoires collectives et les représentations ? Quelles sont les forces de transformation de ces processus « encore » coloniaux, actives aux échelles locales, des États ou provinces, nationales, mais aussi inter et transnationales ? Quelles sont les voix qui, dans les mouvements sociaux, politiques, littéraires, philosophiques, artistiques proposent un renversement, un renouvellement du rapport au passé et la possibilité d’altérités constructives ? En quoi cette dynamique de décolonisation pourrait-elle être bénéfique aux populations autochtones, et permettre d’envisager une coexistence collaborative libérée du poids et des entraves du passé ?
Ce colloque pluridisciplinaire tentera de répondre à certaines de ces questions en explorant, parmi d’autres, les axes de réflexion suivants :
- les effets du colonialisme et du néo-colonialisme sur la situation actuelle des populations autochtones d’Amérique du Nord, et sur les relations entre les populations autochtones et les autres ; une réflexion sur la notion de colonialité (Escobar) ;
- l’impact, sur la situation actuelle, de la (non) reconnaissance et la (non) mémorialisation des politiques discriminatoires et/ou génocidaires, subies par les populations autochtones d’Amérique du Nord, politiques souvent tout simplement tues par les autorités (Dunbar-Ortiz) ;
- l’état des réflexions et discussions sur la réparation des crimes passés à de multiples échelles, entre le local, le national et le transnational, entre histoire particulière et histoire collective (Bousquet) ;
- des réflexions autour des notions de ruptures et/ou de continuité, de fixité (Bhabha) et de progrès, de temporalité et d’atemporalité (Fabian), qui remettraient en question la vision linéaire de l’histoire de la colonisation, des relations entre autochtones et allochtones, de l’action et de l’inaction, du visible et de l’invisible, des dites « ruptures » dans les pratiques coloniales ou post-coloniales ou encore les représentations des actions de résistances autochtones ;
- les notions de collaboration, de co-création et de co-résistance dans la lutte pour la décolonisation et pour l’autochtonisation, mais aussi le décentrement et l’humilité culturelle, l’intégration des savoirs et perspectives autochtones, ainsi que l’inclusion d’une vision holistique et d’une approche relationnelle dans le rapport à l’individu et au groupe ;
- la décolonisation des épistémologies en vue de la déconstruction des concepts normatifs occidentaux, de terminologies (« découverte », « progrès », « universalisme ») et de la représentation de l’altérité, notamment par l’apprentissage des langues autochtones, la traduction des oeuvres autochtones et l’utilisation de cadres méthodologiques et théoriques autochtones (Battiste) ;
- envisager la « structure coloniale » (Wolfe) dans son ensemble, les liens, les réseaux, ramifications et espaces interconnectés qui entravent le processus de décolonisation ;
- le lien intime entre territoire et (dé)colonisation : le territoire, la frontière, la territorialisation et la déterritorialisation (Rifkin) ;
- le rôle de l’art, de la comédie, de l’humour, de la littérature dans le processus de rencontre interculturelle et de co-création (Wagamese, King, Théâtre Menuentakuan).
Modalités de contribution
Les propositions de communication peuvent être présentées en anglais ou en français. Merci de faire parvenir le titre et le résumé de votre communication (250-300 mots), ainsi qu’une courte bio-bibliographie, au comité d’organisation
avant le 15 décembre 2023.
Les collègues seront notifiés de l’acceptation ou non de leur proposition à la mi-janvier 2024. Une publication découlera des travaux du colloque.
Comité organisateur
- Kelly Fazilleau : kelly.fazilleau@univ-poitiers.fr
- André Magord : andre.magord@univ-poitiers.fr
- Julien Zarifian : julien.zarifian@univ-poitiers.fr
En collaboration avec Marie-Pierre Bousquet, Université de Montréal et le CIÉRA-
Bibliographie
Ashcroft, Bill, Gareth Griffiths, and Helen Tiffin. The Empire Writes Back: Theory and Practice in Post-Colonial Literatures. London: Routledge, 1989.
Barnd, Natchee Blu. Native Space: Geographic Strategies to Unsettle Settler Colonialism. Corvallis : Oregon State University Press, 2017.
Battiste, Marie. “Decolonizing the University: Ethical Guidelines for Research Involving Indigenous Populations”. Findlay LM, Bidwell PM (eds) Pursuing Academic Freedom: “Free and Fearless”? Saskatoon, SK: Purich Press, 2001, p. 190–203.
Bhabha, Homi K. The Location of Culture. 1994. London: Routledge, 2004.
Bousquet, Marie-Pierre. « La constitution de la mémoire des pensionnats indiens au Québec : Drame collectif autochtone ou histoire commune ? ». Recherches amérindiennes au Québec, 46(2-3), 2016, p. 165–176.
Commission de Vérité et de Réconciliation au Canada. Appels à l’action. 2012, version électronique, site web : www.trc.ca
Commission de Vérité et de Réconciliation au Canada. Ce que nous avons retenu : Les principes de la vérité et de la réconciliation. 2015, version électronique, site web : www.trc.ca
Coulthard, Glen. Red Skin, White Masks: Rejecting the Colonial Politics of Recognition. Minneapolis: University of Minnesota Press, 2014.
Dunbar-Ortiz, Roxanne. An Indigenous People’s History of the United States, Beacon Press, Boston, 2014.
Escobar, Arturo, et Retrepo Eduardo. « Anthropologies hégémoniques et colonialité », Cahiers des Amériques latines, n° 62, 2009, p.83-95.
Fabian, Johannes. Time and the Other: How Anthropology Makes its Object. New York: Columbia UP, 2014.
Gaudry, Adam, and Lorenz, Danielle. « Indigenization as inclusion, reconciliation, and decolonization: navigating the different visions for indigenizing the Canadian Academy ». AlterNative, 14(3), 2018, p. 218-227.
King, Thomas. The Inconvenient Indian: A Curious Account of Native People in North America. Anchor Canada, 2013.
Lonetree, Amy. Decolonizing Museums: Representing Native America in National and Tribal Museums. Chapel Hill : The University of North Carolina Press, 2012.
Loomba, Ania. Colonialism/Postcolonialism. 1998. London: Routledge (2nd ed.), 2005.
Madley, Benjamin. “Reexamining the American Genocide Debate: Meaning, Historiography, and New Methods”, The American Historical Review, vol. 120, n° 1, 2015, p. 98-139.
Mencé-Caster, Corinne, et Cécile Bertin-Elisabeth. « Approches de la pensée décoloniale ». Archipélies, 2018.
Rifkin, Mark. « Settler Common Sense ». Settler Colonial Studies, vol. 3, n° 3–4, 2013, p. 322–40.
Smith, Linda Tuhiwai. Decolonizing Methodologies Research and Indigenous Peoples [1999]. Londres : Zed Books, 2012 [2e éd.].
Wagamese, Richard. Indian Horse. Douglas & McIntyre, 2012.Wolfe, Patrick. “Settler Colonialism and the Elimination of the Native”. Journal of Genocide Research, vol. 8, n° 4, 2006, p. 387-409.
Subjects
- History (Main category)
- Zones and regions > America > United States
- Society > Geography > Migration, immigration, minorities
- Zones and regions > America > Canada
- Periods > Modern > Twenty-first century
- Society > Political studies > Political and social movements
- Mind and language > Epistemology and methodology > Epistemology
- Society > History > Social history
Places
- MSHS de l'université de Poitiers - 5 Rue Théodore Lefebvre
Poitiers, France (86000)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Friday, December 15, 2023
Keywords
- autochtone, États-Unis, Canada, colonialisme, décolonialisation, mémoire, politique
Contact(s)
- Julien Zarifian
courriel : julien [dot] zarifian [at] univ-poitiers [dot] fr - Kelly Fazilleau
courriel : kelly [dot] fazilleau [at] univ-poitiers [dot] fr
Information source
- Julien Zarifian
courriel : julien [dot] zarifian [at] univ-poitiers [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Pas de (ré)conciliation sans décolonisation ? », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, October 19, 2023, https://doi.org/10.58079/1bzy