HomeMémoires des violences sexuelles dans les Églises
Mémoires des violences sexuelles dans les Églises
Devoirs, responsabilités, justice
Published on Friday, October 20, 2023
Abstract
Deux ans après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE), le collectif préfiguratif de l’association « Mémoires, violences sexuelles et abus dans les Églises », initiée par les membres du groupe de travail sur la mémoire, propose une journée de réflexion à partir de ses travaux et en vue de la création d’un lieu de mémoire. En s’appuyant sur l’étude des témoignage des personnes victimes, de la capacité de l’Église à faire face à ses propres responsabilités dans le cadre de situations difficiles mais également sur les recherches en éthique reconstructive, cette journée souhaite contribuer à mieux définir les enjeux des démarches mémorielles en terme de recherche, de reconstruction et de prévention. Elle s’appuiera sur les interventions d’universitaires français et internationaux, de personnes victimes et d’acteurs des démarches de reconnaissance et réparation mises en place par les institutions ecclésiales.
Announcement
Journée d'étude organisée par le collectif Mémoires, violences sexuelles et abus dans les Églises avec le soutien de la CORREF, de l’INIRR et de la CRR.
Argumentaire
Deux ans après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) et six mois après le rendu des travaux des dix groupes de travail sollicités par la Conférence des évêques de France, le collectif préfiguratif de l’Association Mémoires, violences sexuelles et abus dans les Églises, initiée par les membres du groupe de travail sur la mémoire, propose une journée de réflexion à partir de ses travaux et en vue de la création d’un lieu de mémoires.
Il ne peut être question de « tourner la page », comme le souligne le président de la CIASE dans la conclusion de l’avant-propos de son rapport, et il est indéniable que l’Église catholique en France a commencé à prendre certaines de ses responsabilités vis-à-vis des personnes victimes. Pour autant l’accueil au mieux frileux des propositions émanant des groupes de travail, regroupant personnes victimes et spécialistes des sujets traités, pourtant sollicités par les évêques catholiques, montrent qu’une intégration active de cette réalité est loin d’être évidente à ce jour. La mise en lumière continue et régulière des affaires « cachées » de violences sexuelles dans les Églises reste une question d’actualité.
Cette journée de réflexion souhaite ainsi redire fortement que ce travail de mémoire est tout d’abord un triple devoir de justice :
- envers les personnes victimes qui le demandent comme signe de la reconnaissance des crimes et délits commis mais également du silence et souvent du déni qui leur ont été infligés ;
- envers la société dans son ensemble car par leur comportement vis-à-vis des lois, les Églises, et particulièrement l’Église catholique, ont gravement porté atteinte aux contrats sociaux et de confiance qui fondent notre vivre ensemble ;
- envers les Églises et l’Évangile. Si l’Église catholique prend réellement au sérieux la dimension systémique révélée par le rapport de la CIASE, elle doit penser théologiquement et particulièrement ecclésiologiquement ce qui s’est passé et se passe.
Mais le travail de mémoire est également une triple responsabilité :
- pour les personnes victimes qui au-delà de leur cas propre sont extrêmement sensibles à la question de la prévention et à la lutte contre toutes les formes d’abus dans les Églises ;
- pour la société car le travail de vérité qui a été entamé et qui doit se poursuivre peut aider d’autres institutions et plus généralement la société dans son ensemble sur la compréhension et la lutte contre les violences sexuelles et la mise en place de politiques d’accompagnement et de suivi des personnes victimes ;
- pour les Églises qui doivent également lutter contre d’autres formes d’abus, sexuels et spirituels, sur mineurs comme sur majeurs, et proposer des pastorales spécifiques aux personnes qui en sont victimes, mais également se réformer elles-mêmes suivant toujours la voie de la pénitence et du renouveau, afin que cela ne puisse se produire et que les communautés paroissiales comme religieuses soient des lieux sûrs.
Inscriptions
Participation aux frais sur place (10€) - Possibilité de recevoir un lien pour suivre la journée en visio.
Renseignements et inscriptions : associationMVSAE@gmail.com
Programme
9h - Ouverture de la journée
- « Violence systémique dans l’Église catholique, ce que les victimes nous apprennent. »Laëtitia Atlani-Duault, anthropologue, membre de la CIASE.
- 9h30 - « Mémoire versus réconciliation. Portée et limites d’une reconstruction entre Institution ecclésiale, société et victimes. »Valérie Rosoux, FNRS, Université catholique de Louvain
- 10h15 – « Réflexions sur le statut de victime et ses limites. » Evelyne de Mevius, Chercheuse associée à l’Université catholique de Louvain
11h – Pause
- 11h30 – « Entre deuil et déni. Les Églises rwandaises confrontées à la mémoire douloureuse et contestée du génocide des Tutsi » Philippe Denis, Université du KwaZulu-Natal, Afrique du Sud (en visio)
12h15 – « L’urgence d’un travail mémoriel aujourd’hui en France »
Discussion et reprise avec
- Véronique Garnier et Francis Salembier, personnes victimes,
- Marie-Rose Boodts, psychologue et psychanalyste, tous trois membres du groupe Mémoire
Déjeuner libre
- 14h15 – « The Healing Power of Survivors’ Stories : Fostering Accountability, Justice, and Hope. » (Le pouvoir de guérison des récits de survivants : favoriser la responsabilité, la justice et l’espoir.)Gerard McGlone, Université de Georgetown, États-Unis d’Amérique (traduction simultanée)
15h30 – Pause
- 15h45 – « L’importance de la mémoire pour les personnes victimes dans les actions des commissions de reconnaissance et de réparation. »Jean-François Badin, référent de situation à l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIRR) et Eve Paul, commissaire à la Commission reconnaissance et réparation (CRR) en présence de membres du collectif Voix libérées (Tours)
16h30 – Conclusions et perspectives. Préfiguration de l’association Mémoires, violences sexuelles et abus dans les Églises
en table ronde avec
- Christine Lazerges, professeur émérite de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre de la CIASE
- Annette Becker, historienne
- Brigitte Navail et Nicolas Scalbert, personnes victimes, tous trois membres du groupe Mémoire
Les intervenants
Laëtitia Atlani-Duault est anthropologue. Ses travaux portent, d’une part, sur la fabrique des crises et leurs mémoires, et, d’autre part, sur les grands enjeux de société au prisme des religions. Elle est Vice-Présidente de l’Université Paris Cité, Presidente de l’Institut Covid19 Ad Memoriam qu’elle a fondé à l’Université Paris Cité, directrice de recherche au laboratoire Ceped (Université Paris Cité, IRD) et professeur affiliée à l’Université Columbia à New York. Elle a été récemment conseillère pour les affaires humanitaires au siège des Nations Unies à New York, membre de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise de France (CIASE), et membre du Conseil scientifique Covid19. Ses derniers livres sont : Lieux de mémoire sonore. Des sons pour survivre, des sons pour tuer (avec L. Velasco (Editions de la MSH, 2021), Les spiritualités en temps de pandémie (Albin Michel, 2022), Les violences sexuelles dans l’Eglise catholique : apprendre des victimes (avec C. Lazerges et J. Molinario, Dalloz, 2023), et Religions et fin de vie (Fayard, 2023).
Valérie Rosoux est directrice de recherches du FNRS et professeure à l’Université catholique de Louvain où elle enseigne la justice transitionnelle et les politiques de la mémoire. Elle est membre de l’Académie royale de Belgique. Elle est licenciée en philosophie et docteure en sciences politiques. En 2010, elle a assuré pour une durée d’un an un mandat de senior fellow dans le cadre du United States Institute of Peace à Washington. En 2021, elle a obtenu un Max Planck Law Fellowship (durée de cinq ans) qui lui a permis de développer une équipe de recherche en Allemagne.
Evelyne de Mevius est docteure en philosophie de l’Université Paris Nanterre et en théologie de l’Université de Genève. Ses recherches ont porté sur les conflits identitaires, la reconnaissance et la reconstruction. Elle a été consultante à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) à Genève, chargée de cours à l’Université de Genève, rédactrice et traductrice freelance, et travaille aujourd’hui dans le domaine de la vulgarisation à Bruxelles.
Philippe Denis est un dominicain sud-africain d’origine belge.Il est titulaire d’un diplôme de docteur en histoire de l’Université de Liège. Après avoir enseigné l’histoire du christianisme pendant une trentaine d’années à l’Université du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud, il travaille comme chercheur et coordinateur de programme au Conseil des Églises du KwaZulu-Natal. Ses travaux portent sur l’histoire de la Réforme, l’histoire du christianisme en Afrique australe et la réponse des Églises au génocide des Tutsi au Rwanda. Il a fondé et continue à soutenir le Centre Sinomlando pour l’histoire orale et le travail de mémoire en Afrique. Il a publié notamment The Genocide against the Tutsi and the Rwandan Churches. Between Grief and Denial (James Currey, 2022).
Gerard J. McGlone, S.J., Ph.D., est chercheur au Berkley Center for Religion, Peace, and World Affairs de l’université Georgetown à Washington, DC, où il dirige le projet « Towards a Global Culture of Safeguarding. » Auparavant, il était professeur adjoint de psychiatrie à la faculté de médecine de l’université de Georgetown. Plus récemment, il était directeur de la protection des mineurs à la Conférence des supérieurs religieux majeurs. Il a survécu à des violences sexuelles commises par des membres du clergé catholique pendant son enfance, ainsi qu’au harcèlement sexuel à l’âge adulte.
Subjects
- Religion (Main category)
- Society > Ethnology, anthropology > Social anthropology
- Mind and language > Religion > Sociology of religion
- Society > Ethnology, anthropology > Religious anthropology
- Society > Political studies > Political sociology
- Society > History > Social history
- Society > Political studies > Wars, conflicts, violence
- Society > Sociology > Criminology
Places
- Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris - 35 bis rue de Sèvres
Paris, France (75006)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Saturday, November 04, 2023
Keywords
- pédophilie, Église, mémoire, violences sexuelles
Contact(s)
- Boris Grebille
courriel : associationMVSAE [at] gmail [dot] com
Information source
- Boris Grebille
courriel : associationMVSAE [at] gmail [dot] com
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Mémoires des violences sexuelles dans les Églises », Study days, Calenda, Published on Friday, October 20, 2023, https://doi.org/10.58079/1c0a