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Negotiating One’s Place in the Mountains: Radical Perspectives on Experiences of – and Challenges to – Domination
Négocier sa place en montagne. Faire l’expérience de la domination et de sa contestation : perspectives radicales
Published on Monday, October 23, 2023
Abstract
Alors que les approches radicales constituent un champ important en sciences sociales depuis plusieurs décennies, elles restent peu représentées dans les travaux portant sur les montagnes. Ces approches entendent mettre en évidence les rapports de domination qui traversent les sociétés et la façon dont ils s’entrecroisent. Sans s’en tenir à une simple description des inégalités sociales, il s’agit, dans la lignée de la pensée marxienne, d’expliquer profondément ces inégalités en décryptant les rapports sociaux de domination qui les sous-tendent et en faisant pour cela appel à des pensées systémiques et à des approches matérialistes. Ce numéro vise à montrer la fécondité des approches radicales pour penser les processus de minorisation, sur lesquels repose la reproduction des modèles économiques et politiques dominants, comme leur contestation à l’œuvre en montagne.
Announcement
Argumentaire
Alors que les approches radicales[1] constituent un champ important en sciences sociales depuis plusieurs décennies, elles restent peu représentées dans les travaux portant sur les montagnes. Ces approches entendent mettre en évidence les rapports de domination qui traversent les sociétés et la façon dont ils s’entrecroisent. Sans s’en tenir à une simple description des inégalités sociales, il s’agit, dans la lignée de la pensée marxienne, d’expliquer profondément ces inégalités en décryptant les rapports sociaux de domination qui les sous-tendent et en faisant pour cela appel à des pensées systémiques et à des approches matérialistes[2]. Ces rapports sont analysés comme des rapports inégalitaires sur une base économique qui fondent des groupes sociaux antagonistes (Clerval et al, 2015). Sont ainsi étudiés les rapports de domination de classe produits par le système économique capitaliste, alimentant le patriarcat et exacerbant le système raciste[3].
D’autres rapports de domination comme les rapports Nords-Suds, plus ou moins autonomes des autres systèmes, sont également étudiés. Ainsi, le champ des études postcoloniales entend, dans la lignée d’auteurs comme Edward Saïd (1978), déconstruire les imaginaires collectifs hérités de la période coloniale et pointer les processus de minorisation de certains groupes sociaux qu’entraîne l’imposition, encore d’actualité, de certaines représentations coloniales. L’État peut également être pensé comme un système de domination en soi en alimentant les autres systèmes voire même en les soutenant. Ces différents rapports sociaux de domination sont analysés dans leur articulation, suivant une perspective intersectionnelle venue du courant du Black feminism (Dorlin, 2008 ; Hill Collins, 2018). Plus récemment d’autres rapports de domination tels que l’hétéronormativité, l’âgisme ou le validisme ont aussi intéressé les chercheur·es.
Si les approches radicales s’intéressent à la façon dont les normes et l’ordre majoritaires sont imposés par les dominant·es, elles se penchent aussi sur les résistances à ces normes et à cet ordre. Par exemple, les Subaltern Studies, dans la lignée d’auteurices comme Gayatri Spivak, tout en réfléchissant au rôle des élites dans les mobilisations sociales, montrent la capacité d’action (agency) des personnes marginalisées, leurs efforts pour retourner le stigmate.
Les approches radicales impliquent une rupture politique, puisqu’il s’agit de critiquer les soubassements profonds des sociétés étudiées, et une forme d’engagement de la recherche, puisqu’elles invitent à soutenir les groupes sociaux qui résistent à l’ordre dominant critiqué. Elles ont en effet pour ambition de participer à transformer le monde qu’elles décrivent et analysent. Elles assument ainsi de produire un savoir situé politiquement. À la façon de Jennifer Robinson (2006), elles réfléchissent plus largement à la manière de décoloniser le savoir, de désoccidentaliser, décloisonner la pensée critique, par exemple en déconstruisant les catégories « Nords » et « Suds », tout en pointant la continuité et la colonialité des rapports de domination qui sous-tendent l’usage de ces catégories, comme cela peut être le cas dans les projets « de développement » (Rist, 1994).
Enfin, les perspectives radicales questionnent la dimension spatiale des rapports de domination en se penchant sur la façon dont l’espace constitue un instrument de pouvoir et de reproduction du pouvoir des dominant·es mais aussi un support de solidarité et de résistance, voire d’émancipation (Harvey, 2010).
La plupart des auteurs et autrices emblématiques des approches radicales (par exemple David Harvey ou Jennifer Robinson) sont parti·es de la ville pour déployer leurs réflexions, et la ville reste centrale dans le champ, même si cela évolue. Ce numéro vise ainsi à donner de la visibilité aux travaux réalisés récemment sur la montagne, qui nous confortent dans l’idée de questionner ces espaces spécifiques d’après un prisme radical. Ces travaux sont plus nombreux en anglais et portent essentiellement sur des terrains nord-américains et européens. Ils peuvent ainsi documenter la fabrique de la montagne par le système raciste hérité de la colonisation : par exemple, la façon dont les stations de ski ont été construites par et pour des personnes blanches, produisant une mise à distance dans ces espaces des personnes noires (Harrison, 2013). D’autres étudient les stéréotypes de genre dans les publicités consacrées aux activités récréatives de montagne (Godtman Kling, Margaryan, Fuchs, 2020) ou la persistance d’un imaginaire blanc, masculin et néocolonial dans les films des festivals de sports de montagne (Frohlick, 2005).
Plus récemment en français, des publications s’intéressent, en géographie notamment, aux rapports de classe qui se jouent lors de l’installation de nouveaux et nouvelles habitant·es fortement doté·es en capitaux et des processus de gentrification qui s’en suivent (Saumon, 2019), ou à la précarisation des saisonnièr·es dans les stations de ski de luxe (Piquerey, 2016).
Sans s’inscrire explicitement dans le champ des approches radicales, des travaux réalisés en histoire et en sociologie pointent la présence des femmes en creux, leur absence, leur rejet, leurs efforts pour se faire une place dans un certain nombre de professions et de pratiques emblématiques de la montagne, comme l’alpinisme, déconstruisant les imaginaires virils qui sous-tendent le métier de guide (Martinoia, 2013), dévoilant la façon dont, historiquement, la pratique et l’esprit de l’alpinisme ont été construits par une élite sociale masculine (Moraldo, 2021) ; ou se penchant sur le choix de femmes de pratiquer l’alpinisme en cordées non mixtes (Ottogalli-Mazzacavallo et Boutroy, 2020). Quelques travaux en géographie font une analyse critique, dans une perspective intersectionnelle, de projets de développement dédiés aux femmes tels que des coopératives féminines dans l’Atlas au Maroc, montrant à la fois comment elles reproduisent l’ordre social et patriarcal et comment elles sont utilisées par les coopérantes pour négocier des marges de manœuvre (Oiry et Tebbaa, 2016 ; Tizza, 2012)[4].
Des études pionnières abordent les processus de racialisation en lien avec le passage ou l’installation plus ou moins contrainte et pérenne de personnes perçues comme n’étant pas à leur place en montagne et pouvant faire l’objet de discriminations : analysant les espaces récréatifs de montagne par le prisme des rapports de domination (2022a), les travaux de Léa Sallenave soulignent comment se construisent les imaginaires élitistes, blancs, de la montagne (2022b), qui participent à définir les places légitimées et autorisées dans ce milieu. Elle questionne les processus de minorisation en montagne, notamment ceux qui marquent les jeunes hommes, racisés, habitant des quartiers populaires (2022c). Un précédent numéro de la revue (Del Biaggio, C., Giannetto, L. & Camille Noûs, 2020) s’est intéressé au (non)accueil des exilé·es dans les Alpes, à la traque policière dont iels font l’objet et aux présupposés racistes sur lesquels elle repose. Enfin, quelques recherches réalisées en Suisse portent sur la dimension coloniale de l’alpinisme (Purtschert, 2019, 2020) et sur le sentiment d’isolement et d’invisibilisation des requérant·es d’asile séjournant en montagne (Cretton, 2020).
Ce numéro vise à explorer les pistes ouvertes par ces travaux et à montrer la fécondité des approches radicales pour penser les processus de minorisation, sur lesquels repose la reproduction des modèles économiques et politiques dominants, comme leur contestation à l’œuvre en montagne[5]. La réflexion part de la présence en montagne (plus ou moins temporaire et contrainte) de groupes sociaux invisibilisés ou non attendus au regard des normes sociales en vigueur et des imaginaires collectifs de la montagne. Dès lors, dans les discours dominants, cette présence est présentée implicitement comme déplacée.
On peut penser par exemple aux exilé·es qui marchent en montagne pour traverser une frontière ou s’y installent temporairement le temps de faire une demande d’asile et subissent des contrôles policiers du fait de leur couleur de peau ou de leur nationalité supposées, aux personnes racisées qui fréquentent la montagne pour leurs loisirs et ne sont pas représentées dans les images produites par les acteurs et actrices du tourisme et du secteur récréatif, ou encore aux femmes pratiquant l’alpinisme qui font face au sexisme dans les refuges et plus globalement dans leurs pratiques sportives (et dont la pratique peut aussi être entravée, comme au Népal, par la place qu’elles occupent dans les rapports entre castes). On pense également aux personnes précarisées qui s'installent en montagne dans le cadre de « retours à la terre ». Plus pauvres que la population locale déjà présente, elles migrent depuis les métropoles sur fond de crise économique, comme dans les arrière-pays d'Europe du Sud. Autre exemple, celui des travailleurs et travailleuses pauvres des mines ou du secteur touristique dans les montagnes des Suds. On peut aussi inclure les habitant·es des montagnes du Maghreb ou d’Asie du Sud-est faisant face à la venue de touristes étrangèr·es ou nationaux bien plus aisé·es, ne parlant pas la même langue.
Ainsi, ces groupes, affectés par leur propre mobilité contrainte ou par les mobilités privilégiées des autres, subissent des processus d’altérisation et de minorisation intéressants à documenter parce qu’ils sont (re)produits par les modèles économiques et politiques dominants – modèle capitaliste basé sur une exploitation intensive du milieu montagnard et de la main-d’œuvre, modèle extractiviste dominé par des firmes multinationales dont les relations avec les partenaires locaux peuvent être empreintes de colonialité, idéologie nationaliste qui renforce les frontières. Les étudier permet de révéler l’envers du décor, l’envers constitutif de ces modèles, mais aussi les efforts pour leur résister, remettre en cause plus ou moins radicalement ces normes sociales et les rapports de domination qu’ils recouvrent. Nous proposons plusieurs axes de réflexion :
1. Faire l’expérience de la minorisation. Déconstruire les rapports de domination en analysant le point de vue des minorisé·es
Comment certains groupes sociaux sont altérisés et infériorisés, constitués en indésirables, invisibilisés en montagne ? Et pour corollaire, comment d’autres groupes construisent leur domination ? Il s’agit d’analyser comment les groupes dominants imposent leur domination en assignant des places aux groupes dominés. La dialectique dominant·es-dominé·es est à prendre comme une relation complexe, et les contours des groupes sociaux en question comme sans cesse redessinés, mouvants, et eux-mêmes traversés par des dominations internes. Une attention particulière sera portée aux imaginaires touristiques, vecteurs de représentations collectives possédant une grande inertie : comment sont (re)produits des imaginaires élitistes de la montagne ? Par quelles pratiques discriminatoires perdurent les mises à l’écart, notamment dans les métiers exercés (par exemple les métiers de guide, moniteurice de ski, gardien·ne de refuge) et les activités emblématiques de la montagne (alpinisme...) ? Il importe ici de reconsidérer le point de vue des personnes minorisées elles-mêmes : quelle expérience font-elles de la minorisation, y compris dans leurs corps ? Comment la minorisation affecte-t-elle leurs trajectoires de vie ?
Le rôle joué par les acteurs publics (municipalités, régions, États, institutions internationales, etc.) dans les processus de hiérarchisation des groupes sociaux pourra être particulièrement étudié. Par exemple, il pourrait être intéressant de repenser les rapports entre « minorités ethniques » à l’intérieur des États et le rôle de la puissance publique dans ces rapports - étudiés en Asie du Sud notamment par James Scott (2009) – aussi comme des rapports de domination de classe, de genre et/ou de race[6]. Sont également bienvenues les analyses critiques des politiques publiques qui prônent « l’inclusion » de publics considérés comme fragiles, défavorisés, déconsidérés, et qui décryptent les idéologies qui sous-tendent ces discours[7] et leurs effets concrets pour les publics ciblés.
2. S’efforcer de renverser le stigmate. Analyser les (micro)résistances aux rapports de domination
En miroir du premier, un deuxième axe est consacré aux façons qu’ont les personnes et les groupes minorisés, et parfois d’autres acteurices qui les soutiennent (comme des artistes, des collectifs citoyens, des groupes militants, des ONG, des MJC, des municipalités, etc.), de résister aux discriminations et aux discours excluants. Quelles micro-résistances mettent-iels en œuvre dans leurs manières d’aborder ou de pratiquer la montagne, comprenant par exemple les postures corporelles ? Quels efforts réalisent-iels pour diffuser d’autres discours, et tenter d’infléchir les imaginaires collectifs ? Comment des activités particulièrement présentes en montagne, telles que le tourisme ou l’élevage, sont-elles utilisées par des groupes minorisés comme les femmes pour gagner une certaine autonomie ?
Comment s’approprient-iels ou contestent-iels les projets portés par des acteurs publics qui prônent leur « inclusion » ? Comment les mobilisations sociales en montagne prennent-elles à bras le corps la remise en cause des rapports de domination et la proposition d’alternatives aux normes et modèles dominants ? On pourra s’intéresser à des mobilisations portées par des collectifs de types variés (groupes professionnels tels que des saisonniè·res, défenseur·es de l’environnement, etc.) poursuivant des objectifs différents, utilisant des registres de justification et des répertoires d’action dans l’espace public eux aussi très variés (manifestations ou tractage sur la voie publique, occupation d’une mine et grève, construction de lieux de vie dans une forêt constituée en Zone à défendre, appui sur des réseaux de soutien nationaux et internationaux, sur les réseaux sociaux, etc.).
Avec quelle réussite, et quelles tensions internes ?
3. Prendre place. Étudier la dimension spatiale des rapports de domination en montagne
Un troisième axe, transversal, porte sur la dimension spatiale des rapports de domination et de leur contestation en montagne : quelles places sont dévolues aux groupes sociaux selon leur positionnement dans la hiérarchie ? Comment les groupes minorisés sont-ils assignés à des places singulières ? On peut s’intéresser à la façon dont le milieu montagnard est instrumentalisé politiquement comme un outil de traque, comme peuvent l’être les mers et les océans également pour les migrant·es. Par ailleurs, comment l’espace est-il (ré)approprié par les minorisé·es dans les stratégies de résistance à la domination – que ce soit dans le placement des corps ou dans des manifestations ayant lieu dans des espaces publics ? Quelle place est ainsi négociée ?
On s’interroge sur le statut spécifique de la montagne dans les rapports de domination qu’on y observe (comment la montagne est-elle présentée, instrumentalisée dans le cadre des rapports sociaux ?), et sur la spécificité des rapports de domination en montagne – en évitant que la montagne ne soit simplement considérée comme un simple décor. La minorisation peut-elle être redoublée quand elle a lieu dans des espaces montagnards marginalisés comme les confins frontaliers, des hautes vallées, ou les montagnes des îles ? Autre point pouvant être abordé : y a-t-il rupture ou continuum des rapports de domination entre espaces montagnards et autres espaces comme la ville ?
Il est attendu des propositions de contribution pour ce numéro qu’elles s’appuient sur un corpus théorique ancré dans le champ des approches radicales en sciences sociales pour analyser l’articulation de plusieurs rapports de domination, et sur un corpus d’enquêtes de terrain réalisées dans le cadre de méthodes permettant notamment la compréhension du point de vue des groupes minorisés, éventuellement co-produites par des chercheur·es et des acteuices engagé·es (en tout cas dans le cadre d’une recherche situant son engagement)[8]. Est enfin attendue une réflexivité sur la production du savoir sur la montagne, les rapports de pouvoir qui président à sa fabrique, dont son éventuelle colonialité.
Modalités de soumission
Dates limites :
- 20 décembre 2023 (résumés)
- 1er avril 2024 (articles)
À envoyer au comité de suivi éditorial :
- Mari Oiry Varacca (université Gustave Eiffel) mari.oiry-varacca@univ-eiffel.fr
- Léa Sallenave (université de Genève) lea.sallenave@unige.ch.
Comité de suivi pour la Revue de géographie Alpine
- Sébastien Hardy (sebastien.hardy@ird.fr)
- Olivier Vallade (olivier.vallade@msh-alpes.fr) secrétaire de rédaction.
Notes
[1]Bien que le terme « critique » soit plus utilisé dans le champ francophone, on lui préfère ici le terme « radical » pour souligner que l’on ne s’en tient pas à un positionnement critique qui constitue la condition même de toute démarche scientifique, mais que l’on adopte une acception marxienne de la critique qui « se donne pour tâche de porter au jour les formes cachées de domination et d’exploitation » (Wacquant, 2011).
[2] Cécile Gintrac (2012) rappelle la citation de Marx, dans sa Critique de la philosophie du droit de Hegel : « être radical, c’est prendre les choses par la racine ». Une pensée radicale vise donc à déterrer les causes profondes par-delà les apparences.
[3] De manière pionnière en France, Colette Guillaumin a analysé le rapport de « race » (1972). Récemment, Sarah Mazouz a montré les apports de l’utilisation critique de cette notion (2020). La « race », telle que conçue par l’idéologie raciste n’existe pas, mais ce qu’elle produit a des effets bien réels sur les individus (assignations raciales, infériorisation, minorisation, oppressions et violences racistes).
[4] Elles s’inscrivent plus largement dans le cadre d’études réalisées sur la façon dont le tourisme en montagne au Kirghizstan (Pabion Mouriès, 2010), au Népal (Dérioz et al, 2016) ou au Niger (Tiekoura, 2012) est constitué en ressource matérielle et symbolique par des communautés locales à la marge à l’échelle nationale, et qui montrent comment la mise en tourisme renforce souvent les positions dominantes des hommes et plus largement des élites, les femmes notables étant les mieux placées pour développer une activité touristique.
[5] Nous nous intéressons dans ce dossier non pas aux minorités entendues dans un sens numérique (toutes les minorités ne sont pas des groupes dominés) mais aux processus de minorisation générés par des rapports structurels de domination.
[6] Des travaux ont été réalisés sur la façon dont les États d’Asie du sud, du sud-est et de l’est se servent de la mise en tourisme de marges des territoires nationaux, souvent en région montagneuse, habités par des groupes minoritaires, pour renforcer le groupe majoritaire au pouvoir, dans une forme d’« orientalisme de l’intérieur » (Coulouma, 2019). Certain·es étudient également comment les groupes minoritaires s’efforcent, avec plus ou moins de réussite, de faire du tourisme une ressource pour sortir de la marginalisation politique et économique (Landy et al, 2021 ; Milan, 2012). Iels n’interrogent pas les hiérarchies entre groupes comme des rapports de race, et iels détaillent peu la façon dont la mise en tourisme s’appuie sur et recompose les rapports entre classes sociales ou entre genres à l’intérieur des groupes minoritaires et minorisés.
[7] Comme Abir Kréfa et Amélie Le Renard (2020) qui parlent de féminisme développementaliste, libéral, quand elles examinent les positionnements politiques sous-jacents dans l’« approche genre » voulue à partir du milieu des années 1990 par les bailleurs de fonds et les ONG internationaux dans les projets de développement destinés à favoriser l’empowerment des femmes.
[8] Nous incitons également les contributeur.rices à faire des propositions pour les autres rubriques (« Lieux dits », « Montagnes en transition », « Montagnes en fiction »), les formats qu’elles proposent pouvant être pertinents pour relayer des initiatives spécifiques prenant à bras le corps des rapports de domination en montagne dans un cadre militant.
Subjects
Date(s)
- Wednesday, December 20, 2023
Keywords
- montagne, géographie radicale, places, rapports de domination
Contact(s)
- Lea Sallenave
courriel : lea [dot] sallenave [at] unige [dot] ch - Mari Oiry Varacca
courriel : mari [dot] oiry-varacca [at] univ-eiffel [dot] fr
Information source
- Maxime Frezat
courriel : m [dot] freza [at] protonmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« Negotiating One’s Place in the Mountains: Radical Perspectives on Experiences of – and Challenges to – Domination », Call for papers, Calenda, Published on Monday, October 23, 2023, https://doi.org/10.58079/1c0z