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Ageing in the Mountains

Vieillir en montagne

Altern in den Bergen

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Published on Monday, October 30, 2023

Abstract

Dans ce numéro spécial de la Revue de géographie Alpine, nous soutenons l’hypothèse que vieillir en montagne est une expérience qui permet de lire les transformations sociales des régions de montagne, non seulement en ce qu’elles touchent les personnes âgées, mais aussi les plus jeunes, dans ces territoires et au-delà. De plus, dans la ligne de nombreux travaux qui s’attachent à investiguer l’expérience des personnes dans un contexte sociologique spécifique, nous considérons le récit comme une ressource essentielle pour explorer la vie des personnes qui vieillissent en montagne, à partir de leur propre point de vue et de leur propre histoire.

Announcement

Argumentaire

Aujourd’hui, les territoires de montagne sont marqués par des configurations sociales, démographiques, économiques et culturelles particulières qui ont directement trait aux questions sociales du vieillissement. Dans de nombreuses régions, le vieillissement démographique est plus important que dans les territoires de plaines (Glasgow et Brown, 2012). Ce phénomène résulte de plusieurs facteurs, notamment deux éléments essentiels. Premièrement, les jeunes gens issus des régions montagnardes ont tendance à les quitter pour rejoindre des lieux de vie offrant davantage d’opportunités professionnelles. Ce drainage des groupes plus jeunes a pour effet une augmentation proportionnelle de la part des personnes âgées : ainsi, les territoires de montagne fonctionneraient comme une loupe des phénomènes classiques et généraux de « vieillissement par le bas » des pyramides des âges (baisse des effectifs jeunes) (Vincent, 1946), et de « vieillissement par le haut » lié à l’allongement de l’espérance de vie (Blanchet, 2016). Deuxièmement, les personnes plus âgées peuvent rester vivre dans des régions de montagne, ou décider de venir s’y installer au moment du passage à la retraite, notamment en raison de la qualité de vie qu’elles y trouvent et des coûts de la vie qui y sont souvent plus bas (Bender et Kanitscheider, 2012). Ces mouvements géographiques économiquement situés façonnent la démographie des territoires de montagne, tout comme les relations sociales qui s’y déploient, et les conditions d’existence de leurs habitant·es.

En même temps, vieillir dans un territoire de montagne peut présenter certains attraits culturels, tels que procurer le sentiment de vivre dans un lieu particulièrement beau, ou ayant su garder des traditions disparues ailleurs. Cela peut également représenter un espace propice à de nombreuses activités culturelles et sportives prisées par certain·es adultes âgé·es qui y trouvent un moyen de s’engager dans de nouvelles activités à la retraite, ou de poursuivre des pratiques engagées plus tôt dans la vie. Par ailleurs, l’environnement social des adultes âgé·es peut se recomposer au-delà des liens familiaux. Par exemple, certaines études ont montré la force des solidarités de voisinage et des espaces de socialisation dans certains contextes de montagne, offrant aux individus un sentiment d’intégration sociale et une lutte contre l’isolement (Gucher, 2018 ; Gucher, Mallon et Roussel, 2007).

Mais vieillir en région de montagne présente aussi d’importantes contraintes. Certaines zones particulièrement reculées peuvent être éloignées des services sociaux et de santé, ainsi que des commerces (Cholat, 2016 ; Robert et al. 2021). Dans ces contextes, la vie à la montagne peut nécessiter le recours à une voiture, ou à l’usage des transports publics lorsque les régions sont bien desservies, ce qui implique une mobilité physique qui peut se retreindre avec le vieillissement, voire en appeler à des logiques de « mobilité inversée » (Cholat, Daconto, 2021). Les services sociaux sont de plus en plus digitalisés et offrent ainsi un accès à distance à de nombreuses prestations. Cependant, les services aux personnes restent encore souvent indispensables pour permettre aux citoyens et citoyennes de connaitre leurs droits, et les exercer. C’est le cas tout particulièrement chez les adultes ayant moins accès au digital, dont une partie sont des personnes âgées. Dès lors, certains territoires de montagne peuvent devenir des lieux d’exclusion numérique, sociale, économique, et de faible recours aux prestations (Fischl et al., 2020). En même temps, certaines régions de montagne sont plus urbaines et ne présentent pas les mêmes niveaux de contraintes pour les personnes âgées qui les habitent, que pour celles qui vivent dans des zones reculées et/ou de plus haute altitude.

Trois axes structurent cet appel à articles. Le premier vise plus particulièrement les transformations que fait subir le vieillissement des populations aux territoires de montagne ; le deuxième explore les interactions entre l’avancée en âge et la vie en montagne, s’intéressant tout particulièrement aux décisions / contraintes qui poussent des individus à rester vivre ou à venir vieillir dans des régions de montagne ; enfin, le dernier axe ouvre la porte aux dimensions expérientielles, poétiques, voire aux pratiques artistiques qui soulignent la part éminemment subjective des pratiques sociales montagnardes.

Transformations sociales, économiques et culturelles des régions de montagne

Le vieillissement démographique de nombreux territoires de montagne s’accompagne d’un phénomène de dépeuplement lié à l’affaiblissement des économies locales (notamment la paysannerie), face aux marchés globalisés (par exemple, Jackson et al. 2015). Certains lieux éloignés des régions de plaine se vident ainsi de leur population, ne laissant parfois plus que quelques individus qui y résident à l’année, notamment des adultes âgé·es. Les villages peuvent se repeupler lors des saisons d’été et d’hiver. D’autres régions s’agrandissent de manière significative, faisant l’objet de nouveaux investissements financiers et sociaux, et mêlant une population de plus en plus mixte et globalisée (locaux, touristes, expatriés, nomades, etc.) (Friedli, 2020 ; Maples et al., 2019).

Ces changements ont des effets contrastés sur les territoires. D’une part, l’augmentation des investissements privés peut favoriser certains investissements publics (typiquement en matière d’infrastructures), tout en amenant toujours plus de ressources qui contribuent à faire tourner l’économie locale. D’autre part, un processus de gentrification qui résulte de ces transformations peut également s’observer dans certaines zones de montagne, que celles-ci soient plus rurales ou plus urbaines. Celui-ci peut s’accompagner d’un effet d’isolement et de marginalisation pour certains groupes qui ont habité les lieux depuis plusieurs décennies, voire depuis toujours et qui, en vieillissant, deviennent exclus de la vie sociale et économique (Phillipson, 2007). À ces transformations économiques, sociales et culturelles s’ajoutent les effets du réchauffement climatique qui se font sentir plus fortement dans les régions de montagne (par exemple dans les Alpes) que dans les territoires de plaine.

Une géographie à la fois belle et contraignante

Qu’ils soient plutôt ruraux ou plutôt urbanisés, les territoires de montagne peuvent être perçus comme des lieux où il fait bon vieillir, du fait des opportunités qu’ils offrent en termes d’activités, mais aussi plus simplement, du fait de la beauté des paysages. Tout comme prendre sa retraite à la mer pour profiter des promenades balnéaires (Bigo et al., 2013), vivre à la retraite à la montagne peut ainsi assurer certaines ressources voire représenter un certain luxe. En même temps, la géographie de montagne peut s’avérer exigeante, en particulier pour les personnes qui perdent une certaine mobilité physique. Certains villages d’altitude sont marqués par la raideur des pentes, des chemins et des routes peu favorables à la mobilité (par exemple des pierres et des pavés irréguliers), l’enneigement et le verglas en hiver, ou encore de longues distances à parcourir pour atteindre des centres urbains, soit autant de facteurs pouvant devenir problématiques avec l’avancée en âge. Ainsi, la géographie et l’aménagement du territoire peuvent avoir des impacts importants sur le bien-être des habitant·es âgé·es et sur leur vie quotidienne (ex. Payne et al., 2020). 

Par ailleurs, les changements climatiques dans les régions de montagne modifient les territoires avec des conséquences comme l’augmentation des éboulements, des feux de forêt, des avalanches, ou encore des glissements de terrain. Ainsi, de plus en plus, la beauté de la montagne est contrebalancée par l’hostilité de ses conditions géographiques et géophysiques rendant de plus en plus incertain pour des personnes âgées d’y vivre et de reconnaitre, encore, ces lieux comme des lieux où habiter.

Vieillir en territoire de montagne : l’importance des récits

Dans ce numéro spécial, nous soutenons l’hypothèse que vieillir en montagne est une expérience qui permet de lire les transformations sociales des régions de montagne, non seulement en ce qu’elles touchent les personnes âgées, mais aussi les plus jeunes, dans ces territoires et au-delà. De plus, dans la ligne de nombreux travaux qui s’attachent à investiguer l’expérience des personnes dans un contexte sociologique spécifique, nous considérons le récit comme une ressource essentielle pour explorer la vie des personnes qui vieillissent en montagne, à partir de leur propre point de vue et de leur propre histoire.

Partant de cette hypothèse, nous appelons des contributions qui s’appuient sur des récits qui permettent de saisir l’expérience de personnes qui vieillissent en montagne. Les articles proposés doivent aborder l’une des quatre dimensions suivantes de cette expérience : dimensions matérielles et économiques ; dimensions sociales ; dimensions culturelles et artistiques ; dimensions émotionnelles et sensibles. Ces dimensions peuvent s’articuler entre elles ou faire l’objet d’un angle spécifique. D’autres dimensions et approches peuvent être proposées pour autant qu’elles traitent de la vieillesse en montagne comme expérience sociale particulière et du vieillissement en ces lieux comme processus spécifique.

Coordination

  • Marion Repetti (HES·SO Valais) marion.repetti@hevs.ch 
  • Thibauld Moulaert (université Grenoble Alpes) thibauld.moulaert@univ-grenoble-alpes.fr

Modalités de contribution

  • Dates limites : 1er février 2024 (réception des résumés), 

Le texte sera obligatoirement accompagné d’un résumé dans chacune des langues, d’une longueur de 2000 signes (espaces comprises) par version et accompagné de 4 ou 5 mots-clés.

Les propositions doivent être envoyées aux adresses thibauld.moulaert@univ-grenoble-alpes.fr etmarion.repetti@hevs.ch 

  • 15 mai 2024 (réception des articles sélectionnés).

Comité de suivi pour la Revue de géographie Alpine : Cristina Del Biaggio (cristina.del-biaggio@unniv-grenoble-alpes.fr) et Olivier Vallade (olivier.vallade@msh-alpes.fr) secrétaire de rédaction.

Processus d'évaluation des propositions

L’article est en premier lieu étudié par les responsables de dossiers thématiques, ainsi que la codirection qui jugent de sa conformité à la politique éditoriale, de son intérêt scientifique et de son format.Les articles dépassant le seuil de 30 000 signes sont immédiatement renvoyés à leur auteur·e.

Si le texte est accepté en première lecture, il est expertisé de manière anonyme par au moins deux lecteur·rices critiques choisi·es par le Comité de rédaction et/ou les responsables de dossiers thématiques. Dans la mesure du possible, le lectorat critique est extérieur au comité de rédaction et extérieur à l’institution de rattachement de l’auteur·e. Hors volonté contraire (cf. plus loin les possibilités de rencontre directe entre relecteur·rices et auteur·es), l’anonymat, tant de l’auteur·e que des expert·es, est préservé pendant toute la durée de l’évaluation.

Les lecteur·rices critiques disposent d’une grille précise d’évaluation (ce fichier est en annexe ci-dessous) ; il leur est demandé en outre de rédiger un avis global sur le texte et, s’ils le souhaitent, d’annoter le texte.

Les lecteur·rices critiques peuvent demander le rejet du texte, le rejet du texte avec proposition de nouvelle soumission, des modifications majeures (avec demande de relecture ou non), des modifications mineures, ou une acceptation immédiate à publication.

Les lecteur·rices critiques peuvent proposer à la revue de transmettre leur nom aux auteur·es. Si l’auteur·e en est d’accord, la revue peut alors mettre en lien lecteur·rices critiques et auteur·es pour permettre des échanges directs entre pairs, dans une perspective bienveillante et constructive.

Si les avis des expert·es sont contradictoires, le comité de rédaction et/ou les responsables de dossiers thématiques, accompagnés de la codirection se réservent la possibilité de solliciter un·e expert·e supplémentaire. En dernier lieu, le comité de rédaction décide du rejet définitif ou de l’acceptation de l’article.

Après réception des avis des expert·es, les membres du comité de rédaction et/oules responsables de dossier, accompagnés de la codirection en rédigent une synthèse de ces avis, qui est envoyée à l’auteur·e par la rédaction. Des révisions importantes peuvent alors être demandées. Le comité de rédaction et/ou les responsables de dossiers thématiques se réservent le droit de refuser le texte final si les révisions demandées n’ont pas été mises en œuvre.


Date(s)

  • Thursday, February 01, 2024

Keywords

  • vieillir, montagne

Contact(s)

  • Marion Repetti
    courriel : marion [dot] repetti [at] hevs [dot] ch
  • Thibauld Moulaert
    courriel : thibauld [dot] moulaert [at] univ-grenoble-alpes [dot] fr

Information source

  • Maxime Frezat
    courriel : m [dot] freza [at] protonmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Ageing in the Mountains », Call for papers, Calenda, Published on Monday, October 30, 2023, https://doi.org/10.58079/1c26

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