HomeMarcelle Delpastre : une femme-monde

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Published on Tuesday, October 31, 2023

Abstract

Marcelle Delpastre (1925-1998) a passé toute sa vie dans sa ferme de Germont, dans la commune de Chamberet, en Corrèze, à exploiter une petite propriété familiale. Paysanne du Limousin, Marcelle Delpastre est aussi l’auteure d’une œuvre foisonnante, écrite en français et en occitan limousin, et profondément attachée à un lieu géographique unique, la ferme de Germont, en Limousin, ce qui a conduit à oblitérer la dimension universelle d’une écriture qui dépasse le factuel et le terroir pour les inclure dans la vision globale d’un monde en mutation. Marcelle Delpastre apparaît comme un de ces « derniers », ces individus-mondes, tels que définis par Daniel Fabre, portant en eux une façon unique d’appréhender leur univers menacé de disparition. Quelques études ont été réalisées, mais il reste fort à faire pour mieux connaître l’œuvre de cette femme confrontée à des mondes d’hommes, à la fois écrivaine du local, de l’universel et du cosmique, l’un des plus grands souffles de la littérature.

Announcement

Dates et lieux

23-24-25 octobre 2024

Toulouse, Université Toulouse-Jean Jaurès

Carcassonne, Ethnopôle GARAE

Argumentaire

Dans une brève autobiographie rédigée en 1986, Marcelle Delpastre (1925-1998) se présente elle-même ainsi : « Cultive principalement la ferme familiale et la poésie, accessoirement le dessin, la broderie, le chant traditionnel, l’ethnographie et la littérature française autant qu’occitane ». Toute sa vie, Marcelle Delpastre (1925-1998) l’a passée, en effet, dans sa ferme de Germont, dans la commune de Chamberet, en Corrèze, à exploiter une petite propriété familiale, d’abord avec ses parents puis, après leur disparition, toute seule. Paysanne du Limousin, Marcelle Delpastre est aussi, en parallèle, l’auteure d’une œuvre foisonnante, écrite en français et en occitan limousin, où se côtoient la poésie de langue française ou occitane, des nouvelles, des poèmes dramatiques, ainsi qu’une vaste entreprise ethnographique comprenant des collectages de contes, leur analyse, des études sur les pratiques culturelles du Limousin et leur interprétation ethnologique, le tout complété par une autobiographie répartie en sept tomes de 500 pages chacun, alors qu’elle était talonnée par une maladie fatale, sans parler de chroniques dans des journaux et d’une correspondance volumineuse.

Par les genres pratiqués, par les sujets abordés, par l’une de ses langues d’écriture, cette œuvre se veut profondément attachée à un lieu géographique unique, la ferme de Germont, en Limousin. Une liaison si étroite avec le local a rapidement et durablement conduit à ne voir en elle qu’une « pastourelle limousine », une écrivaine pour grands-mères nostalgiques, une « paysanne-au-cul-des-vaches » qui écrit, dont les livres sont à ranger dans le rayon typiquement français du « régionalisme ». Toutes ces « assignations localistes empêchent un large public de percevoir la dimension universelle d’une écriture qui dépasse le factuel et le terroir pour les inclure dans la vision globale d’un monde en mutation. L’œuvre de Delpastre conte – poétiquement et scientifiquement – la fin de la civilisation agro-pastorale multimillénaire en même temps qu’elle propose une méditation sur la condition de l’homme confronté à la perte du lien natif avec son environnement naturel et culturel. En donnant à lire, à partir de sa propre expérience et de sa mémoire personnelle et selon une approche à la fois marquée par la subjectivité poétique et la neutralité ethnographique, la « discrète apocalypse » d’une civilisation finissante, Marcelle Delpastre apparaît comme un de ces individus-mondes, tels que l’anthropologue Daniel Fabre les a définis, qui portent en eux une façon unique, léguée par les générations antérieures et portée par la langue, d’appréhender le réel, un univers menacé de disparition dont ils se perçoivent (ou sont perçus) comme les derniers représentants.

De nos jours, les manuscrits de Marcelle Delpastre sont conservés à la bibliothèque de Limoges. Son œuvre est publiée par l’éditeur limousin Jan Dau Melhau (éditions Lo Chamin de Sent Jaume) qui fut un ami proche et est son légataire universel. Quelques études, depuis le début du XXIe siècle, ont été réalisées, mais, cinquante ans après la publication du recueil Saumes pagans (1974) qui révéla son génie poétique, il reste fort à faire pour mieux connaître l’œuvre de cette femme confrontée à des mondes d’hommes (les poètes « occitans », les ethnographes…), à la fois écrivaine du local, de l’universel et du cosmique, l’un des plus grands souffles de la littérature qui, en notre temps si troublé, ne peut que trouver une résonnance pleine d’actualité.

Proposition de communication

La proposition de communication est à adresser par mail à Jean-François Courouau:

jean-francois.courouau@univ-tlse2.fr

avant le 30 novembre 2023.

Elle doit présenter le sujet et être accompagnée d’une brève bibliographie secondaire.

Organisation

Places

  • Université Toulouse Jean Jaurès - 5 Alée Antonio Machado
    Toulouse, France (31)
  • Ethnopôle GARAE - Maison des Mémoires - 53 rue de Verdun
    Carcassonne, France (11)

Date(s)

  • Thursday, November 30, 2023

Keywords

  • Marcelle Delpastre, littérature paysanne, littérature occitane

Contact(s)

  • Jean-Pierre Cavaillé
    courriel : jean-pierre [dot] cavaille [at] ehess [dot] fr
  • Jean-François Courouau
    courriel : jean-francois [dot] courouau [at] univ-tlse2 [dot] fr

Information source

  • Sylvie Sagnes
    courriel : sylvie [dot] sagnes [at] cnrs [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Marcelle Delpastre : une femme-monde », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, October 31, 2023, https://doi.org/10.58079/1c2l

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