Cheikh Anta Diop est le premier africain, voire le seul du XX^e siècle, à avoir théorisé la renaissance africaine en prenant en considération les dimensions politique, scientifique, culturelle, humaniste et idéologique. Pour lui, l’Afrique est le berceau de l’humanité et des civilisations et « Aucune pensée, aucune idéologie n’est, par essence, étrangère à l’Afrique, qui fut la terre de leur enfantement. C’est donc en toute liberté que les africains doivent puiser dans l’héritage commun de l’humanité, en ne se laissant guider que par des notions d’utilité, d’efficience. Action Sociale Africaine (ASA), l’Association pour l’Unité et le Développement de l’Afrique (AUDA), le département d’histoire de l’Université de Yaoundé I, le département d’histoire et de conservation du patrimoine de l’Université d’Ebolowa et leurs partenaires organisent dans le cadre de la commémoration du centenaire de Cheikh Anta Diop un colloque international sur le thème « La pensée de Cheikh Anta Diop et l’actualité socio-politique et culturelle africaine ».

Appel à contribution pour le colloque - "La pensée de Cheikh Anta Diop et l’actualité socio-politique et culturelle africaine"

Argumentaire

Il y a 100 ans naissait Cheikh Anta Diop. Ce digne fils de l’Afrique poussa son premier cri le 29 décembre 1923 dans le village de Caytou situé dans la région de Diourbel au Sénégal. En 1945, il couronne ses études secondaires à Dakar avec l’obtention de deux baccalauréats (en mathématique et en philosophie). Il s’inscrit l’année suivante en France simultanément en lettres et en sciences. Cette transdisciplinarité l’amène a étudié la physique, la chimie, les mathématiques, l’histoire, l’anthropologie, la linguistique, la sociologie, la philosophie, l’archéologie et bien d’autres disciplines. Les principales thématiques qui étaient au centre de ses recherches étaient entre autres : l’origine de l’homme et ses migrations, la parenté Égypte ancienne/Afrique noire, l’apport de l’Afrique à la civilisation et le développement économique, technique, industriel, scientifique, institutionnel et culturel à l’histoire universelle. Toutes les connaissances acquises lui ont permis de théoriser les conditions pratiques de l’avènement de la renaissance africaine. en 1947, Cheikh Anta Diop publiait, dans un numéro spécial de la revue "Le Musée Vivant" intitulé Quand pourra-t-on parler d'une renaissance africaine ? En partie consacré à la question de l'utilisation et du développement des langues africaines, et dans lequel Cheikh Anta Diop proposait pour la première fois de bâtir les humanités africaines à partir de l'Égypte ancienne. C’est dans un contexte particulièrement hostile qu’il est conduit à remettre en cause par une investigation scientifique révolutionnaire, les fondements mêmes de la culture occidentale relatifs à la genèse de l’humanité et de la civilisation. La renaissance de l’Afrique, qui implique la restauration de la conscience historique lui apparaissait comme une tache incontournable à laquelle il consacra sa vie entière.

Cheikh Anta Diop est le premier africain, voire le seul du 20^e siecle, à avoir théorisé la renaissance africaine en prenant en considération les dimensions politique, scientifique, culturelle, humaniste et idéologique. Pour lui, l’Afrique est le berceau de l’humanité et des civilisations et  « Aucune pensée, aucune idéologie n’est, par essence, étrangère à l’Afrique, qui fut la terre de leur enfantement. C’est donc en toute liberté que les africains doivent puiser dans l’héritage commun de l’humanité, en ne se laissant guider que par des notions d’utilité, d’efficience. [1]»

Deux ans avant sa mort, Cheikh Anta Diop fit une prescription testamentaire aux africains soucieux de l’avenir de ce continent en ces termes : “Il faut faire basculer définitivement l’Afrique Noire sur la pente de son destin fédéral [...] seul un État fédéral continental ou sub-continental offre un espace politique et économique, en sécurité, suffisamment stabilisé pour qu’une formule rationnelle de développement économique de nos pays aux potentialités diverses puisse être mise en œuvre.”[2].

La thèse révolutionnaire de Cheikh Anta Diop a fait beaucoup d’émules en Afrique et dans la diaspora. D’autres penseurs africains et afro-descendants chacun dans son domaine, ont pensé ou mené des actions en faveur de la renaissance africaine, on peut citer entre autres, Théophile Obenga (lettre à la jeunesse africaine), Kalala Omotundé (co-fondateur du site Africamaat), Coovi Gomez,  Molefi Assanté, Gamal Abdel Nasser (action politique en Egypte), Kwame Nkrumah (le consciencisme), Thabo beki (homme politique sud-africain) et Mouammar Al Kadhafi (dans le cadre de l’Union africaine), etc.

Au regard de ce chemin parcouru et vu la situation que vivent les africains aujourd’hui, des questions taraudent les esprits : La relève a-t-elle été bien suivie ? Les moyens ont-ils été mis à contribution pour vulgariser ces savoirs ? Comment procéder pour sortir de cette situation ? C’est autour d’une table ou dans les ateliers que la réflexion doit être menée et le partage d’expérience fait afin de mieux nous préparer, tous ensemble, à affronter avec sérénité et efficience l’avenir de l’Afrique.

Cet appel à contribution s’adresse aux enseignants, chercheurs, étudiants et à tous les spécialistes des sciences humaines et exactes qui s’intéressent à cette problématique. Sans toutefois prétendre à l’exhaustivité, les propositions de communications doivent s’inscrire dans au moins l’un des axes suivants :

1. Cheikh Anta Diop : un visionnaire
2. Le diopisme dans le monde aujourd’hui
3. Cheikh Anta Diop et la renaissance africaine
4. Cheikh Anta Diop : Un repère pour la jeunesse africaine

Calendrier et modalités de soumission

• Diffusion de l’appel : 15 octobre 2023
• Date limite de soumission des résumés : 31 décembre 2023
• Réponses aux auteurs : 10 janvier 2024
• Date du colloque : 07 février 2024 à Yaoundé

Les propositions de communications ne doivent pas excéder 500 mots (police Times new roman, taille 12, interligne simple). Elles doivent indiquer clairement le titre de la communication, le(s) nom(s) et prénom(s) de(s) auteur(s), l’institution d’attache, les contacts, la problématique, la méthodologie, les grandes orientations de la communication et cinq mots clés.

Les propositions de ces résumés sont envoyées aux deux adresses suivantes :

• centenairecad@gmail.com
• asapeople.info@gmail.com

Le colloque se tiendra en présentiel et en distantiel.

Pour plus d’informations sur le Centenaire Cheikh Anta Diop, BV contacter : 670 10 90 46/ 675 26 00 77/ 698 45 82 06

Comité scientifique

• Pr AMA MAZAMA
• Pr APISSAY Eveline
• Pr BINAM BIKOÏ Charles
• Pr BOKAGNE Edouard
• Pr DONGMO née FOUELLEFAK KANA Célestine
• Pr EBALE Raymond
• Pr KOUFAN MENKENE
• Pr MESSANGA NYAMDING
• Pr MEVA'A ABOMO Dominique
• Pr MOKAM David
• Pr MOLEFI ASANTE
• Pr NGO NLEND Nadeige
• Pr NKUM’A NDOUMBE III
• Pr OBENGA Théophile
• Pr PONDI Jean Emmanuel
• Pr SAHA Zacharie
• Pr SINDJOU POKAM
• Pr TAGUE KAKEU
• Pr TCHUMCHOUA Emmanuel
• Pr YAKAM YOLA
• Dr ASSEMBE Alvine
• Dr MBIDIAS René
• Dr TCHOUANKAP Jean Claude
• Shech MBOG BASSONG
• Shech TRAORE Adama
• Shech TAYOU KAGUE
• TATANG Vincent

Coordination générale

• Pr KOUFAN MENKENE Jean
• Dr FOLEFACK Ernest
• ATEMSING NDENKOP

Comité d’organisation

• Shech NKOHGUE BALOG
• Dr DIFFOUO Yannick
• Ir YEMELE FOMETIO

Bibliographie indicative  

• Cheikh Anta Diop, Nations nègres et Culture, Paris, Présence Africaine, 1954, 1964, 1979.
• Cheikh Anta Diop, L'Unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1959, 1982.
• Cheikh Anta Diop, L'Afrique noire précoloniale, Paris, Présence Africaine, 1960, 1987.
• Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ? Paris, Présence Africaine, 1967, 1993.
• Cheikh Anta Diop, L'Antiquité africaine par l'image, Dakar-Abidjan, IFAN-NEA, Notes Africaines, n°145-146, janvier-avril 1975.
• Cheikh Anta Diop, Parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des langues négro-africaines, Dakar, IFAN-NEA, 1977.
• Cheikh Anta Diop, Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence Africaine, 1981, 1988.
• Cheikh Anta Diop, Nouvelles recherches sur l'égyptien ancien et les langues négro-africaines modernes, Paris, Présence Africaine, 1988.
• Cheikh Anta Diop, Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1960. Réédition sous le titre : Les fondements économiques et culturels d'un État fédéral d'Afrique Noire, 1974.
• Cheikh Anta Diop, Le laboratoire du radiocarbone de l'IFAN, Dakar, Catalogues et Documents n° 21, IFAN, 1968.
• Cheikh Anta Diop, Physique nucléaire et chronologie absolue, Dakar, Initiations et études africaines n°XXXI, Université de Dakar, IFAN, NEA-IFAN, 1974.
• Cheikh Anta Diop, Alerte sous les Tropiques – Culture et Développement en Afrique noire – Articles 1946-1960, Paris, Présence Africaine, 1988.
•  Cheikh Anta Diop, Philosophie, science et Religion, Dakar, IFAN, Université Cheikh Anta Diop, 1992, 28p, texte initialement prononcé au Colloque organisé par le Département de philosophie sur « Philosophie et Religion », et publié par la Revue sénégalaise de philosophie, n° 5-6, janvier-décembre 1984, pp. 179-199.
• Kwame Nkrumah, le consciencisme, Présence Africaine, 1976, pp. 66.

Notes

[1] Cheikh Anta Diop, Civilisation ou Barbarie, Paris, Présence Africaine, 1981, p.13.

[2] Cheikh A. Diop, préface de l’ouvrage de Mahtar Diouf, Intégration économique, perspectives africaines, 1984.