HomeL’Asie centrale au carrefour des grandes puissances
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Published on Thursday, January 04, 2024

Abstract

Organisé par l’Institut d’études de géopolitique appliquée avec le soutien de la Direction générale des relations internationales et stratégiques (Dgris) dans le cadre de son programme Jeunes chercheurs, ce colloque consacré à l’Asie centrale a pour objet l’étude des problématiques géopolitique de cette région. Organisée autour du multilatéralisme en Asie centrale, de l’influence et le soft power, ainsi que de l’eau, l’environnement et la sécurité, cet événement a pour ambition de mettre l’Asie centrale au cœur des réflexions.

Announcement

Argumentaire

L’Institut d’études de géopolitique appliquée (Iega), organise avec le soutien de la Direction générale des relations internationales et stratégiques dans le cadre du programme Jeunes chercheurs, un colloque intitulé : « L’Asie centrale au carrefour des grandes puissances ».

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'Asie centrale est le théâtre d'une activité diplomatique intense. Les visites de chefs d’État se succèdent (Xi Jinping, Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan ou encore le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken et le chef du Conseil européen Charles Michel) tandis que l’importance stratégique de l’Asie centrale est mise à l’honneur à l’occasion de sommets internationaux. Alors que cette guerre a considérablement exacerbé la fracture entre la Russie et l'Occident, elle suscite également des interrogations sur l'avenir sécuritaire et économique des pays d'Asie centrale à court terme. Carrefour géostratégique et des manifestations de puissance dans les relations internationales contemporaines, l'Asie centrale apparaît comme une illustration majeure dans le jeu des influences et de la reconfiguration de la notion de puissance elle-même. La position géographique et son enclavement aux croisements des empires a fait de l’espace centrasiatique un territoire traversé depuis des siècles par les grandes voies de communication commerciales. Pôle d’échange majeur, l’Asie centrale est le fruit d’une superposition d'influences à la fois russe, chinoise, perse ou encore turque. La région centrasiatique a fait l’objet de convoitises durant des siècles par les grands Empires.

De manière restreinte la région est définie par les cinq ex-républiques d’URSS : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan. De manière élargie, l'Afghanistan, le Xinjiang, voire (comme le fait l’UNESCO) le sud de la Sibérie, la Mongolie, le Tibet, le Nord de l’Inde, du Pakistan et de l’Iran y sont ajoutés. Des termes similaires de Haute Asie, Asie de l'intérieur, Eurasie centrale déplacent les frontières et les points de vue sur cette Asie centrale élargie. Peu importe la terminologie employée, la région est bien souvent perçue comme « une zone d'échanges intercontinentaux » qui « se situe en dehors des frontières des grandes civilisations sédentaires » (Sinor, 1997: 4).

En adoptant cette définition, l’Asie centrale se situerait à la périphérie des empires, dans une sorte de vide de pouvoir. Or les pays qui la composent ne sont pas simplement soumis aux objectifs des grandes puissances mais sont eux-mêmes acteurs puisqu’ils définissent les règles du nouveau « grand jeu » dans la recherche d’une politique multivectorielle prudente (Cooley, 2012). Bien que la Russie maintienne sa position de principale puissance régionale, la Chine renforce son influence, tandis que la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne cherchent activement à développer leurs relations. L’Inde et l’Iran entretiennent dans une moindre mesure leurs liens historiques avec les États centrasiatiques. Investis tant dans l’Organisation européenne de sécurité collective depuis les années 1990 que dans l’Organisation de coopération de Shanghai (2001) ou l’Organisation des États turciques (2009), les pays de l’Asie centrale se prévalent d’une ouverture politique et culturelle leur permettant de s’insérer sur la scène internationale. Un des enjeux de ce colloque est de considérer l’Asie centrale comme maître de son destin après une longue période où les discours politiques et scientifiques de tous bords sur la région ont eu une teinte colonialiste

Axes non exhaustifs

  • Axe 1 : Multilatéralisme en Asie centrale

Soucieux d’affirmer une indépendance économique, les États d’Asie centrale ont dès 1990 conduit une politique étrangère dite multifactorielle visant à se réapproprier la place stratégique qu’ils occupent entre l’Asie et l’Europe. Des partenariats économiques aux alliances politiques, les États centrasiatiques ont (individuellement et collectivement) conduit une politique d’ouverture tout azimut leur permettant de se prévaloir d’une relative neutralité. Le voisinage avec l’Afghanistan a réintroduit depuis 2021 un enjeu sécuritaire et humanitaire de taille dans la région. C’est dans ce contexte que l’Union européenne cherche à se frayer une place dans le jeu des influences en Asie centrale.

Ce premier axe de recherche a pour objectif d’interroger la place des États centrasiatiques sur la scène internationale ainsi que leurs alliances sur le long et court terme selon les deux angles suivants : la politique des États d’Asie centrale à l’égard de la scène internationale et la place de l’Asie centrale dans le jeu international, avec un intérêt particulier sur la politique européenne.

Quelles stratégies de diversification ont-ils adoptées depuis les années 1990 et quelles perspectives se dessinent dans la région ? Dans quelle mesure la guerre en Ukraine a-t-elle réinséré l’Asie centrale au cœur des préoccupations internationales ? Quelles positions ont été adoptées par les dirigeants de la région face à ces événements majeurs ? Quelle est la place de l'Asie centrale dans la politique de voisinage de l'Union européenne ?

 Toute intervention s’inscrivant dans ces perspectives au travers d’une approche historique sera bienvenue.

  • Axe 2 : Influences et soft power

Le soft power, selon Joseph Nye, est la capacité de « faire en sorte que les autres veuillent ce que nous voulons » (Nye, 1990 : 166-167). Cela inclut des moyens non coercitifs d'influencer les pays, notamment par l'attractivité de la culture, des normes et du système politique de son propre pays (Nye, 2004).

En Asie centrale, plusieurs récits sont en concurrence pour attirer, notamment, les cinq ex-républiques de l'URSS dans leur orbite d'influence. La Russie utilise notamment un héritage soviétique commun et le russe comme lingua franca de la région. La Chine attire par son développement économique fulgurant depuis les années 80 et les projets ambitieux des nouvelles routes de la soie. Les États-Unis, malgré un désintérêt progressif pour la région, restent encore l'un des leaders en matière de soft power dans la région. Ils s'engagent notamment en faveur de la promotion des droits de l'homme et de la démocratie face à une « coalition » sino-russe soutenant davantage les régimes autoritaires (Bolonina, en cours). En dehors de ces trois acteurs incontournables, d'autres puissances douces s'insèrent dans ce nouveau Grand jeu en Asie centrale (Nourzhanov & Peyrouse, 2021) : la Turquie (puisant dans les racines turciques qu'elle partage avec les pays d'Asie centrale), les pays européens (promouvant certaines valeurs démocratiques et libérales) le Japon et la Corée, avec une culture particulièrement appréciée par la jeunesse, ainsi que l’Iran et l’Inde, parmi tant d'autres.

La question de la concurrence des récits sur la scène internationale est particulièrement visible en Asie centrale et il est possible d'observer à une échelle plus réduite comment les différentes influences externes interagissent, se font concurrence ou coopèrent au sein d'un même espace. Cette recherche permet-elle de tirer des conclusions à un échelon supérieur, ou existe-t-il une spécificité propre à l'Asie centrale ? Dans cet espace très convoité, on peut également se demander quelle place revient à l'UE et à ses États membres.

Enfin, les questions d'influence en Asie centrale ont tendance à placer les pays de la région comme des objets soumis aux différentes grandes puissances. Quelle est la place du libre arbitre pour les États d'Asie centrale qui s'efforcent de pratiquer une politique « multivectorielle » prudente face aux différentes puissances douces ?

  • Axe 3 : Eau, environnement et sécurité

Sécuritisation, sécurité environnementale, changement climatique, hydroélectricité, hydropolitique, géopolitique de l’eau, géopolitique de l’environnement, guerre de l’eau, conflits, coopération, gestion de l’eau et hydrodiplomatie, telle est la panoplie des thèmes abordés dans le cadre de ce troisième axe.

Enjeux du XXIe siècle par excellence, l’eau et l’environnement se trouvent de plus en plus au cœur des dynamiques sécuritaires cruciales de la région. D’aucuns estiment à cet égard que « la question environnementale en Asie centrale appelle peut-être plus qu’ailleurs une réponse globale », tandis que la terminologie des « guerres de l’’eau » est volontiers régulièrement utilisée pour qualifier la problématique de l’accès à la ressource dans la région. La raréfaction de l’or bleu accélérée par les effets du changement climatique façonne la sécuritisation importante de la gestion de l’eau dans la zone et, avec elle, la complexité des perspectives conflictuelles et coopératives afférentes.

Quelles évolutions de la géopolitique de l’eau et de l’environnement dans l’Asie centrale contemporaine ? Quelles répercussions du changement climatique sur la sécurité environnementale et l’hydropolitque de la région ? Les dynamiques conflictuelles afférentes permettent-elles effectivement de qualifier la géopolitique régionale selon l’expression « guerre de l’eau » ? Comment caractériser la sécuritisation de la gestion de l’eau à l’œuvre dans cette aire géographique ?

Modalités de soumission

Le colloque se tiendra le 30 mars 2024 à Paris. Il s’adresse avant tout aux jeunes chercheuses et chercheurs ainsi qu’aux professionnels des relations internationales dont les travaux portent sur l’Asie centrale. Les participants présenteront leur sujet de recherche lors d’une intervention de 20 minutes.

Les actes du colloque seront publiés. Les candidatures pour participer au colloque sont à soumettre avant le 7 janvier 2024.

Les propositions devront comporter un résumé en français de la communication (500 mots maximum), une courte biographie, la discipline et l'affiliation institutionnelle. Ces éléments sont à adresser à : colloque.jeunes-chercheurs@institut-ega.fr

Comité d’organisation

  • Charlotte TAGUS (Université Paris Panthéon-Assas), chercheure sur la géopolitique de l’environnement au sein du programme Jeunes chercheurs de l’Iega
  • Adrien HOUGUET (Institut français d’études sur l’Asie centrale - IFEAC), chercheur sur le droit international et la diplomatie culturelle au sein du programme Jeunes chercheurs de l’Iega
  • Louise-Marie DE BUSSCHÈRE (Université Paul-Valéry Montpellier 3), chercheure sur la sécurité et le multilatéralisme au sein du programme Jeunes chercheurs de l’Iega
  • Yohan BRIANT, directeur générale de l’Iega
  • Alexandre NEGRUS, président de l’Iega

Places

  • Paris, France (75)

Event attendance modalities

Hybrid event (on site and online)


Date(s)

  • Sunday, January 07, 2024

Keywords

  • géopolitique, asie centrale,

Contact(s)

  • Yohan Briant
    courriel : yohan [dot] briant [at] institut-ega [dot] fr

Information source

  • Yohan Briant
    courriel : yohan [dot] briant [at] institut-ega [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« L’Asie centrale au carrefour des grandes puissances », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, January 04, 2024, https://doi.org/10.58079/ve7i

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