Comment se forme-t-on au militantisme ? Existe-t-il des « savoirs militants » et quelles en seraient alors les caractéristiques ? Comment des savoirs acquis « sur le tas » au fil de l’expérience militante - et par définition peu identifiables -, viennent-ils remettre en question des savoirs préexistants, bousculer des visions du monde, voire modifier radicalement le rapport au savoir des militantes et des militants ? Ces questionnements seront abordés à partir de recherches portant sur l’expérience militante ou les formations au militantisme.

Contexte

Ce nouveau séminaire doctoral, ouvert aux doctorant·es de toutes les écoles doctorales de Paris 8 ou d’ailleurs, se met en place au deuxième semestre 2023-2024. Il est ouvert également largement aux jeunes (ou moins jeunes) chercheurs et chercheuses de tous statuts.

Il aura lieu en présentiel au Campus Condorcet. Pour faciliter l’organisation, il est demandé une inscription par l’envoi d’un courriel. Les personnes inscrites pourront éventuellement suivre à distance les séances auxquelles elles ne pourront participer.

Argumentaire

Comment se forme-t-on au militantisme ? Existe-t-il des « savoirs militants » et quelles en seraient alors les caractéristiques ? Comment des savoirs acquis « sur le tas » au fil de l’expérience militante - et par définition peu identifiables -, viennent-ils remettre en question des savoirs préexistants, bousculer des visions du monde, voire modifier radicalement le rapport au savoir[1] des militantes et des militants ? Ces questionnements seront abordés à partir de recherches portant sur l’expérience militante ou les formations au militantisme.

Ce séminaire entend prolonger, élargir et approfondir une première publication collective sur ce thème[2] en ouvrant la tribune à des chercheur·es confirmé·es mais aussi à de plus jeunes chercheur·es présentant leurs travaux doctoraux ou postdoctoraux, éventuellement encore en cours. Ceux-ci pourront porter sur le militantisme syndical ou associatif, l’engagement partisan, l’éducation populaire, les luttes féministes, écologistes ou tout autre pratique collective militante (ZAD, etc.), avec un focus sur les effets sur le rapport au savoir des militant·es des formations organisées au sein de collectifs et/ou des apprentissages expérientiels résultant de pratiques militantes.

Chaque séance débutera par la présentation de sa recherche par la personne invitée et se poursuivra par un débat scientifique sur cette présentation. Une synthèse, permettant de tisser des liens entre les différentes séances et de dégager des perspectives pour la suite du séminaire, sera proposée en clôture de séance.

Les approches seront essentiellement celles de la sociologie et de la socio-histoire mais s’ouvriront également à d’autres disciplines comme l’anthropologie, la science politique, la philosophie ou encore les sciences de l’information et de la communication lorsqu’il s’agit par exemple de comprendre les savoirs acquis dans les pratiques de médiatisation de luttes via différents supports audiovisuels ou les réseaux sociaux. Les travaux de recherche inscrits en sciences de l’éducation et de la formation, discipline pluridisciplinaire ayant développé la notion de rapport au savoir, auront bien entendu toute leur place dans ce séminaire.

L’objectif de formation en direction des doctorantes et doctorants consiste d’une part à les amener à découvrir et à explorer en profondeur une thématique problématisée à travers différentes théories et approches scientifiques et à partir de terrains diversifiés et, d’autre part, à contribuer, par les échanges et d’éventuelles contributions de leur part, au défrichage et à la consolidation d’un champ de recherche encore très peu développé. À travers ces deux axes, le séminaire a vocation à socialiser les apprenti·es chercheur·es à la diffusion et l’animation scientifique, avec le projet d’aboutir à l’horizon de 2 à 3 ans, à une nouvelle publication collective incluant des articles de chercheur·es ayant participé au séminaire.

Programme

Les séances se déroulent des mercredis après-midi, de 14h à 17h, au bâtiment recherche sud du Campus Condorcet, salle 0.030, uniquement pour le 31 janvier, puis salle 0.019.

31 janvier 2024   

• Rapports aux savoirs et professionnalisation des militants ouvriers, Julian Mischi, directeur de recherche INRAE, IRISSO - Paris-Dauphine PSL.

6 mars 2024    

• Apprendre par l’expérience : du savoir à l’expertise militante dans les mouvements de contestation étudiante, Angelo Montoni, sociologue, ingénieur de recherche Institut Mines-Télécom, chercheur associé Centre d’étude des mouvements sociaux – EHESS.

24 avril 2024        

• Appropriations des idées féministes dans les générations étudiantes (France/Espagne) : le rôle du capital culturel en question, Viviane Albenga, maîtresse de conférences, Université de Bordeaux-Montaigne, MICA IUF.

22 mai 2024         

• Travaux doctoraux en cours – La programmation sera finalisée au cours du semestre.

12 juin 2024         

• Formations militantes, savoirs d'expérience : le cas des femmes de classes populaires (années 1960, années 1980) Fanny Gallot, historienne, CRHEC, UPEC.

Information et inscriptions

Informations, propositions d’intervention et inscriptions : francoise.laot@univ-paris8.fr

Informations sur les séminaires doctoraux sur le site des ED : https://www.univ-paris8.fr/Formations-doctorales

Notes

[1] La notion prend ici pour base la définition qu’en donne Nicole Mosconi (in N. Mosconi, J. Beillerot, Cl. Blanchard-Laville (dir.) 2000, Formes et formations du rapport au savoir, Paris, L’Harmattan, p. 115) : « Le rapport au savoir se construit dans une histoire qui est à la fois intime, personnelle, consciente et inconsciente, et une histoire collective marquée par les temps historiques, ainsi que par les rapports et les conflits entre groupes sociaux ».

[2] Laot & Lescure [dir.] 2022, Éducations militantes, formations au militantisme, Revue française de pédagogie, n° 215.