Avec cet appel aux jeunes étudiant·es. et artistes, Opium Philosophie invite à contribuer au douzième numéro de sa revue, qui aura pour thème général : « Tisser ». Qu’est-ce que tisser ? L’embarras est immédiat. Non seulement toute tentative sémantique de définition est délicate, mais l’expression porte en soi une multiplicité d’acceptions, parfois même opposées. En tant que métaphore, l’idée de tissage est utilisée dans de nombreux domaines, signifiant constitution de liens. Tout article (ou œuvres écrites) et toute contribution visuelle portant sur le thème indiqué seront bienvenus.

Présentation

Qu’est-ce que tisser ? L’embarras est immédiat. Non seulement toute tentative sémantique de définition est délicate, mais l'expression porte en soi une multiplicité d'acceptions, parfois même opposées. En tant que métaphore, l'idée de tissage est utilisée dans de nombreux domaines, signifiant constitution de liens. Voici donc une rapide présentation possible de ce problème.

Le tissage est souvent utilisé comme métaphore pour décrire l’ensemble des procédés de mise en relation : l’on tisse des fils entre eux, pour donner corps à un tissu (un assemblage complexe) ayant pour fonction soit de donner à voir quelque chose, soit de lier d'autres tissus entre eux. Par le tissage, non seulement l'on construit mais l'on constitue : tout tissu a une épaisseur ou une texture, ainsi qu'un "en plus" (grâce ou élégance) qui font du tissu autre chose qu'un simple composé de fils. En pensée, cela a lieu aussi : les ensembles de relations entre objets, que l'on tisse consciemment ou inconsciemment, portent en eux une certaine réalité toujours équivoque, jamais réductible à de modestes rapports entre objets. Le 12^e numéro de la Revue d'Opium Philosophie souhaite dire, entre autres, cette difficulté. Tout tissu échappe au tisseur et au tisserand, à la tisseuse et à la tisserande. Puisque l'on n'y reconnaît plus chaque fil dans sa singularité, le tout s'impose sur les parties. Qu'est-ce qui se perd (ou qui naît) donc dès lors que les fils trouvent, par nos mains, une structure particulière, au sein de laquelle ne compte plus que l'ensemble ? À l'inverse, qu'est-ce qu'un fil arraché au tissu, un fil qui tombe sans pour autant transformer le tissu en autre chose ? Comment dire alors la valeur d'un fil perdu qui, par son absence, transfigure le tissu ?

Nombre de problèmes apparaissent dès lors que l'on installe cette complexité. Il arrive très souvent de traiter de problèmes de société à partir de la difficulté qu'il y a à "tisser des liens" entre certairnes personnes qui, d'une façon ou d'une autre, s'opposent : qu'est-ce qui apparaît quand il est impossible de tisser des liens ? Tenir cette pensée du travail du "raccrochage" de fils en société est non seulement nécessaire pour toute vie en communauté, mais il s'agit aussi d'un point essentiel pour la compréhension des modes de fonctionnement de notre pensée : il y a une charité du tissage, qui prend tout fil pour en faire un plus beau tissu. Tout système de pensée se veut englobant, au même titre que doit être tout système social.

Il s'agira donc de "ramener sur terre" ces pont-levis qui lient enjeux sociaux, esthétiques et épistémologiques.

Modalités de soumission

Les écrits - articles, fictions, poèmes, etc. - doivent compter entre 10 000 et 20 000 signes, espaces compris. Quant aux contributions artistiques (photos, dessins, tableaux, etc.), le PDF ci-joint en décrit plus précisément les contours.

Les contributions sont attendues pour le 1er février 2024,

à envoyer à l'adresse suivante : opium.revue@gmail.com. Elles seront ensuite sélectionnées par le comité de rédaction pour le 12e numéro de la Revue, à paraître en septembre 2024.

Comité de rédaction

• Miguel Boisseleau, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Université Européenne Viadrina
• Thaïs Jeancenel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, INALCO
• Alice Limborg-Noetinger, EHESS, PSL, Université Sorbonne Nouvelle
• Charlotte Pangrazzi, Sciences Po, Université Paris-Sorbonne