Cette journée d’étude réunit des artistes et chercheuses, chercheurs engagé·es dans une pratique ou une recherche convoquant les technologies numériques tout en ayant un propos écologique. Elle poursuit les recherches entreprises dès les années 1980-1990 sur les relations « hommes-machines » en étudiant les fantasmes, spéculations et enjeux écologiques sous-jacents aux développements de pratiques liées à relation entre le vivant et les technologies numériques.

Organisation

Journée d'études dirigée par Aurélie Herbet

Présentation

Cette journée d’étude réunit des artistes et chercheuses, chercheurs engagé·es dans une pratique ou une recherche convoquant les technologies numériques tout en ayant un propos écologique. Elle poursuit les recherches entreprises dès les années 1980-1990 sur les relations « hommes-machines » en étudiant les fantasmes, spéculations et enjeux écologiques sous-jacents aux développements de pratiques liées à relation entre le vivant et les technologies numériques.

À une époque où nos milieux sont de plus en plus menacés par une crise climatique sans précédent, est-il encore concevable de créer avec des outils numériques impliquant de nombreuses ressources naturelles ? Comment concilier approches écologiques et pratiques artistiques numériques ? Est-il possible d’induire d’autres imaginaires via ces oeuvres ? Nous impliqueront des lors des chercheurs et praticiens spécialistes de pratiques impliquant notamment les low tech (basse technologie), le DIY (Do It Yourself) et renouvelant ce que nous appellerons une « pensée du milieu ».

Programme

9h00    Accueil café-viennoiseries : public et intervenant.e.s  

9h30    Introduction par Aurélie HERBET

• 10h00  Donatien AUBERT  Les imaginaires technologiques d'une Terre anthropisée :  de l'hiver nucléaire à la restauration d'écosystèmes dégradés, les récits prospectifs issus de la cybernétique.

La cybernétique a popularisé au milieu du XXe siècle la représentation de la biosphère en un ensemble d’unités fonctionnelles (les écosystèmes). Découvrir les facteurs concourant à leur maintien à l’état d’équilibre allait devenir la tâche des écologues au cours des décennies suivantes. Depuis les années 1970 et le rapport Meadows, l’informatique a joué un rôle prépondérant à la fois dans l’anticipation des changements climatiques mais aussi dans les efforts consentis pour mitiger leurs effets. Les imaginaires construits par les cybernéticiens ont structuré ces travaux autant que les réponses proposées à ces enjeux par les urbanistes et les architectes. Cette parenté commune explique comment la radicalité de projets comme ceux de  Ron Herron ou de Yona Friedman continue d’inspirer des projets plus modestes d’aménagement, reposant sur l’écoconception. Comment ces développements influencent-ils plus généralement les cultures en arts visuels ? 

• 10h30  Camille PRUNET Dérives nuageuses ou les enjeux du médium-milieu

Il sera question de quelques réflexions sur les usages du cloud dans des pratiques artistiques contemporaines. A l'heure de l'"anthrobscène" (Jussi Parikka), et en jouant sur les différents sens du nuage, suivons un peu les traces laissés par le nuage numérique. Le nuage symbolise classiquement la liaison universelle entre les quatre éléments et se voit attribuer, dans de nombreuses civilisations, un rôle de médiateur spirituel. Derrière cette image positive du "cloud", prétendument immatériel et sans limite, se cache une matérialité qui permet de mettre à jour la toxicité de l'industrie numérique en faisant du "cloud" le médium des oeuvres d'art.

11h00 Pause

• 11h30 Lorella ABENAVOLI  Être Terre : peau, astre, onde

Être Terre, est le dernier projet sur lequel je travaille. Il s’agit d’une œuvre sonore, meta-projet, réalisée en duo avec Arthur Enguehard, géoscientifique. Entendre et écouter la Terre, ses tremblements et vibrations, être immersé et traversé par ses forces telluriques, tel est l’un de ses enjeux esthétiques. Mais aussi partager l’Einfühlung c’est-à-dire l’altérité du non-humain, par le sonore. Ce projet se décline sous différentes formes nourries par nos deux approches : installation sonore, séance d’écoute, performance. La notion d’écologie est présente à chaque étape de cette œuvre et en détermine en partie sa forme. Ce sont ces relations intimes entre forme et concept que je tenterai de nommer lors de la Journée d'études.

• 12h00 Jacques PERCONTE Sans images, paysage

Partout où je vais, ne serait-ce que pour quelques secondes, j’inspire et j’ouvre grand les yeux. Je suspends autant que possible le flot de mes pensées. Même s’il pleut, même s’il fait froid, je fais le plein de lumière. J’essaie de sentir le calme des fleurs, le silence des arbres, autant que d’entendre le battement des ailes de chacun des oiseaux qui traverse le ciel, sans jamais essayer de chercher à savoir ni comprendre ce qu’ils sont, ce qu’ils font. Je veux simplement accueillir leur présence et profiter de mon expérience."Je déroule lentement la peinture et tandis que je l’observe, je m’avance dans une étendue sans limites de tous les côtés et qui m’ouvre ce sentiment de l’infini que le ciel inspire en moi." Zong Bing (375-443)

12h45 Déjeuner

• 14h00 Jean-Marie DALLET  AQ Diamond Drilling

Ainsi que l’indique le titre un peu clinquant donné à cette présentation, il sera question dans ce moment d’échange de prélever des échantillons dans mon travail plastique de manière à découvrir les liens qu’ils entretiennent avec le concept de nature. Géologue de formation, j’ai déjà pu observer comment la thématique des strates, des mailles, des structures, des voyages, de l’univers, du temps avait nourri toute une typologie de formes au fil des années.

• 14h30  Raphaëlle KERBRAT  Du signe au signal : une approche matérielle et énergétique des processus computationnels

Le développement de l’informatique, en se constituant dans une logique de dématérialisation de l’information, a conduit, en partie, à un déficit sensible de la part matérielle et énergétique des infrastructures liées aux technologies numériques. Dans un contexte de crise écologique, qui soulève aujourd’hui les paradoxes d’une condition immatérielle du numérique, quels rôles l’art peut-il jouer dans l’appréhension sensible des matérialités numériques ? Comment incarner, au sein de dispositifs artistiques, l’empreinte physique et la trace énergétique de processus de traitement et de transmission de données ?

• 15h00 Alexia ANTUOFERMO En résidence : récits et aléas techniques

Cette intervention s’inscrit dans une démarche de recherche-création et propose une réflexion sur l’usage d’outils numériques dans le contexte de résidences artistiques et d'environnements spécifiques de création. Comment ces contextes influent ou détournent ces outils de leur usage ? Comment réadapter ces outils en fonction de ces territoires spécifiques ? Dans ce cadre, nous nous intéresserons aussi aux dysfonctionnements perçus comme des opportunités de réflexion et de création. En prenant en compte ces aspects, comment ces interactions, entre la technique et ces environnements spécifiques, peuvent-elles aussi engendrer des anecdotes et des récits ?

15h30 Pause

• 16h00 Golnaz BEHROUZNIA Créations trans-médias : Entre fiction et Anticipation

« Les travaux récents de Golnaz Behrouznia reposent sur une volonté d’interroger les enjeux sociétaux et environnementaux avec les outils mêmes qui ont façonné nos trente dernières années. Dans Dissimilarium 0.2, c’est la question brûlante de savoir comment habiter le monde, quand il est peut-être une illusion, ou quand il est peut-être déjà trop tard, ou quand l’hybridation a fait disparaître la monade originelle. La présence de formes étrangères, biomorphiques, mélangées à des éléments de paysage urbain reconnaissables, feront éprouver au spectateur le sentiment d’être dans une mutation du monde tel qu’il le connaît. » Xavier Malbreil

• 16h30 Maria BARTHELEMY et René SULTRA Chercher des sentiers quand la route est là, Une écologie artistique

Quand on s’adresse aux pratiques artistiques numériques on est au coeur du dilemme qui fracture faits techniques et impératifs de survie. Depuis précisément notre territoire de réflexions et d’actions, nous essaierons d’observer au plus près les gestes et les stratégies vivantes mises en oeuvres dans cette économie qui nous intéresse : celle des écritures numériques actuelles liées aux images en séquences. Que faisons-nous aux révolutions technologiques que nous utilisons en suivant ces pistes … C’est bien l’objet de ce dialogue potentiel.

17h15 Discussion collective et clôture de la Journée d’Etudes