Traditionnellement, la distinction entre économie et politique, entre travailleur et citoyen, entre subordination contractuelle et liberté dans la cité, entre recherche du bien utile et recherche du bien commun fondait une frontière stable entre les champs disciplinaires, en même temps qu’une hiérarchie incontestée entre ces ordres de réalité. Désormais, cette frontière s’estompe, et l’asymétrie s’inverse. Là où l’organisation était l’exception au milieu des institutions, c’est maintenant l’organisation qui constitue la matrice pour penser l’institution. Le citoyen disparaît derrière le travailleur. Le but de notre journée est d’explorer les enjeux de cette porosité et de cette inversion desvaleurs qui conduit à privilégier l’économique au politique. De ce point de vue, les réflexions sur les mutations de la liberté, sur le management public, sur la servitude volontaire, sur les nouvelles formes de gouvernementalité des populations seront les bienvenues.

Argumentaire

Cet événement, co-organisé par l’IPC et l’IAE Metz School of Management, se veut « pluri-disciplinaire » : non seulement parce que la réflexion sur le management se nourrit bien évidemment de l’apport de toutes les sciences humaines, mais également parce qu’il est toujours fructueux de réunir dans une même salle des gestionnaires, des philosophes, des historiens, des sociologues, des anthropologues, ...

Avec le paternalisme libertaire et ses nudges, l’ambiguïté de la liberté d’obéir refait surface. À vrai dire, cette manifestation de la tension entre liberté individuelle et soumission aux finalités du collectif traverse le management et la philosophie politique depuis leurs origines. La métaphysique antique de l’un et du multiple a toujours résonné dans les théories des collectifs humains.Traditionnellement, la distinction entre économie et politique, entre travailleur et citoyen, entre subordination contractuelle et liberté dans la cité, entre recherche du bien utile et recherche du bien commun fondait une frontière stable entre les champs disciplinaires, en même temps qu’une hiérarchie incontestée entre ces ordres de réalité. Désormais, cette frontière s’estompe, et l’asymétrie s’inverse. Là où l’on pensait l’homme producteur comme l’une des facettes de l’homme accompli dans le champ politique, c’est désormais « l’homme de l’organisation » qui fait référence pour penser l’homme citoyen. Là où l’organisation était l’exception au milieu des institutions, c’est maintenant l’organisation qui constitue la matrice pour penser l’institution. Le citoyen disparaît derrière le travailleur.

L’ouvrage de Johann Chapoutot illustre l’un des fragments de cette fusion entre management et philosophie politique. En manifestant comment la théorie de l’organisation du Troisième Reich consonne avec les théories contemporaines les plus « disruptives » de l’organisation, il donne la preuve de la perméabilité entre le champ du politique et celui du management. Le but de notre journée est d’explorer les enjeux de cette porosité et de cette inversion des valeurs qui conduit à privilégier l’économique au politique. De ce point de vue, les réflexions sur les mutations de la liberté, sur le management public, sur la servitude volontaire, sur les nouvelles formes de gouvernementalité des populations seront les bienvenues. Et toutes les autres, bien sûr, qui se rattachent à ce thème général.

Modalités de contribution

• Envoi des communications (1 à 2 pages) : 15 juin 2024

• Retour de l’évaluation : 30 juin 2024
• Envoi des communications définitives : 1er novembre 2024

Contacts : bguery@ipc-paris.fr et baptiste.rappin@univ-lorraine.fr

Comité d’organisation

Bernard Guéry (IPC)

Baptiste Rappin (IAE de Metz, Université de Lorraine)

Comité scientifique

• Laurent Bibard (ESSEC)
• Jean-François Chanlat (Dauphine-PSL)
• Mathieu Detchessahar (Univeristé de Nantes)
• Philippe Jacquinot (Univeristé Paris Saclay)
• Christine Noël-Lemaitre (Aix-Marseille Université)
• Emmanuel Picavet (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)