HomePerception et appréhension du risque naturel dans l'Antiquité et au Moyen Âge

Calenda - The calendar for arts, humanities and social sciences

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Published on Thursday, February 08, 2024

Abstract

Le workshop a pour but d’étudier la perception de l’aléa et l’appréhension du risque naturel dans l’Europe antique et médiévale à partir de deux questions centrales : la conscience du risque d’une part, et la réflexivité environnementale des sociétés d'autre part. Pluridisciplinaire, il propose de réunir les compétences d’archéologues, de géoarchéologues, d’historiens de l’environnement, de spécialistes de la cartographie et des paysages. L’objectif est d’approfondir et de croiser les approches méthodologiques à partir d’études de cas.

The aim of the workshop is to study the perception of hazards and the understanding of natural risk in ancient and medieval Europe. This multidisciplinary project will bring together the skills of archaeologists, geoarchaeologists, environmental historians and specialists in cartography and landscapes. The aim is to develop and cross-fertilise methodological approaches based on case studies.

Announcement

Argumentaire

Selon une définition classique, nous entendons par aléa les phénomènes naturels susceptibles de se produire et par risque la confrontation des sociétés à ces aléas, qui se mesure par la gravité des enjeux et la vulnérabilité des populations. 

Sur un site donné, à partir des sources textuelles, cartographiques ou archéologiques, l’analyse ponctuelle des dégradations, destructions, pathologies des espaces naturels et anthropisés pouvant advenir suite à un événement soudain (glissement de terrain, séisme, inondation…) ainsi que l’analyse des mutations progressives du milieu naturel (déforestation, transformations agraires, fluviales, maritimes…),  est susceptible de fournir de solides indicateurs sur la façon dont les sociétés ont compris et géré les risques auxquelles elles étaient confrontées. Le questionnement portera sur la façon dont les hommes perçoivent et se représentent le risque, avant, pendant et après sa survenue ; la façon dont ils perçoivent leur vulnérabilité face à ce risque, et comment il y font face, dans le discours et dans l’action. 

Cet atelier ne vise pas à l’exhaustivité historique mais invite à réfléchir collectivement sur une méthodologie cohérente et pertinente sur ces questions de risque et de vulnérabilité, au-delà des différences liées au contexte géographique et chronologique. Quelles sources employer et comment ? A quelle échelle de temporalité ? A quelle échelle spatiale ? A travers quels concepts ? Quels enseignements tirer des travaux récents sur l’histoire des catastrophes, des risques, de l’environnement, et comment apporter de nouvelles perspectives ? 

Cette mise au point méthodologique s’inscrit dans le courant épistémologique de l’histoire environnementale, domaine de recherche très dynamique pour les périodes ancienne et médiévale depuis une trentaine d’années, qui a offert un important renouvellement thématique, méthodologique et épistémologique (voir Annales, 2022/1), en exploitant de nouveaux types de données archéologiques, géoarchéologiques et paléo-environnementales (Durand 2003, Valette & Carozza dir. 2019, Carcaud & Arnaud-Fassetta dir. 2015, Archaeomedes 1998, Archaedyn 2022), en promouvant interdisciplinarité et études de terrain fructueuses.

Le projet présenté s’inspire aussi des travaux sur l’environnement et la notion de risque en sciences sociales et en histoire contemporaine, qui ont posé la question de la prise en charge du risque par la société (Beck 1986), des objets hybrides (Latour 1991) et de la réflexivité environnementale des sociétés (Fressoz & Locher 2010). Il prend également en compte l’histoire des catastrophes (Thély 2016, Labbé 2020) et des formes du récit environnemental (Cronon 1992 & 2016).

Pour les périodes anciennes, l’analyse des perceptions et des représentations de l’environnement est un biais méthodologique essentiel, qui passe par l’étude critique des sources littéraires, épigraphiques, archéologiques. L’observation des aménagements et l’analyse du bâti peuvent permettre de mesurer non seulement la vulnérabilité des populations mais aussi, par les réponses ponctuelles ou globales qu’elles ont apportées, la conscience qu’elles en avaient. Pour le Moyen Âge, l’étude des chroniques, des sources littéraires, iconographiques, de la pratique (c’est-à-dire de gestion et d’administration) peut révéler la façon dont les sociétés construisent le récit du risque et de la catastrophe, et dont elles le prennent en charge (collectivement ou non, juridiquement, administrativement, économiquement etc.). 

En raison de la nature des sources et des spécificités des périodes anciennes, où il est difficile voire impossible de disposer de sources sérielles, notre souhait est de mener un travail de réflexion collectif à partir d’études de cas particuliers. C’est donc principalement à partir de ces études de terrain que le questionnement méthodologique sera envisagé, afin d’évaluer les potentialités du sujet et ses éventuelles apories, de questionner le choix des sources et leur mode d’exploitation, de réfléchir sur des concepts et des questionnements mis en avant par les recherches récentes.

Pour mener à bien ce travail, un workshop sur deux journées se tiendra les 7 et 8 octobre 2024 à Orléans (France). Il inclura d’une part les communications d’une douzaine de participants (de format 30 minutes), et d’autre part un travail collectif à partir des études de cas présentées dans les différentes communications. Ces travaux donneront lieu à une publication rendant compte de l’ensemble des travaux menés pendant le workshop. Les frais de déplacement et de séjour des participants sont pris en charge par le programme.

Pour le workshop, nous souhaiterions mettre en avant deux questions qui nous paraissent centrales : la conscience du risque d’une part, et la réflexivité environnementale des sociétés d’autre part, c’est-à-dire « leurs manières complexes, historiquement déterminées (…) de penser les conséquences de l’agir humain sur l’environnement » (Fressoz et Locher 2010). Pour creuser ces notions, nous proposons quatre axes de questionnement qui pourront servir de structure au workshop :

  • La perception de l’aléa: peut-on déterminer dans quelle mesure et comment les sociétés anciennes percevaient – ou au contraire ne percevaient pas ou peu – les possibles aléas auxquels elles pouvaient être confrontées (présence ou absence d’observations, d’enquêtes et de relevés sur le terrain…) ? 
  • L’appréhension du risque: une fois le risque perçu, comment était-il analysé et compris ? Quelles causes étaient-elles avancées ? Dans quelle mesure les effets de l’activité humaine étaient-ils pris en compte ? Une fois le diagnostic posé, comment le risque était-il pris en charge ? Donnait-il lieu à des prises de décision, des transformations ?   
  • La mesure de la vulnérabilité: comment la société considérée mesure-t-elle sa vulnérabilité face au risque ? Sur la base de quels critères ? Comment l’exprime-t-elle ? Quels sont les acteurs impliqués ? D’autre part, comment l’historien peut-il mesurer la vulnérabilité de ces sociétés face au risque ?  
  • La mémoire de la catastrophe: peut-on déceler une mémoire de la catastrophe et à travers quelles sources ? Comment cette mémoire est-elle entretenue ? Quel récit est construit autour de la catastrophe ?

Informations pratiques

Ce workshop est organisé dans le cadre du projet PARAMA porté par la MSH Val-de-Loire, les laboratoires POLEN EA 4710 et IRAMAT UMR 7065.

Dates : 7-8 octobre 2024

Lieu : Hôtel Dupanloup, Orléans (France)

Durée de chaque intervention : 30 minutes

Conditions de candidature

Titre et résumé (300 mots) attendus pour le

15 mars 2024 au plus tard

Contact : juliette.dumasy@univ-orleans.fr ; amelie.perrier@univ-orleans.fr

Comité de sélection

  • Juliette Dumasy-Rabineau (MCF histoire médiévale U. Orléans, POLEN)
  • Amélie Perrier (MCF histoire ancienne U. Orléans, IRAMAT)
  • Didier Boisseuil (MCF HDR histoire médiévale, U. Tours, CETHIS)
  • Jean-Baptiste Rigot (MCF en géoarchéologie et archéomatique, U. Tours, CITERES)
  • Alexis Vrignon (MCF histoire contemporaine, U. Orléans, POLEN)

Argument

Hazards are defined as natural phenomena likely to occur, and risk is defined as the exposure of societies to these hazards, measured by the seriousness of the issues at stake and the vulnerability of populations.

On a given site, based on textual, cartographic or archaeological sources, a specific analysis of the damage, destruction and pathologies of natural and man-made spaces that can occur following a sudden event (landslide, earthquake, flood, etc.), as well as an analysis of the progressive changes in the natural environment (deforestation, agrarian, river and maritime transformations, etc.), is likely to provide solid indicators of the way in which societies have understood and managed the risks they faced. The focus will be on how people perceive and represent risk, before, during and after its occurrence; how they perceive their vulnerability in the face of this risk, and how they deal with it, in discourse and in action.

This workshop is not intended to be exhaustive in historical terms, but rather to provide an opportunity to reflect collectively on a coherent and relevant methodology for these issues of risk and vulnerability, over and above the differences linked to geographical and chronological context. What sources should be used and how? On what time scale? On what spatial scale? What concepts should be used? What lessons can we learn from recent work on the history of disasters, risks and the environment, and how can we provide new perspectives?

This methodological update aims to take part of the epistemological current of environmental history, a very dynamic field of research for the ancient and medieval periods over the last thirty years, which has offered a major thematic, methodological and epistemological renewal (see Annales, 2022/1), by exploiting new types of archaeological, geoarchaeological and palaeoenvironmental data (Durand 2006, Valette & Carozza dir. 2019, Carcaud & Arnaud-Fassetta dir. 2015, Archaeomedes 1998, Archaedyn 2022), promoting interdisciplinarity and fruitful field studies. The project also draws on work on the environment and the notion of risk in the social sciences and contemporary history, which has raised the question of society's assumption of responsibility for risk (Beck 1986), hybrid objects (Latour 1991) and the environmental reflexivity of societies (Fressoz & Locher 2010). It also takes into account the history of disasters (Thély 2016, Labbé 2020) and forms of environmental narrative (Cronon 1992 & 2016).

For ancient times, the analysis of perceptions and representations of the environment is an essential methodological bias, which involves the critical study of literary, epigraphic and archaeological sources. Observation of developments and analysis of the built environment can help to measure not only the vulnerability of populations, but also their awareness of this vulnerability, through the specific or general responses they made. For the Middle Ages, the study of chronicles, literary and iconographic sources, and practices (i.e. management and administration) can reveal the way in which societies constructed the narrative of risk and disaster, and how they dealt with it (collectively or otherwise, legally, administratively, economically, etc.).

Because of the nature of the sources and the specific features of the early periods, when it is difficult, if not impossible, to obtain serial sources, our aim is to conduct a collective study based on individual case studies. It is mainly on the basis of these field studies that the methodological questions will be considered, in order to assess the potential of the subject and its possible aporias, to question the choice of sources and the way they are used, and to reflect on the concepts and questions put forward by recent research. To bring this work to fruition, a two-day workshop will be held on 7 and 8 October 2024 in Orléans (France). It will include presentations by a dozen or so participants (30-minute format), as well as collective work based on the case studies presented in the various presentations. This work will give rise to a publication reporting on all the work carried out during the workshop. The travel and day expenses of the participants will be covered by the research program.

For the workshop, we would like to highlight two issues that we feel are central: risk awareness on the one hand, and the environmental reflexivity of societies on the other, i.e. 'their complex, historically determined ways (...) of thinking about the consequences of human action on the environment' (Fressoz and Locher 2010). To explore these concepts further, we propose four lines of enquiry that could serve as a structure for the workshop:

  • Perceiving hazards: can we determine to what extent and how ancient societies perceived - or, on the contrary, had little or no perception of - the possible hazards they might face (presence or absence of observations, surveys and field measurements, etc.)?
  • Understanding and managing natural risks: how ancient societies have analyzed and understood natural risks? What causes were put forward? To what extent were the effects of human activity taken into account? Once a diagnosis had been made, how was the risk managed? Did it lead to decisions being taken or changes being made?   
  • Measuring vulnerability: how did the society in question measure its vulnerability to risk? On the basis of what criteria? How does it express this? Who are the players involved? And how can historians measure the vulnerability of these societies to risk?  
  • Remembering disasters: can we detect a memory of the disaster and through what sources? How is this memory maintained? What kind of narrative is constructed around the disaster?

Practical information

Dates: 7-8 October 2024

Venue: Hôtel Dupanloup, Orléans (France)

Hôtel Dupanloup - University of Orléans. 1 rue Dupanloup - 45000 ORLÉANS

Duration of each presentation: 30 minutes

Submission guidelines

Title and abstract due no later than 15th march 2024

Contact : Juliette.dumasy@univ-orleans.frAmelie.perrier@univ-orleans.fr

Selection Committee

  • Juliette Dumasy-Rabineau (MCF histoire médiévale U. Orléans, POLEN)
  • Amélie Perrier (MCF histoire ancienne U. Orléans, IRAMAT)
  • Didier Boisseuil (MCF HDR histoire médiévale, U. Tours, CETHIS)
  • Jean-Baptiste Rigot (MCF en géoarchéologie et archéomatique, U. Tours, CITERES)
  • Alexis Vrignon (MCF histoire contemporaine, U. Orléans, POLEN)

Places

  • Hôtel Dupanloup, 1 rue Dupanloup
    Orléans, France (45000)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Friday, March 15, 2024

Attached files

Keywords

  • histoire de l'environnement, risque, catastrophe, représentation, Europe médiévale, Grèce ancienne, Rome, archéologie, géoarchéologie, histoire ancienne, histoire médiévale, paysage, construction, cartographie

Contact(s)

  • Amélie Perrier
    courriel : amelie [dot] perrier [at] univ-orleans [dot] fr
  • Juliette Dumasy-Rabineau
    courriel : juliette [dot] dumasy [at] univ-orleans [dot] fr

Information source

  • Juliette Dumasy-Rabineau
    courriel : juliette [dot] dumasy [at] univ-orleans [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Perception et appréhension du risque naturel dans l'Antiquité et au Moyen Âge », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, February 08, 2024, https://doi.org/10.58079/vs71

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