Après avoir interrogé les bouleversements et les liens sociaux lors de ses deux dernières éditions, les journées d’études doctorales du laboratoire Mondes américains proposent de poursuivre la réflexion autour de la stabilité et du changement dans les sociétés américaines en s’intéressant à la notion d’ordre, et à son corollaire, le désordre. Depuis la construction d’un ordre colonial au XVI^e siècle jusqu’aux désordres suscités par l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021 et son pendant brésilien du 8 janvier 2023, le continent américain constitue un terrain privilégié pour mener cette réflexion.

Journées d’études doctorales du laboratoire Mondes Américains, jeudi 6 et vendredi 7 juin 2024 – Campus Condorcet, Aubervilliers

Argumentaire

Après avoir interrogé les bouleversements et les liens sociaux lors de ses deux dernières éditions, la journée d’études des doctorant·e·s du laboratoire Mondes Américains propose de poursuivre la réflexion autour de la stabilité et du changement dans les sociétés américaines en s’intéressant à la notion d’ordre, et à son corollaire, le désordre. Depuis la construction d’un ordre colonial au XVIe siècle jusqu’aux désordres suscités par l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021 et son pendant brésilien du 8 janvier 2023, le continent américain constitue un terrain privilégié pour mener cette réflexion.

Si l’ordre renvoie à une disposition organisée d’éléments dans un ensemble, il forme un système dont la stabilité est assurée par un certain nombre d’institutions, de normes et d’agent·e·s se donnant à voir comme nécessité ou modèle, il prétend ainsi organiser la totalité de la société et se décline sur les plans social, juridique, moral, politique, économique, diplomatique ou encore religieux. La pluralité de ses manifestations peut paradoxalement s’avérer problématique, occasionnant des conflits entre ordres, qui mettent en lumière les tensions derrière l’apparente stabilité de l’ordre.

Pluriel et moins stable que ce que sa représentation cherche à fixer, l’ordre cristallise aussi des tensions du fait de sa puissance d’exclusion. Intégrant les populations autour de principes d’organisation dont la force tient à leur apparente naturalité, l’ordre exclut en effet toutes celles dont l’action et l’identité sont jugées trop distantes de la norme forgée par les dominants. Par leur agentivité, ces populations déviantes, stigmatisées et discriminées, utilisent un vaste répertoire d’actions pour s'accommoder, contester voire modifier l’ordre. Ces acteurs et actrices contestataires mettent en exergue la manière dont l’ordre n’est qu’une construction historiquement et spatialement située et donc, objet potentiel du changement social. Du désordre peut naître alors un ordre nouveau.

Ce processus, jamais linéaire, s’inscrit dans des rythmes divers et donne lieu à des jeux d’acteurs et d’échelles tout aussi pluriels, qu’il s’agit d’interroger pour comprendre comment la dialectique entre ordre et désordres constitue une grille de lecture de l’organisation des sociétés américaines sur le temps long. Nourrie d’un regard pluridisciplinaire, la réflexion s’organise en quatre axes.

Axe 1 : La fabrique de l’ordre

Ce premier axe vise à réfléchir aux manières dont les acteurs imaginent, construisent et tentent de maintenir l'ordre dans les Amériques. Les participant·e·s sont invité·e·s à s'interroger sur les efforts mis en œuvre pour appréhender, rendre intelligible, et ordonner la réalité à laquelle les populations sont confrontées, ainsi qu’aux pratiques qui permettent de faire perdurer l’ordre dans le temps et l’espace. L’étude des représentations cartographiques, des projets politiques, économiques et territoriaux, des formes de contrôle et de discipline des corps et des âmes, entre autres, sont autant de pistes potentielles de réflexion.

Axe 2 : Des ordres en conflit

Ce deuxième axe vise à appréhender la pluralité et la coexistence parfois conflictuelles des ordres et de leurs mécanismes respectifs. Comprendre l’ordre dans les sociétés américaines, c’est donc comprendre la dynamique complexe de conflit et d’harmonisation entre les différents ordres à l’intérieur de chacune de ces sociétés. Dans cette perspective, ce qu’on appelle “société américaine” se fragmente en diverses micro-sociétés, communautés, groupes sociaux qui font eux aussi partie de la fabrication de l’ordre ou de cet ensemble d’ordres.

Axe 3 : À l’épreuve des normes

Cet axe invite les participant·e·s a s’interroger sur la façon dont les normes sociales constituent depuis le XVIe siècle une épreuve à la fois physique, morale, symbolique et spirituelle pour les groupes minoritaires des Amériques. Au-delà de montrer les fractures des sociétés américaines profondément modelées par la colonialité, il met en valeur l’agentivité et les résistances culturelles, politiques et identitaires des populations historiquement opprimées par l’ordre patriarcal, colonial, hétérosexuel, chrétien et capitaliste.

Axe 4 : (Dés)ordres nouveaux

L’ultime axe est l’occasion d’engager une réflexion dans le domaine de l’histoire des représentations, des idées et des concepts. Il s’agit de réfléchir aux différentes formes de projets et d’expérimentations politiques, intellectuels, voire urbanistiques ou économiques qui interrogent la frontière entre ordre et désordre. Utopies, idées subversives,  nouvelles idéologies ou théories, elles façonnent des représentations alternatives des normes construites, recomposent l’ordonnancement des sociétés, ébranlent les certitudes et les imaginaires. 

Modalités de contribution

Les propositions de communications peuvent être écrites en français, anglais, espagnol ou portugais. Elles devront faire environ 1000 signes, contenir une courte notice biographique et être envoyées à l’adresse suivante : jed.mondesamericains24@gmail.com

pour le 18 mars 2024 à 18h00 (heure de Paris) au plus tard.

Comité d’organisation

• Érico Saad Campos (CRBC),
• Élisa Ceron (CRBC),
• Quentin Lacombe (CENA, LARCA),
• Samuel Libeau (CRALMI),
• Calixte Madej (CRALMI),
• Elie Pucheral (CERMA).