Announcement
Argumentaire
Le projet de ce numéro vise à contribuer au diagnostic du présent en rassemblant des textes venus de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales qui proposent une mise en intelligibilité des situations contemporaines contrastées procédant d’imbrications entre religions et nationalismes. Les cas sont nombreux, que l’on songe par exemple à l’Inde, à la Turquie, au Brésil, à la Pologne, à Israël, à la Russie… Si le lien (affinités, conflits, légitimations, instrumentalisations…) entre religions et nationalisme a été très largement labouré par les sciences sociales au cours des quatre décennies écoulées, il a souvent été examiné (hormis quelques exceptions) par les spécialistes de la nation d’une part, de la religion d’autre part. Or, la réalité donne souvent à voir une articulation étroite entre le politique et le religieux appelant l’analyse.
Ici, on voudrait solliciter des textes susceptibles de penser dans une même configuration ce qui au premier abord apparait comme une réactualisation des orientations explicitement religieuses dans le champ de la citoyenneté, comprise ici tout à la fois comme principe, institution et pratiques. Il n’est pas rare que la citoyenneté fasse l’objet d’une remise en question radicale au nom d’orientations fondamentalistes, scripturaires, suprémacistes, ethnicistes ou autres. On fait l’hypothèse que ces réactivations sont indissociables de la structure de la conflictualité et du jeu des acteurs qui s’opposent dans l’espace polémique/polyphonique des différentes manières de dire « nous » en politique. Aussi une attention particulière sera-t-elle portée à la mise en intelligibilité des différents contextes conflictuels, entendus au sens large, dans lequel elles se déploient.
Compte tenu du caractère interdisciplinaire du projet et de la polysémie des notions de « religion », « nation », « nationalisme » – polysémie des usages universitaires mais aussi des sémantiques historiques des différentes sociétés – nous invitons les auteurs à préciser le sens des notions (y compris vernaculaires) qu’ils mobilisent pour décrire les situations analysées mais aussi à expliciter les paradigmes théoriques sur lesquels ils prennent appui.
Parmi les questions que l’on souhaiterait voir aborder dans le numéro :
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La dynamique socio-historique observée relève-t-elle de l’inédit ou de la continuité/résurgence d’un conflit structurel ancien ? Exprime-t-elle un conflit rendu incandescent par la construction de la démocratie et de la citoyenneté donnant réactivement naissance à des réponses « illibérales » ?
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A travers ses différentes déclinaisons, la configuration conflictuelle actuelle se place-t-elle à l’intérieur des règles du jeu institutionnalisées ou bien porte-t-elle sur les règles du jeu lui-même ?
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La mobilisation des références religieuses traduit-elle l’expression réglée du pluralisme ou bien signe-t-elle sa négation à travers le glissement du civique vers l’ethnique, dessinant éventuellement l’espace d’une conflictualité violente et inexpiable ouvrant l’horizon d’une guerre civile (froide ou chaude). La notion de nationalisme religieux a-t-elle un sens ? Ou bien ne relève-t-elle que de la métaphore ou de l’analogie ?
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A partir de l’hypothèse d’un lien entre domination masculine et domination des dieux, nous serons aussi attentifs aux situations dans lesquelles le statut des femmes (leur place, leurs droits…), mais aussi leur intégrité physique, sont l’objet de la conflictualité politique et sociale analysée. Les actions nationalistes ou/et religieuses – qu’il s’agisse du langage ou des pratiques - s’accompagnent-elles d’une dimension genrée explicite ?
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Comment s’articule anthropologiquement la hiérarchisation des catégories dans les discours observés ? En particulier, dans l’ordre des valeurs, la nation est-elle située au-dessus de la religion ? Ou bien, au contraire, la religion est-elle conçue comme l’englobant et la valeur supérieure ? Quelle est alors la place de la citoyenneté ? Est-elle pensée comme transcendant les identités particulières ou au contraire, tire-t-elle sa légitimité de l’appartenance à ces identités ?
Modalités de soumission et d'évaluation
Les autrices et auteurs devront adresser à la Secrétaire de rédaction un titre et une proposition de contribution de 500 à 1000 mots maximum, qui sera évaluée par le bureau de rédaction de la revue
le 30 avril 2024 au plus tard
Les réponses aux propositions de contributions seront communiquées au plus tard le 31 mai 2024.
Les articles originaux, entièrement rédigés, devront être envoyés à la Secrétaire de rédaction le 31 octobre 2024 au plus tard.
Conformément à la politique éditoriale de la revue, ils seront préalablement examinés par les coordinatrices et coordinateurs du dossier, puis soumis à l’évaluation doublement anonyme de trois relecteurs français ou étrangers.
La publication du numéro est prévue courant 2025.
Les propositions de contribution sont à envoyer à Marion Paulhac, Secrétaire de rédaction, avec en objet du message « proposition de contribution – numéro « Religions et nationalismes » : marion.paulhac@ehess.fr
Responsables scientifiques
- Marie-Paule Hille (EHESS-CCJ/CECMC)
- Aminah Mohammad-Arif (CNRS-CESAH)
- Paul Zawadzki (Paris 1/GSRL-EPHE-PSL)
Argument
The aim of this issue is to contribute to the diagnosis of the present by bringing together texts from all disciplines of social sciences that offer an understanding of the contrasting contemporary situations arising from the intertwining of religions and nationalisms. There are many examples, including India, Turkey, Brazil, Poland, Israel, and Russia. While the relationship (affinities, conflicts, legitimations, instrumentalizations, etc.) between religions and nationalisms has been widely explored in the social sciences over the past four decades, it has often (with a few exceptions) been studied by specialists in the nation on the one hand and religion on the other. However, reality often reveals a close relationship between politics and religion that calls for analysis.
Here we would like to solicit texts that are likely to consider in the same configuration what at first glance appears to be a re-actualization of explicitly religious orientations in the field of citizenship, understood here at once as principle, institution, and practice. It is not uncommon for citizenship to be radically challenged in the name of fundamentalist, scripturalist, supremacist, ethnicist, or other orientations. We hypothesize that these reactivations are inseparable from the structure of conflictuality and the interplay of actors who confront each other in the polemical/polyphonic space of different ways of saying “we” in politics. Special attention will therefore be paid to the intelligibility of the various conflictual contexts, understood in the broadest sense, in which they unfold.
Given the interdisciplinary nature of the project and the polysemy of the notions of “religion”, “nation” and “nationalism” - polysemy in academic usage, but also in the historical semantics of different societies - we invite authors to clarify the meaning of the notions (including vernacular ones) they mobilize to describe the situations, as well as the theoretical paradigms on which they draw.
Among the questions we would like to see addressed in the issue are:
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Does the observed socio-historical dynamic represent something new or the continuity/resurgence of an old structural conflict? Does it express a conflict that has been incandesced by the construction of democracy and citizenship and that reactively generates “illiberal” responses?
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Does the current configuration of the conflict, in its various forms, lie within the institutionalized rules of the game, or does it concern the rules of the game itself?
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Does the mobilization of religious references reflect the regulated expression of pluralism, or does it signal its negation through a shift from the civic to the ethnic, possibly creating the space for violent and irreconcilable conflict, opening the horizon for civil war (cold or hot)? Does the notion of religious nationalism make sense? Or is it just a metaphor or an analogy?
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Based on the hypothesis of a link between male domination and the domination of the gods, we will also look at situations in which the status of women (their place, their rights...), but also their physical integrity, are the object of political and social conflictuality. Do nationalist and/or religious actions have an explicit gender dimension in terms of language or practice?
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How is the hierarchy of categories articulated anthropologically in the discourses? In particular, does the hierarchy of values place nation above religion? Or, on the contrary, is religion conceived as the all-encompassing and superior value? What is the place of citizenship? Is it seen as transcending particular identities or, on the contrary, does it derive its legitimacy from belonging to these identities?
Submission procedure and evaluation
Authors must submit a title and a proposed paper of between 500 and 1000 words to the Editorial Secretary which will be reviewed by the editors in chief
by 30 April 2024
Responses to proposed papers will be sent no later than 31 May 2024.
Full-length original articles must be submitted to the Editorial Secretary no later than 31 October 2024.
In accordance with the journal’s editorial policy, they will first be reviewed by the dossier coordinators and then submitted to a double-blind evaluation by three French or foreign reviewers.
The issue is planned to be published in 2025.
Proposals for articles should be sent to Marion Paulhac, Editorial Secretary, with the reference “Proposed article – “Religions and nationalisms” issue” in the subject line: marion.paulhac@ehess.fr
Scientific coordinators
- Marie-Paule Hille (EHESS-CCJ/CECMC)
- Aminah Mohammad-Arif (CNRS-CESAH)
- Paul Zawadzki (Paris 1/GSRL-EPHE-PSL)
Argumentos
El propósito de este número es contribuir al diagnóstico del presente, reuniendo textos de todas las disciplinas de las humanidades y las ciencias sociales que ofrezcan una comprensión de las diversas situaciones contemporáneas derivadas de la imbricación de religiones y nacionalismos. Los casos son numerosos: India, Turquía, Brasil, Polonia, Israel, Rusia, entre otros. Aunque la relación (afinidades, conflictos, legitimaciones, instrumentalizaciones, etc.) entre religiones y nacionalismos ha sido ampliamente explorada por las ciencias sociales en las últimas cuatro décadas, a menudo ha sido examinada (con algunas excepciones) por especialistas de la nación, por un lado, y de la religión, por otro. Sin embargo, existe a menudo una estrecha relación entre política y religión que es necesario analizar.
Aquí solicitamos textos capaces de considerar en la misma configuración lo que a primera vista parece ser un resurgimiento de las orientaciones explícitamente religiosas en el ámbito de la ciudadanía, entendida aquí como un principio, una institución y una práctica. No es raro que la ciudadanía sea cuestionade radicalmente en nombre de orientaciones fundamentalistas, escriturales, supremacistas, etnicistas u otras. Nuestra hipótesis es que estas reactivaciones están inextricablemente ligadas a la estructura de la conflictividad y a la interacción de los actores en el espacio polémico/polifónico de las diferentes formas de decir "nosotros" en política. Por lo tanto, se prestará especial atención a la comprensión de los diferentes contextos conflictivos, entendidos en sentido amplio, en los que se desarrollan.
Dado el carácter interdisciplinar del proyecto y la polisemia de las nociones de "religión", "nación" y "nacionalismo" -polisemia en el uso académico pero también en la semántica histórica de las distintas sociedades-, invitamos a los autores a aclarar el significado de las nociones (incluidas las vernáculas) que utilizan para describir las situaciones analizadas, y también a precisar los paradigmas teóricos en los que se basan.
Las cuestiones que nos gustaría que se abordaran en el número incluyen:
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¿La dinámica sociohistórica observada representa algo nuevo o la continuidad/resurgimiento de un viejo conflicto estructural? ¿Expresa un conflicto incandescente por la construcción de la democracia y la ciudadanía, dando lugar reactivamente a respuestas "antiliberales"?
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¿El conflicto actual, en sus diversas formas, se sitúa dentro de las reglas de juego institucionalizadas o concierne a las propias reglas de juego?
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¿La movilización de referencias religiosas refleja la expresión regulada del pluralismo, o señala su negación mediante el paso de lo cívico a lo étnico, creando posiblemente el espacio para un conflicto violento e irreconciliable, abriendo la perspectiva de una guerra civil (fría o caliente)? ¿Tiene sentido la noción de nacionalismo religioso? ¿O no es más que una metáfora o una analogía?
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Partiendo de la hipótesis de un vínculo entre la dominación masculina y la dominación de los dioses, examinaremos, también situaciones en las que la condición de la mujer (su lugar, sus derechos, etc.), y también su integridad física, son objeto del conflicto político y social analizado. ¿Tienen las acciones nacionalistas y/o religiosas -ya sea en términos de lenguaje o de prácticas- una dimensión de género explícita?
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¿Cómo se articula antropológicamente la jerarquización de las categorías en los discursos observados? En particular, en el orden de valores, ¿se sitúa la nación por encima de la religión? ¿O, por el contrario, se concibe la religión como el valor superior que todo lo abarca? ¿Cuál es entonces el lugar de la ciudadanía? ¿Se considera que trasciende las identidades particulares o, por el contrario, deriva su legitimidad de la pertenencia a estas identidades?
Modalidades de presentación y evaluación
Los autores deberán enviar a la Secretaría de Redacción un título y una propuesta de contribución de 500 a 1000 palabras como máximo, que será examinada por los jefes de redacción
a más tardar el 30 de abril de 2024
Las respuestas a las propuestas de contribuciones se enviarán a más tardar el 31 de mayo de 2024.
Los artículos originales, redactados en su totalidad, deberán enviarse la Secretaria de Redacción a más tardar el 31 de octubre de 2024.
De acuerdo con la política editorial de la revista, en primer lugar serán examinados por los coordinadores del dossier y, a continuación, se someterán a una doble evaluación anónima por parte de tres revisores franceses o extranjeros.
La publicación del número está prevista para 2025.
Las propuestas de contribución deben enviarse a Marion Paulhac, Secretaria de Redacción, con el asunto "Propuesta de contribución - número "Religiones y nacionalismos"": marion.paulhac@ehess.fr
Coordinadores del número
- Marie-Paule Hille (EHESS-CCJ/CECMC)
- Aminah Mohammad-Arif (CNRS-CESAH)
- Paul Zawadzki (París 1/GSRL-EPHE-PSL)