Les utopies techniques
Revue « Flux »
Published on Monday, March 04, 2024
Abstract
Ce numéro de Flux a pour objectif d’engager une réflexion critique et d’approfondir les débats sur les techniques et l’utopie. Alors que la dystopie technique et, dans les deux dernières décennies au moins, les imaginaires de l’effondrement ont largement dominé les futurs dans le monde de la science-fiction, il propose d'interroger les fonctions de l’utopie et ses projections dans le champ des Science and Technology Studies (STS). Il invite pour ce faire à interroger, dans une pluralité de contextes historiques et contemporains, la place et la forme qu’ont prises les techniques dans les récits et constructions utopiques.
Announcement
Coordinateur·rices
Fanny Lopez, Anaël Marrec, Olivier Coutard
Argumentaire
Depuis l’île lointaine de Thomas More (1516), l’utopie échappe à une caractérisation univoque (Riot Sarcey 2001). De la fiction politique au récit de voyage, de l’architecture idéale à l’expérimentation sociale, elle reste cependant marquée par la quête d’une société alternative, si possible meilleure, même si de l’espoir de l’émancipation et des révolutions, elle a été accusée d’avoir dégénéré en idéal inaccessible faisant le lit des totalitarismes. Mais il faut rappeler que la plupart des textes de la tradition utopique ne se sont jamais présentés comme des réflexions sur la société parfaite, mais sur ce que serait une bonne société, une utopie « utopique » qui est toujours devenir, conflit, décentrement (Abensour 2000), qui est un mouvement vers du radicalement autre ou n’est pas (Carabédian 2022).
Alors que la dystopie technique et, dans les deux dernières décennies au moins, les imaginaires de l’effondrement ont largement dominé les futurs dans le monde de la science-fiction, interroger les fonctions de l’utopie et ses projections dans le champ des Science and Technology Studies (STS) nous semble être une perspective passionnante pour (r)ouvrir les imaginaires de la technique. Dans ce dossier, nous nous proposons donc d’interroger, dans une pluralité de contextes historiques et contemporains, la place et la forme qu’ont prises les techniques dans les récits et constructions utopiques.
Le rôle des techniques dans les structures sociales et leur capacité à accomplir un projet politique ont été amplement discutés depuis les débuts de l’industrialisation. Ces questions ont fait l’objet d’analyses historiques qui méritent selon nous d’être multipliées et approfondies. L’histoire sociale et culturelle a montré le rapport ambivalent que les critiques du capitalisme entretiennent avec les techniques. Des théoriciens du socialisme utopique et des mouvements anarchistes du XIXe siècle aux « technologues doux » et aux mobilisations anti-nucléaire dans les années 1970, la technique s’est constamment déplacée entre impensé, vecteur d’oppression et de destruction de la nature, et moyen d’émancipation sociale et environnementale (Jarrige 2014 ; Ardillo 2015 ; Mathis 2016 ; Beaumont, 2005). Les rapports entre imaginaire, politique et technologie ont par ailleurs été analysés à travers les relations entre art, philosophie et science dans l’histoire des ingénieurs (Picon 1997, 2002).
Au fur et à mesure du développement des Large Technological Systems, et notamment des infrastructures électriques, le réseau s’avère de plus en plus présent dans les imaginaires techniques et utopiques (Lopez, 2019). La notion de réseau désigne un opérateur de mise en relation de processus complexes, un ensemble de liens traversés par des flux. Support d’une société émancipée des dominations ville-campagne chez les penseurs communistes, il devient un repoussoir technocratique et autoritaire dans les mobilisations des années 1970, pour se renouveler avec l’imaginaire neuro-cybernétique de l’intelligence artificielle au tournant des XXe et XXIe siècles. Depuis le début des années 2000, avec l’accélération du basculement climatique, l’institutionnalisation et la montée en puissance dans la société civile des questions environnementales et la prise de conscience de « l’évènement anthropocène » (Bonneuil et Fressoz 2013), les sciences humaines et les STS ont été marquées par le retour de l’hypothèse Gaïa (Lovelock 1999), et plus largement par la pensée du terrestre et du vivant. Dans la crise de « l’idéal infrastructurel moderne » (Dupuy 1987, 2011 ; Coutard 2010), les réseaux techniques se sont de plus en plus confrontés à des impératifs de transition et de bifurcation infrastructurelle (Florentin 2018 ; Lopez 2014, 2019). Dans ce contexte, les enjeux de durabilité, de décroissance, de dématérialisation, de métabolisme urbain et d’économie circulaire (Barles 2017), mais aussi de maintenance et de réparation (Denis et Pontille 2022) sont placés au cœur des problématiques contemporaines, dans des approches parfois prospectives.
La fiction est ainsi devenue un outil pour des utopies dites concrètes ou réalisables qui se sont multipliées, les possibles ayant au passage fusionné avec des probables, adaptables, assimilables. L’imaginaire au sens du lointain semble avoir disparu, plombé par les ravages dystopiques de la fin du capitalisme. Ce rapprochement entre fiction et réel apparaît aussi dans la prospective qui est fortement mobilisée pour penser les futurs urbains. Exit l’utopie, bonjour la prospective, ce « futur antidote contre le déclin qui hante les métropoles insouciantes : un futur sans utopie ni projet » (Rouillard 2009).
En effet, rares sont les projections qui offrent de quoi penser des redirections utopiques. Les imaginaires techniques sont pris en étau entre l’hégémonie culturelle néolibérale façon Large Technical Systems (« augmentés » d’une régulation numérique : smart city, smartgrid), les imaginaires transhumanistes des long-termistes (Monnin, Torres 2021) dont Elon Musk est l’un des plus célèbres représentants et l’imaginaire effondriste qui renvoie à un discours sur la technique phobique ou très ambigu, dans lequel la décroissance, la résilience et le recyclage dans une nature souvent idéalisée délaissent généralement la prise en considération des macro-structures techniques héritées souvent assimilés à des ruines dans un paysage technique effondré.
Dans le même temps, les grands récits de l’histoire des techniques sont aujourd’hui renouvelés par les préoccupations que soulèvent les humanités environnementales, mais aussi les études post- ou décoloniales et les études de genre. Comment tenir ensemble la transformation des pièces de la machine, c’est-à-dire ses bases matérielles, mais aussi la régulation (usage et gouvernance) et les imaginaires (récit et projet social de nouveaux communs) ? En rouvrant un champ de spéculation autour des imaginaires sociotechniques, ce numéro de Flux a pour objectif d’engager une réflexion critique et d’approfondir les débats sur les techniques et l’utopie. Il propose pour ce faire (et à titre indicatif) les trois axes suivants.
1) Des utopies techniques méconnues
Le premier axe propose de reconstituer dans le champ des STS la généalogie d’un imaginaire infrastructurel dans lequel la question de l’utopie sociale est centrale. Il s’agit de reconstruire des généalogies et des histoires de projets (empiriques ou théoriques) d’utopies techniques, mais aussi de sociologiser ces imaginaires, en se penchant par exemple sur des groupes peu étudiés de ce point de vue tels que les mouvements ouvriers des années 1970-1980 ou les femmes. Dans le cas où elles ont été mises en pratique, on pourra examiner la manière dont elles ont reconfiguré les groupes sociaux mais aussi les environnements, et dont, en retour, les projets utopiques s’en sont retrouvés transformés, annihilés, exemplifiés. Compléter l’histoire foisonnante de projets techniques non advenus (Lopez 2014 ; Marrec 2018) qui composent le réservoir d’une histoire alternative des techniques permet de reconstituer autant de potentialités contrefactuelles mais aussi des exemples repoussoirs
(voir aussi les contributions au dossier paru dans Flux 131« Nouveaux regards sur l’histoire des techniques hors réseau »).
2) Rapport nature/culture dans l’histoire des techniques, jusqu’au post-humain
Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, le projet de transformation de la nature transcende tout pour qu’advienne la raison qu’elle empêche (Picon 1997). La technique devient outil de domination d’une nature qu’il s’agit de dompter pour s’en émanciper. Quid d’utopies plus interspécifiques, de projets cherchant à surmonter le déficit de relations entre l'humain et les autres espèces vivantes ? L’hypothèse est que redonner une place aux récits techniques valorisant une intelligence qui ne se sépare pas de son milieu participe à les rendre plus crédibles et désirables, mais aussi à en ouvrir les imaginaires. Quelles seraient les utopies cosmotechniques (Hui 2021) qui défendent un pluralisme technologique et une diversité infrastructurelle en fonction des lieux, des besoins et des cultures ?
Par ailleurs, le possible dépassement des limites de l’humain occupe une place importante dans les débats concernant la technique aujourd'hui. Il inspire des doctrines qui possèdent un caractère utopique ou dystopique, à l'instar de la notion de « singularité » popularisée par le futurologue Raymond Kurzweill ou celle de « cyborg » introduite par Donna Haraway. De telles doctrines s'éclairent lorsqu'on les replace dans une histoire de plus longue durée des utopies du dépassement de l'humain. Quel rôle jouent-elles dans les imaginaires et les projets techniques et infrastructurels contemporains ?
3) Questionner utopiquement l’héritage, le démantèlement et la transformation de la modernité technique et de ses imaginaires
Le numérique est apparu comme un nouvel avatar du débat sur l’innovation technologique dans le domaine des infrastructures, une nouvelle couche servant souvent à la maintenance et à la réparation de nos vieilles utilities LTS. Celles-ci constituent des héritages incontournables dans les organisations sociales, les imaginaires et les environnements, où elles sont autant des « communs négatifs » (Monnin 2021) que des potentialités de bifurcation. Cette dépendance au chemin suivi est forte depuis le début de l’industrialisation, tout comme les tentatives de détournement : ainsi, la critique des machines du premier XIXe siècle a fait face, à partir des années 1940, à des projets pour les domestiquer dans le sens des utopies socialistes (Jarrige 2014). Comment faire place à de nouvelles utopies, notamment celles de la transformation et de la redirection des grands appareils ? Des flexions et des modulations vers des avenirs différents sont-elles possibles ? Peut-on concevoir des formes alternatives de développement technique qui échapperaient aux formes prises par la modernité de l'ère industrielle ?
La revue encourage la mobilisation de disciplines et corpus divers (production littéraire, filmique, artistique, historique…) dans les contributions proposées.
Modalités de contribution
Date limite pour les résumés : 31 mars 2024
Les contributeurs doivent envoyer un résumé de 4 000 caractères maximum, ainsi que les noms des auteurs et leurs affiliations institutionnelles, à : coutard@enpc.fr, fanny.lopez@paris-malaquais.archi.fr, Anael.Marrec@univ-nantes.fr
Date limite pour les articles complets (première version) : 30 septembre 2024
Sur la base des résumés pré-validés par le comité de rédaction de la revue Flux, les auteur·e·s auront jusqu’au 30 septembre 2024 pour envoyer la version complète de leur article.
Celui-ci correspondra aux standards de la revue (cf. note aux auteurs), à savoir un texte de 50 000 caractères maximum (espaces compris), un résumé de 1 000 à 1 500 caractères en français et en anglais, ainsi qu’une notice biographique de 600 caractères environ.
Plus d’informations sur la revue Flux et les recommandations aux auteurs : https://www.cairn.info/revue-flux.htm?contenu=apropos ou https://revue-flux.cairn.info/recommandations-aux-auteurs/ ou
La publication de ce dossier de Flux est prévue en septembre 2025
Comité de Rédaction
- Jean-Baptiste BAHERS (CNRS, UMR ESO)
- Rémi de BERCEGOL (PRODIG, CNRS)
- Denis BOCQUET (ENSA STRASBOURG, LABORATOIRE AMUP)
- Kévin CAILLAUD (INRAE - ETBX)
- Éric CHARMES (Evs-RIVES - ENTPE)
- Olivier COUTARD (LATTS - CNRS)
- Laetitia DABLANC (IFSTTAR, UNIV. GUSTAVE EIFFEL)
- Henri DESBOIS (GECKO/RST - UNIVERSITÉ PARIS OUEST NANTERRE LA DÉFENSE)
- Xavier DESJARDINS (UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE, LABORATOIRE ENEC)
- Mathieu DURAND (ESO - UNIVERSITÉ DU MAINE)
- Jihad FARAH (UNIVERSITE LIBANAISE DE BEYROUTH, UNITE DE RECHERCHE CERDA)
- Daniel FLORENTIN (ISIGE, MINES PARISTECH, PSL RESEARCH UNIVERSITY)
- Caroline GALLEZ (LVMT-IFSTTAR - UNIV. GUSTAVE EIFFEL)
- Bernard de GOUVELLO (CSTB-LEESU, UNIV. GUSTAVE EIFFEL)
- Pascal GRISET (PARIS IV, ISCC)
- Carine HENRIOT (SORBONNE UNIVERSITÉS, UTC, Avenues)
- Sylvy JAGLIN (Latts - UNIVERSITÉ GUSTAVE EIFFEL)
- Fanny LOPEZ (Éav&t de MARNE-LA-VALLÉE, LIAT, Ensa PARIS MALAQUAIS)
- Anne MARCHAIS-ROUBELAT (CNAM, LIRSA)
- Juliette MAULAT (UMR GÉOGRAPHIE-CITÉS, UNIVERSITÉ PARIS 1)
- Luisa MORETTO (FACULTE D'ARCHITECTURE DE L'UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES)
- Hélène NESSI (LAVUE, UNIVERSITÉ PARIS NANTERRE)
- Jean-Marc OFFNER (A’URBA BORDEAUX)
- Arnaud PASSALACQUA (LAB'URBA, UNIV. PARIS-EST CRETEIL)
- Francesca PILO (UTRECHT UNIVERSITY, PAYS-BAS)
- Géraldine PFLIEGER (IEPI, UNIVERSITÉ DE LAUSANNE)
- Jonathan RUTHERFORD (LATTS - ÉCOLE DES PONTS PARISTECH)
- Valérie SCHAFER (C2DH, UNIV. DU LUXEMBOURG)
- Benjamin THIERRY (IRICE - UNIVERSITÉ PARIS-SORBONNE)
- Éric VERDEIL (CNRS)
- Pierre ZEMBRI (LVMT - UNIVERSITÉ GUSTAVE EIFFEL)
Bibliographie
Miguel Abensour, Utopiques IV. L'histoire de l'utopie et le destin de sa critique, Paris, Sens & Tonka, 2016.
José Ardillo, Les Illusions renouvelables, Paris, L’Échappée, 2015, p. 91-132.
Matthew Beaumont, Utopia Ltd, Leiden, Boston, Brill, 2005.
Ernst Bloch, Le Principe Espérance, Gallimard, Paris, 1976.
Emmanuel Bonnet, Diego Landivar, Alexandre Monnin, Héritage et fermeture, une écologie du démantèlement, Paris, Divergences, 2021
Alice Carabédian, Utopie radicale : par-delà l’imaginaire des ruines et des cabanes, Paris, Seuil, 2022.
Olivier Coutard, Jonathan Rutherford, « Vers l’essor de villes postréseaux : infrastructures, changement sociotechnique et transition urbaine en Europe » dans PPUR. Forest, J. et Hamdouch, A. (eds.) Quand l’innovation fait la ville durable, 2015, p. 97-118.
Olivier Coutard, « Services urbains : la fin des grands réseaux ? » dans Olivier Coutard et Jean-Pierre Lévy (dir.), Écologies urbaines, Paris, Anthropos-Economica, 2010, p. 102-129.
Yuk Hui, La question de la technique en Chine : Essai de cosmotechnique, Paris, Divergences, 2021.
François Jarrige, Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences, Paris, La Découverte, 2014.
Fanny Lopez, Le rêve d’une déconnexion, de la maison autonome à la cité auto-énergétique, Paris, La Villette, 2014.
Fanny Lopez, L’ordre électrique, infrastructures énergétiques et territoires, Genève, Mètis Presses, 2019.
Fanny Lopez, A bout de flux, Paris, Divergences, 2019.
Anaël Marrec, Histoire des énergies renouvelables en France, 18801990, Thèse soutenue à l’Université de Nantes, 2018.
Charles-François Mathis, « Renverser le roi Charbon. Imaginer la transition énergétique en Grande-Bretagne, 1865-1914 », in Yves Bouvier, Léonard Laborie, L’Europe en transitions. Énergie, mobilités, communications, XVIIIe-XXIe siècles, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2016.
Alexandre Monnin, « Les ‘communs négatifs’. Entre déchets et ruines », Études, 2021/9 (Septembre), p. 59-68
Antoine Picon « Infrastructure et imaginaires. Une lecture alternative du changement technique », in Konstantinos Chatzis, Gilles Jeannot, Valérie November, Pascal Ughetto (dir.) Les métamorphoses des infrastructures, entre béton et numérique, Peter Lang, 2017, pp. 51-66.
Antoine Picon, La Ville des Réseaux : Un Imaginaire Politique, Paris, Editions Manucius, 2014.
Antoine Picon, Les Saint-simoniens Raison, imaginaire et utopie, Paris, Belin, 2002.
Antoine Picon (dir.), L'Art de l'ingénieur. Constructeur, entrepreneur, inventeur, Paris, Centre Georges Pompidou, Éditions du Moniteur, 1997.
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Rosalind Williams, « Cultural Origins and Environmental Implications of Large Technological Systems », Science in Contest, 1993, p. 377-403.
Maurice-François Rouge, « L’organisation de l’espace et les réseaux », in Éventail de l’histoire vivante. Hommage à Lucien Febvre, Paris : Armand Colin, 1953, 2 vol., republié dans Flux, numéro 5, juin 1989, p. 87.
Dominique Rouillard, Superarchitecture, le futur de l’architecture 1950-1970, Paris, La Villette 2004.
Dominique Rouillard, « Le Futur au travail » dans Imaginaires d’infrastructures, Dominique Rouillard (Ed.), Paris, L’Harmattan, p. 67.
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Date(s)
- Sunday, March 31, 2024
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« Les utopies techniques », Call for papers, Calenda, Published on Monday, March 04, 2024, https://doi.org/10.58079/vy1t