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Published on Thursday, March 28, 2024

Abstract

Cette journée d’études a pour objectif d’examiner le genre ou le medium qu’est la bande dessinée en tant qu’expression unique pour représenter à l’écrit les caractéristiques saillantes de l’oral . En effet, la majeure partie des recherches consacrées à la bande dessinée se sont concentrées sur l’analyse des liens entre la BD et le langage principalement d’un point de vue sémiotique, en laissant de côté l’approche linguistique. Ainsi, nous souhaitons explorer plus particulièrement la représentation de l’oralité mise en scène dans la bande dessinée d’un point de vue linguistique (lexique, phonétique, syntaxe…), que le cadre scientifique de Koch et Österreicher sur l’immédiat et la distance communicative pourrait aider à caractériser. Au cœur de notre réflexion sur l’oralité dans la bande dessinée se trouve le défi, pour les auteurs, de rendre la prise de parole des personnages aussi naturelle et expressive que possible. 

Announcement

Présentation

Cette journée d’études a pour objectif d’examiner le genre ou le medium qu’est la bande dessinée en tant qu’expression unique pour représenter à l’écrit les caractéristiques saillantes de l’oral (Dargnat, 2007). En effet, comme le note Giaufret (2021 : 127), la majeure partie des recherches consacrées à la bande dessinée se sont concentrées sur l’analyse des liens entre la BD et le langage, principalement d’un point de vue sémiotique, en laissant de côté l’approche linguistique. Ainsi, nous souhaitons explorer plus particulièrement la représentation de l’oralité mise en scène (Lefeuvre et Parussa, 2020 ; Petitjean, 2020) dans la bande dessinée (Grutschus & Kern, 2021), d’un point de vue linguistique (lexique, phonétique, syntaxe…), que le cadre scientifique de Koch et Österreicher sur l’immédiat et la distance communicative (Koch & Österreicher, 2001) pourrait aider à caractériser.

Au cœur de notre réflexion sur l’oralité dans la bande dessinée se trouve le défi, pour les auteurs, de rendre la prise de parole des personnages aussi naturelle et expressive que possible. Comme le souligne (Poudevigne, 2020 : 201), cette tâche complexe nécessite l’utilisation de différentes stratégies pour transposer fidèlement l’oralité dans le domaine de l’écrit :

« Le premier enjeu de ce type de reconstruction est donc de parvenir à restituer, au-delà de toute artificialité, la spécificité du langage oral dans le régime de l’écrit. […]. Le dialogue, en tant qu’il est une reconstruction, impose comme premier défi de se donner à entendre plutôt qu’à lire. D’où les diverses stratégies développées dans les arts du langage pour réussir à rendre cette oralité de la façon la plus juste possible. Certains auteurs utilisent en ce sens plusieurs procédés (registre linguistique familier, système d’apostrophes, exclamations, interjections, marqueurs sociolectaux et/ou idiolectaux) […]. »

Entrée « dialogue » dans le bouquin de la bande dessinée (Groensteen, 2021)

La mise en scène de l’oral occupe une place centrale dans la bande dessinée : les dialogues des personnages ne se limitent pas à être simplement (re)présentés visuellement à travers l’utilisation de bulles ; ils sont également souvent enrichis de caractéristiques typiquement orales, telles que des traits phonologiques (élisions, interjections) et morpho-syntaxiques (forme courte de la négation, dislocations, marqueurs discursifs, entre autres). Ces éléments contribuent à instaurer une atmosphère de communication immédiate (Koch & Österreicher, 2001). Nous nous attacherons à découvrir les différentes stratégies déployées par les auteurs pour rendre compte des diverses variétés de français parlées dans la francophonie. Nous examinerons également les outils graphiques et textuels utilisés pour aboutir à cette immersion dans l’oralité au sein de l’écrit.

La bande dessinée occupe également une place de choix en didactique des langues, tant dans les manuels de français langue étrangère que dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (Conseil de l’Europe, 2001). Toutefois, son intégration dans l’enseignement a plus souvent un objectif interculturel (Jeffroy, 2015) qu’un objectif linguistique. En effet, la bande dessinée offre une occasion unique d’explorer les stéréotypes sociaux et culturels présents au sein de la francophonie, tout en encourageant une réflexion critique sur ces représentations. Ainsi, la bande dessinée stimule le développement d’une compétence interculturelle essentielle pour les apprenants (Langhans, Paraire et Schnitzer, 2019).

Nous pensons que la bande dessinée constitue un vecteur privilégié pour aborder les marques de l’oralité en classe de FLE (Frassi et Giaufret, 2010) offrant ainsi aux apprenants un accès dynamique à la langue cible (Massot, 2022 ; Grutschus, 2022 ; Bäumler, 2022). En explorant les différentes variétés de français présentes dans la francophonie, la bande dessinée permet aux apprenants de se familiariser avec les expressions et particularités linguistiques propres à chaque région francophone, ainsi qu’avec la représentation d’accents différents (Heyder, 2022). Cela favorise une compréhension plus approfondie de la langue française dans son contexte pluriculturel.

En somme, la bande dessinée représente un outil pédagogique polyvalent qui, en intégrant la diversité linguistique et culturelle de la francophonie, contribue à une approche plus complète et authentique de l’apprentissage du français langue étrangère.

Thématiques des communications

En analysant l’oral représenté dans la bande dessinée (Giaufret, 2021 ; Pustka, 2022a) les communications auront pour objectif de mettre en évidence comment ce type d’écrit s’attaque à représenter l’oral pour créer une expérience de lecture unique (représentation des discours, représentation de la variation du français parlé dans l’espace francophone, expression des émotions…). La journée d’études s’intéressera également aux applications didactiques à partir de ce type de corpus principalement auprès d’apprenants de français L1 ou de français langue étrangère (Pustka, 2022b) avec pour objectif de les sensibiliser à la variation du français parlé dans l’hexagone mais aussi aux variétés de français parlé dans la francophonie.

Conférencières invitées

Anna Giaufret (Université de Gênes, Italie)

Anna Giaufret est professeure adjointe au Département de langues et cultures modernes et françaises à l’Université de Gênes (Italie) et membre internationale du Centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises de l’Université McGill. Son livre, Montréal dans les bulles : représentations de l’espace urbain et du français parlé montréalais dans la bande dessinée, est le résultat d’une longue réflexion et de plusieurs études sur la bande dessinée québécoise depuis les années 2010.

Elissa Pustka (Université de Vienne, Autriche)

Elissa Pustka est professeur de linguistique et de sciences de la communication à l’institut de romanistique de l’université de Vienne. Ses domaines de recherche principaux sont la phonologie du français et de l’espagnol et la linguistique de contact. Elle est la coordinatrice et éditrice de l’ouvrage collectif La bande dessinée : perspectives linguistiques et didactiques paru en 2022.

Publication des actes

La publication d’un numéro thématique d’une revue sur l’oralité mise en scène dans la bande dessinée est prévue à l’issue de cette journée.

Organisation

Laurie Dekhissi et Jeanne Vigneron Bosbach (UR15076 FoReLLIS, Université de Poitiers)

Cette journée est organisée grâce au soutien du FoReLLIS (UR 15076), de l’UFR Lettres et Langues de l’Université de Poitiers et du Réseau 3RBD.

Modalités de soumission

Résumé : 2 pages maximum bibliographie comprise à envoyer à dekhissi@univ-poitiers.fr et jeanne.vigneron.bosbach@univ-poitiers.fr.

Date limite d’envoi : 30/04/2024

Notification de participation : 07/06/2024

Références

  • Bäumler, L. (2022). Merde, putain, ta gueule – Doit-on enseigner les gros mots en cours de FLE ?. Le potentiel de la bande dessinée. La bande dessinée : perspectives linguistiques et didactiques, Tübingen : Narr, 413-443.
  • Dargnat, M. (2007). L’oral au pied de la lettre : raison et déraison graphiques. Études françaises, 43(1), 83–100.
  • Frassi P. et Giaufret A., 2010, « Le français par la BD : normes et représentation de la langue », dans BERTRAND O., SCHAFFNER I. (éd.), Quel français enseigner ? La question de la norme dans l’enseignement/apprentissage, Editions de l’Ecole Polytechnique, Paris, 361-373.
  • Jeffroy, G. (2015). Bulles de France. Grenoble : PUG
  • Koch P. & Œsterreicher W. (2001), « Langage oral et langage écrit », in Holtus G., Metzeltin M. et Schmitt C. (eds)., Lexikon der romanistischen Linguistik, Tome 1-2, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, p. 584-627.
  • Giaufret, A. (2021). Montréal dans les bulles  : Représentations de l’espace urbain et du français parlé montréalais dans la bande dessinée. Québec : Presses de l’Université Laval.
  • Groensteen, T. (2021). Le Bouquin de la bande dessinée. Coédition Robert Laffont/Cibdi Angoulême
  • Grutschus A & Kern B. (2021) L’oralité mise en scène dans la bande dessinée : marques phonologiques et morphosyntaxiques dans Astérix et Titeuf. Journal of French Language Studies. 2021 ;31(2) :192-215.
  • Grutschus, A. (2022). « Ça nous fait trop goleri. ». La mise en scène de la langue des jeunes dans la bande dessinée et son utilisation en tant que ressource didactique. La bande dessinée : perspectives linguistiques et didactiques, Tübingen : Narr, 265-295.
  • Heyder, K. (2022). Activités autour de dictionnaires en classe de FLE : découvrir les variétés linguistiques à partir de la bande dessinée québécoise Paul à la campagne. La bande dessinée : perspectives linguistiques et didactiques, Tübingen : Narr, 335-371.
  • Langhans, B. Paraire, I. et Schnitzer, N. (2019). « La bande dessinée en cours d’allemand entre comic strip et roman graphique », Tréma [En ligne], 51.
  • Lefeuvre, F. & Parussa, G. (2020). L’oral représenté en diachronie et en synchronie : une voie d’accès à l’oral spontané ?. Langages, 217(1) :9-21.  Massot, B. (2022). « C’est bon, mais on dirait pas comme ça. ». Approches linguistiques et didactiques de l’idiomaticité : syntaxe, structure informationnelle et bande dessinée. La bande dessinée : perspectives linguistiques et didactiques, Tübingen : Narr, 295-335.
  • Petitjean, A. (2020). La représentation de l’oral dans les textes dramatiques contemporains. Langages, 217(1) : 39-54.
  • Pustka, E. (2022a). La bande dessinée : Perspectives linguistiques et didactiques. Tübingen : Narr Francke Attempto Verlag GmbH.
  • Pustka, E. (2022b). La bande dessinée–une ressource précieuse pour la linguistique et la didactique du FLE. La bande dessinée : perspectives linguistiques et didactiques. Tübingen : Narr, 13-53.

Places

  • Salle Mélusine, Maison des Sciences de l'Homme et de la Société, Bâtiment A5 - 5 rue Théodore Lefebvre
    Poitiers, France (86)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Tuesday, April 30, 2024

Keywords

  • bande dessinée, oralité, oral, écrit, représentation, variation, langue parlée, français parlé

Information source

  • Laurie Dekhissi
    courriel : laurie [dot] dekhissi [at] univ-poitiers [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Oralité et BD », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, March 28, 2024, https://doi.org/10.58079/w4fw

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