HomeLa fiction au cœur du dispositif numérique : qu’en est-il de sa valeur esthétique ?
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Published on Tuesday, April 02, 2024

Abstract

L’enjeu du colloque est de mettre à l’épreuve la capacité des manifestations fictionnelles de l’ère numérique à satisfaire les conditions de recevabilité esthétique qui sont inscrites dans les catégories à travers lesquelles l’Occident a traditionnellement pensé, évalué et décrit les produits de l’art (Talon Hugon 2014). L’étude des manifestations fictionnelles de l’ère numérique ne saurait en effet se borner à décrire les modalités à travers lesquelles celles-ci actualisent les potentialités expressives inscrites dans la technologie numérique. La conceptualisation de la « transition numérique » dans le domaine de l’imaginaire artistique doit également se poser la question de savoir si les nouvelles formes d’expressivité artistiques satisfont aux conditions esthétiques qui présidaient à la consécration des fictions traditionnelles (sous peine de ne pas pouvoir appliquer à leur phénoménologie l’appellation de « fiction »).

Announcement

L’enjeu du colloque est de mettre à l’épreuve la capacité des manifestations fictionnelles de l’ère numérique à satisfaire les conditions de recevabilité esthétique qui sont inscrites dans les catégories à travers lesquelles l’Occident a traditionnellement pensé, évalué et décrit les produits de l’art. L’étude des manifestations fictionnelles de l’ère numérique ne saurait en effet se borner à décrire les modalités à travers lesquelles celles-ci actualisent les potentialités expressives inscrites dans la technologie numérique. La conceptualisation de la « transition numérique » dans le domaine de l’imaginaire artistique doit également se poser la question de savoir si les nouvelles formes d’expressivité artistiques satisfont aux conditions esthétiques qui présidaient à la consécration des fictions traditionnelles (sous peine de ne pas pouvoir appliquer à leur phénoménologie l’appellation de « fiction »).

Présentation

L’enjeu du colloque est de mettre à l’épreuve la capacité des manifestations fictionnelles de l’ère numérique à satisfaire les conditions de recevabilité esthétique qui sont inscrites dans les catégories à travers lesquelles l’Occident a traditionnellement pensé, évalué et décrit les produits de l’art (Talon Hugon 2014). L’étude des manifestations fictionnelles de l’ère numérique ne saurait en effet se borner à décrire les modalités à travers lesquelles celles-ci actualisent les potentialités expressives inscrites dans la technologie numérique. La conceptualisation de la « transition numérique » dans le domaine de l’imaginaire artistique doit également se poser la question de savoir si les nouvelles formes d’expressivité artistiques satisfont aux conditions esthétiques qui présidaient à la consécration des fictions traditionnelles (sous peine de ne pas pouvoir appliquer à leur phénoménologie l’appellation de « fiction »).

La mise au banc d’essai esthétique des fictions numériques se heurte cependant à l’absence d’un cadre conceptuel suffisamment consensuel pour permettre l’inscription des genres imaginaires émergents dans des grilles de classification et d’évaluation partagées. De quel caractère opératoire peut-on encore créditer en effet la notion de fiction dans un contexte de panfictionnalisme exacerbé (Lavocat 2016) ? Quelle est la pertinence sémantique résiduelle d’une catégorie qui s’applique désormais, indistinctement et sans aucune restriction, aux pratiques culturelles les plus disparates ? Des jeux d’échecs (Caïra 2011), aux tarots divinatoires (Murzilli 2023), des canulars et hoaxes (Gattolin et Pessar 2011), aux entités mathématiques (Raymond 2021) ? Quelle est la part de l’esthétique dans cette déliquescence sémantique (et partant, opératoire) de la notion de fiction ? S’il est vrai, Schaeffer docet (1999), que la « fonction immanente » de la fiction est d’ordre esthétique, le processus qui a rendu actuellement inopérante, tant sur le plan descriptif qu’évaluatif, la notion de fiction ne puise-il pas ses racines dans l’histoire de la discipline esthétique ? N’est-il pas un effet du relativisme subjectiviste (Genette 1997, Schaeffer 1992 et 1996) méthodiquement théorisé vers la fin du XXe siècle par des chercheurs peut-être trop empressés de rompre avec la tradition pour s’apercevoir qu’ils allaient créer les conditions (sans doute involontairement) d’une inféodation durable de la vie artistique et esthétique de la société aux finalités de l’industrie capitaliste ? L’une des grandes faiblesses de l’esthétique relativiste est, en effet, de n’avoir rien à opposer aux arbitrages des « instances d’homologation publique » des œuvres d’art (autrefois les cénacles d’artistes, les connaisseurs ou les critiques, aujourd’hui le marché restructuré par le progrès technologique) sélectionnant et reconfigurant périodiquement la nature des « objets » éligibles à l’appréciation esthétique. Narration vidéo-ludique (Fulco 2002, Ringot 2020), récit interactif (Bouchardon 2005), récit variable (Lipsyc 2009), fiction hypermédiatique (Bourassa 2010), jeux narratifs et fictions ludiques (Ryan 2013), récit évolutif (Marti 2014), que peut encore dire (ou objecter) l’esthétique (relativiste) face à ces nouvelles formes de fiction numérique ? Par quels paramètres peut-elle encore priser leur valeur ? « Dès lors que tout choix est considéré comme arbitraire et subjectif, aucune critique d’un choix excessivement arbitraire n’est possible » (Rochlitz 1998 : 47). Si elle veut avoir un avenir, si elle ne veut pas servir de caution philosophique à la mainmise de la technologie numérique et de l’économie capitaliste sur l’imaginaire social, l’esthétique se doit alors de rompre avec le relativisme ambiant en restaurant, par voie « rationnelle » (Rochlitz 1998), les « filtres » qui rendaient autrefois possible une exposition sélective et pondérée de la société aux genres qui irriguent sa vie imaginaire. Le recours aux nouvelles technologies ne doit pas servir de cache-misère à des contre-performances artistiques, l’actualisation des potentialités expressives du numérique n’est pas, en soi, suffisant à compenser les carences d’une écriture imaginaire incapable de s’élever au niveau de recevabilité inscrit dans les concepts à l’aide desquels la culture a traditionnellement décrit, pensé et apprécié les produits de l’art.

Programme

8H30. Accueil des participants par le comité d’organisation : Valeria De Luca (Université de Limoges), Alessandro Leiduan (Université de Toulon), Céline Masoni (Université Côte d’Azur)

Matin - Salle Puget

8H45. Ouverture du colloque et présentation des enjeux : Alessandro Leiduan (Université de Toulon)

Session 1 – Faits et faitiches de l’esthétique de la fiction

Présidence de panel : Valeria De Luca (Université de Limoges)

  • 9H. Alice Dupas (École Normale Supérieure de Lyon) : Pour un réalisme énactiviste des propriétés esthétiques
  • 9H45. Sandrine Darsel (Archives Henri Poincaré). La crise de la sensibilité esthétique : l’art à l’âge virtuel

10H30 pause-café

Session 2 – Les médiations numériques en tant que dispositifs interprétatifs et fictionnels

Présidence de panel : Alessandro Leiduan (Université de Toulon)

  • 10H45. Céline Masoni (Université Côte d’Azur) : Numérique ou médiatique ? Esthétique du récit et éthique de l’interprétation.
  • 11H30. Marc Marti (Université Côte d’Azur) : Ce que la fiction numérique fait à l’Histoire : réflexion autour de quelques lieux communs des fictions contemporaines
  • 12H15. Table Ronde : Peut-on en finir avec le relativisme esthétique ?

12h30 : Pause déjeuner

Après-midi - Salle Puget

Session 3 – Découpages et recoupages esthétiques à l’ère numérique

Présidence de panel : Céline Masoni (Université Côte d’Azur)

  • 14H. Everardo Reyes (Université Paris 8) : Esthétique de synthèse : dans la matière et les supports de l’art numérique
  • 14H45. Sophie Raymond (Université Côte d’Azur) : Images disséminées, images recomposées : le montage comme acte et critère de résistance de la fiction en contexte numérique
  • 15H30. Martin Ringot (Marge : Université de Lyon 3 – Lead narrative designer chez Alt Shift) : La beauté du puzzle. Architecture poétique et expérience esthétique dans les mondes vidéoludiques
  • 16H15. Table Ronde : L’art numérique au banc d’essai

16H45 – Conclusion de la journée

Places

  • Palais des Congrès Neptune - Place Besagne
    Toulon, France (83)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Wednesday, April 03, 2024

Attached files

Keywords

  • fiction, esthétique, numérique, récit, narration

Contact(s)

  • Valeria De Luca
    courriel : valeria [dot] de-luca [at] unilim [dot] fr
  • Céline Masoni
    courriel : Celine [dot] MASONI-LACROIX [at] univ-cotedazur [dot] fr

Information source

  • Alessandro Leiduan
    courriel : alessandro [dot] leiduan [at] univ-tln [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« La fiction au cœur du dispositif numérique : qu’en est-il de sa valeur esthétique ? », Conference, symposium, Calenda, Published on Tuesday, April 02, 2024, https://doi.org/10.58079/w53m

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