Announcement
Argumentaire
Élément constitutif des rituels et autres manifestations religieuses (ou à leur frontière), la musique, dans son acception consensuelle de pratique performative chantée et/ou instrumentale, imprègne la pratique religieuse. « Croire en actes » (Aubin-Boltanski, Lamine, Luca, 2014) ou geste de dévotion, elle permet la coparticipation à un script qui transcende les situations particulières et participe de l’incorporation d’un ensemble de croyances et de dispositions religieuses. Dans la plupart des traditions liturgiques, entendues comme l’ensemble des textes utilisés et des cérémonies menées en contexte religieux, la ritualité prend appui sur l’expression rythmique et/ou mélodique des temps et des corps, suivant diverses modalités : dans l’islam, la cantillation du Coran, qui suit des règles rigoureuses, introduit une forme de musicalité qui contribue à rendre les versets accessibles à tous (Nelson, 2001 : XIV-XV) ; dans le christianisme, musique et chant constituent une « forme superlative de la louange et de la prière » (Delpech, 2011 : 399).
Au-delà de leur rôle rituel, ces musiques associées au religieux sont désormais massivement soumises à des processus engageant des techniques d’amplification sonore. Cette transformation affecte tant le rôle cultuel des répertoires musicaux que le déploiement de performances paraliturgiques. L’amplification sonore désigne le procédé de transformation du son en un signal électrique. Pour rendre compte de ce procédé et de son implication au sein des productions musicales contemporaines, le sociologue français Marc Touché propose, en 1994, la notion de « musiques amplifiées » (Touché, 1994). Il désigne par-là les musiques dont la production, la composition, la transmission ou encore, la diffusion, sont liées à l’électricité et au renforcement sonore électroacoustique. Les « musiques amplifiées » sont ainsi associées à des pratiques de stockage, de captation et de diffusion (a)synchrone, à des modalités d’apprentissage ainsi qu’à des techniques et moyens logistiques spécifiques – autant de technologies mises au service de la célébration et des pratiques religieuses. Partant, que l’on pense aux dhikr nocturnes des confréries soufies (Frishkopf, 1999 et 2000 ; Puig, 2017 ; Harris, 2020 ; Ha, 2022), aux vidéos de commentaires de rabbins sur fond de rock FM (Mayer-Thibault, Tank-Storper, à paraître), aux louanges en milieu charismatique (Gabry-Thienpont, 2015 ; Gonzalez, 2008 et 2014) ou encore aux usages du sound system par une communauté monastique d’un temple bouddhiste (Prouteau, 2021), force est de constater que les évolutions techniques liées à la « modernité sonore » (Sterne, 2015) et à l’amplification font partie intégrante de l’exercice religieux et de son expression musicale.
Ce dossier thématique conduira à analyser, à partir de terrains empiriques et en mobilisant les outils des sciences sociales, les recours à l’amplification sonore et à ses soutiens (enceintes, écrans, vidéoprojecteurs, tables de mixage, stations audionumériques, architecture des lieux de culte [Guillebaud, Lavandier, 2020], etc.), afin d’en cerner les modalités. Comment agissent la musique et son amplification sur les liturgies, sur les participants, ainsi que sur les formes d’expérience, de socialisation et d’autorité ?
De nouvelles productions aux sonorités pop rock et électroniques s’imposent comme pièce maîtresse des expressions religieuses qui ont émergé tout au long du xxe siècle (Fath, 2008 ; Stokes, 2016 ; Ramzy, 2016). Capables de susciter l’« adhésion à des modalités expérientielles et à des genres performatifs communs » (Csordas, 2009 : 82), ces productions peuvent tenir lieu d’agent fédérateur entre les croyants. À l’opposé, elles deviennent dans de nombreux contextes un facteur de conflictualité, autour de la place du corps, des normes de l’expression de soi et d’un éthos communautaire. Ces nouvelles productions impliquent par ailleurs l’existence de savoir-faire spécifiques et l’émergence de nouveaux métiers (producteurs, youtubeurs, arrangeurs…), avec le déploiement de palettes de connaissances dans le domaine de l’ingénierie sonore et informatique (qui sont le fait de professionnels, mais aussi, et de plus en plus, d’amateurs, clercs comme laïcs)(sur les nouveaux métiers relatifs aux productions musicales actuelles, voir Olivier, 2022). Studios d’enregistrement ou home studio, chaînes YouTube, pratiques relatives aux usages du Do It Yourself (DIY)… sont autant d’éléments concourant à l’avènement de productions musicales amplifiées au service du religieux. Quels sont ces savoir-faire, par qui sont-ils développés et valorisés, et dans quel but ?
Les contributions retenues permettront d’identifier de façon concomitante (et éventuellement, corrélée) les soubassements technologiques, esthétiques et anthropologiques des musiques afférentes au religieux. Elles analyseront les logiques de distinction sociale et/ou genrée induites ou générées par l’amplification, de même que les rapports de domination exercés par le son, pour appréhender les enjeux relatifs à la production, à la composition et à la diffusion de ces musiques. Depuis l’avènement de l’amplification sonore, l’hétérogénéité formelle des moyens mobilisés pour composer, produire et sonoriser l’expression musicale religieuse a contribué à renouveler les « écosystèmes musicaux » (Olivier, 2022 : 10) des expressions et des espaces du religieux. Quels enjeux sociaux, culturels, esthétiques, politiques… se dégagent de ces écosystèmes, et à quelles stratégies religieuses et confessionnelles répondent-ils ?
Modalités de soumission
Les autrices et auteurs devront adresser à l’éditrice un titre et une proposition de contribution de 500 à 1000 mots maximum
le 30 juin 2024 au plus tard.
Les réponses aux propositions de contribution seront communiquées au plus tard le 31 juillet 2024.
Les articles originaux, entièrement rédigés, devront être envoyés à l’éditrice le 28 février 2025 au plus tard.
Conformément à la politique éditoriale de la revue, ils seront préalablement examinés par les coordinatrices et coordinateurs du dossier, puis soumis à l’évaluation doublement anonyme de trois relecteurs français ou étrangers. La publication du numéro est prévue pour fin 2025.
Les propositions de contribution sont à envoyer à Marion Paulhac, éditrice, avec en objet du message « proposition de contribution – numéro “Liturgies amplifiées” » : marion.paulhac@ehess.fr
Coordination scientifique
- Yannick Fer (CMH-CNRS)
- Séverine Gabry-Thienpont (IDEAS-CNRS)
- Philippe Gonzalez (CEMS-EHESS)
Bibliographie sélective
- Aubin-Boltanski Emma, Lamine Anne-Sophie et Luca Nathalie (dir.), 2014, Croire en actes. Distance, intensité ou excès ?, Paris, L’Harmattan.
- Csordas Thomas J., 2009, « Global religion and the re-enchantment of the world: The case of the Catholic charismatic renewal », in T. J. Csordas (dir.), Transnational transcendence: Essays on religion and globalization, Berkeley, University of California Press, p. 73-96.
- Delpech Louis, 2011 « Musique religieuse », in Ch. Accaoui (dir.), Éléments d’esthétique musicale. Notions, formes et styles en musique, Arles, Actes Sud/Cité de la musique, p. 398-409.
- Eisenlohr Patrick, 2018, Sounding Islam Voice, Media, and Sonic Atmospheres in an Indian Ocean World, Berkeley, University of California Press.
- [audio] —, « Sound as Affect? Encorporation and Movement in Vocal Performance », in P. Eisenlohr, Sounding Islam Voice, Media, and Sonic Atmospheres in an Indian Ocean World, Berkeley, University of California Press. URL : http://doi.org/10.1525/luminos.53.7.
- Fath Sébastien, 2008, Dieu XXL. La révolution des megachurches, Paris, Éditions Autrement.
- Fer Yannick, 2023, « Quand les Pentecôtistes dansent la hula », Corps, 21 p. 49-61.
- Frishkopf Michael, 1999, Sufism, Ritual, and Modernity in Egypt: Language Performance as an Adaptive Strategy, thèse de doctorat, UCLA.
- —, 2000, « Inshad Dini and Aghani Diniyya in 20th century Egypt: A Review of Styles, Genres, and Available Recordings », Bulletin of the Middle East Studies Association, 34, p. 167-183.
- Gabry-Thienpont Séverine, 2015, « Musiques et charismes chez les chrétiens en Égypte au début du XXIe siècle. L’exemple catholique », ASSR, 171, p. 187-207.
- Gonzalez Philippe, 2008, « Lutter contre l’emprise démoniaque. Les politiques du combat spirituel évangélique », Terrain, 50, p. 44-61.
- —, 2014, Que ton règne vienne. Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu, Genève, Labor et Fides.
- Guillebaud Christine et Lavandier Catherine (dir.), 2020, Worship sound spaces. Architecture, Acoustics and Anthropology, Londres, New York, Routledge.
- Mayer-Thibault Ashley et Tank-Storper Sébastien, « Kirouv 2.0. Une nébuleuse interstitielle », inK. Boissevain, M.-L. Boursin, S. Gabry-Thienpont et N. Neveu (dir.), Les autorités religieuses en mouvement : circulation, transmission et matérialité (christianisme, judaïsme, islam - XXe-XXIe siècle), Marseille, Éditions Diacritiques, à paraître.
- Ha Guangtian, 2022, The Sound of Salvation. Voice, Gender, and the Sufi Mediascape in China, Columbia University Press.
- Harris Rachel, 2020, Soundscapes of Uyghur Islam, Bloomington, Indiana University Press.
- Olivier Emmanuelle, « Préface : Les localités d’une technologie globale. Pratiquer l’ethnomusicologie en régime numérique », Cahiers d’ethnomusicologie, 35, p. 9-24.
- Nelson Kristina, 2001 [1985], The Art of Reciting the Qur’an, Le Caire, AUC.
- Prouteau Pierre, 2021, Bouddhisme, corps et machine – les sound systems de Thaïlande (Phetchabun 2016-2019), thèse de doctorat en Anthropologie, Université Paris Nanterre.
- Puig Nicolas, 2017, « La ville amplifiée : synthétiseurs, sonorisation et effets électro-acoustiques dans les rituels urbains au Caire », Techniques et culture, 67, p. 212-215. URL : http://journals.openedition.org/tc/8533.
- Ramzy Carolyn, 2016, « Autotuned Belonging: Coptic Popular Song and the Politics of Neo-Pentecostal Pedagogies », Ethnomusicology, 60/3, p. 434-458.
- Sterne Jonathan, 2015, Une histoire de la modernité sonore, Paris, La Découverte, coll. « Culture sonore ».
- Stokes Martin, 2016, « Islamic popular music aesthetics in Turkey », in K. Van Nieuwkerk, M. Levine et M. Stokes (dir.), Islam and popular culture, Austin, University of Texas press, p. 41-57.
- Touché Marc, 1994, Connaissance de l’environnement sonore urbain, l’exemple des lieux de répétition ; faiseurs de bruits ? Faiseurs de sons ? Question de point de vue, rapport de recherche CRIV-CNRS, Vaucresson.
Argument
Music, widely accepted as a sung or instrumental performative practice, is deeply intertwined with religious practice. It is a constitutive element of rituals and other religious manifestations (or takes place at their margins). Whether “believing in action” (Aubin-Boltanski, Lamine, Luca, 2014) or gesture of devotion, music enables co-participation in a script that transcends situations and participates in the incorporation of a set of religious beliefs and dispositions. In most liturgical traditions, understood as the collection of texts used and ceremonies performed in a religious context, rituality relies on the rhythmic and/or melodic expression of time and bodies. This is expressed in a variety of ways: in Islam, the cantillation of the Koran, which follows rigorous rules, incorporating a form of musicality that makes the verses accessible to all (Nelson, 2001: XIV-XV); in Christianity, music and song constitute a “superlative form of praise and prayer” (Delpech, 2011: 399).
Beyond its ritual role, music associated with religion is now increasingly subjected to sound amplification techniques. This transformation impacts both the cultic role of musical repertoires and the execution of paraliturgical performances. Sound amplification is the process of converting sound into an electrical signal. In 1994, French sociologist Marc Touché coined the term “musiques amplifiées” (amplified music) (Touché, 1994) to describe this process and its effects for contemporary musical production. He referred to music that relies on electricity and electroacoustic sound reinforcement for its production, composition, transmission, and distribution. “Amplified music” is thus associated with (a)synchronous storage, recording, and broadcasting practices, learning methods and specific techniques and logistical resources, all of which are technologies put at the service of religious celebration and practice. This applies whether we’re talking about the nocturnal dhikr of Sufi brotherhoods (Frishkopf, 1999 and 2000 ; Puig, 2017 ; Harris, 2020 ; Ha, 2022), videos of rabbis’ commentaries set to FM rock (Mayer-Thibault, Tank-Storper, upcoming book), praises in charismatic circles (Gabry-Thienpont, 2015 ; Gonzalez, 2008 and 2014) or the use of sound systems by a monastic community in a Buddhist temple (Prouteau, 2021). It’s evident that technical developments linked to “sound modernity” (Sterne, 2015) and amplification are an integral part to religious practice and its musical expression.
This special issue will employ empirical fieldwork and social science tools to analyze the use of sound amplification and its supports in devotional settings. This includes loudspeakers, screens, video-projectors, mixing desks, digital audio stations, the architecture of places of worship [Guillebaud, Lavandier, 2020], etc.). The aim is to identify its varying modalities. How do music and its amplification affect liturgies, participants, and forms of experience, socialization and authority?
New pop-rock and electronic productions have become a central part of the religious expressions that have emerged throughout the 20th century (Fath, 2008 ; Stokes, 2016 ; Ramzy, 2016). These productions, capable of eliciting “adherence to shared experiential modalities and performative genres” (Csordas, 2009: 82), can act as a unifying agent among believers. However, in many contexts, they also become a source of conflict over issues like the role of the body, norms of self-expression, and a community ethos. These new productions also suggest the existence of specific expertise and the emergence of new professions (producers, youtubers, arrangers...), with the deployment of palettes of knowledge in sound and computer engineering. This knowledge is not only the province of professionals, but also, increasingly, of amateurs, clerics and laypersons (for more information on the new professions involved in today’s music production, see Olivier, 2022). Elements like recording studios or home studios, YouTube channels, and Do It Yourself (DIY) practices all contribute to the advent of amplified musical productions in the service of religion. What is this expertise, by whom is it developed and promoted, and for what purpose?
The selected contributions will delve into the technological, aesthetic, and anthropological underpinnings of religious music. They will analyze the logics of social and/or gender-based distinction induced or generated by amplification, in addition to the power dynamics facilitated by sound. The goal is to understand the implications of producing, composing, and disseminating these types of music. Since the introduction of sound amplification, the formal heterogeneity of the means mobilized to compose, produce, and sound religious musical expression has contributed to renewing the “musical ecosystems” (Olivier, 2022: 10) of religious expressions and spaces. What social, cultural, aesthetic and political issues emerge from these ecosystems, and what religious and denominational strategies do they respond to?
Submission guidelines
Authors must submit a title and a proposed paper of between 500 and 1000 words to the Editorial Secretary
by 30 June 2024.
Responses to proposed papers will be sent no later than 31 July 2024.
Full-length original articles must be submitted to the Editorial Secretary no later than 28 February 2025.
In accordance with the journal’s editorial policy, they will first be reviewed by the dossier coordinators and then submitted to a double-blind evaluation by three French or foreign reviewers.
The issue is planned to be published in 2025.
Proposals for articles should be sent to Marion Paulhac, Editorial Secretary, with the reference “Proposed article – ‘Amplified liturgies’ issue” in the subject line: marion.paulhac@ehess.fr
Scientific coordinators
- Yannick Fer (CMH-CNRS)
- Séverine Gabry-Thienpont (IDEAS-CNRS)
- Philippe Gonzalez (CEMS-EHESS)
Selected bibliography
- Aubin-Boltanski Emma, Lamine Anne-Sophie and Luca Nathalie (eds.), 2014, Croire en actes. Distance, intensité ou excès ?, Paris, L’Harmattan.
- Csordas Thomas J., 2009, “Global religion and the re-enchantment of the world: The case of the Catholic charismatic renewal”, in T. J. Csordas (ed.), Transnational transcendence: Essays on religion and globalization, Berkeley, University of California Press, p. 73-96.
- Delpech Louis, 2011 “Musique religieuse”, in Ch. Accaoui (ed.), Éléments d’esthétique musicale. Notions, formes et styles en musique, Arles, Actes Sud/Cité de la musique, p. 398-409.
- Eisenlohr Patrick, 2018, Sounding Islam Voice, Media, and Sonic Atmospheres in an Indian Ocean World, Berkeley, University of California Press.
- [audio] —, “Sound as Affect? Encorporation and Movement in Vocal Performance”, in P. Eisenlohr, Sounding Islam Voice, Media, and Sonic Atmospheres in an Indian Ocean World, Berkeley, University of California Press. URL : http://doi.org/10.1525/luminos.53.7.
- Fath Sébastien, 2008, Dieu XXL. La révolution des megachurches, Paris, Éditions Autrement.
- Fer Yannick, 2023, “Quand les Pentecôtistes dansent la hula”, Corps, 21 p. 49-61.
- Frishkopf Michael, 1999, Sufism, Ritual, and Modernity in Egypt: Language Performance as an Adaptive Strategy, PhD dissertation, UCLA.
- —, 2000, “Inshad Dini and Aghani Diniyya in 20th century Egypt: A Review of Styles, Genres, and Available Recordings”, Bulletin of the Middle East Studies Association, 34, p. 167-183.
- Gabry-Thienpont Séverine, 2015, “Musiques et charismes chez les chrétiens en Égypte au début du xxie siècle. L’exemple catholique”, ASSR, 171, p. 187-207.
- Gonzalez Philippe, 2008, “Lutter contre l’emprise démoniaque. Les politiques du combat spirituel évangélique”, Terrain, 50, p. 44-61.
- —, 2014, Que ton règne vienne. Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu, Geneva, Labor et Fides.
- Guillebaud Christine and Lavandier Catherine (eds.), 2020, Worship sound spaces. Architecture, Acoustics and Anthropology, London, New York, Routledge.
- Mayer-Thibault Ashley and Tank-Storper Sébastien, “Kirouv 2.0. Une nébuleuse interstitielle”, inK. Boissevain, M.-L. Boursin, S. Gabry-Thienpont and N. Neveu (eds.), Les autorités religieuses en mouvement : circulation, transmission et matérialité (christianisme, judaïsme, islam - xxe-xxie siècle), Marseille, Éditions Diacritiques, upcoming.
- Ha Guangtian, 2022, The Sound of Salvation. Voice, Gender, and the Sufi Mediascape in China, New York, Chichester, Columbia University Press.
- Harris Rachel, 2020, Soundscapes of Uyghur Islam, Bloomington, Indiana University Press.
- Olivier Emmanuelle, “Préface : Les localités d’une technologie globale. Pratiquer l’ethnomusicologie en régime numérique”, Cahiers d’ethnomusicologie, 35, p. 9-24.
- Nelson Kristina, 2001 [1985], The Art of Reciting the Qur’an, Cairo, AUC.
- Prouteau Pierre, 2021, Bouddhisme, corps et machine – les sound systems de Thaïlande (Phetchabun 2016-2019), PhD dissertation, Université Paris Nanterre.
- Puig Nicolas, 2017, “La ville amplifiée : synthétiseurs, sonorisation et effets électro-acoustiques dans les rituels urbains au Caire”, Techniques et culture, 67, p. 212-215. URL : http://journals.openedition.org/tc/8533.
- Ramzy Carolyn, 2016, “Autotuned Belonging: Coptic Popular Song and the Politics of Neo-Pentecostal Pedagogies”, Ethnomusicology, 60/3, p. 434-458.
- Sterne Jonathan, 2015, Une histoire de la modernité sonore, Paris, La Découverte, coll. « Culture sonore ».
- Stokes Martin, 2016, “Islamic popular music aesthetics in Turkey”, in K. Van Nieuwkerk, M. Levine and M. Stokes (eds.), Islam and popular culture, Austin, University of Texas press, p. 41-57.
- Touché Marc, 1994, Connaissance de l’environnement sonore urbain, l’exemple des lieux de répétition ; faiseurs de bruits ? Faiseurs de sons ? Question de point de vue, research report CRIV-CNRS, Vaucresson.
Argumentos
La música, en su sentido ampliamente aceptado como una práctica performativa cantada y/o instrumental, es un componente fundamental de los rituales y otras manifestaciones religiosas (o en sus fronteras). Ya sea como “creer en los actos” (Aubin-Boltanski, Lamine, Luca, 2014) o como un gesto de devoción, la música permite la participación en un guión que trasciende las situaciones específicas y contribuye a incorporar un conjunto de creencias y disposiciones religiosas. En la mayoría de las tradiciones litúrgicas, entendidas como la combinación de textos utilizados y ceremonias realizadas en un contexto religioso, la ritualidad se basa en la expresión rítmica y/o melódica del tiempo y de los cuerpos. Por ejemplo, en el Islam, la cantilación del Corán, que sigue reglas estrictas, introduce una forma de musicalidad que contribuye a hacer los versículos accesibles a todos (Nelson, 2001: XIV-XV); en el Cristianismo, la música y el canto constituyen una “forma superlativa de alabanza y oración” (Delpech, 2011: 399).
Además de su función ritual, las músicas asociadas a la religión están siendo sometidas a procesos de amplificación del sonido. Esta transformación afecta tanto a la función cultual de los repertorios musicales como a la representación de las prácticas paralitúrgicas. Por amplificación del sonido se entiende el proceso de transformación del sonido en señal eléctrica. En 1994, el sociólogo francés Marc Touché acuñó el término “música amplificada” (Touché, 1994) para describir este proceso y sus implicaciones en la producción musical contemporánea. Con ello se refiere a la música cuya producción, composición, transmisión y difusión están vinculadas a la electricidad y al refuerzo sonoro electroacústico. La “música amplificada” se asocia así al almacenamiento (a)sincrónico, a las prácticas de grabación y difusión, a los métodos de aprendizaje y a las técnicas y recursos logísticos específicos, todas ellas tecnologías utilizadas en la celebración y la práctica religiosas. Ya sea el dhikr nocturno de las cofradías sufíes (Frishkopf, 1999 y 2000 ; Puig, 2017 ; Harris, 2020 ; Ha, 2022), los vídeos de comentarios de rabinos ambientados con rock FM (Mayer-Thibault, Tank-Storper, de próxima publicación), la alabanza en los círculos carismáticos (Gabry-Thienpont, 2015 ; Gonzalez, 2008 y 2014) o el uso de sistemas de sonido por parte de una comunidad monástica en un templo budista (Prouteau, 2021), queda claro que los avances técnicos vinculados al “sonido moderno” (Sterne, 2015) y a la amplificación son parte integral de la práctica religiosa y su expresión musical.
Este dossier temático examinará el uso de la amplificación de sonido y sus sistemas de soporte, como altavoces, pantallas, proyectores de vídeo, mesas de mezclas, estaciones de audio digital, la arquitectura de los lugares de culto (Guillebaud, Lavandier, 2020), etc. Para ello, se basará en un estudio de campo empírico y utilizará herramientas de las ciencias sociales con el objetivo de identificar los distintos usos por parte de los actores religiosos. ¿Cómo afectan la música y su amplificación a las liturgias, los participantes y las formas de experiencia, socialización y autoridad?
Las nuevas producciones de sonido pop rock y electrónico se han convertido en une pieza central de las expresiones religiosas surgidas a lo largo del siglo XX (Fath, 2008 ; Stokes, 2016 ; Ramzy, 2016). Capaces de provocar “la adhesión a modalidades experienciales y géneros performativos compartidos” (Csordas, 2009: 82), estas producciones pueden actuar como agente unificador entre creyentes. Sin embargo, en muchos contextos se convierten en un factor de conflicto, en torno al lugar del cuerpo, las normas de autoexpresión y un ethos comunitario. Estas nuevas producciones también implican la existencia de competencias específicas y la aparición de nuevas profesiones (como productores, youtubers, arreglistas, etc.) que requieren conocimientos en el ámbito de la ingeniería de sonido e informática. Estos conocimientos son desarrollados tanto por profesionales como cada vez más por aficionados, incluyendo tanto clérigos como laicos (Sobre las nuevas carreras en la producción musical contemporánea, véase Olivier, 2022). Los estudios de grabación o estudios caseros, canales de YouTube, prácticas de bricolaje son elementos que contribuyen a la aparición de producciones musicales amplificadas al servicio de la religión. ¿Qué habilidades se requieren para esto, quién las desarrolla y promueve, y con qué propósito?
Las contribuciones seleccionadas ayudarán a identificar simultáneamente, y posiblemente en correlación, los fundamentos tecnológicos, estéticos y antropológicos de la música religiosa. Analizarán las lógicas de distinción social y/o de género inducidas o generadas por la amplificación, así como las relaciones de dominación ejercitadas por el sonido. Esto se hará con el objetivo de entender las cuestiones relacionadas con la producción, composición y difusión de estas músicas. Desde la introducción de la amplificación sonora, la diversidad formal de los medios utilizados para componer, producir y sonorizar la expresión musical religiosa ha contribuido a renovar los “ecosistemas musicales” (Olivier, 2022: 10) de las expresiones y espacios religiosos. ¿Qué cuestiones sociales, culturales, estéticas y políticas surgen de estos ecosistemas y a qué estrategias religiosas y confesionales responden?
Modalidades de presentación
Los autores deberán enviar a la Secretaría de Redacción un título y una propuesta de contribución de 500 a 1000 palabras como máximo
a más tardar el 30 de junio de 2024
Las respuestas a las propuestas de contribuciones se enviarán a más tardar el 31 de julio de 2024.
Los artículos originales, redactados en su totalidad, deberán enviarse la Secretaria de Redacción a más tardar el 28 de febrero de 2025.
De acuerdo con la política editorial de la revista, en primer lugar serán examinados por los coordinadores del dossier y, a continuación, se someterán a una doble evaluación anónima por parte de tres revisores franceses o extranjeros.
La publicación del número está prevista para 2025.
Las propuestas de contribución deben enviarse a Marion Paulhac, Secretaria de Redacción, con el asunto “Propuesta de contribución - número ‘Liturgias amplificadas’”: marion.paulhac@ehess.fr
Coordinadores científicos
- Yannick Fer (CMH-CNRS)
- Séverine Gabry-Thienpont (IDEAS-CNRS)
- Philippe Gonzalez (CEMS-EHESS)
Bibliografía seleccionada
- Aubin-Boltanski Emma, Lamine Anne-Sophie y Luca Nathalie (eds.), 2014, Croire en actes. Distance, intensité ou excès ?, París, L’Harmattan.
- Csordas Thomas J., 2009, “Global religion and the re-enchantment of the world: The case of the Catholic charismatic renewal”, enT. J. Csordas (ed.), Transnational transcendence: Essays on religion and globalization, Berkeley, University of California Press, p. 73-96.
- Delpech Louis, 2011 “Musique religieuse”, en Ch. Accaoui (ed.), Éléments d’esthétique musicale. Notions, formes et styles en musique, Arles, Actes Sud/Cité de la musique, p. 398-409.
- Eisenlohr Patrick, 2018, Sounding Islam Voice, Media, and Sonic Atmospheres in an Indian Ocean World, Berkeley, University of California Press.
- [audio] —, “Sound as Affect? Encorporation and Movement in Vocal Performance”, en P. Eisenlohr, Sounding Islam Voice, Media, and Sonic Atmospheres in an Indian Ocean World, Berkeley, University of California Press. URL :http://doi.org/10.1525/luminos.53.7.
- Fath Sébastien, 2008, Dieu XXL. La révolution des megachurches, París, Éditions Autrement.
- Fer Yannick, 2023, “Quand les Pentecôtistes dansent la hula”, Corps, 21 p. 49-61.
- Frishkopf Michael, 1999, Sufism, Ritual, and Modernity in Egypt: Language Performance as an Adaptive Strategy, tesis doctoral, UCLA.
- —, 2000, “Inshad Dini and Aghani Diniyya in 20th century Egypt: A Review of Styles, Genres, and Available Recordings”, Bulletin of the Middle East Studies Association, 34, p. 167-183.
- Gabry-Thienpont Séverine, 2015, “Musiques et charismes chez les chrétiens en Égypte au début du XXIe siècle. L’exemple catholique”, ASSR, 171, p. 187-207.
- Gonzalez Philippe, 2008, “Lutter contre l’emprise démoniaque. Les politiques du combat spirituel évangélique”, Terrain, 50, p. 44-61.
- —, 2014, Que ton règne vienne. Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu, Ginebra, Labor et Fides.
- Guillebaud Christine y Lavandier Catherine (eds.), 2020, Worship sound spaces. Architecture, Acoustics and Anthropology, Londres, Nueva York, Routledge.
- Mayer-Thibault Ashley y Tank-Storper Sébastien, “Kirouv 2.0. Une nébuleuse interstitielle”, en K. Boissevain, M.-L. Boursin, S. Gabry-Thienpont y N. Neveu (eds.), Les autorités religieuses en mouvement : circulation, transmission et matérialité (christianisme, judaïsme, islam - XXe-XXIe siècle), Marsella, Éditions Diacritiques, de próxima publicación.
- Ha Guangtian, 2022, The Sound of Salvation. Voice, Gender, and the Sufi Mediascape in China, Nueva York, Chichester, Columbia, Columbia University Press.
- Harris Rachel, 2020, Soundscapes of Uyghur Islam, Bloomington, Indiana University Press.
- Olivier Emmanuelle, “Préface : Les localités d’une technologie globale. Pratiquer l’ethnomusicologie en régime numérique”, Cahiers d’ethnomusicologie, 35, p. 9-24.
- Nelson Kristina, 2001 [1985], The Art of Reciting the Qur’an, El Cairo, AUC.
- Prouteau Pierre, 2021, Bouddhisme, corps et machine – les sound systems de Thaïlande (Phetchabun 2016-2019), tesis doctoral en Antropología, defendida el 22 de junio de 2021 en la Universidad de París Nanterre.
- Puig Nicolas, 2017, “La ville amplifiée : synthétiseurs, sonorisation et effets électro-acoustiques dans les rituels urbains au Caire”, Techniques et culture, 67, p. 212-215. URL : http://journals.openedition.org/tc/8533.
- Ramzy Carolyn, 2016, “Autotuned Belonging: Coptic Popular Song and the Politics of Neo-Pentecostal Pedagogies”, Ethnomusicology, 60/3, p. 434-458.
- Sterne Jonathan, 2015, Une histoire de la modernité sonore, París, La Découverte, coll. “ Culture sonore”.
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