HomePollution sonore, préservation de l’écoute : propositions filmiques
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Published on Thursday, April 11, 2024

Abstract

À partir du cinéma (sa pratique concrète, ses propositions esthétiques, ses usages) nous voudrions aborder le problème de la pollution sonore en le reliant de manière précise et problématisée à la question de l’écoute – l’écoute pensée comme faculté humaine façonnée par l’histoire et médiatisée par la technique, et ouverte à une ou des altérités. Les approches à mobiliser ici, pour l’étude de cas filmiques, concernent donc à la fois la théorie ou la pratique de l’écologie acoustique et la réflexion sur les élaborations de l’écoute cinématographique.

Announcement

Colloque international

18, 19, 20 mars 2025 à Poitiers (France)

Ce colloque fait notamment partie d’un projet de recherche intitulé « Écouter le travail : essais filmiques, expériences sonores, curation » porté par Robert Bonamy (UP-SQUARED) et bénéficiera d’un partenariat avec le Festival international Filmer le travail – à ce titre les propositions sur des films envisageant la pollution sonore ou la préservation de l’écoute dans le contexte du travail sont les bienvenues. En outre, pollution sonore et préservation de l’écoute concernent le programme scientifique « Vulnérabilités » de l’axe Politiques des Art : Savoirs, Imaginaires, Esthétiques (codirigé par Mathias Lavin) du laboratoire FoReLLIS (Université de Poitiers).

Argumentaire

Les organisateurs du colloque ont délibérément choisi de ne pas mentionner de références filmiques dans cet appel à communications, afin de ne pas restreindre de manière excessive les propositions à venir.

L’origine de la réflexion proposée est étroitement dépendante de notre situation contemporaine : en effet, une sensibilité accrue aux questions écologiques aide à prendre conscience que le bruit contribue de manière massive à la pollution de notre environnement. Divers organismes, l’OMS par exemple, ont régulièrement pointé les dangers sanitaires et les pathologies engendrées par une pollution aussi nocive que celle de l’air, des terres ou des océans.

À partir du cinéma (sa pratique concrète, ses propositions esthétiques, ses usages) nous voudrions aborder le problème de la pollution sonore en le reliant de manière précise et problématisée à la question de l’écoute – l’écoute pensée comme faculté humaine façonnée par l’histoire et médiatisée par la technique, et ouverte à une ou des altérités. Les approches à mobiliser ici, pour l’étude de cas filmiques, concernent donc à la fois la théorie ou la pratique de l’écologie acoustique et la réflexion sur les élaborations de l’écoute cinématographique.

Il s’agit, par exemple, de se demander comment le cinéma, du moins certains films envisagés comme singularités, objets théoriques voire symptômes, offrent des moyens pour prendre acte de ce type de pollution, souvent lié à l’industrialisation et ses conséquences, en esquissant un paysage sonore réaliste ou en anticipant ses transformations, ou encore en s’efforçant de retrouver certaines caractéristiques disparues. En somme, l’horizon de cette recherche commune consiste à décrire de quelles manières le cinéma donne à écouter l’anthropocène – ou le capitalocène, l’androcène, ou tout autre « -cène » ou notion avancées pour analyser la destruction des cycles géo et biologiques et des écosystèmes.

Au-delà d’une prise de conscience, il faut également évaluer les modalités à travers lesquelles des films peuvent proposer des voies inédites ou prospectives afin de remédier à une telle situation. En particulier, on peut s’interroger sur les moyens d’œuvrer à une sauvegarde de paysages sonores menacés ou en train de disparaître (selon la tradition inaugurée par Murray Schafer), ou d’inventer des lieux échappant à l’emprise d’une pollution prédatrice, en insistant par exemple sur l’importance du silence (Jérôme Sueur) ou bien en s’inspirant d’autres contextes d’écoute, tels ceux pratiqués à travers le soundwalking (Hildegard Westerkamp).

La notion de paysage sonore connaît aussi des remises en cause ou de nouvelles approches ; nous veillerons ainsi à ne pas reconduire cette notion sans l’interroger, afin d’évaluer ses limites et ses pertinences actuelles. 

Sur un mode plus ambigu, certaines productions (de même que certaines salles, certains lieux de projections ou de diffusion) peuvent aussi donner à éprouver des formes d’excès sonores dont il faudrait évaluer les bénéfices ou les risques – constat critique, expérience sensorielle inédite, agression ou torture (Juliette Volcler) ?

Bien entendu, les bruits, y compris les plus violents de notre époque, peuvent susciter des créations artistiques novatrices, et on ne saurait minimiser la conception renouvelée du sonore qui s’est développée depuis le début du XXe siècle (de Luigi Russolo à John Cage, de la musique concrète aux pratiques électro-acoustiques, etc.). Si l’actualité offre un champ de recherche large, cela n’exclut pas pour autant de considérer l’historicité des conceptions du bruit et des différentes manifestations de pollution sonore. On sait que la tolérance, ou l’intolé- rance au bruit (et à certains bruits plutôt qu’à d’autres) varie de manière considérable selon les époques, comme le rappellent l’histoire des sensibilités (Alain Corbin, Arlette Farge), ou les sound studies intégrant une dimension archéologique (Jonathan Sterne). À l’histoire, il faut sans doute ajouter la géographie : certaines cinématographies (ou certains territoires) seraient-elles plus sensibles que d’autres à un tel questionnement ?

Quand bien même nous n’en resterons pas au constat de nuisances sonores envahissantes, les considérations de démarches filmiques impliquées dans la préservation, les perspectives d’émancipation et soin de l’écoute retiendront particulièrement notre attention. 

Quelles que soient les modalités narratives ou les expérimentations formelles, l’attention de certains films aux tessitures sonores du monde invite à reconsidérer les manières d’étudier le son et l’écoute filmiques, en accueillant notamment plusieurs propositions issues d’autres champs disciplinaires ou qui se situent à la lisière du cinéma. Différents registres filmiques sont ainsi concernés par cet appel : fiction, documentaire de création, anthropologie visuelle (et, donc, sonore), ainsi que l’essai (notamment expérimental), de même que des propositions portant sur des œuvres afférentes au film du côté de la création sonore –notamment les documentaires ou les pièces sonores. À titre d’exemple, il est très possible que les pratiques et les théories de l’enregistrement de terrain (location recording ; field recording) aident à penser le son filmique, y compris en matière de composition et de montage. L’« acoustémologie » (Steven Feld) – selon une articulation précise entre acoustique et épistémologie – serait ainsi à discuter selon des perspectives filmiques potentiellement assez larges. On pourra également réfléchir aux manières dont la voix se trouve aussi concernée par des formes de pollutions sonores.

Parmi les différentes démarches artistiques et créatives permettant de mieux comprendre et analyser certaines modalités figuratives de la pollution sonore au cinéma, citons également des relations possibles avec la musique concrète et les recherches en électroacoustique.

De la sorte, les propositions attendues pourront s’intéresser aussi bien à des accumulations bruitistes (qui ne sont pas rares dans les représentations filmiques situées en contexte néolibéral) qu’à des tentatives de décroissance sonore. Les interventions pourront également envisager des éléments a priori invisibles et inaccessibles, mais dont l’amplification sonores permet de discerner nos relations inouïes aux environnements technologiques omniprésents.

Modalités de soumission

Les propositions (2000 signes maximum + une courte notice bio-bibliographique) sont à envoyer à:

  • mathias.lavin@univ-poitiers.fr
  • robert.bonamy@univ-poitiers.fr

pour le 15 juin 2024.

Organisateurs

Robert Bonamy et Mathias Lavin – Université de Poitiers

Comité scientifique

  • Martin Barnier – Université Lumière Lyon 2
  • Robert Bonamy – Université de Poitiers
  • Serge Cardinal – Université de Montréal
  • Ros Gray – Goldsmiths University of London
  • Armelle Jacquemot – Université de Poitiers
  • Jonathan Larcher – Université Paris Nanterre
  • Mathias Lavin – Université de Poitiers
  • Lúcia Ramos Monteiro – Universidade Federal Fluminense
  • Marguerite Vappereau – Université Bordeaux Montaigne
  • Dork Zabunyan – Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis

Places

  • MSHS - Campus de Poitiers
    Poitiers, France (86)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Saturday, June 15, 2024

Keywords

  • cinéma, écoute filmique, pollution sonore, vulnérabilités, écologie acoustique

Reference Urls

Information source

  • Robert BONAMY
    courriel : robert [dot] bonamy [at] univ-poitiers [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Pollution sonore, préservation de l’écoute : propositions filmiques », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, April 11, 2024, https://doi.org/10.58079/w753

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