La densification s’est imposée depuis près d’une vingtaine d’années comme l’enjeu prédominant des politiques et documents d’urbanisme. Les lois successives, notamment la loi Solidarité et renouvellement urbain en 2000, ont encouragé les collectivités à stopper l’expansion urbaine excessive. La loi Climat et Résilience de 2021 va plus loin en imposant le concept de ZAN (zéro artificialisation nette) d’ici 2050, avec une réduction préalable de moitié de l’artificialisation d’ici 2031. Malgré ces lois, l’objectif reste de concentrer l’urbanisation sur les espaces déjà urbanisés. Cependant, ces espaces abritent souvent des patrimoines naturels et culturels, ce qui soulève des questions sur la façon de concilier densification et préservation de ces patrimoines.

Présentation

La densification s’est imposée depuis près d’une vingtaine d’années comme l’enjeu prédominant des politiques et documents d’urbanisme. Depuis la loi Solidarité et renouvellement urbain en 2000, le législateur n’a eu de cesse de marteler auprès des collectivités compétentes en la matière qu’il fallait mettre un terme à des décennies d’expansion urbaine démesurée, croissant globalement deux fois plus vite que la population. Les chiffres sont connus : à l’échelle nationale, 21 à 22 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) disparaissaient encore récemment chaque année au profit des besoins multiples d’urbanisation. Après différentes lois de rappel de cette exigence (Lois Grenelle et ALUR), la loi Climat et Résilience, fin août 2021, prolonge et amplifie cette injonction nationale en consacrant législativement l’exigence du ZAN (é-zéro artificialisation nette) pour 2050, mais avec une étape préalable de division par 2 d’ici 2031 du rythme d’artificialisation calculé entre 2011 et 2021. Malgré la loi d’accompagnement du ZAN votée en juillet 2023, le cap reste bien le même : concentrer les besoins d’urbanisation au plus près - ou au sein - des espaces déjà urbanisés. Il va donc falloir y dégager du foncier dans le cadre d’un renouvellement urbain se réalisant déjà par diverses méthodes : densification des m2, démolition/reconstruction, surélévation, etc.

Or ces espaces abritent souvent différentes formes de patrimoines : ils peuvent être naturels comme culturels. De friches ensauvagées, de grands parcs aux cœurs d’ilots, la ville contient déjà une certaine biodiversité, parfois révélée par les atlas de biodiversité communale. Mais il en va de même pour le patrimoine culturel, attesté par la présence de monuments historiques et de sites patrimoniaux remarquables, mais aussi de plus en plus souvent par l’inventaire patrimonial intégré au PLU, communal ou intercommunal, sur la base de l’article L. 151-19, et sur le niveau de protection qui peut en résulter selon les choix de la collectivité. Or la densification, amplifiée par le ZAN, questionne directement le réemploi d’une partie de ces patrimoines culturels, auxquels sera consacré ce colloque. Pour les moins protégés juridiquement, l’accélération de la densification va-t-elle conduire à les valoriser ou à les sacrifier sur l’autel des m2 ? Quelles pourraient être les solutions pour tenter d’équilibrer densification, ZAN et protection des patrimoines culturels, reconnus tant pour leur valeur nationale parfois que pour leur intérêt local ?

Le colloque réunira pendant un jour et demi tant des chercheurs que des praticiens afin d’échanger en plein cœur de la ville d’Angers, dans un lieu patrimonial - les salons Curnonsky, sur ce double enjeu fondamental des politiques d’urbanisme patrimonial.

Programme

Mercredi 29 mai 2024

11h00 – Balade urbaine à Angers entre renouvellement urbain, densification et patrimoines.

13h30 – Accueil café des participants

• 14h00 – Ouverture à 3 voix : Universités / FNCAUE / ANAB

Valérie Charollais, directrice de la Fédération nationale des Conseils en architecture, urbanisme et environnement (FNCAUE), Arnaud De Lajartre, Maître de conférences en droit public, Université d’Angers, Mathieu Gigot, Maître de conférences en aménagement – urbanisme, Université Paris Cité, Virginie Vallée, Architecte des Bâtiments de France (UDAP 49), représentante de l’Association nationale des Architectes des Bâtiments de France (ANABF).

La densification au risque de la dépatrimonialisation culturelle ?

Présidence : Vincent Veschambre, Directeur « Le Rize, centre mémoires, cultures, échanges » de la ville de Villeurbanne, Conservateur en chef du patrimoine, HDR en géographie.

• 14h30 – De l’effacement à l’attente, horizons patrimoniaux dans les petites villes en décroissance. Audrey Brantonne, Doctorante en architecture, OCS/AUSser, ENSA Paris-Est, Architecte-conseillère chargée de la prospective, CAUE de Meurthe-et-Moselle.
• 14h50 – Détruire pour protéger ? Décompacter, densifier et revitaliser les centres historiques en décroissance par l’ajustement de leur patrimoine urbain. Alix De La Gaignonnière, chercheur post-doctoral en urbanisme, Centre Jean-Pépin / École normale supérieure-PSL.
• 15h10 – Patrimoines culturels et naturels sacrifiés sur l’autel de la densification ? Fabien Jakob, Chercheur postdoctoral, Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne.

15h30 – Échanges avec la salle.

15h50 - Pause café.

16h05 – Table ronde : Quels moyens pour équilibrer sobriété foncière et protection du patrimoine ? Animation : Mathieu Gigot, Maître de conférences en aménagement – urbanisme, Université Paris Cité, UMR Géographie-cités. 

• Les PLU patrimoniaux à l’épreuve d’une gouvernance par les nombres. Patricia Benezech-Sarron, Maître de conférences en droit public, Aix-Marseille Université, UR LIEU.
• Les conditions de la sobriété foncière. Audrey Brantonne, Doctorante en architecture, OCS/AUSser, ENSA Paris-Est, Architecte-conseillère, CAUE de Meurthe-et-Moselle.
• ZAN : il faut densifier l’existant. Oui, mais lequel ? ... et comment ? Anne-Françoise Hector, Architecte des bâtiments de France, Cheffe adjointe de l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Maine-et-Loire.

18h30 – Vin d’honneur offert par la ville d’Angers – Hôtel de ville

Jeudi 30 mai 2024

8h30 – Accueil café des participants.

ZAN et patrimoines : déclinaisons territoriales et thématiques

Présidence : Noé Wagener, Professeur de droit public, Université Paris Est-Créteil Val de Marne.

• 9h00 – Les jardins de l’habitat individuel face à la densification en Île-de-France : vers une patrimonialisation ? Anaïs Mohamed, Ingénieure de recherche en sociologie, UMR SADAPT (INRAE), Romain Melot, Directeur de recherche en sociologie, UMR BAGAP (INRAE).
• 9h20 – La dépatrimonialisation des sites ferrifères au service du ZAN : résistance culturelle, recyclage urbain ou opportunité foncière ? Romain Micalef, Enseignant-chercheur contractuel en droit public, Docteur en droit public, Université Grenoble Alpes.
• 9h40 – Les protections patrimoniales, un outil qui se réinvente pour faire évoluer la ville et répondre aux enjeux actuels ? – le cas d’étude du PSMV de Strasbourg. Hélène Antoni, Responsable de la mission patrimoine, Eurométropole de Strasbourg, Chercheur associé UMR ARCHE, Université de Strasbourg.

10h00 – Échanges avec la salle.

10h45 – Table ronde : ZAN et patrimoines : déclinaisons territoriales et thématiques. Animation : Marie Fournier, Maître de Conférences en Aménagement de l’Espace-Urbanisme, École Supérieure des Géomètres et Topographes, Le Mans (CNAM).

• Le patrimoine industriel ferroviaire : moteur vertueux écologique de la densification touristique et quotidienne ? Étienne Faugier, Maître de conférences en histoire contemporaine, Université Lumière Lyon II, Laboratoire d’Études Rurales.
• Le programme d’étude ARCHE (Plante & Cité) : conjuguer mise en valeur du patrimoine historique et enjeux écologiques. Sandrine Larramendy, paysagiste conceptrice et urbaniste, Chargée de mission Approches intégrées Végétal-Paysage-Urbanisme, Plante & Cité.
• L’objectif ZAN comme révélateur d’un patrimoine à prendre en compte dans les PLU : le cas du Grand Site de France des Gorges de l’Hérault. Julie Marchand, Docteure en sociologie urbaine, Conseil & Formation en urbanisme chez Connaixens.

12h15 – Échanges avec la salle.

12h45– Déjeuner.

L’innovation architecturale pour une densification respectueuse du patrimoine

Présidence : Cécile Regnault, Professeure HDR UMR Environnement Ville et Société EVS LAURe, ENSA Lyon.

• 14h00 – Vers un urbanisme patrimonial. Philippe Prost, Architecte et urbaniste, architecte du patrimoine, professeur à l’ENSA Paris-Belleville.
• 14h40 – Centres anciens, architecture de demain - La ville historique au-delà de la monoculture du tourisme. Marion Serre, Docteure en architecture, chercheuse au laboratoire Project[s] de l’ENSA Marseille et à l’EnsadLab de l’école des Arts Décoratifs, Gabrièle Salvia, Architecte, docteure en architecture, MCF associée à l’ENSA Marseille, membre du laboratoire Project(s).

15h00 – Échanges avec la salle.

15h20 - Table ronde de clôture : Logements, sobriété foncière et patrimoine. Animation : Arnaud De Lajartre, Maître de conférences en droit public, Université d’Angers

• Grand témoin : Philippe Prost, Grand prix national d’architecture 2022
• De la « sanctuarisation » des territoires à l’expression du capital environnemental : l’application du ZAN, un marqueur de différenciation sociale ? Morgane Brissaud, Doctorante CIFRE en géographie, Université de Limoges, UMR GÉOLAB et au CAUE 87.
• Nouvelle donne patrimoniale pour les petites villes de demain : logements et friches en question. Grégoire Bruzulier, Directeur du CAUE 41 (Loir-et-Cher), Architecte du patrimoine et urbaniste.

17h00 – Fin du colloque.

Comité d'organisation

• Centre Jean Bodin (université d’Angers) et l’UMR Géographie-cités (université Paris Cité), avec le soutien du GRIDAUH et en partenariat avec la FNCAUE et l’ANABF.