Cet appel à contribution s’inscrit dans la perspective des deuxièmes rencontres nationales des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs en « art et techniques de la représentation » (ATR) des écoles d'architecture et du paysage. Le premier opus de ces rencontres s’interrogeait en 2023 sur « Ce que peut l’enseignement des arts et techniques de la représentation pour l’architecture en temps de crise ». Pour 2024, ce nouveau rendez-vous voudrait inscrire dans le faire, une première hypothèse de réponse. Il est proposé de travailler cette notion du faire en trois temps : d’abord, en problématisant sa compréhension tendue entre différentes modalités de formalisation du projet architectural ; ensuite en l'envisageant dans le domaine de la recherche-création comme émergence théorique depuis une expérimentation située ; enfin dans le champ de la pédagogie fondée sur l’élucidation des pratiques constitutives des gestes de fabrication.

Argumentaire

À l'heure d'un mouvement divergent entre l’architecture en perte de pouvoir d’agir, et l’art comme garant d’une puissance du faire, en quoi les langages de l’art formulent-il davantage de possibles en architecture ? Les rencontres « Marges de manœuvre #02 : L’art comme puissance de faire dans les écoles d'architecture et du paysage » postule l'acte d'expression comme une impulsion (John Dewey, 2010), l'art de passer à l'acte comme un élan de création (Léa Bismuth, 2024) : la question du faire comme un engagement politique.    

Jeudi 28 novembre matin : Un colloque en actes

« Paradoxe de la praxis : parfois faire quelque chose ne mène à rien, parfois ne rien faire mène à quelque chose. » Francis Alÿs (cité par Thierry Davila), « Fables / Insertions » in Francis Alÿs, catalogue de l'exposition, Musée Picasso, Antibes, 2001, p. 55 à 59.

Dans un premier temps, il s’agira de se questionner sur la nature de ce « faire ». À l’heure des moratoires (Charlotte Malterre-Barthes, 2024) plutôt que des manifestes, de la suspension plutôt que de la production : que faire ? De l’action discrète au marbre, de l’inframince à l'in-situ, de la peinture à l’énoncé conceptuel ou poétique, l’art offre une variété infinie de façons de faire. Dès lors, toutes ces opérations – et surtout les plus légères – peuvent-elles s’entendre comme une forme concrète, matérialisée, réifiée de « transformation » du réel, c’est-à-dire constructive ? Souvent assujetti à une vocation représentative du projet architectural (son dessin, sa modélisation mais aussi son écriture), en quoi l’art est-il à penser et à éprouver sensiblement dans le « faire architecture » ? 

Jeudi 28 novembre après-midi : De la recherche depuis un point de vue pratique 

« Dois-je préciser que le travail de découverte dont je parle ne se règle ni dans des déclarations d'intentions ni dans des explications thématiques, aussi généreuses soient-elles les unes et les autres ? Il se règle en fait dans – ou dès – la pratique technique elle-même, sur le registre du poiën. C'est dans une conduite non usuelle d'une technique donnée, ayant poussé, que se joue la possibilité de la recherche en art. J'inviterais donc volontiers les artistes-chercheurs à moins déclarer et à moins thématiser en employant les supposés “moyens“ techniques qui pourraient leur sembler disponibles à ces fins, et à davantage travailler le faire même. C'est tout l'enjeu de la recherche en art que de délaisser le champ aujourd'hui dominant de la déclaration pour rejoindre celui du travail. » Pierre-Damien Huyghe, Contre-temps. De la recherche et de ses enjeux. Arts, architecture, design, B42, Paris, 2017, p. 136.

Le deuxième temps de ces rencontres souhaite s’occuper de recherche-création en interrogeant la recherche depuis un point de vue pratique. Il s’agit ici d'évacuer le clivage obsolète entre théorie et pratique pour se concentrer sur les sujets, enjeux et méthodologies relatifs à la recherche-création accélératrice de transformation (Yves Citton, 2024). En quoi la recherche s’entend-elle comme un engagement pratique ? Pas de malentendu : la question ne considère pas l’approche rentable d’une recherche nécessairement opérationnelle. Elle relève davantage d’une évaluation de la place de la création au sein des écoles d’architecture indispensable au renouvellement des pratiques architecturales et, en premier lieu, de leur modalités de recherche et de pédagogie. 

Vendredi 29 novembre matin : Pour une pédagogie du (désir de) faire 

« Quoi que tu fasses, (...) fais autre chose. » Robert Filliou, « L’Autrisme » (1962) in Teaching and learning as performance arts, Verlag Gebr. König, Köln (Cologne), 1970, p. 94.

Car enfin, l’objectif de ces rencontres vise les manières et moyens d’une pédagogie de l’art dans les écoles d'architecture et du paysage qui donnerait « envie de faire » (aux étudiantes et étudiants). Expérimentation, fabrication échelle 1, workshop in situ et autres pratiques artistiques situées : quelles sont les modalités pédagogiques d’un faire qui ancrerait dans l’expérience, le « ici et maintenant » d’un apprentissage et la présence des personnes en formation ? Comment ces modalités pédagogiques s'articulent-elles entre disciplines ? Que provoquent-elles dans le parcours des étudiantes et étudiants ? Cette réflexion conduirait-elle à développer une pédagogie sous forme de « processus de croissance » telle qu'énoncée par Tim Ingold (Faire. Anthropologie, archéologie, art et architecture, 2013) ?

Modalités de contribution 

Cet appel à contribution est ouvert aux praticiennes et praticiens, artistes, paysagistes et architectes notamment (mais pas seulement), enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheures, doctorantes et doctorants en écoles d'architecture et du paysage notamment (mais pas seulement). Les journées d’études proposées sont envisagées sous des temps et des formats différents dont, évidemment, des moments pratiques. Outre les propositions souhaitées de conférences, les propositions d’atelier, marche, performance, expériences ouvertes à un public étudiant également, sont des contributions attendues qui recevront toute l’attention du comité scientifique de cet appel qui invite à passer à l’acte.

Les propositions de contribution doivent être envoyées avant le 20 juin.

Un texte de 2000 signes accompagné d’un maximum de 10 visuels des travaux est à soumettre, en spécifiant dans quel temps de parole et / ou dans quel format participatif, la contribution s’inscrit. 

Les contributeurs sélectionnés seront invités à livrer leur article avant fin octobre et à venir à Marseille assister aux journées d'étude, les 28 et 29 novembre 2024. 

Comment contribuer ?

Envoyer avant le 20 juin minuit votre intention de contribution sous forme d'un unique document en format .pdf (poids maximum : 2 Mo) par courriel à :    

• Anne-Valérie Gasc (anne-valerie [dot] gasc [at] marseille [dot] archi [dot] fr)    
• Éric Watier (eric_watier [at] hotmail.com).

Ce PDF devra comprendre : 

- Une note d'intention présentant succinctement votre proposition de contribution (2000 signes maximum espaces compris).

- La description du format et de la durée de contribution que vous souhaitez proposer, si vous la présentez individuellement ou avec d'autres personnes contributrices.

- 10 visuels représentatifs de votre travail de création : œuvres, maquettes, projets, etc. Les liens internet ne pourront pas être pris en considération pour les pratiques audio-visuelles. 

- Une courte biographie présentant votre démarche (1 page maximum).

- Vos coordonnées (adresse mail, téléphone, adresse postale) et votre statut professionnel.

Calendrier 

• 20 juin minuit : Date limite de réception des intentions de contribution
• Fin juillet : Pré-sélection des intentions de contribution par le comité scientifique
• Début août : Réponse aux contributeurs
• Début septembre : Communication du programme des journées d'étude « Marges de manœuvre #02 : L’art comme puissance de faire dans les écoles d'architecture et du paysage »
• Fin octobre : Date limite de réception des contributions complètes (20000 signes env. espaces compris, format Word)
• 28-29 novembre : Rencontres « Marges de manœuvre #02 » à Marseille (ENSA-M, IMVT).

Comité chargé de la sélection   

Organisation

• Gasc Anne-Valérie, artiste, professeure HDR en arts et techniques de la représentation (ATR), ENSA-Marseille, laboratoire Project[s]   
• Watier Éric, artiste, professeur en ATR, ENSA-Montpellier, laboratoire LIFAM   

Comité scientifique    

• Batalla Michaël, auteur, directeur du Centre international de poésie Marseille (Cipm)   
• Dugave Chantal, artiste, architecte, professeure en ATR, ENSA-Paris La Villette, laboratoire GERPHAU   
• Gasc Anne-Valérie, artiste, professeure HDR en ATR, ENSA-Marseille, laboratoire Project[s]   
• Lanavère Marie-Anne, paysanne en cours d'installation en arboriculture fruitière en Corrèze, anciennement directrice du Centre international d'art et du paysage de l'Île de Vassivière.   
• Martinez-Barat Sébastien, architecte, maître de conférence associé en théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine (TPCAU), ENSA-Toulouse   
• Meigneux Guillaume, artiste, architecte, maître de conférences en ATR, ENSA-Clermont-Ferrand, laboratoire Ressources   
• Meloni Giaime, artiste, architecte, maître de conférences en ATR, ENSA-Paris Est, laboratoire OCS AUSser   
• Watier Éric, artiste, professeur en ATR, ENSA-Montpellier, laboratoire LIFAM

Bibliographie 

Livres

_ AUSTIN John Langshaw, Quand dire c’est faire (1962), Seuil, coll. Points, Paris, 1991.

_ BARTOLI gé David et GOSSELIN Sophie, Le toucher du monde. Techniques du naturer, Éditions Dehors, Paris, 2019.

_ BISMUTH Léa, L'art de passer à l'acte, PUF, Paris, 2024.

_ CERTEAU Michel, Arts de faire. L’invention du quotidien, Gallimard, Paris, 1990.

_ DELPRAT Étienne, Architecture(s) oppositionnelle(s) - Prolégomènes, Éditions du commun, Rennes, 2022.

_ DEWEY John, L'art comme expérience (1934), traduction française de Jean-Pierre Cometti, coll. Folio essais, Paris, 2016.

_ FILLIOU Robert, Teaching and learning as performance arts, Verlag Gebr. König, Köln (Cologne), 1970.

_ HUYGHE P. Damien, Contre-temps, de la recherche et de ses enjeux. Arts, architecture, design, Éditions B42, Paris, 2017.

_ INGOLD Tim, Faire. Anthropologie, archéologie, art et architecture (2013), traduction française de GOSSELIN Hervé et AFEISSA Hicham-Stéphane, Editions Dehors, Paris, 2017.

_ LOGÉ Guillaume, Renaissance sauvage. L'art de l'Anthropocène, PUF, Paris, 2019.

_ MALTERRE-BARTHES Charlotte, A moratorium on new construction, MIT Press, 2024.

_ MANNING Erin, MASSUMI Brian, Pensée en acte – Vingt propositions pour la recherche-création, Les presses du réel, Paris, 2018.

_ MORRIS William, L'art et l'artisanat (conférences et essais 1883, 1889 et 1891), traduction française de GILLYBŒUF Thierry, Payot & Rivages, Paris, 2011. 

Articles et revues

_ « Perdre le pouvoir », revue PLAN L n°206, Maison de l’architecture Occitanie-Pyrénées, Toulouse, 2024.

Thèses

_ DUGAVE Chantal, L’école du faire : Enjeux d’une pratique d’artiste architecte, Thèse de doctorat en architecture, Université de Paris 8, sous la direction de Xavier Bonnaud, 2022.