Published on Monday, May 06, 2024
Abstract
Cet appel s’intéresse aux transformations possibles du système des démonstratifs, à la grammaticalisation du démonstratif en article défini ou spécifique et à l’acquisition par ce dernier de nouvelles fonctions sémantiques et/ou pragmatiques. C’est précisément dans la perspective de la dynamique évolutive que le workshop se propose d’aborder le démonstratif. Par conséquent, sont bienvenues toutes les communications, sans exclusive théorique, qui portent sur un ou plusieurs démonstratifs dans leur rapport à des changements touchant les plans sémantico-référentiel, morphosyntaxique ou pragmatique. Seront également prises en compte les recherches typologiques et/ou contrastives permettant de rendre compte de variations systémiques candidates à de futurs changements.
Announcement
Argumentaire
Les démonstratifs représenteraient une catégorie primitive du langage humain, car universelle et non-dérivée d’unités lexicales (ANDERSON et KEENAN 1985 ; DIESSSEL 1999 ; DIXON 2003). Relevant de ce que BUEHLER (2008 [1934]) appelle « le champ déictique » de la langue, ils remplissent des fonctions primordiales dans le domaine de la communication. Leur position centrale dans la grammaire des langues et leur fonctionnement particulier ont déjà suscité un nombre considérable de travaux dans des cadres très divers, ce qui tend à montrer qu’ils offrent un terrain d’échange privilégié entre disciplines. Font notamment partie des problématiques abordées dans ces travaux : le fonctionnement référentiel indexical propre au démonstratif (cf. FILLMORE 1982 ; KLEIBER 1983 ; HIMMELMANN 1996 ; DIESSEL 1999), son statut morphosyntaxique (cf. CORBLIN 1995 ; HIMMELMANN 1997 ; DIESSEL 1999 ; LEEMAN 2004 ; GARY-PRIEUR 2011 ; VESELOVSKÁ 2014), le rapport entre les démonstratifs et la définitude (cf. HAWKINS 1978 ; LOEBNER 2011 ; LYONS 1999 ; CZARDYBON 2017), les effets sémantiques et pragmatiques que les démonstratifs sont susceptibles de produire (cf. KLEIBER 1991 ; JONASSON 1998 ; ŠIMÍK 2015), leur variabilité typologique dans une approche contrastive (cf. ANDERSON et KEENAN 1985 ; DIXON 2003 ; JUNGBLUTH et DA MILANO 2015 ; LEVINSON 2018), ainsi que les principaux aspects cognitifs, psychologiques et sociolinguistiques de l’interprétation des expressions démonstratives à travers les langues du monde (cf. JOHNSEN 2019 ; DIESSEL 2019 ; DIESSEL et COVENTRY 2020 ; RUBIO-FERNANDEZ, 2022 ; COVENTRY et al., 2023) et le statut tout particulier des démonstratifs dans les processus de traitement de l’information et d’acquisition du langage (cf. CLARK 1978 ; DIESSEL et MONAKHOV 2022 ; CHEN et al. 2023).
Une part importante des recherches envisage également la classe des démonstratifs du point de vue de ses évolutions (cf. GREENBERG 1978 ; HIMMELMANN 1997 ; MARCHELLO-NIZIA 2006a et 2006b ; CARLIER et DE MULDER 2006 et 2010 ; CARLIER et GUILLOT-BARBANCE 2015 et 2018 ; CARLIER 2017 ; GUILLOT-BARBANCE 2017 ; DVORAK 2021 ; PLOCHARZ 2021). Dans ce cadre, l’on s’intéresse aux transformations possibles du système des démonstratifs, à la grammaticalisation du démonstratif en article défini ou spécifique et à l’acquisition par ce dernier de nouvelles fonctions sémantiques et/ou pragmatiques. C’est précisément dans la perspective de la dynamique évolutive que le workshop se propose d’aborder le démonstratif. Par conséquent, sont bienvenues toutes les communications, sans exclusive théorique, qui portent sur un ou plusieurs démonstratifs dans leur rapport à des changements touchant les plans sémantico-référentiel, morphosyntaxique ou pragmatique. Seront également prises en compte les recherches typologiques et/ou contrastives permettant de rendre compte de variations systémiques candidates à de futurs changements. Le thème de la communication n’est limité ni par le choix de l’époque ni par celui de la ou des langue(s)/variété(s) de langue étudiée(s). Nous espérons ainsi faire le point sur une partie des recherches actuellement menées sur ces éléments en France et au-delà.
Nous souhaitons accorder une place centrale aux échanges, notamment entre chercheurs confirmés et jeunes chercheurs, afin que la discussion collective permette un croisement de points de vue propres à autant de branches de la linguistique que possible (syntaxe, sémantique référentielle, pragmatique, linguistique comparée, linguistique typologique, psycholinguistique, linguistique cognitive, sociolinguistique, acquisition du langage). Les approches sur corpus sont évidemment les bienvenues. Voici quelques questionnements théoriques, non-exhaustifs, susceptibles d’orienter la thématique du workshop :
La définitude telle qu’exprimée par le démonstratif peut-elle être ramenée à celle qui est portée par les descriptions définies dans les systèmes linguistiques qui en disposent (autrement dit : le démonstratif est-il porteur du présupposé d’unicité) ?
- Quelles sont les étapes par lesquelles le démonstratif se transforme en article défini/spécifique ? Peut-on, à cet égard, repérer des régularités dans des langues différentes et mettre à jour le modèle diachronique de GREENBERG (1978) ? Quels sont les critères permettant d’identifier les seuils entre les phases successives de ce processus ?
- Qu’arrive-t-il, au moment de la grammaticalisation du démonstratif en article défini, à la syntaxe interne du complexe nominal ? Le modèle, structuré autour de la notion de « syntagme » (« phrase » en anglais) et bâti sur les langues à fort degré de configurationnalité (cf. CARLIER et COMBETTES ; 2015), convient-il à la description du complexe nominal des langues sans article défini (pleinement) constitué ?
- Au sein de la diversité typologique des langues, peut-on régulièrement identifier des emplois où le démonstratif se caractérise par un flou catégoriel inhérent et où sa catégorisation linguistique pose problème ? On pense ici aussi bien aux hésitations concernant l’attribution d’une catégorie grammaticale à une occurrence démonstrative qu’aux hésitations en matière d’interprétation des occurrences en termes de régime d’indexicalité (deixis situationnelle, endophore, emploi mémoriel, etc.). Quelles approches et méthodologies permettent de lever ces difficultés de « distorsion catégorielle » ?
- L’acquisition par le démonstratif d’effets pragmatiques du type « rejet du référent de la sphère personnelle du locuteur » (cf. MARCHELLO-NIZIA 2003) – effets basés sur la faculté de certaines formes du démonstratif à marquer la distance physique du référent par rapport au locuteur ou l’association du référent à l’espace de l’un des acteurs de l’énonciation – est-il un trait universel de la variation des langues ? Dans quelle mesure la notion d’implicature conversationnelle (GRICE 1975) permet-elle de décrire ces effets dans leur diversité typologique ?
- Quel est le rôle du démonstratif dans la structuration cognitive de l’espace ? Ce rôle est-il substantiellement le même dans les différentes langues ? Le démonstratif en tant que catégorie primitive du langage humain peut-il nous renseigner sur le fonctionnement et la structure de la cognition humaine ? Comment concilier/articuler les approches spatiales et celles qui mettent en avant des facteurs plus pragmatiques ?
- Certaines études remettent en question l’opinion selon laquelle les démonstratifs ne proviennent pas d’items lexicaux (cf. FRAJZYNGIER 1996, HEINE et al. 2020). Les démonstratifs issus de mots lexicaux par grammaticalisation sont-ils différents des autres démonstratifs ? Les récentes études en typologie linguistique peuvent-elles nous fournir des exemples de cette grammaticalisation ? Permettent-elles une meilleure compréhension de celle-ci ?
Modalités de soumission
Les communications peuvent être soumises sur EasyChair
au plus tard le 30 avril 2024.
Les résumés doivent clairement expliciter les questions de recherche, l'approche, la méthode, les données et les résultats (prévus). Ils doivent être anonymes : non seulement ils ne doivent pas contenir les noms des présentateurs, ni leurs affiliations ou adresses, mais ils doivent éviter toute autre information pouvant révéler leur(s) auteur (s). Ils ne doivent pas dépasser 500 mots (y compris les exemples, hors références bibliographiques). Chaque soumission fait l’objet d’une triple expertise.
Comité d'organisation
- Jan DVORAK (jan.dvorak@univ-tlse2.fr) Maître de conférences en linguistique française (Université Toulouse Jean Jaurès, CLLE – UMR 5263).
- Piotr PŁOCHARZ (piotr.plocharz@parisnanterre.fr) Maître de conférences en linguistique latine (Université Paris Nanterre, ArScAn – UMR 7041).
- Céline GUILLOT-BARBANCE (celine.guillot@ens-lyon.fr) MCF HDR (École Normale Supérieure de Lyon, IHRIM – UMR 5317).
Subjects
- Language (Main category)
- Mind and language > Language > Linguistics
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Tuesday, April 30, 2024
Attached files
Keywords
- démonstratif, changement linguistique, typologie, deixis
Reference Urls
Information source
- Piotr Plocharz
courriel : piotr [dot] plocharz [at] ens-lyon [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Le démonstratif en évolution : variation typologique et changement », Call for papers, Calenda, Published on Monday, May 06, 2024, https://doi.org/10.58079/11n2i