Argumentaire
La soie est abordée, dans l’historiographie récente, comme un matériau dont la production et la consommation ont joué un rôle crucial dans la formation du monde moderne, notamment en raison de la multiplicité et de la complexité des échanges auxquels cette précieuse fibre a donné lieu.
Les relations franco-italiennes autour de la soie constituent un objet d’étude qui permet d’approcher dans toute leur richesse les multiples enjeux, à la fois socio-économiques, politiques, environnementaux, artistiques et culturels qui sous-tendent les formes prises par ces échanges. Ces relations entre deux espaces voisins, comptant parmi les principaux producteurs et consommateurs de soies et de soieries dans l’Europe moderne, ont fait l’objet de travaux aux conclusions marquantes, qui ont mis en évidence leur importance pour l’histoire du commerce et de la production manufacturière.
Dans le prolongement de ces travaux, cette journée d’étude vise à poursuivre l’étude des relations franco-italiennes autour de la soie en faisant dialoguer des travaux relevant d’approches jusque-là séparées par la tradition historiographique, alors même que ce sujet suscite des questionnements qui relèvent de l’histoire sociale et économique des villes comme des campagnes, de l’histoire politique et institutionnelle, de l’histoire des sciences et des techniques, de l’histoire environnementale, de l’histoire du genre, mais aussi de l’histoire de l’art, de l’histoire de la mode et des études muséales.
Cette multiplicité de perspectives répond à l’approche résolument intégrée que cette journée propose pour étudier la soie. Passer au crible d’une même grille de questionnements l’ensemble de la filière (de la culture des mûriers à la consommation des étoffes en passant par la fabrication et les préparations du fil, la création des motifs et le tissage), en révélant l’importance des interdépendances entre les différentes étapes du processus de production et de consommation, invite à considérer la question des connexions entre les mondes sociaux et les territoires que la soie mettait en relation.
Ainsi, cette journée d’étude vise également à considérer la question des relations entre la France et l’Italie par le biais des acteurs de la production et du commerce et de leurs collaborations. Le but est d’explorer ces relations au-delà de leur caractère compétitif et conflictuel qui, certes bien présent, n’est pas représentatif de toutes les facettes du monde de la soie franco-italien. Mettre l’accent sur les acteurs de cette industrie permet ainsi de l’aborder sous l’angle des liens, des réseaux et des échanges.
Une perspective chronologique large, du XVIe au XIXe siècle, permet aussi de comprendre ces relations franco-italiennes dans leur évolution. Il s’agit de dépasser les découpages chronologiques traditionnels qui présentent les grandes étapes de l’industrie de la soie sans en étudier la continuité ni mettre en avant les développements amenant à ces différentes phases.
Les contributions pourront aborder, entre autres, des sujets tels que :
- Les échanges et les collaborations savantes qui se nouent entre la France et l’Italie
- propos de la culture du mûrier et de l’élevage des vers à soie. Ces échanges, structurés à partir du XVIIIe siècle par les périodiques économiques et les sociétés d’agriculture, révèlent que les acteurs de l’agronomie naissante, loin d’adopter une approche compétitive au service d’une politique économique de type mercantiliste, cherchent à mettre leur travail au service de l’ensemble de la filière. Le cas de l’agronome franco-piémontais Matthieu Bonafous est à ce titre emblématique.
- Les rapports artistiques entre la France et l’Italie, qui ont depuis longtemps fait l’objet de nombreuses études en histoire de l’art, posent la question de l’influence de ces liens sur la production textile. Il pourrait s’agir d’une influence stylistique/artistique, de l’influence des peintres, de leur voyage et formation, sur la création des dessins pour soieries, la circulation des motifs et la formation des dessinateurs. De même, il serait intéressant d’approfondir la question des réseaux d’artistes et d’académies et comment ceux-ci s’entremêlent aux réseaux marchands. Il s’agirait ainsi d’aborder les échanges artistiques sous l’angle du monde textile, de ses acteurs et des objets mêmes, notamment en partant de l’histoire des techniques.
- Sur le plan de l’histoire des migrations techniques, certains travaux ont montré, au-delà des grands marchands et banquiers, le poids des artisans hautement qualifiés dans la population italienne présente en France à l’époque moderne. À ce titre, la question des mobilités techniques spécialisées – notamment féminines – mériterait des investigations plus larges en faisant dialoguer histoire des techniques et histoire du genre.
- L’histoire du genre pourrait également mettre en lumière le rôle des femmes au-delà de celui de consommatrice. Quel rôle ont-elles pu tenir en tant que marchandes, artistes, cheffes d’atelier… ? Quelle était la place des femmes au sein des réseaux marchands franco-italiens ?
Modalités de soumission
Les propositions (max. 3 500 signes, espaces compris), accompagnées d’une courte biographie, sont à envoyer à Moïra Dato (moira.dato@unibe.ch) et Jean-Baptiste Vérot (jean_baptiste.verot@univ-fcomte.fr).
jusqu’au 30 juin 2024
Les jeunes chercheurs sont particulièrement encouragés à participer.
Organisateurs
- Moïra Dato (post-doctorante auprès de la Chaire d’Histoire de l’art textile, Institut d’histoire de l’art, Université de Berne).
- Jean-Baptiste Vérot (maître de conférences en histoire moderne, Université de Franche-Comté, Centre Lucien Febvre).
Argument
This workshop aims to consider Franco-Italian relations concerning silk from the sixteenth to the nineteenth century by fostering dialogue between research that has hitherto been separated by historiographical tradition, particularly combining history and art history. This interdisciplinary approach is all the more essential as it seeks to scrutinize through the same set of inquiries the entire silk production chain (from mulberry cultivation to fabric consumption, including thread manufacturing and preparation, pattern creation, and weaving). By revealing the importance of interdependencies among the various stages of the production and consumption process and the different actors within this industry, this approach leads to new considerations of the connections between the social worlds and the territories that silk interlinked.
Submission guidelines
Proposals (3,500 characters, including spaces), along with a short biography, should be sent to Moïra Dato (moira.dato@unibe.ch) and Jean-Baptiste Vérot (jean_baptiste.verot@univ-fcomte.fr)
by 30 June 2024.
Early-career researchers are particularly encouraged to participate.
Argomento
Questa giornata di studio mira a considerare le relazioni franco-italiane riguardanti la seta dal XVI al XIX secolo, promuovendo un dialogo tra ricerche finora separate dalla tradizione storiografica, combinando in particolare storia e storia dell'arte. Questo approccio interdisciplinare è tanto più essenziale in quanto mira a esaminare l'intera filiera della seta (dalla coltivazione dei gelsi al consumo di tessuti, includendo la produzione e la preparazione del filo, la creazione di motivi e la tessitura) attraverso lo stesso insieme di interrogativi. Rivelando l'importanza delle interdipendenze tra le varie fasi del processo di produzione e consumo e i diversi attori di questa industria, questo approccio invita a considerare in modo nuovo i legami tra mondi sociali e territori che la seta metteva in relazione.
Modalità de partecipazione
Per ulteriori approfondimenti, si prega di fare riferimento al bando allegato. Le proposte (3500 caratteri, spazi inclusi), accompagnate da una breve biografia, devono essere inviate a Moïra Dato (moira.dato@unibe.ch) e Jean-Baptiste Vérot (jean_baptiste.verot@univ-fcomte.fr)
entro il 30 giugno 2024.
I giovani ricercatori e le giovani ricercatrici sono particolarmente incoraggiati/e a partecipare.