Le colloque est consacré à l’étude du comportement qui consiste à adresser à autrui des propos jugés excessivement louangeurs par des observateurs extérieurs, qui l’attribuent à une arrière-pensée intéressée : il s’agira d’examiner comment ce type de rapport à l’autre (κολακεία ou adulatio, typique des κόλακες ou adulatores) s’est manifesté et a été perçu par les penseurs, philosophes, historiens, orateurs et poètes, en Grèce et à Rome. On s’interrogera sur les dimensions morales qui motivent le jugement globalement négatif des Anciens, sur son contexte d’appréciation et sur la relation entre flatteurs et flattés. L’étude de ce comportement offre ainsi, dans le champ de l’histoire des mentalités, une forme d’approche des sociétés anciennes, au croisement des recherches sur la morale, l’identité, la sociabilité et les formes de pouvoir.

Présentation

Le colloque « Flatterie et flatteurs dans les sociétés anciennes – Pratiques, personnages, interprétations », qui aura lieu à Sorbonne Université les 4 et 5 juin 2024, sera consacré à l’étude du comportement qui consiste à adresser à autrui des propos jugés excessivement louangeurs par des observateurs extérieurs, qui l’attribuent à une arrière-pensée intéressée : ce comportement serait de la « flatterie », κολακεία ou adulatio, ces individus seraient des « flatteurs », κόλακες ou adulatores et adsentatores. Il s’agira d’examiner, dans la suite de la journée d’étude « Caractères et morales dans les sociétés anciennes », publiée aux Éditions Classiques Garnier en 2021, comment ce type de rapport à l’autre, phénomène humain apparemment universel d’après les dénonciations qui en sont faites, s’est manifesté et a été perçu par les penseurs, philosophes, historiens, orateurs et poètes, en Grèce et à Rome.

On s’interrogera donc, pour cerner le concept de flatterie, sur le jugement globalement négatif des Anciens, sur les dimensions morales qui le motivent et sur le contexte d’appréciation dans lequel il s’exerce. On examinera aussi la relation entre les flatteurs et les flattés, qui se manifeste rarement entre égaux, mais plutôt dans les rapports verticaux d’un inférieur envers un supérieur. Sur qui faire retomber dès lors la responsabilité d’une relation de pouvoir présentée comme répréhensible, sur le flatteur, sur le flatté, sur le fonctionnement social et politique de communautés précises, ou sur la nature humaine ?

L’étude des relations entre flatteurs et flattés offre ainsi, dans le champ de l’histoire des mentalités, une forme d’approche des sociétés anciennes, au croisement des recherches sur la morale, l’identité, la sociabilité et les formes de pouvoir.

Programme

Mardi 4 juin 2024

13h : Accueil des participants

13h15 : Ouverture du colloque

La vie politique à l’épreuve de la flatterie et des flatteurs

• 13h30 : Ariane Guieu-Coppolani (Sorbonne Université, Orient et Méditerranée) Flatteurs et flatterie aux débuts de la démocratie grecque
• 14h : Théo Millat-Carus (Université Toulouse Jean Jaurès, PLH-CRATA et PLH-ERASME) Rhétorique de la flatterie/dramaturgie de la duperie chez Aristophane : l'électrochoc du citoyen-spectateur
• [Anne Queyrel Bottineau (Sorbonne Université, EDITTA) Une histoire athénienne de la flatterie et des flatteurs dans les décennies 340 à 320 - Dissensions intérieures et politique étrangère] 
• 14h30 : Julie Hébert (Sorbonne Université, EDITTA)  De l’éloge de la civitas à la flatterie au dictateur : un délitement du politique mis en discours
• [Vincent Zarini (Sorbonne Université, LEM - UMR 8584) Flatterie et flatteurs dans la poésie d'éloge de la latinité tardive]

15h : Pause

Le pouvoir et les flatteurs : les ambiguïtés de la flatterie

• 15h30 : Hugo Chausserie-Laprée (Université Aix-en-Provence, ACP et TDMAM) Parler au pouvoir - La flatterie des Amis sous les royautés hellénistiques
• [Régine Utard (Sorbonne Université, EDITTA) La flatterie comme moyen de persuasion dans l’Ab Vrbe condita de Tite-Live]
• 16h : Michèle Ducos (Sorbonne Université, EDITTA) Flatterie et adulation dans les Annales de Tacite

16h30 : Pause

• 17h : Jean- Claude Julhe (Sorbonne Université, Rome et ses renaissances) Domitien plus grand que Virgile ? Poètes et flatteurs dans les Épigrammes de Martial (d’après Mart., 5, 5)
• 17h30 : Isabelle Dumont-Dayot (Sorbonne Université, EDITTA) Les paradoxes de la flatterie dans les discours de Dion de Pruse

Mercredi 5 juin 2024

La flatterie au prisme de l’éthique

• 9h30 : Annie Hourcade Sciou (Université de Rouen Normandie, ERIAC) Le flatteur comme l’autre du conseiller chez Platon 
• [Dino De Sanctis (Università della Tuscia) Flatteurs et flatterie dans le Kèpos : observations sur la kolakeia, d'Épicure à Philodème]
• 10h : Mélissa Leuzy (Université de Franche-Comté, ISTA) ‘Le genre d'hommes qui ont toujours corrompu et ne cesseront jamais de gâter les affaires des rois successifs’ (Anabase, IV, 8, 3) : représentation et influence des flatteurs dans l'Anabase d'Arrien

10h30 : Pause

• 11h : Fabien Pepino (Sorbonne Université, Rome et ses renaissances) Le flatté : une victime coupable ? Quelques réflexions de Sénèque sur la flatterie

Flatterie et flatteurs dans la vie en société 

• 11h30 : André Rehbinder (Université Paris Nanterre, ArScAn – THEMAM) Flatterie et dialectique : les compliments ironiques de Socrate
• 12h : Charlotte Murgier (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Gramata / UMR 7219 Sphere) Flatterie et complaisance : regards péripatéticiens sur des vices de la vie en société

12h30 : Pause déjeuner

• 14h : Camille Rambourg (ENS Ulm, AOROC) Un rare portrait de Démosthène en flatteur. Eschine, Sur l’ambassade infidèle, § 109-113
• 14h30 : Marion Faure (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, AnHiMA - UMR 8210) Gnathon, archétype du flatteur ou primus inuentor ? Quand une persona comique s’invite et se réinvente dans le De amicitia de Cicéron

15h : Pause

• 15h30 : Bénédicte Delignon (Université Paris Nanterre, ArScAn - UMR 7041) Recitatio, uade liber et flatterie dans les Épîtres et l’Art poétique d’Horace : Aristote à l’épreuve des pratiques romaines
• 16h : Pierre Descotes (Sorbonne Université, LEM - UMR 8584) Le Carmen de Licentius à Augustin (= ep. 26) : éloge ou flatterie ?