La diglossie, Topos des littératures en langues régionales
« Bien Dire et Bien Aprandre », revue de médiévistique et de dialectologie picarde, n°40
Published on Friday, May 24, 2024
Abstract
Au sein des populations que décrit le concept de diglossie, la présence de plusieurs variétés plus ou moins nettement identifiées et individuées génère un discours foisonnant. Cette sociolinguistique populaire se dit dans les textes que l’on peut considérer comme des témoignages, mais elle est aussi un ressort majeur des textes littéraires. Le numéro 40 de la revue Bien Dire et Bien Aprandre (2025) cherche à percevoir les traces de cette diglossie, les enjeux de pouvoir, d’identité, de lien à la langue de culture au sein de la littérature écrite en langue mineure.
Announcement
Argumentaire
La notion de diglossie a été largement centrale dans la sociolinguistique des années 80 et suivantes. Les chercheurs se sont abondamment interrogés sur les contacts et conflits de langues et ont puisé à la source de cette notion des outils pour décrire les rapports des groupes sociaux à leurs langues, dans le droit fil des travaux de Ferguson (1959) ou de Fishman (1965). Cette notion fait aujourd’hui l’objet d’un certain nombre de réserves, liées au figement des situations qu’elle décrit dans un schéma statique (v. par exemple Jaspers 2020).
Au sein des populations concernées, la présence de plusieurs variétés plus ou moins nettement identifiées et individuées (v. Eloy 1997 pour le cas du picard) génère un discours foisonnant, qui va des déclarations de guerre à l’encontre des variétés minorisées, avec comme corolaire l’ode à la norme et à la langue de prestige (Houdebine 2016), jusqu’à l’extrême inverse, la revendication d’une identité régionale à travers sa langue, avec la dénonciation d’un impérialisme linguistique vu comme un péril mortel pour la variété locale. Entre les deux, de nombreux auteurs évoquent un attachement aux deux langues, attachement souvent de nature différente cependant. Dans un tel contexte, la notion de diglossie constitue encore une grille satisfaisante pour analyser les discours. Pour le picard, on citera l’exemple célèbre de Jules Mousseron dans son hommage au Patois, écrit en picard mais en vers français :
J’ai fort quièr el français, ch’est l’ pu joli langache,
Comm’ j’aime el biau vêt’mint qué j’ mets dins les honneurs.
Mais j’ préfèr’ min patois, musiqu’ dé m’ premier âche,
Qui, chaqu’ jour, fait canter chu qu’a busié min cœur.
Cette sociolinguistique populaire se dit dans les textes que l’on peut considérer comme des témoignages, mais elle est aussi un ressort majeur des textes littéraires. Le numéro 40 de
Bien Dire et Bien Aprandre (2025) cherche à percevoir les traces de cette diglossie, les enjeux de pouvoir, d’identité, de lien à la langue de culture au sein de la littérature écrite en langue mineure.
Au départ d’études de cas, on interrogera la place (centrale ou marginale) de la diglossie dans les textes et dans l’éthos des personnages. Comment la loyauté à une langue est-elle mise à mal dans le jeu social, comment les conflits qui en résultent sont-ils surmontés par les protagonistes, quelle(s) posture(s) et quelle(s) langue(s) sont-elles mises en scène ? Cette diglossie littéraire peut être pittoresque, esthétique, politique ou revêtir bien d’autres valeurs encore. Est-il possible de dégager des traits communs par-delà les époques et les langues régionales concernées ?
Tous les corpus littéraires sont les bienvenus, qu’il s’agisse de prose, de poésie, de théâtre, de chanson ; le propos s’intéresse au premier chef à la Galloromania, du Moyen Âge à nos jours, mais on ne s’interdira pas les incursions dans d’autres territoires. S’il s’agit bien d’investiguer au sein des littératures en langues mineures, les œuvres bilingues ne seront pas exclues.
Modalités de contribution
Les projets d’article (entre 3000 et 5000 caractères, avec bibliographie primaire et secondaire indicative, 5-10 mots-clés, et un bref curriculum-vitae de 5-10 lignes) sont à adresser : à esther.baiwir@univ-lille.fr et contact-revue-bdba@univ-lille.fr
avant le 10 septembre 2024.
Comité de Rédaction
Esther Baiwir (Université de Lille) - Sarah Baudelle-Michels (Université de Lille) - Marie-Madeleine Castellani (Université de Lille) - Jean Devaux (Université Littoral – Côte d'Opale) - Jean-Michel Éloy (Université de Picardie Jules Verne) - Catherine Gaullier-Bougassas (Université de Lille) - Matthieu Marchal (Université de Lille) - Emmanuelle Poulain-Gautret (Université de Lille)
Comité Scientifique
Julie Auger (Université de Montréal, Canada) - Anne Dagnac (Université de Toulouse 2) - Éric Bousmar (Université Saint-Louis, Bruxelles, Belgique) - Maria Colombo Timelli (Università degli studi di Milano, Italie) - Olga Duhl (Lafayette College, Easton, États-Unis) - Christine Ferlampin-Acher (Université de Rennes) - Nadine Henrard (Université de Liège, Belgique) - Alain Marchandisse (Université de Liège, Belgique) - Nicolas Mazziotta (Université de Liège, Belgique) - Aimé Petit (Université de Lille) - Anne Schoysman (Université de Sienne, Italie) - François Suard (Université Paris – Nanterre) - Dominique Vanwijnsberghe (IRPA, Bruxelles, Belgique)
Subjects
- Language (Main category)
- Mind and language > Language > Literature
- Mind and language > Representation > Cultural identities
Places
- Lille, France (59)
Date(s)
- Tuesday, September 10, 2024
Attached files
Keywords
- diglossie,littérature régionale, contact de langues
Contact(s)
- Esther Baiwir
courriel : esther [dot] baiwir [at] univ-lille [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Esther Baiwir
courriel : esther [dot] baiwir [at] univ-lille [dot] fr
License
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To cite this announcement
« La diglossie, Topos des littératures en langues régionales », Call for papers, Calenda, Published on Friday, May 24, 2024, https://doi.org/10.58079/11psa