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Compromis, crises socio-politiques et développement, en Afrique francophone subsaharienne

Repenser les liens socio-politiques et de coopération internationale

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Published on Thursday, May 30, 2024

Abstract

En prenant à témoin l’histoire contemporaine de l’espace de l’Afrique francophone subsaharienne, le compromis apparaît comme « un fait social total », qui vitalise la logique sociale. Consubstantiel au vécu quotidien, dans toutes les sphères de vie humaine et sociale dans les pays de cet espace géopolitique, il semble être un mécanisme pragmatique des régulations sociales et politiques. Le compromis constitue une arme contre la violence, et, la forme canonique du dialogue socio-politique et de coopération dans la diversité. Néanmoins, il se trouve parfois discrédité ou mal vu dans cet espace et ailleurs. D’une part, il est déconsidéré par les acteurs de la recherche, en sciences sociales et humaines en Afrique ; d’autre part, de plus en plus, la population et la société civile ne font plus confiance aux dialogues politiques. Dès lors, on se demande s’il ne serait pas nécessaire de ré-inventer l’action et une éthique du compromis. Ceci dit, quelle sont les grandes figures du compromis dans l’histoire contemporaine (coloniale et postcoloniale) de l'Afrique subsaharienne francophone ?

Announcement

Argumentaire

En prenant à témoin l’histoire contemporaine de l’espace de l’Afrique francophone subsaharienne, le compromis apparaît comme « un fait social total », qui vitalise la logique sociale. Consubstantiel au vécu quotidien, dans toutes les sphères de vie humaine et sociale dans les pays de cet espace géopolitique, il semble être un mécanisme pragmatique des régulations sociales et politiques. Les acteurs sociaux, politiques, économiques et religieux ont toujours eu recours au compromis, pour prévenir et résoudre les conflits et sceller des accords plus ou moins convenables.

Ainsi, le compromis constitue une arme contre la violence, et, la forme canonique du dialogue socio-politique et de coopération dans la diversité. Néanmoins, il se trouve parfois discrédité ou mal vu dans cet espace et ailleurs. D’une part, il est déconsidéré par les acteurs de la recherche, en sciences sociales et humaines en Afrique ; d’autre part, de plus en plus, la population et la société civile ne font plus confiance aux dialogues politiques. Ce qui a des impacts sur la stabilité socio-politique et la consolidation des relations internationales entre les pays, handicapant la cohésion sociale et le processus de démocratisation et du développement durable de cet espace géographique africain.

Dès lors, on se demande s’il ne serait pas nécessaire de ré-inventer l’action et une éthique du compromis afin de relancer et dynamiser le processus de résolution des crises et de régularisation des liens socio-politiques et économiques à l’échelle locale et internationale, pour un développement durable de l’Afrique subsaharienne. Ceci dit, quelle sont les grandes figures du compromis dans l’histoire contemporaine (coloniale et postcoloniale) de l'Afrique subsaharienne francophone ?

Dans quelles mesures, le compromis peut constituer une « solution politique » ? Comment peut- on construire le bien commun dans cette région africaine, au-delà des diversités d’intérêts et de valeurs ? Dans quelles circonstances et dans quelles mesures est-il justifiable de recourir à des compromis. En d'autres termes, y a-t-il des degrés de compromis justes ? Une éthique du compromis n’est-elle pas nécessaire pour repenser l’action politique, afin de favoriser le processus de démocratisation et de développement de cet espace ?

L’ambition de ce colloque est de reprendre à nouveaux frais et en profondeur la réflexion sur le compromis, en l’inscrivant dans une perspective socio-historique, économique et socio-politique et éthique. Le champ d’investigation est centré sur les sociétés de l'Afrique francophone subsaharienne, afin d’exercer un regard comparatif sur différentes expériences de compromis dans ces pays et d’éclairer notre réflexion et d’alimenter les débats.

En questionnant l’histoire moderne et contemporaine ainsi que le présent des sociétés de l’Afrique francophone, cette notion-frontière servira à ouvrir la voie à une compréhension nouvelle des changements socio-culturels et politiques survenus depuis les indépendances. Le problème peut se résumer ainsi : conflit socio-politique et compromis optimal raisonnable. Une question se pose : comment trouver des solutions politiques acceptables qui tiennent compte du bien commun ? Une des réponses possibles, c’est de dire que le compromis est une forme d’accord et de régulation dont la vocation est de résorber des divergences, des désaccords ; de régler pacifiquement des conflits et des crises, et consolider le lien social. C’est que, de fait, le compromis est le fruit de négociations entre plusieurs parties en désaccord qui, pour trouver une solution à un conflit, une dispute ou une crise quelconque, doivent composer, s’entendre, accepter de faire des concessions réciproques pour surmonter leurs divergences et parvenir à un commun accord, apaisant les conflits, les tensions et évitant de succomber à la violence. Toutefois, nous porterons un regard éthique sur le compromis. Ceci dit, le compromis constitue l’une des solutions politiques pour la résolution des conflits socio-politiques, en préférence à la violence. Être capable de faire des compromis est une grande vertu politique, particulièrement lorsqu'il s'agit de sauver la paix et de viser le bien commun. Mais il existe des limites morales à l'acceptation des compromis.

Sinon, on aboutirait à des « compromis pourris » ou à des compromissions. A cet effet, le processus d’élaboration et d’application de compromis nécessite des bases éthiques. En se situant dans ces contextes, la mise à l’épreuve de la réalité de cette notion-frontière suppose au préalable quelques lignes de diagnostic.

En effet, avec l’affaiblissement de l’Etat, et les crises sociales et (géo)politiques et alors que les revendications sociales, économiques et politiques n’ont cessé de s’affirmer voir de se radicaliser, l’écueil de la polarisation de la société et des violences est devenu de plus en plus criant, menaçant du même coup le fondement de l’Etat, du tissu social et la pérennité du processus démocratique. Ce qui nourrit davantage les protestations et les contestions. Le paradoxe, c’est que parfois ces crises se résolvaient souvent par des dialogues qui conduisent à des compromis, sauf que l’application des mesures de ce compromis est souvent problématique ou inachevée, sinon elle devient source d’autres conflits. En proposant d’appréhender les sociétés de l'Afrique subsaharienne francophone à travers le prisme du compromis, nous visons à rendre explicites les conditions qui doivent être réunies pour qu’elle se démocratise, se développe et retrouve la stabilité sociopolitique.

En outre, ce projet de colloque se veut apporter sa contribution aux réflexions et actions pour la régularisation du climat géopolitique et social actuel perturbant les relations internationales, en Afrique francophone subsaharienne. L’actualité a montré comment le compromis s’est présenté comme un mécanisme de résolution de confit, dans le cadre de la médiation togolais pour l’apaisement des conflits inter-étatiques dans la sousrégion Ouest-africaine (Mali, Côte d’Ivoire, etc.). C’est donc le fruit de dialogue politique, en alternative à la violence. Il peut être également un mécanisme de régulation social en standby, pour la résolution des autres crises diplomatiques entre Etats partenaires et de résolution d’autres conflits politiques ou sociales, dans cette sous-région africaine secouée par des crises sociales et (géo)politiques, dans une perspective du bien commun. Dès lors, le bien commun n’est-il un référent normatif ou éthique sur lequel doit se reposer ou qui doit encadrer tout processus de compromis et le compromis lui-même, en tant qu’accord ? Dans quelles conditions éthiques, un compromis est-il source de construction ou de préservation de bien commun, enrichissant la diversité, dans un environnement des clivages d’intérêts et de valeurs ?

Dans cette perspective, notre objectif est de questionner le compromis en tenant compte des considérations éthiques. L’ambition de ce colloque est de se pencher sur ces questions cruciales pour tenter d’apporter les premiers éléments de réponse.

Objectifs et résultats attendus

L’organisation de ce colloque a pour objectif de réunir les chercheurs, spécialistes des Sciences Humaines et Sociales et, acteurs de la société civile, pour analyser la place et les enjeux du compromis dans les sociétés de l’Afrique subsaharienne francophone et ailleurs. A cet effet, il s’agira de :

  • faire une analyse conceptuelle de la notion du compromis, en particulier dans les différents contextes linguistiques
  • identifier et évaluer les différentes figures de compromis, dans l’histoire coloniale et postcoloniale de ces pays ;
  • analyser les enjeux du compromis sur la démocratisation et le développement des sociétés de l'Afrique subsaharienne francophone ;
  • scruter de nouveaux horizons en vue de susciter une nouvelle philosophie du compromis en contexte africain.

Axes de contribution

Le colloque sera fait de communications, de panels et d’ateliers de travail. Les principaux thèmes qui seront abordés sont les suivants :

  1. Analyse linguistique et épistémologique de la notion du compromis
  2. Figures du compromis dans l’histoire contemporaine des sociétés de l'Afrique subsaharienne francophone
  3. Gouvernance, crises et compromis
  4. Enjeux sociopolitiques, l’espace public, (géo)politiques et compromis : enjeux de l’Etat de droits, démocratie et développement en Afrique
  5. Le mécanisme d’accord dans le monde rural, l’aménagement environnemental du territoire
  1. Valeurs, éthique et pratiques du compromis en Afrique et ailleurs.

Profils des participants

Le colloque accorde une importance à la contribution à la mise en dialogue de la recherche et de membres ou organisations de la société civile. Ainsi, sont attendus à ce colloque :  des universitaires de différentes disciplines (philosophes, historiens, juristes, politologues, sociologues, anthropologues, ethnologues, économistes, chercheurs et techniciens de divers domaines) ; des cadres, la société civile, les étudiants, les professeurs (des échelons autres que le supérieur), les personnes concernées ou intéressées...

Conditions de soumission

Les résumés (250 mots et une brève biographie) sont attendus aux adresses suivantes : martinsomabe@gmail.com

au plus tard le 15 juillet 2024

La date de retour des résumés présélectionnés a lieu le 30 juillet 2024.

Les auteurs des résumés retenus doivent envoyer le texte de communication (25000 caractères) au plus tard le 2 septembre 2024.

Les textes définitifs des communications retenues par le comité scientifique pour publication des actes de colloques, devront être envoyés pour le 20 décembre 2024 ( 50.000 caractères maximum). Les communications seront en langue française.

Le colloque se déroulera à l’Université de Lomé, du 23 au 24 octobre 2024.

Frais de participation

  • Zone Afrique 30000 francs CFA et 15000 CFA pour les doctorants et étudiants ;
  • 50€ pour les personnes résidentes hors Afrique

Contacts (Whatsapp) : +22891978709 et +33758684671 ; martinsomabe@gmail.com

Comité scientifique

  • Pr. Mohamed Nachi, Université de Liège (Belgique)
  • Pr. Emmanuel Picavet, Université Paris 1 (France)
  • Dr. Kokou Somabe, Université Catholique de Lille (France)
  • Pr. N’koué Sambieni, Université de Parakou (Bénin)
  • Pr Tossou Rogatien, Université de Abomey Calavi (Bénin)
  • Pr Houenoudé Dider, Université Abomey Calavi (Bénin)
  • Dr. Sotima Tchantipo, Université de Parakou (Bénin)
  • Pr Bazemo Maurice, Université Joseph Ki Zerbo (Burkina-Faso)
  • Pr Bamba Mamadou, Université Alassane Ouattara (Côte-d’Ivoire)
  • Pr. Brema Ely Dicko, Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (Mali)
  • Dr. Baoudé Natoingar, Université de Moundou (Tchad)
  • Dr. Alosse Dotsè Charles-Grégoire, Université de Kara (Togo)
  • Dr. Agbetoézian Komlan Aziale, Université de Kara (Togo)
  • Dr. Tanang Essohouna, Université de Kara (Togo)
  • Pr Essoham Assima-Kpatcha, Université de Lomé
  • Pr Komla Messan Nubukpo, Université de Lomé
  • Pr Komi Kouvon, Université de Lomé
  • Pr Mawusse Kpakpo Akue Adotevi
  • Pr. Essohanam Batchana, Université de Lomé (Togo)
  • Pr. Minkilabe Djangbedja, Université de Lomé (Togo)
  • Dr. Bikakani Tonyeme, Université de Lomé (Togo)
  • Dr. Koffi Agnide, Université de Lome (Togo)
  • Dr. Yawo Agbeko Amewu, Université de Lomé (Togo)
  • Dr. Amouzou-Glikpa Amévor, Université de Lomé (Togo)
  • Dr. Kpaye Bakayota, Université de Lomé (Togo)
  • Pr Kadanga Kodjona, Université de Lomé (Togo)
  • Pr Yaovi Akakpo, Université de Lomé
  • Pr. Octave Nicoué Broohm, Université de Lomé (Togo)
  • Pr. Essè Aziagbédé Amouzou, Université de Lomé (Togo)
  • Pr N'buéké Adovi Goeh-Akue, Université de Lomé
  • Dr. Kuamvi Mawule Kuakuvi, Université de Lomé
  • Pr. Iba Bilina Balong, Université de Lomé (Togo)

Bibliographie indicative

Boltanski L., et Thévenot L., De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991.

Canivez P., « Qu’est-ce qu’un conflit politique ? », Figures du conflit. Revue de Métaphysique et de Morale, AvrilJuin 2008, Vol 2, n° 58, pp. 163-175.

Margalit A., Du compromis et des compromis pourris. Réflexions sur les paix justes et injustes, Paris, Denoël, 2012. Nachi M., (dir), Actualité du compromis. La construction politique de la différence, Paris, Armand Colin, 2011.

-             Les Figures du compromis dans les sociétés islamiques. Perspectives et anthropologiques, Paris, Khartala, 2011.

-             « La vertu du compromis : dimension éthique et pragmatique de l’accord », Revue interdisciplinaire d’études juridiques, n° 6, 2011, 46, pp. 81-110.

-             Introduction à la sociologie Pragmatique. Vers un nouveau style sociologie », Paris, Armand Colin, 2010.

-             « The morality in/of compromise : some theoretical reflections », Information sur les Sciences Sociales, Londres, SAGE Publications, 2004, vol 43, n° 2, pp. 291-305.

-             « Introduction : Dimension du compromis. Argument pour la constitution d’une théorie du compromis », Information sur les Sciences Sociales, Londres, SAGE Publications, 2004, Vol 43, n° 2, pp. 131-143.

Nachi M. et Nanteuil M. (dir), Eloge du compromis. Pour une nouvelle pratique démocratique, BruylantAccademica, Louvain-la-Neuve, 2009.

Kuty O., et Nachi M., « Le compromis, rationalité et valeur : esquisse d’une approche sociologique », Information sur les Sciences Sociales, Londres, SAGE Publication, 2004, pp. 307-330.

Pétrovici I., « La philosophie du compromis », Revue Bleue Politique et Littéraire, Paris,1937, n° 75, pp. 735-742.

Picavet E., « Conflit, choix et signification ». Filosofia, 68, 2023, 121-134.

-             « Dialogue, compromis et philosophie sociale », Diogène, 2021/3-4, n° 275-276, p. 143-156.

-             « Valeur du désaccord et nature des compromis ». In Nicolas, Loïc, et al.. La valeur du désaccord, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020. pp. 73-83.

Picavet E. et Lafaye C.G., « Valeurs et élaboration de compromis d’après l’expérience des États généraux de la bioéthique ». Archives de philosophie du droit, 2009, 52, p. 366--381.

Roy J., « Compromis », in A. Jacob (dir), Encyclopédie philosophique universelle, vol. II, les Notions philosophiques, Paris, PUF, 1990, p. 330.

Ricoeur P., « Pour une éthique du compromis », Alternatives non violentes, 1991, n° 80, pp. 2-7.

Somabe K. Compromis et pluralisme démocratique. De la construction du commun dans la diversité, L’Harmattan, 2018.

-             Lien social et autorité. Regards éthico-politique et économique sur la (post)modernité, L’Harmattan, 2020.

Thuderoz C., Petit traité du compromis, Paris, P.U.F., 2015.

Van Parijs p., Qu’est -ce qu’un bon compromis ? Raison publique, Paris, avril 2011, pp. 229-240

Places

  • Lomé, Togo (01 BP 1515)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Tuesday, July 30, 2024

Keywords

  • compromis, crises socio-politiques, coopération internationale, lien social et développement en Afrique

Contact(s)

  • Kokou Kouzouahin SOMABE
    courriel : martin [dot] somabe [at] univ-catholille [dot] fr

Information source

  • Kokou Kouzouahin SOMABE
    courriel : martin [dot] somabe [at] univ-catholille [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Compromis, crises socio-politiques et développement, en Afrique francophone subsaharienne », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, May 30, 2024, https://doi.org/10.58079/11qym

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