Published on Thursday, June 13, 2024
Abstract
Le Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT) est heureux de lancer un appel à communications pour l’édition 2024 de son colloque annuel, intitulée Faire monde : questionner les nouveaux pluriels, qui se tiendra du 2 au 4 octobre en présentiel à Saint-Siméon dans la région de Charlevoix, Québec, Canada. Tel que nous l’entendons, faire monde consiste à éclairer les relations, les tensions ou l’absence de connexion entre une multitude de mondes – sociaux, économiques, culturels, spirituels, virtuels, animaux, végétaux, environnementaux, ruraux, urbains, pour n’en citer que quelques-uns – qui sont, consciemment ou inconsciemment, en interdépendance, et qui composent notre socle commun. Ce colloque est une invitation à s’approprier cette thématique et à proposer des interventions de formats variés.
Announcement
Colloque du CELAT 2024
Argumentaire
En écho à la nouvelle programmation scientifique 2024-2030 du Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés (CELAT), le prochain colloque annuel du centre se consacre au « faire monde » et aux nouveaux pluriels. Tel que nous l’entendons, faire monde, au singulier, invite à penser et à nommer d’un même souffle la pluralité des modes d’existence et leur rencontre dans une seule et même réalité commune, qui forme « un Tout composé de mille parts. De tout le monde. De tous les mondes » (Mbembé, 2023, p. 12). Faire monde consiste à éclairer les relations, les tensions ou l’absence de connexion entre une multitude de mondes – sociaux, économiques, culturels, spirituels, virtuels, animaux, végétaux, environnementaux, ruraux, urbains, pour n’en citer que quelques-uns – qui sont, consciemment ou inconsciemment, en interdépendance, et qui composent notre socle commun. Faire monde implique un tournant ontologique dans le schème intellectuel qui passe d’un mode binaire (humains/non-humains, culture/nature, nous/eux, raison/émotion, sacré/profane), à une ontologie de la relation (relatedness), à l’interdépendance comme fondement de la réalité. Coexistent une pluralité de mondes, ce que d’aucun.es nomment « plurivers » (Escobar, 2021; Cadena et Blaser, 2018), combinant une diversité d’histoires humaines et autres qu’humaines, dont certaines ont été et sont encore occultées, oubliées ou même rayées (Benasayag, 2021; Desprets, 2015; Haraway, 2016; Morizot, 2019; Tsing, 2017, 2021). Enfin, faire monde cherche à mettre l’accent sur la variété des coprocessus et des pratiques matérielles et/ou virtuelles qui supposent un faire jamais achevé.
Faire monde appelle dès lors à accepter de tisser cet ensemble à partir de la différence que chacun revêt, et non en forçant celle-ci à s’intégrer à un ensemble présupposé homogène (Ingold, 2021; Gardou, 2012). Au lieu d’instituer un vivre-ensemble malgré les différences, comme se sont évertuées à le faire les sociétés démocratiques en hiérarchisant celles-ci sur fond de colonialisme, de capitalisme et de patriarcat, il s’agit de bâtir un vivre-ensemble à partir de ces mêmes différences (Lapierre, 2020). Cela implique nécessairement d’étudier les éléments structurels de nos sociétés qui régissent ces distinctions, et de reconnaître que nos observations, compréhensions et interventions procèdent depuis une cohérence initiale. Aller à la rencontre des autres et s’ouvrir à leur forme de savoir est sans conteste une voie pour saisir de nouveaux pluriels.
Ce colloque est une proposition faite à chaque membre du CELAT, quel que soit son statut, et à chaque participant.e de s’emparer de cette thématique pour la prolonger, la détourner, l’investir de sa vision de la recherche et de la création, et ainsi de contribuer à la riche diversité qui fonde notre collectif.
Par votre présence, il s’agira de contribuer au déploiement de cette programmation, de faire connaître différentes postures épistémologiques fondées sur la réciprocité avec les existants, de saisir, en tant que chercheur.ses, les manières dont nous contribuons à façonner les mondes autant qu’ils nous façonnent, et d’accepter d’accompagner les transformations qui s’y jouent. Cette perspective suppose de reconnaître que toute recherche est nécessairement située, ancrée, impliquée dans le lieu où elle s’opère (Staritsky, 2024). C’est également appréhender les occasions qui nous sont offertes pour investir les passages qui conduisent vers d’autres mondes, eux aussi coconstruits en interne avec leur propre cohérence, leurs stratégies et leurs ancrages. C’est enfin l’opportunité de partager nos réflexions sur le vocabulaire qui compose cette nouvelle programmation (faire, monde, habiter, pluralisation, commun, relations, frictions, etc.) et analyser les avantages et les défis que chaque notion apporte.
Ce colloque est donc une invitation à prendre le temps, ensemble, de réfléchir, de partager, d’échanger, de questionner, de créer, de mettre en commun nos expériences, nos recherches, et de réfléchir aux divergences dans nos manières de faire monde et de le penser. Nous souhaitons aussi partager ces questions avec celles et ceux qui y contribuent en dehors de notre centre afin de susciter la rencontre de nouveaux pluriels, soit d’autres façons de faire ensemble et d’être au monde.
Une grande liberté est laissée en regard de ce que cette thématique inspire, mais pour celles et ceux qui le souhaitent, il est possible d’émettre une proposition à partir de l’un des trois axes principaux de la nouvelle programmation scientifique :
- Habiter les mondes. Zones de tension et espaces partagés : Le rapport à l’écoumène et au vivant à l’ère de l’Anthropocène; La cohabitation à l’échelle des villes, des quartiers et des territoires; L’habitabilité des mondes intangibles;
- Fédérer les mondes. Justice, citoyenneté et agentivité : Politiques migratoires, marginalités et modalités d’intégration; Diversité capacitaire, accessibilité, droits culturels et droits de la personne; Démarches artistiques, santé mentale et soins;
- (Re)créer les mondes. Mobiliser les traces et récits pour penser les devenirs mémoriels : Valorisation des langues et cultures en voie de disparition; L’Histoire revisitée : perspectives archéologiques, patrimoniales et muséales; Exploration des formes d’expressions artistiques et des pratiques culturelles contemporaines; Création des archives du présent et de la mémoire du futur.
Lieux et dates du colloque
Du 2 au 4 octobre 2024, le colloque se déroulera en présentiel uniquement, à Saint-Siméon (dans la région de Charlevoix, Québec, Canada) dans plusieurs lieux, dont le centre d’exposition Inouï, dirigé par Julie Andrée Tremblay, membre étudiante du CELAT. Les frais de déplacement et d’hébergement des membres du CELAT participant-es seront pris en charge par le centre.
Formats des contributions
Une variété de formats pour les propositions est valorisée. Qu’il s’agisse de présentations marchées, de conversations, de conférences en solo ou en duo, de performances, d’expositions, d’ateliers créatifs ou autres, vous êtes invité.es à formuler des propositions que le comité scientifique et la commissaire tenteront d’agencer au mieux dans la programmation. Les propositions en recherche-création retenues seront présentées au centre Inouï.
Une réponse sera envoyée à toutes et à tous, au plus tard au début juillet.
Contenu des propositions :
- Format de la proposition;
- Titre et résumé de la proposition (300 mots maximum);
- Statut, affiliation et courte biographie (150 mots maximum);
- Suggestions diverses (arrimage, date, lieu, etc.);
- Demande de mesures d’accessibilité (au besoin)
.Veuillez faire parvenir par courriel (coordination@celat.ulaval.ca) vos soumissions
au plus tard le lundi 17 juin 2024.
Responsables
Commissariat : Julie Andrée Tremblay, CELAT-UQAM/UQAC
Comité scientifique : Geneviève Chevalier, CELAT-UL; Vincent Collette, CELAT-UQAC; Célia Forget, CELAT; Jean-François Gauvin, CELAT-UL; Michaël La Chance, CELAT-UQAC; Jean-Paul Quéinnec, CELAT-UQAC et Magali Uhl, CELAT-UQAM
Bibliographie
Benasayag, M. et Bastin, C. (2021). Les nouvelles figures de l’agir. Penser et s’engager depuis le vivant. La Découverte.
Cadena, M. et Blaser, M. (dir.). (2018). A World of Many Worlds. Duke University Press.
Desprets, V. (2015). Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent. La Découverte.
Escobar, A. et Maffei, S. (2021). What Are Pluriversal Politics and Ontological Designing? Interview with Arturo Escobar. diid disegno industriale industrial design, 75(01).
Gardou, C. (2012). La société inclusive, parlons-en! Il n’y a pas de vie minuscule. Érèse.
Haraway, D. (2016). Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene. Duke University Press.
Ingold, T. et Krier, S. (2021). Habiter le monde et en être habités. Perspective, 2021(2), 89-110.
Lapierre, N. (2020). Faut-il se ressembler pour se rassembler?. Seuil.
Mbembé, A. (2023). La communauté terrestre. La Découverte. Morizot, B. (2019). Manières d’être vivant. Actes Sud.
Staritzky, L. (2024). Pour une sociologie des tentatives. Faire monde depuis nos vies quotidiennes. Éditions du commun.
Tsing, A. L., Deger, J., Keleman Saxena, A. et Zhou, F. (2021). Feral Atlas. The More-Than-Human Anthropocene [Site web]. Stanford University Press.
Tsing, A. L. (2017). Le champignon de la fin du monde : sur la possibilité́ de vivre dans les ruines du capitalisme. La Découverte.
Subjects
Places
- Saint-Siméon, Canada (G0T 1X0)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Monday, June 17, 2024
Attached files
Keywords
- faire monde, habiter, pluralisation, commun, relation, friction
Contact(s)
- Célia Forget
courriel : coordination [at] celat [dot] ulaval [dot] ca
Reference Urls
Information source
- Marie-Christine Lambert-Perreault
courriel : coordination [dot] adjointe [at] celat [dot] ulaval [dot] ca
License
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To cite this announcement
« Faire monde : questionner les nouveaux pluriels », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, June 13, 2024, https://doi.org/10.58079/11t8e