HomeEnjeux de gouvernance et nouvelles formes de vulnérabilité dans la transition énergétique : le cas des « smart grids »
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Published on Wednesday, June 19, 2024

Abstract

Les smart grids, ou réseaux électriques intelligents, sont souvent perçus comme des aides à la décision permettant de définir les niveaux d'offre et de demande d'électricité afin d'orienter les trajectoires énergétiques. Ils traduisent la combinaison transition numérique et transition énergétique permettant ainsi une gestion en temps réel de la fourniture d'électricité. Ils se révèlent d'autant plus indispensables en raison de l'intermittence de la production des énergies renouvelables. Dès 2011, la Commission Européenne considère les smart grids comme l’ossature du futur énergétique décarboné. Mais, le succès de la transition énergétique repose sur la pertinence des politiques énergétiques mises en œuvre et sur l’acceptabilité des consommateurs. En cela, la transition énergétique est aussi la transition d’un système sociotechnique. Cet appel à communications propose de s’interroger à la fois sur la réception sociale des smart grids, la perception de leurs usages et sur leur modèle de déploiement. Ce numéro spécial souhaite illustrer la pluralité des travaux en sciences sociales (recherche-action, recherche fondamentale, recherches participatives) qui rendent compte des dispositifs ou réseaux existants.

Announcement

Argumentaire

Les smart grids, ou réseaux électriques intelligents, sont souvent perçus comme des aides à la décision permettant de définir les niveaux d'offre et de demande d'électricité afin d'orienter les trajectoires énergétiques. Ils traduisent la combinaison transition numérique et transition énergétique permettant ainsi une gestion en temps réel de la fourniture d'électricité. Ils se révèlent d'autant plus indispensables en raison de l'intermittence de la production des énergies renouvelables.

Dès 2011, la Commission Européenne considère les smart grids comme l’ossature du futur énergétique décarboné. Mais, le succès de la transition énergétique repose sur la pertinence des politiques énergétiques mises en œuvre et sur l’acceptabilité des consommateurs. En cela, la transition énergétique est aussi la transition d’un système sociotechnique qui se décline autour de deux enjeux : le premier révèle une nouvelle matrice puisque l’on passe d’un environnement contrôlé et centralisé avec un usager passif à un environnement décentralisé où l’usager devient producteur d’informations en temps réel, actif dans un réseau d’acteurs coopératifs. En effet, dans le domaine de la gestion électrique, les réseaux intelligents d’électricité, ou smart grids, ajustent les flux d’électricité entre fournisseurs et consommateurs et s’imposent comme un dispositif majeur permettant d’optimiser l’utilisation de la ressource électrique à l’échelle locale, nationale, voire au-delà. La réussite de la transition énergétique repose, en partie, sur l’acceptation de coopérer, de devenir prosumer, afin de faire se rencontrer les flux et les besoins d’électricité (avec des potentiels reports de consommation, des systèmes de mobilité électrique rechargeables avec des stations de recharge raccordées, etc.).

Pour autant, les smart grids sont généralement considérés à l’aune de leur seule performance fonctionnelle sans que ne soient questionnés leur mode de gouvernance et leur contribution aux politiques tarifaires en matière d’énergie. Toutefois, ils reposent sur un principe de participation des consommateurs (autonomie forcée, affordance, intrusion) qui va au-delà de la simple consommation d’électricité et déployabilité de la technologie. Se pose ici un défi en termes de légitimité perçue de la transition énergétique qui dépasse la simple question de l’acceptabilité de dispositifs technologiques de « self-service ».

Cet appel à communications porte en son sein une volonté de réfléchir à ces axes en s’interrogeant à la fois sur sa réception sociale, la perception de ses usages et sur son modèle de déploiement. Ce numéro spécial souhaite illustrer la pluralité des travaux en sciences sociales (recherche-action, recherche fondamentale, recherches participatives) qui rendent compte des dispositifs ou réseaux existants.

A ce titre, les études conduites dans plusieurs pays européens montrent un déficit d’acceptabilité par les ménages du compteur électrique intelligent en tant que composante structurante du smart grid. Ce déficit d’acceptabilité se traduit par une faible utilisation de l’outil et par une réduction marginale de 2 à 3 % de la consommation d’électricité dans les pays européens dans lesquels le compteur électrique intelligent a été complètement déployé. Bien que les causes de la résistance aux dispositifs de transition électrique soient multifactorielles, elles font apparaître en arrière-plan de nouvelles formes de vulnérabilité des consommateurs, ceux-ci percevant les dispositifs intelligents comme une menace en termes de protection des données privées (traçage des données), d’autonomie des ménages et de rapports de force avec les fournisseurs d’électricité et les institutions publiques. C’est

pourquoi, cette propension à l’adhésion interroge à la fois le mode de gouvernance et le système d’incitations et ce, d’autant plus qu’énergie et mode de vie entretiennent des relations fortes en termes de confort et de liberté. Aussi, face aux défis de la transition et de la sobriété énergétique, le présent appel à communications vise à préciser les enjeux de gouvernance et d’acceptabilité des dispositifs intelligents d’autoproduction et de gestion de la ressource électrique afin de comprendre comment ces dispositifs sont perçues et peuvent – ou non – constituer des dispositifs d’empowerment en matière de contrôle de la consommation, d’autodétermination ou de calcul bénéfices attendus / risques (perception de vulnérabilité accrue en matière de droits à la vie privée). L’interconnexion entre transition énergétique et transition numérique que présupposent les smart grids porte en elle des disruptions organisationnelles, sociales et individuelles qu’il convient de mettre en avant. Cet appel à communications entend explorer ces différents axes d’un point de vue pluridisciplinaire en s’articulant autour de deux objectifs complémentaires inhérents à la réalisation de la transition énergétique : (a) la gouvernance des smart grids, et (b) les nouvelles formes de vulnérabilité des publics en lien avec les politiques de transition énergétique.

a) Comprendre l’appropriation des smart grids et leur mode de gouvernance

Cette partie de l’appel à communications recherche des analyses rétrospectives sur les différentes expérimentations mises en œuvre afin de constituer une base, une sorte de guidelines, visant à la prospective sur les variables explicatives de leur acceptabilité sociale et leur mode de gouvernance en cartographiant, par exemple, les systèmes d’acteurs. Une approche macro (modèle(s) d’organisation, consortium) avec des retours d’expériences, sur les manières dont les projets se sont développés proposera une typologie d’attributs permettant de mieux comprendre les facteurs d’acceptation des expérimentations en cours et de mesurer les performances des réseaux mis en place. En posant ainsi un état des lieux précis des différents enjeux, les contributions permettront de mettre en lumière les conditions de réalisation de ces smart grids ou, à l’inverse, de la persistance de freins et/ou de controverses nécessitant la mise de place de processus de médiation scientifiques ouverts et participatifs. Ce numéro thématique reviendra aussi sur les transformations voire les reconfigurations (urbanistiques, logistiques, etc.) à différentes échelles (smart citie, autonomie énergétique, etc.).

b) Les nouvelles formes de vulnérabilité des publics en lien avec les politiques de transition énergétique

Cette partie de l’appel à communications ambitionne de préciser les enjeux liés à l’émergence de nouvelles formes de vulnérabilité des consommateurs en lien avec les dispositifs institutionnels mis en place dans le cadre de la transition énergétique et de leur propension à intégrer des énergies renouvelables dans les réseaux électriques. En cela, comprendre comment des innovations énergétiques, en l’espèce des smart grids, sont perçues par les utilisateurs potentiels et comment la politique tarifaire en matière d’électricité peut, ou non, influer son acceptation. Une approche micro (typologie des tarifications et des systèmes

d’incitation) permettra aussi de souligner les risques d’accentuation d’inégalités sociales et d’insécurité économique voire de précarité énergétique liés aux difficultés de s’approprier pleinement les opportunités de ces dispositifs d’optimisation. Dès lors, il s’agit de regrouper des travaux autour des différents types de vulnérabilité sociale, économique et/ou psychologique du consommateur et de fournir une conceptualisation de ces nouvelles formes de vulnérabilité en prenant, par exemple en compte l’agencéité des acteurs sociaux au sein des maillages énergétiques en construction. Les contributions fourniront ainsi des outils de compréhension des marchés de la consommation électrique dans un contexte de changement climatique. Ce numéro envisage de questionner les jeux d’acteurs, les superpositions de contraintes et les conflits potentiels dans un contexte de transition énergétique, de nouvelles incitations et/ou contraintes voire d’injonctions à agir.

Soumission des propositions

La publication se fera dans un hors-série.

Les propositions et manuscrits (avec résumé, texte complet, figures, tables et bibliographie) doivent être soumis par courrier électronique au rédacteur de la revue [Vertigo] à l’adresse suivante : redacteur.adjoint@vertigo.org

La soumission doit être identifiée au nom du dossier : « Enjeux de gouvernance et nouvelles formes de vulnérabilité dans la transition énergétique : le cas des smart grids ».

Pour soumettre un texte, les contributions devront respecter les normes de publication de la revue disponibles à l’adresse suivante : http://vertigo.revues.org

Lors de la soumission, les auteurs devront fournir les noms et coordonnées de trois réviseurs potentiels pour leur article.

L’équipe éditoriale se réserve le droit de choisir ou non les réviseurs proposés.

Échéancier

  • 1er janvier 2025 : date limite pour l’envoi d’un texte

Il doit respecter les conditions éditoriales précisées sur le site de la revue à l’adresse suivante : http://vertigo.revues.org

  • 1er mai 2025 : avis aux auteurs quant à l’acceptation ou au refus de leur proposition réponse définitive de la revue avec grille d’évaluation des évaluateurs
  • 30 juin 2025 : réception des textes révisés
  • Été 2025 : mise en ligne du numéro

Coordination scientifique

  • Valentine Erné-Heintz, (Université Haute-Alsace, Centre Européen sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes, CERDACC)

Bibliographie indicative

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Hassan, R., & Radman, G. (2010, March). Survey on smart grid. In Proceedings of the IEEE SoutheastCon 2010 (SoutheastCon) (pp. 210-213). IEEE.

Kok, K., Karnouskos, S., Nestle, D., Dimeas, A., Weidlich, A., Warmer, C., ... & Lioliou, V. (2009, June). Smart houses for a smart grid. In CIRED 2009-20th International Conference and Exhibition on Electricity Distribution-Part 1 (pp. 1-4). IET.

N’diaye, O., Aveline-Dubach, N., & Le Goix, R. (2018). L’adoption du smart grid par les promoteurs japonais : une perspective immobilière sur la smart city. L’Espace géographique, 47(4), 289-304.

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Vijayapriya, T., & Kothari, D. P. (2011). Smart grid : an overview. Smart Grid and Renewable Energy, 2(4), 305-311.

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Date(s)

  • Wednesday, January 01, 2025

Keywords

  • smart grids, énergie, transition énergétique, politiques énergétiques, gouvernance, consommateurs

Contact(s)

  • Nicolas Hubert
    courriel : nicolas [dot] b [dot] hubert [at] gmail [dot] com

Information source

  • Romane Tasset
    courriel : redacteur [dot] adjoint [at] editionsvertigo [dot] org

License

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To cite this announcement

« Enjeux de gouvernance et nouvelles formes de vulnérabilité dans la transition énergétique : le cas des « smart grids » », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, June 19, 2024, https://doi.org/10.58079/11umu

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