HomePouvoir d’agir dans les lieux de vie : regards croisés

HomePouvoir d’agir dans les lieux de vie : regards croisés

*  *  *

Published on Monday, August 19, 2024

Abstract

Co-construit entre des universités et l’ALEFPA (association loi 1901 accueillant des personnes en situation de handicaps, de vulnérabilité, de fragilité, de dépendance ou encore de difficultés sociales), une journée d’étude se tiendra le 28 février 2025 à Lille. Cet appel à contribution vise à recueillir des propositions de communications académiques de chercheurs et des témoignages d’expérience d’accompagnement de professionnels de l’action sociale ou du soin.

 

Announcement

Présentation

Co-construit entre des universités et l’ALEFPA (association loi 1901 accueillant des personnes en situation de handicaps, de vulnérabilité, de fragilité, de dépendance ou encore de difficultés sociales), une journée d’étude se tiendra le 28 février 2025 à Lille. Elle se déclinera comme une plateforme de dialogues entre des chercheurs, des professionnels du travail social et médico‑social, les aidants, les familles et des personnes hébergées en institution. Elle sera centrée sur le pouvoir d’agir dans les lieux de vie et abordera autant les expériences décrites par les chercheurs et par les professionnels que l’expérience de l’accompagnement vécue par les personnes hébergées ou leur famille. Cet appel à contribution vise à recueillir des propositions de communications académiques de chercheurs et des témoignages d’expérience d’accompagnement de professionnels de l’action sociale ou du soin.

Empowerment et Pouvoir d’Agir

Pour les Francophones, la notion de pouvoir d’agir apparue dans les années 1990, vient du mot "empowerment" importé de l’espace anglo-saxon qui signifie mouvement d'accession vers un gain de pouvoir ainsi qu’une forme de manifestation de ce pouvoir par l’action.

En considérant ses différentes acceptions, l’empowerment influence positivement la personne et la collectivité. Au niveau éducatif, l’objectif est de reconnaître que la personne concernée est la mieux placée pour savoir ce qu’elle vit au quotidien, pour donner de l’importance à ses décisions la concernant.

Le courant psycho-social de l’empowerment né au Canada incite quant à lui à s’appuyer sur les compétences de la personne pour l’aider à construire ou reconstruire l’estime de soi et libérer son potentiel. Pour autant, l’empowerment ne se décrète pas. Il est impossible d’enjoindre une personne qui se sent en position de vulnérabilité à développer son pouvoir d’agir. Il est donc nécessaire d’accompagner le processus de changement qui permet à la personne d’agir sur sa situation. Martin Caouette précise qu'avant d'exercer du pouvoir, il faut avoir conscience de cette possibilité de l'exercer et de pouvoir contrôler une situation.

En outre, précisons que le terme de pouvoir d’agir se réfère explicitement à la notion de pouvoir. Néanmoins, il ne se rapporte ni au processus pour y accéder, ni à sa dimension collective, contrairement au terme d’empowerment. Ainsi, le pouvoir d’agir permet également de soulever les tensions spécifiques au contexte français, où une tradition sociale et une culture politique font une moindre place au collectif ou à la communauté, ainsi qu’aux dynamiques ascendantes.

L’approche française de la déclinaison du Pouvoir d’Agir, qui est aujourd’hui reprise par les professionnels du travail social en France, semble passer sur le fait que les Américains (Etats-Unis et Canada) ont une culture ancrée sur une approche de la communauté alors que la culture française s’appuie sur le concept d’un individu universel et une culture sociale basée sur le statut. Pour que ce pouvoir d’agir soit actionné, il doit faire émerger plus fortement la dimension de la reconnaissance sociale qui se heurte au fait qu’elle est construite très majoritairement dans la sphère du travail, qui est synonyme d’emploi en France et donc de reconnaissance sociale.

Pour conclure, l’usage du terme empowerment est récurrent depuis une quinzaine d’années dès qu’il s’agit des plus vulnérables. Il fait référence à l’accès à plus de pouvoirs des catégories les plus défavorisées : les femmes, les pauvres ou les minorités ethniques ou sociales. Cependant l’histoire anglo-saxonne en a fait un concept ouvert à des approches plus techniques. En contrepoint de ces approches, on retrouve alors au sein d’un courant francophone porté par les canadiens et repris par les français une notion de pouvoir d’agir et de développement du pouvoir d’agir davantage orientée sur la personne en dynamique comme décrite par Le Bosse. Ainsi cette approche centrée sur le développement du pouvoir d'agir s’intéresse à la fois aux collectivités et aux personnes qui les composent et se veut une logique d’action qui, au-delà de la question d’efficacité, poursuit un changement social, des contextes et pour les personnes elles-mêmes.

Pouvoir d’Agir dans les lieux de vie

Le secteur social et médico-social est marqué depuis plusieurs années par une dynamique d’inclusion en milieu ordinaire et de désinstitutionalisation. En parallèle, les enfants et adultes en situation de handicap, de vulnérabilité, de fragilité, de dépendance ou encore de difficultés sociales peuvent encore être hébergés dans divers types d’établissements : Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS), Établissements d’Accueil Non Médicalisé (EANM, ex foyer de vie ou foyer d’hébergement), Ehpad, résidences autonomie, pensions de familles, etc.

Le fait d’être hébergé en institution peut correspondre à une nécessité ou à un choix de la personne, selon les situations et le moment de son parcours de vie. Cet hébergement en institution est parfois continu, et l’établissement constitue alors le lieu de vie de la personne.

Un établissement est défini par des caractéristiques qui lui sont propres et qui impactent la vie entre ses murs, et donc le quotidien des personnes qui y vivent (localisation et inscription dans l’environnement, configuration, zones de circulation et rencontres, etc.), qu’il s’agisse du personnel ou des personnes hébergées. La vie dans l’établissement est aussi (en)cadrée par un rythme et des règles visant à assurer le bon fonctionnement de la structure et à favoriser une vie partagée entre des personnes différentes et aux capabilités propres. Ces mêmes règles peuvent s’apparenter à des contraintes voire à des restrictions (réelles ou perçues) aux libertés des personnes.

Se pose alors la question du développement du pouvoir d’agir dans les lieux de vie. Cette réalité renvoie à la capacité concrète des personnes d’exercer un plus grand contrôle sur ce qui est important pour elles ou la collectivité à laquelle elles s’identifient. L’individu, auteur de sa vie et acteur dans la cité, exerce sa citoyenneté dans son environnement selon les situations de vie qu’il rencontre.

Dès lors, le lieu de vie est un facteur déterminant qui influence l’exercice du pouvoir d’agir des personnes hébergées. Les notions évoquées précédemment questionnent d’autres notions telles que les environnements capacitants et capabilités, les partenariats, la place des familles, le management… Ainsi, il convient également de se demander dans quelle mesure le pouvoir d'agir des personnes peut inversement impacter l’établissement, et en outre, en termes de symétrie des attentions, quelle est l'importance accordée par les établissements au renforcement du pouvoir d'agir des professionnels. Il est convenu aujourd’hui que l’autodétermination-pouvoir d’agir est l’affaire de tous et pas exclusivement des personnes en situation de handicap. Chacun d’entre nous agit de manière relativement autodéterminée selon les contextes où nous exerçons alternativement des rôles hétérodéterminants ou autodéterminants selon nos postures et actions. C’est pourquoi, pour bien soutenir le développement du pouvoir d’agir d’une personne, d’un collaborateur, d’un collègue, il nous faut bien comprendre ce que cela implique pour tous ces acteurs (identité, changement de culture, nouveau paradigme…).

Pour ce faire, beaucoup de questions doivent encore être posées et expérimentées pour définir, circonscrire, recentrer et partager ce sujet de recherche, comme par exemple celle sur la symétrie des attentions pour les personnes accompagnées/travailleur social mais aussi salariés/managers ou encore managers/siège social…

La journée d’étude

La journée d’étude a pour objectif de créer une plateforme de discussion autour des dispositifs d’accompagnement des personnes hébergées en institution décrits autant par les chercheurs et par les professionnels du travail social et médico-social, que par l’expérience vécue par les personnes accueillies dans des structures ou par leurs familles.

Après une conférence sur le développement du pouvoir d’agir par un spécialiste du sujet, la réflexion se centrera sur ces différentes expériences qui seront rassemblées par ateliers en mixant les compétences et les savoirs, pour réfléchir aux facteurs facilitants / capacitants ou faisant obstacle au pouvoir d’agir personnel et collectif dans les lieux de vie, pour tenter de co-construire des réponses éthiques d’accompagnement.

En d’autres termes, nous souhaitons interroger ce qui permet de créer les conditions pour que les personnes puissent agir individuellement ou collectivement sur ce qui est important pour elles dans ces lieux de vie « institutionnels ». Dès lors, nous devons questionner l’approche de l’accompagnement. Plutôt que d’opposer le changement personnel et structurel, il conviendrait plus de les articuler autour d’un axe commun que constitue le développement du pouvoir d’agir personnel et collectif (environnement partagé). Un peu à l’image d’une tresse dont la forme et la direction sont déterminées par la personne actrice de sa vie.

Modalités de soumission

Sont attendus des communications académiques de chercheurs et des témoignages d’expérience d’accompagnement de professionnels de l’action sociale ou du soin.

Les soumissions se feront sur la base d’un résumé de 1500 caractères (espaces compris) accompagné d’un CV court, envoyé à l’adresse suivante : conseil.scientifique@alefpa.asso.fr

avant le 30 septembre 2024.

Les contributions sélectionnées seront présentées oralement (10 minutes) lors de la journée d’étude.

Conseil scientifique de l'Alefpa

  • Nathalien Courty
  • Elsa Kowalczuk
  • Allan Bordeux
  • Marie-Hélène Canu
  • Dominique Crié
  • Xavier Dousseau
  • Christine Gruson
  • Isabelle Joing
  • Emmanuel Jovelin
  • Marie Labasque
  • Françoise Bricout
  • Sophie Leduc-Ansart

Subjects


Date(s)

  • Monday, September 30, 2024

Keywords

  • empowerment, pouvoir d'agir, établissements sociaux et médico-sociaux

Reference Urls

Information source

  • Marie-Hélène Canu
    courriel : marie-helene [dot] canu [at] univ-lille [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Pouvoir d’agir dans les lieux de vie : regards croisés », Call for papers, Calenda, Published on Monday, August 19, 2024, https://doi.org/10.58079/126eg

Archive this announcement

  • Google Agenda
  • iCal
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search