Le thème d’étude de ce colloque s’articule autour du mot « odeur » ; un terme qui dépasse les seules « senteurs » suaves. Parfois, il évoque la finesse des parfums et leurs fragrances, d’autres fois, il s’y oppose intensément. « Odeur » et « senteur » sont deux concepts culturellement ancrés et à chaque fois contextualisés. Ils peuvent se croiser ou se repousser mutuellement. Ils dépendent tous les deux du contexte olfactif social ou/et esthétique de leurs citations simultanées.

Argumentaire

Le mot « parfum » (du latin per- : à travers et -fume : fumée qui signifie « par la fumée ») a commencé à se propager depuis l’antiquité grâce au commerce avec les pays d’Orient ; les senteurs se diffusaient davantage à travers l’utilisation d’encens. Aujourd’hui, il y a même des parfums qui sont à base d’encens. Ils sont tous issus de notre environnement naturel et s’intègrent parfaitement dans notre milieu culturel et mystique. L’Homme ne s’est pas limité à intégrer le parfum dans son quotidien olfactif, mais aussi dans les rituels de ses expériences mystique car l’odeur a une valeur sacrée (l’odeur de Jésus Christ est associée à celle de l’haleine parfumée de la panthère qui est considéré comme un animal christique).

Le monde des odeurs est également celui d’un panel de comportement. Sentir, humer, flairer esquissent la multiplicité des rapports olfactifs que nous entretenons avec le monde sensible. Depuis l’odeur jusqu’au parfum se raconte d’ailleurs l’histoire du sens des paradoxes. La sensation olfactive est, pour ainsi dire, ce qu’il y a de plus fugace. Le parfum a le pouvoir de « secouer des souvenirs dans l’air », disait Baudelaire. Il évoque des réminiscences, mais paradoxalement aussi des promesses ! Il nous rappelle que le discours que tiennent les odeurs« n’affectent pas tant par ce qu’elles donnent que par ce qu’elles font attendre » (J.J. Rousseau). Paradoxalement, l’horreur peut être lié au bonheur exquis et au plaisir délicat des senteurs florales, tout comme à la répulsion de respirer les miasmes de la ville. Les odeurs repoussantes peuvent également avoir un effet positif en termes de conservation : par le dégoût qu’elles inspirent elles nous invitent à tenir à distance l’humidité, la pourriture, etc.

Illustration du paradoxe. Bonheur et malheur des senteurs coexistent, l’un ne va pas sans l’autre, l’un valorisant ou dévalorisant l’autre. Dans Le parfum, histoire d’un meurtrier par exemple, Grenouille, le héros du roman de Patrick Süskind est né sans odeurs au milieu d’un tas de déchets et échappe à l’infanticide de sa mère poissonnière. Depuis sa naissance, il s’accroche à la vie et finit à la distiller en senteurs extraites de ses victimes étouffées. Sa mission de vie est de créer le parfum absolu, en passant par l’exaltation fine de son nez qui lui permet de décomposer toutes les odeurs.

On peut évoquer aussi un autre beau paradoxe ; celui de l’odeur du bas corporel qui se trouve en relation étroite avec le mysticisme. Chessex, dans L’Eternel sentit une odeur agréable considère l’odeur du sexe comme un tremplin pour atteindre l’Absolu. En l’occurrence, de tous les organes des sens, comme le souligne Haller dans Éléments de Physiologies, le nez est le plus proche du cerveau et donc de « l’origine du sentiment ». « Sens des affects et de leur mystère », il « semble plonger aux racines de la vie » (A.Corbin).

Et malgré tout ce pouvoir d’affectation de l’odorat, et bien qu’un grand raffinement dans l’art du parfum se soit développé dès l’antiquité, ce sens reste souvent au seuil du domaine de l’esthétique qui s’intéresse en premier lieu à l’ouïe et à la vue. L’odeur peut ainsi être cognitive et propulse la création artistique de façon générale. En effet, l’écrivain Des Esseintes, malgré la perte de son organe sensoriel le plus cher, invente les parfums. Le nez, comme le musicien, imagine les odeurs. Des Esseintes se sert de la théorie de la synesthésie baudelairienne pour composer un poème olfactif. Dans La Victime de Pierre Jean Jouve, l’odeur revêt une portée idéologique. Dorothée qui sent la pomme sure, après des passes magiques, n’est pas sans rappeler l’Europe de l’entre-deux- guerres. Et les exemples artistiques se multiplient quant aux rapprochements et des distanciations entre les deux concepts d’« odeur » et de « senteur » dans la Littérature, les Arts Visuels, le Cinéma et le Design.

Axes du colloque

1. Quelle place occupent les odeurs et les parfums dans notre histoire?
2. Comment l’odorat est-il devenu un élément clé de l’« imaginaire social » et un révélateur des représentations collectives dans l’histoire des sensibilités?
3. Est-il pourtant absurde de parler d’une « belle odeur », ou de prétendre faire par l’odorat d’intenses expériences esthétiques?
4. Quelle forme « l’odeur » et « la senteur » ont elles prises dans les arts?
5. Comment ont elles fait l’objet de performance artistique tant dans la littérature, les arts plastiques, le cinéma et le design?

Modalité de soumission

Les chercheurs souhaitant participer au colloque doivent envoyer une proposition comprenant : les coordonnées et l’affiliation de l’auteur, un résumé de l’intervention contenant sa problématique abordée et 3 à 5 mots clefs.

Le tout ne doit pas dépasser les 1500 signes.

Les propositions peuvent être rédigées en arabe, en français ou en anglais.

Elles doivent être envoyées

avant le 31 Janvier 2026 à minuit

à l’adresse suivante :khaled_abida@yahoo.fr

Dates importantes

• 31 Janvier 2026- date limite de réception des résumés
• Du Lundi 27 au Jeudi 30 Septembre 2026 : Déroulement du colloque international « odeurs et senteurs dans la littérature, les arts visuels, le design et le cinéma » à l'hôtel des Citronniers à Hammamet

Frais d’inscription

Les candidats tunisiens sélectionnés devront régler des frais d’inscription de 300 dt. Les
candidats étrangers devront verser les frais de 250 euros sur le compte bancaire du Centre
Culturel Privé Abi’Art au nom de Wafa Abida.

Les conférenciers ne sont définitivement admis pour participer au colloque qu’après l’envoie
du justificatif de règlement des frais d’inscription sur le mail susmentionné.

Ces frais d’inscription couvrent l’accueil du conférencier tunisien pour 1 nuitée en chambre
single à l’hôtel « Les Citronniers » à Hammamet et l’hébergement du conférencier étranger
pour 4 nuitées. Ils incluent également les déjeuners et diners journaliers, les pauses cafés, les
tod’s bags contenant la documentation spécifique au colloque.

Toutes ces dépenses sont prises en charge par le Centre Culturel Privé Abid’Art.

Comité scientifique

• Hedia ABDELKAFI, Professeur émérite de Littérature française de l’enseignement supérieur, Université El Manar, Tunisie
• Sami BEN AMEUR, Professeur émérite d’Arts Plastiques de l’enseignement supérieur, Université Tunis I, Tunisie
• Nizar BEN SAAD, Professur de Littérature française de l’enseignement supérieur, Université de Sousse, Tunisie
• Raief MALEK, Professeur de design de l’enseignement supérieur, Université du roi Abdelaziz, Jeddah, Péninsule Arabie Saoudite
• Donia BETTAIEB, Professeur de design de l’enseignement supérieur, Université du roi Abdelaziz, Jeddah, Péninsule Arabie Saoudite
• Tarek BEN CHAABANE, Maître de conférences en Cinéma, Université Carthage, Tunisie
• Khaled ABIDA, Maître de conférences en Arts Plastiques, Université de Monastir, Tunisie
• Sana Jamali Amari, professeur à l'Institut Supérieur des Beaux Arts de Sousse

Comité d’organisation

• Sondes Rouin, Université de Monastir, Tunisie
• Nadia Chakroun, Université de Monastir, Tunisie
• Neila Rhouma, Université de Manouba, Tunisie
• Alya Rhouma, Collège Lasalle, Tunisie
• Asma Sfaîhi, Université de Monastir, Tunisie
• Afef Naouali, Université de Gabes, Tunisie
• Salah Hmida, Université de Monastir, Tunisie