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L’hétérosexualité en question

Les reconfigurations de l’hétérosexualité dans un contexte de conscientisation des rapports de genre

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Published on Monday, September 23, 2024

Abstract

L’objectif de ces journées est ainsi d’examiner de façon approfondie les évolutions de l’hétérosexualité – entendue à la fois comme un système normatif et un ensemble de représentations et de pratiques – d’un point de vue empirique et théorique. Ces journées seront aussi l’occasion de mener une réflexion méthodologique sur les différentes manières de saisir, en sociologues, ces transformations.

Announcement

Argumentaire

Ces dernières décennies, et encore davantage depuis le début du moment MeToo (Pavard et al., 2020), la question des violences sexuelles, du consentement et du désir ont (re)gagné de la visibilité dans l’espace public en France, mais aussi plus largement dans les sociétés occidentales (Hearn, 2020  ; Mendes, Ringrose et Keller, 2018). Les ressources médiatiques et culturelles (essais, séries, podcasts, vidéos Youtube, etc.) sont de plus en plus nombreuses à critiquer le poids de la domination masculine en mettant l’accent sur les contraintes auxquelles sont exposées les femmes dans le domaine de la sexualité (Lévy-Guillain, 2024). Les témoignages et les recherches insistent en effet sur le fait que les femmes vivent plus fréquemment des viols, des agressions sexuelles (Brown, Debauche, Hamel et Mazuy, 2021) et des expériences dont elles n’ont pas envie (Ford, 2021, Lévy-Guillain, 2024) ; ainsi que sur le fait qu’elles déclarent une plus grande insatisfaction sexuelle (Andrejek, Fetner et Heath, 2022  ; Thomé, 2023). Dans le même temps, l’idée, longtemps restée dominante, selon laquelle la sexualité s’apparenterait à une «  île enchantée  » (Bourdieu, 1998), c’est-à-dire à un espace échappant aux rapports de pouvoir, est de plus en plus contestée. La formation d’une «  conscience du genre  » (Varikas, 1991, Jaunait, 2022) et la politisation des rapports de pouvoir dans la sexualité induisent des transformations dans les manières de vivre, d’exercer, d’interpréter et de juger la sexualité.

La sexualité hétérosexuelle est particulièrement concernée par ces mutations dans la mesure où elle met en jeu un homme et une femme et apparaît dès lors comme l’une des interactions où s’expriment le plus fortement les rapports de domination décriés. Au tournant des années 1970 et 1980, une partie des militantes féministes et lesbiennes avait fait de l’hétérosexualité un problème politique intrinsèquement lié à la reproduction du patriarcat. Toutefois, cette critique, relativement marginalisée au sein des milieux féministes de l’époque (Eloit, 2020 ; Abreu, 2022), a rencontré peu d’écho dans les mobilisations féministes des décennies suivantes. Aujourd’hui, elle est à nouveau fortement investie et est en partie portée par des personnes qui se considèrent – ou se considéraient – comme « hétérosexuelles ». Chez les femmes hétérosexuelles, la critique de l’hétérosexualité n’est plus seulement vécue comme une accusation (celle d’être une « mauvaise » féministe) mais est davantage envisagée comme un moyen de créer et de renforcer un sentiment de sororité et d’accroître leur réflexivité sur des attirances et des pratiques sexuelles encore largement naturalisées.

L’objectif de ces journées est ainsi d’examiner de façon approfondie les évolutions de l’hétérosexualité – entendue à la fois comme un système normatif et un ensemble de représentations et de pratiques – d’un point de vue empirique et théorique. Ces journées seront aussi l’occasion de mener une réflexion méthodologique sur les différentes manières de saisir, en sociologues, ces transformations. Comme les bouleversements de l’hétérosexualité sont intrinsèquement liés au degré et aux formes de l’acceptation sociale de l’homosexualité (et de la bisexualité, de l’asexualité, etc.), les groupes minoritaires «  affect(a)nt l’espace des possibles sexués et sexuels de la population dans son ensemble  » (Trachman et Rault, 2023), un intérêt particulier sera porté aux frontières de l’hétérosexualité  : à quelle(s) condition(s) les individus se disent-ils hétérosexuels  ? À quelle(s) condition(s) les chercheurs et chercheuses peuvent-ils et elles considérer des pratiques ou des relations comme hétérosexuelles  ? Les journées chercheront également à examiner la diversité des configurations relationnelles de l’hétérosexualité (relations libres, relations polyamoureuses, plans cul, relations d’un soir, etc.). Par qui celles-ci sont-elles investies  ? Comment les rapports de genre s’expriment-ils dans chacune de ces formes relationnelles  ? Ces journées donneront par ailleurs une importance centrale à la place qu’occupent les pratiques et les relations sexuelles dans les façons qu’ont les individus de se voir eux-mêmes et de se donner à voir aux autres. Quels sont les comportements et attitudes sexuels valorisés ou au contraire dévalorisés dans les différents espaces sociaux  ? Enfin, nous proposons d’échanger autour de l’enquête de terrain. Dans un contexte de forte pression normative autour de la sexualité, comment dépasser le discours des enquêté.es pour accéder aux pratiques  ? Comment faire parler aux personnes qui ne se sentent pas légitimes ou intéressé.es par la sexualité  ?

Ces journées aspirent à documenter les évolutions touchant l’hétérosexualité depuis le début du moment «  MeToo  ». Elles ont également pour ambition de réfléchir, plus théoriquement, à ce que font la conscientisation et la politisation d’un rapport social dans un domaine de la pratique sur la pratique et le rapport social en question – en l’occurrence ici la sexualité et le genre.

Axe 1 – Les frontières de l’hétérosexualité

Ce premier axe cherche à interroger les frontières de l’hétérosexualité. De quelle(s) façon(s) l’hétérosexualité et ses frontières sont-elles questionnées et déplacées par les mouvements féministes et LGBTQ+  ? Le principal enjeu de cet axe est de repenser la binarité hétéro/homo sans pour autant renoncer à travailler sur ce qui différencie et hiérarchise les sexualités.

Tout d’abord, la polysémie du concept d’hétérosexualité pose une série de difficultés. Au niveau micro, c’est-à-dire des pratiques individuelles et des interactions sociales, l’hétérosexualité est souvent appréhendée comme une orientation ou une identité sexuelle. Au niveau macro ou structurel, elle a été conceptualisée comme un principe d’organisation sociale historiquement construit, adossé à un système normatif et incarné dans les institutions (Jackson, 1996, Deschamps et al., 2009). Les chercheuses féministes ont par ailleurs mis en évidence le rôle déterminant de ce principe d’organisation dans la production du genre (Wittig, 1978  ; Jackson, 1996). Pour penser le changement social, la réflexion sur l’hétérosexualité doit ainsi être menée à ces deux échelles qui, bien que différentes, sont interdépendantes. Cela revient à interroger les différentes manières d’habiter l’hétérosexualité (et ouvrir ainsi la boite noire de cette catégorie) et comment les individus (re)définissent la frontière entre désirs, pratiques et styles de vie hétéro- et homosexuelles.

L’hétérosexualité a longtemps été une norme qui n’avait pas besoin d’être nommée. Dans le contexte actuel, qui incite les individus à se définir par rapport à leur sexualité, qui se dit ou ne se dit pas «  hétérosexuel·le  » ? Si les modes de vie homo et hétéro se rapprochent, comment les hétérosexuel·les perçoivent-ils et elles leur sexualité et ce qui les différencie des personnes s’identifiant comme LGBTQ+  ? Comment font-ils et elles sens des expériences ou désirs homoérotiques ? Des données récentes montrent l’augmentation de la part de jeunes femmes qui se définissent comme bisexuelles (Lejbowicz et Trachman, 2018). On constate par ailleurs la profusion de nouvelles catégories qui cherchent, tout en affichant une préférence, à nuancer l’attirance par des personnes de sexe différent, telles que «  hétérocurieux.se  », «  hétéroflexible », «  hétéroromantique  », «  androsexuel.le  » ou «  gynosexuel·le  »1. Qui utilise ces catégories, que recouvrent-elles concrètement et de quoi ces nouvelles formes de présentation de soi sont-elles le signe  ? La contrainte à l’hétérosexualité se déclinant différemment pour les hommes et les femmes (Clair, 2012), l’approche en termes de genre nous semble ici centrale, à étudier au croisement d’autres appartenances sociales. Aussi, puisque les orientations sexuelles ne sont pas fixes, il s’agit de saisir les changements au cours de la vie et en fonction des contextes. En outre, la sexualité n’est pas seulement une question d’auto-identification, mais aussi de performance et de perception par autrui. Dans un contexte de diffusion des codes esthétiques queer (Demetriou, 2015), comment les individus performent-ils leur orientation sexuelle pour être ou ne pas être perçus comme hétérosexuels ? Les communications sur ces tensions entre identification sexuelle et «  passing  » sont vivement encouragées. Elles pourraient porter par exemple sur comment les hommes hétérosexuels adoptent les codes gays tout en s’en distinguant, dans quels contextes et qu’est-ce que cela produit.

Les questions sur la catégorisation se posent également pour le/la chercheur.euse  : comment situer nos enquêté.es  ? Comment complexifier les catégories sexuelles sans perdre de vue leur hiérarchie  ? Actuellement, trois indicateurs sont utilisés pour identifier la population homosexuelle dans les enquêtes quantitatives (les partenaires, les attirances et l’autodéfinition), mais ils ne se recoupent que partiellement (pour 0,9 % des femmes et 1,7 % des hommes, Bajos et Beltzer, 2008). Pour les personnes bisexuelles, des travaux plus récents proposent une approche en termes de «  configurations sexuelles  » (Lejbowicz, 2023) qui combine ces trois indicateurs. Plusieurs questions se posent à cet égard. Lorsque nos indicateurs ne vont pas dans le même sens, lequel privilégier ou à quoi accorder plus d’importance ? Si l’hétérosexualité n’est pas réductible à une orientation sexuelle, quels autres indicateurs peuvent être mobilisés pour classer nos enquêté·es  ? Se dire bisexuel.le ou avoir des rapports occasionnels avec des personnes de même sexe n’a par exemple pas les mêmes implications en termes de stigmate ou discriminations subies que le fait de vivre en couple de même sexe. Comment catégoriser et appréhender les personnes qui s’engagent dans des rapports occasionnels avec des personnes du même sexe mais qui privilégient systématiquement les personnes du sexe opposé dès lors qu’il s’agit d’une relation conjugale plus institutionnalisée ? Peut-on penser l’(hétéro)sexualité comme un espace social, comme ça l’a été pour la classe ou, plus récemment, le genre (Beaubatie, 2019)  ? Les propositions qui engagent une réflexion sur les choix méthodologiques opérés et les conceptions de l’hétérosexualité qu’ils sous-entendent (à relier aux objets de recherche) sont les bienvenues, que ce soit à partir de méthodes quantitatives, qualitatives ou les deux.

Au niveau structurel, on peut enfin se demander ce que le brouillage des frontières fait à la hiérarchie des sexualités  ? Dans son essai de 1984 [2010], Gayle Rubin mettait en évidence un classement hiérarchique des sexualités avec, au sommet, les pratiques hétérosexuelles à visées procréatives et ayant lieu dans le cadre d’un couple marié et monogame. Au vu des évolutions des pratiques individuelles, peut-on toujours affirmer cela ? Comment rejouent-elles la hiérarchie au sein des styles d’hétérosexualité ? Ces transformations vont-elles dans le sens d’une plus grande égalité entre hétéro- et homosexualités ou servent-elles à maintenir la place dominante de l’hétérosexualité ?

Axe 2 – Les configurations contemporaines de la sexualité et des formes relationnelles hétérosexuelles

Le deuxième axe s’intéressera aux pratiques et aux représentations de la sexualité et de la conjugalité hétérosexuelles. Premièrement, dans la continuité des travaux sur les « orientations intimes  » (Bozon, 2001 ; Bozon & Van, 2008), les communications pourront porter sur les configurations dans lesquelles s’inscrivent et prennent sens les pratiques et les représentations de la sexualité. Si les modèles de la sexualité hétérosexuelle se sont pendant longtemps fortement différenciés en fonction du genre, les hommes adoptant des comportements centrés autour de leurs propres désirs et les femmes souscrivant à un modèle plus conjugal (idem., Santelli, 2018), plusieurs enquêtes récentes ont observé des déclinaisons du modèle individuel de la sexualité chez certaines femmes (Bergström, 2019 ; Santelli, 2022). Dans quelle mesure le mouvement Metoo et la multiplication des ressources promouvant l’adoption par les femmes d’une sexualité pour soi ont-ils approfondi la remise en question de la division genrée des modèles de (l’hétéro)sexualité ? Par ailleurs, ne peut-on pas identifier des configurations à l’intersection du modèle « conjugal » et « individuel », ou bien fondées sur un autre rapport à la sexualité – e.g. le modèle du « réseau sexuel » (Bozon, 2001, pour une autre proposition de typologie, cf. Hirsch & Khan, 2020) ? On pourra également se demander comment, en articulation avec le genre, les positions de classe (Maudet et al., 2023) de race (Hamel, 2006  ; Fidolini, 2018), la religion (Maudet, 2024) et les âges de la vie (Bozon, 2018  ; Montemurro, 2014, 2021) déterminent les arrangements sexuels et conjugaux adoptés par les individus. En outre, dans son enquête sur les hétéros « gayfriendly », Sylvie Tissot (2018) mettait en évidence l’appropriation par certaines femmes hétérosexuelles en situation de rupture biographique d’éléments associés aux modes de vie gays ou lesbiens. Dans une perspective similaire, les communications pourront ainsi examiner la circulation des pratiques et des représentations depuis les contextes homosexuels et/ou queer vers les contextes hétérosexuels, en interrogeant notamment les modalités de leur traduction et les effets de leur appropriation sur l’ordre du genre hétérosexuel (Clair, 2012).

Deuxièmement, les communications pourront se concentrer sur certains aspects particuliers des sexualités et des relations affectives hétérosexuelles contemporaines. Elles pourront notamment examiner l’évolution des répertoires (hétéro)sexuels et/ou la diversification des formes relationnelles. En 2008, l’enquête CSF pointait le développement des pratiques non-pénétratives (Andro & Bajos, 2008). Ces pratiques se sont-elles aujourd’hui banalisées et quelle place occupent-elles dans les scripts sexuels (Gagnon, 1999) ? Qu’entend-on précisément par pratiques «  non-pénétratives  » ? Par ailleurs, qui, dans les relations, initie et s’efforce d’introduire de nouvelles pratiques sexuelles ? Observe-t-on une division du travail dans l’élaboration et la diversification des répertoires sexuels – les femmes étant déjà en charge de la contraception et de la production de la « spontanéité » lors des rapports sexuels (Thomé, 2022)  ? On peut également se demander dans quelle mesure l’intégration de pratiques n’impliquant pas de pénétration péno-vaginale, y compris de pratiques longtemps catégorisées comme « homosexuelles » comme la pénétration anale pratiquée sur un homme, vient déstabiliser les fondements de la norme hétérosexuelle. Quels sont les scripts qui rendent possible l’engagement dans ces pratiques et dans quelles mesures préservent-ils le maintien des frontières de l’hétérosexualité ? S’agissant des formes relationnelles, les communications pourront analyser les effets des relations non-conjugales – « plans culs », « sexfriends », « sans lendemain » – et des relations non-exclusives sur la reproduction – ou la transgression – de l’ordre hétérosexuel. La dissociation entre sexualité et conjugalité et le désencastrement (Bergström, 2019) qui caractérisent les relations non-conjugales, favorisent-ils le desserrement du lien d’appropriation des hommes sur les femmes dans les relations hétérosexuelles (Guillaumin, 1978) ? À l’inverse, le recentrement de ces relations sur l’échange sexuel ne peut-il pas aussi, dans certains cas, accentuer les asymétries entre les hommes et les femmes  ? Finalement, comment évaluer la valeur transformatrice et politique de pratiques souvent peu institutionnalisées et qui, dans bien des cas, reproduisent dans un espace-temps limité les oppositions genrées qui structurent la rencontre hétérosexuelle (Sobocinska, 2023) ? Dans une perspective similaire, on pourra se demander si, quand bien même elles viennent saper l’un des principaux piliers de l’hétérosexualité, à savoir le couple hétérosexuel monogame, les relations non-exclusives ne soutiennent pas parfois les intérêts des hommes en justifiant la limitation de leur engagement affectif et matériel auprès de leurs partenaires. L’ambiguïté des effets sur l’hétérosexualité et les rapports de genre des arrangements relationnels alternatifs – déjà mis en évidence dans le contexte des années 1970 (Ruault, 2018  ; Masclet, 2022) – invite plus généralement à interroger la manière dont ils sont investis par les hommes et les femmes.

Pour finir, ce deuxième axe questionnera les relations qu’entretiennent les différentes pratiques et modes de sexualité et de conjugalité. En effet, la diversification de la vie affective n’empêche pas des processus de valorisation différenciée et de hiérarchisation des pratiques et des représentations. Les communications pourront notamment analyser la manière dont sont perçus les comportements des autres individus et/ou groupes sociaux, et comment ces perceptions participent à la (re)production de frontières symboliques (Lamont & Molnár, 2002) et des rapports sociaux. Sur quoi se fondent les morales sexuelles contemporaines  ? Les communications pourront notamment analyser comment la visibilisation des sexualités minoritaires soutient l’émergence de discours qui, dans une perspective réactionnaire (Hirschman, 2003), viennent valoriser explicitement un mode de vie «  traditionnel  », centré autour du foyer hétérosexuel, qui ne va plus tout à fait de soi. Dans une perspective intra-individuelle (Lahire, 2005), les communications pourront également interroger la valeur et le sens attribués par les individus à leurs pratiques conjugales et sexuelles, en particulier lorsqu’ils se sont engagés successivement ou simultanément dans une diversité de pratiques. L’engagement dans des relations affectives et sexuelles moins conventionnelles et la pratique d’une sexualité récréative sont-ils cantonnés à la « jeunesse sexuelle » (Bozon, 2012) où trouvent-ils des prolongements aux autres âges de la vie ou dans certaines configurations (post-rupture, dé‑cohabitation, expériences de violences) ? Ou bien le couple hétérosexuel, cohabitant et monogame demeure-t-il un horizon désirable et obligatoire ? Enfin, parmi les personnes en couple hétérosexuel, l’expérience antérieure de formes relationnelles ou de pratiques s’écartant de la norme conjugale et hétérosexuelle – relations « sans lendemain », « non-exclusives », avec des personnes du même sexe, etc. – exerce-t-elle des effets durables sur l’organisation du couple, les rapports de pouvoir qui le structurent, et le rapport à soi et à l’intimité  ?

Axe 3 – (Re)présentation de soi : l’hétérosexualité comme rapport à soi et rapport aux autres

Ce troisième axe entend interroger l’hétérosexualité comme un espace de construction de l’identité et des rapports sociaux en se posant une question centrale  : comment la diffusion des savoirs féministes et des critiques de l’hétérosexualité participe-t-elle à la transformation des (re)présentations de soi ?

Un premier volet, axé sur les représentations de soi, propose ainsi de se pencher sur la sexualité comme espace de construction de l’identité, à la suite des travaux de Michel Foucault (1997) et de Michel Bozon (2001) qui montrent, d’une part, que la sexualité ne peut se réduire à son aspect reproductif et, d’autre part, qu’elle occupe une place importante dans la constitution et la valorisation du soi. Ce premier volet sera ainsi l’occasion d’interroger les façons dont l’hétérosexualité et ses transformations sont saisies par les individus et intégrées dans la construction d’une identité. Cet axe sera par exemple l’occasion de s’interroger sur les différentes figures de masculinités et de féminités qui participent à complexifier les expressions de genre qui vont de pair avec l’hétérosexualité  : comment devient-on un nice guy (Bachmann, 2014  ; Blum et Santelli, 2023), un homme «  déconstruit  », une femme assertive (Levy-Guillain, 2022), un mâle alpha (Gourarier, 2017) ou encore une trad wife2 (Sykes et Hopner, 2024)  ? Quelles relations ces représentations de soi entretiennent-elles avec l’hétérosexualité, comprise comme orientation individuelle ou structure sociale  ? Quelles dispositions morales découlent de ces représentations de soi ? Qui sont les individus qui font de la sexualité, et plus précisément de l’hétérosexualité, un élément constitutif de leur identité  ? Comment les discours féministes et les critiques de l’hétérosexualité sont-ils saisis, intégrés ou tenus à distance dans les représentations de soi  ? Ce premier volet entend ainsi se pencher à la fois sur la diffusion de l’idéal égalitaire (Bajos et al., 2008) qui traverse l’hétérosexualité, mais aussi sur les mouvements de résistance conservateurs qui se développent en réaction à la diffusion plus récente du concept de « genre » en dehors des sphères académiques (Jaunait, 2022), notamment après MeToo qui participe à la diffusion des discours féministes à un large public (Cavalin et al., 2022). 

Mais l’identité ne s’inscrit pas seulement dans un rapport à soi, elle s’inscrit également dans un rapport aux autres. Un second volet entend donc mettre en question les représentations de soi en interrogeant la manière dont les transformations de l’hétérosexualité participent à redessiner les relations sociales – amoureuses, sexuelles, familiales, etc. – qu’elle traverse. Les communications pourront ainsi investir les questions suivantes, sans s’y restreindre  : comment les différents modèles évoqués précédemment sont-ils mis en scène dans les interactions et scripts sexuels et quels sont les usages qui en sont faits ? Comment l’hétérosexualité (et sa critique) peut-elle constituer une ressource, voire un capital (Bozon, 2020), qui permet de se positionner dans l’espace social ? Comment (et par qui) ces ressources peuvent-elles être mobilisées ? Les représentations et ressources construites dans la sexualité se restreignent-elles aux domaines de la sexualité (rencontres amoureuses et/ou sexuelles, conjugalité, famille, etc.) ou les individus sont-ils en mesure de les exporter à d’autres domaines de la vie sociale  ?

Ce troisième axe sera particulièrement propice à interroger différents rapports sociaux et leur articulation. De nombreux travaux ont en effet montré que la sexualité est façonnée par les rapports sociaux – tant dans les pratiques que dans les représentations (Bajos et Bozon, 2008 ; Gagnon et al., 2008) –, mais aussi qu’elle peut en être productrice (Clair, 2013). Cet axe met ainsi en discussion les manières dont la sexualité s’articule aux autres rapports sociaux, en les construisant et en étant construite par eux en retour et les façons dont elle s’insère dans les interactions. Si ces résultats constituent aujourd’hui une base théorique solide pour penser les sexualités, cette journée d’étude cherche à mettre en lumière leurs implications concrètes dans les parcours des individus, à l’aune des transformations contemporaines des normes et des savoirs sexuels et tout particulièrement des réflexions sur les inégalités de genre. Cet axe est ainsi propice à interroger l’imbrication de la sexualité à d’autres rapports sociaux, et notamment la classe qui infuse de plus en plus les travaux sur la sexualité (Maudet, et al., 2023). Les communications portant notamment sur la sexualité chez les classes populaires et les classes supérieures du pôle privé3 (Bozouls, 2020) – deux catégories qu’il semble difficile de saisir dans des enquêtes sur la sexualité et l’intimité (Laurens, 2007  ; Santelli, 2021) – seront particulièrement appréciées.

Axe 4 – Méthode et terrain : comment enquêter dans un contexte de forte pression normative autour de la sexualité  ?

Égalité des plaisirs, affirmation de ses désirs, mise à distance des scripts hétéronormatifs  ; l’influence croissante des théories féministes sur les cadres normatifs de la sexualité tend à légitimer une forte réflexivité sexuelle (Bozon, 2009) ainsi qu’un discours en adéquation avec ces idées. Les recherches récentes dans le champ de la sociologie des sexualités tendent à corroborer ce constat  : les enquêté.es, notamment lorsqu’ils et elles sont doté.es en capitaux culturels, entretiennent un rapport intellectualisé voire politisé à la sexualité (Santelli, 2021  ; Sobocinska, 2023). Dans ce contexte, nous nous demanderons dans un premier volet comment accéder aux pratiques des enquêté.es à travers leur discours. Comment maintenir une approche critique, attentive aux rapports de pouvoir, lorsque l’on enquête auprès de personnes qui revendiquent et mettent en scène un ethos égalitaire ? Comment, dans l’interaction d’entretien, aller au-delà de ces positionnements politiques et moraux pour saisir les pratiques intimes des enquêté.es et la relation qu’ils et elles entretiennent avec leurs représentations et leurs valeurs ?

Par ailleurs, ces enquêté.es sont le plus souvent issu.es des classes moyennes et supérieures (Thomé, 2019, Lévy-Guillain, 2021, Santelli, 2021), bien qu’il soit difficile de déterminer avec précision quelles sont les caractéristiques - capitaux culturels, économiques, ancrage géographique, des éléments de leur parcours biographiques - qui favorisent leur plus forte participation aux enquêtes sur la sexualité. D’une part, ce biais méthodologique fait courir le risque de surestimer l’influence des idées féministes et les transformations de l’hétérosexualité qu’elles induiraient. D’autre part, il tend à sous-estimer les modèles de sexualité relativement égalitaires en pratique sans que les personnes aient un discours politisé. Comment recruter et enquêter auprès de catégories  sous‑représentées dans les enquêtes sur la sexualité, en particulier les personnes des classes populaires, celles vivant en milieux ruraux ou celles appartenant au pôle privé des classes supérieures ? Dans quelles mesures nos stratégies de recrutement et la formulation de nos questions de recherche écartent certaines populations ? Quelles méthodes adopter pour accéder à des personnes qui ne se sentent pas légitimes ou intéressées à produire un discours sur la sexualité ? Vous êtes encouragé.es dans ce second volet à nous faire part de terrains où vous avez rencontré des questionnements similaires et les dispositifs mis en application afin de les dépasser. 

Ces enjeux méthodologiques questionnent également la capacité des chercheur·euses à prendre en considération des formes d’appropriation de ces idées égalitaires qui sont moins perceptibles. Il est souvent aisé de distinguer l’influence de cette idéologie lorsque les enquêté.es déclarent spontanément «  faire attention  » au plaisir ressenti par leur partenaire ou qu’ils/elles soulignent l’importance du consentement et de la communication lors de leurs rapports sexuels. Dès lors, comment appréhender les formes d’émancipation vis-à-vis des normes de genre et de l’hétéronormativité qui n’empruntent pas aux registres de l’  »  expression de soi  » et de l’individualité, mais qui reposent plutôt, comme chez certaines femmes des classes populaires, sur la revendication d’un droit au «  respect  » de leur sexualité (Lemieux, 2023) ? Dans quelle mesure la quête de respectabilité des femmes des classes populaires peut-elle s’articuler avec un processus d’émancipation (Fougerolle, 2020) ? Comment, en tant que chercheur·euses, enquêter sur la recomposition des rapports de pouvoir sans imposer aux enquêté.es les catégories de l’émancipation ? Inversement, dans un contexte de circulation et de (ré)appropriation de concepts et catégories des sciences sociales par certain.es de nos enquêté.es (Lévy-Guillain, 2024), comment interroger l’utilisation de ce vocabulaire et le sens qu’il revêt pour elles/eux ? Que faire de la tension entre catégories d’analyse et catégories de la pratique (Jaunait, 2022) ?

Enfin, dans un dernier volet, nous souhaitons poursuivre les réflexions sur le rôle de l’hétérosexualité et de la position sociale des chercheur·euses dans la relation d’enquête (Clair, 2016, Gourarier, 2011). Comment composer avec le script de la séduction qui traverse les entretiens lorsqu’on est une chercheuse qui enquête auprès d’hommes  ? Comment appréhender le discours égalitaire et «  déconstruit  » des hommes enquêtés quand celui-ci vise précisément à arrimer le script de la séduction hétérosexuelle à la relation d’enquête ? À l’inverse, comment se recompose ce script lorsqu’un homme qui passe pour hétérosexuel réalise des entretiens avec des femmes  ? Puisque les hommes hétéros sont rarement considérés comme des confidents (Coutolleau, 2023), comment les enquêteurs doivent-ils se positionner sur le terrain  pour enquêter sur l’amour et la sexualité  ? 

Modalités de soumission

Les propositions de communication sont à envoyer à l’adresse mail : heteroenquestion@gmail.com

avant le 29 novembre 2024

  • Entre 3 000 et 4 000 signes (espaces compris), elles devront contenir un titre, une problématique, les données de terrain mobilisées, la méthodologie et l’axe dans lequel elles s’inscrivent.
  • Les propositions devront être accompagnées d’une courte présentation biographique : contact mail, affiliation institutionnelle, discipline(s), statut, principaux thèmes de recherche (10 lignes maximum).
  • Une réponse sera apportée courant janvier 2025.
  • Les journées d’études auront lieu les 9 et 10 avril 2025 à l’Ined (9, cour des Humanités, Aubervilliers). 

Comité d’organisation

  • Barbara Blum (CMW, Université Lyon 2)
  • Malena Lapine (Ined, CMH, EHESS)
  • Rébecca Lévy-Guillain (Sciences Po Paris)
  • Romain Philit (Ined, CMH, EHESS)
  • Daria Sobocinska (CLERSÉ, Université de Lille)

Comité scientifique

  • Sébastien Chauvin (CEG, Unil)
  • Isabelle Clair (CNRS, IRIS)
  • Florence Maillochon (CNRS, CMH)
  • Camille Masclet (CNRS, CESSP)
  • Wilfried Rault (INED, associé IRIS)
  • Emmanuelle Santelli (CNRS, CMW)
  • Cécile Thomé (CNRS, CMH)

Bibliographie

Andrejek Nicole, Ftner Tina et Heath Melanie, «  Climax as Work : Heteronormativity, Gender Labor, and the Gender Gap in Orgasms  », Gender & Society, vol. 36, n° 2, 2022, pp. 1-25.

Andro Armelle et Bajos Nathalie, «  La sexualité sans pénétration  : une réalité oubliée du répertoire sexuel  » dans Enquête sur la sexualité en France, Paris, La Découverte (coll.  »  Hors Collection Social  »), 2008, p. 297‑314.

Bachman Laurence, «  Du «  jerk  » au «  nice guy  ». Transformation du genre dans la baie de San Francisco  », 2014.

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Subjects

Places

  • Ined - 9, cour des Humanités
    Aubervilliers, France (93)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Friday, November 29, 2024

Keywords

  • hétérosexualité, consentement, domination masculine, rapport de pouvoir, MeToo

Information source

  • Barbara Blum
    courriel : heteroenquestion [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« L’hétérosexualité en question », Call for papers, Calenda, Published on Monday, September 23, 2024, https://doi.org/10.58079/12c9i

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