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Aimer son travail nuit-il à la santé ?

Colloque international sur la santé au travail

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Published on Tuesday, September 24, 2024

Abstract

Quels sont les effets de l’amour de son travail sur la santé des travailleur·es ? Si aimer son travail semble être un ressort puissant de l’engagement professionnel, cela ne représente-t-il pas également un risque pour la santé ? A contrario, ne pas aimer son travail peut-il nuire à la santé ou au contraire la protéger ? En effet, avoir un rapport strictement utilitaire au travail peut-il être, d’une certaine manière, une stratégie pour concilier la vie professionnelle et la vie personnelle ? Pourquoi faut-il impérativement faire « corps » avec son travail, l’aimer et s’identifier à lui ? Aimer son travail, est-ce une nouvelle forme d’injonction véhiculée par le management ou une revendication des travailleur·es ?

Announcement

Colloque international sur la santé au travail organisé les 26 et 27 juin 2025 à Fribourg, Suisse.

Argumentaire

Quels sont les effets de l’amour de son travail sur la santé des travailleur·es ? Si aimer son travail semble être un ressort puissant de l’engagement professionnel, cela ne représente-t-il pas également un risque pour la santé ? A contrario, ne pas aimer son travail peut-il nuire à la santé ou au contraire la protéger ? En effet, avoir un rapport strictement utilitaire au travail peut-il être, d’une certaine manière, une stratégie pour concilier la vie professionnelle et la vie personnelle ? Pourquoi faut-il impérativement faire « corps » avec son travail, l’aimer et s’identifier à lui ? Aimer son travail, est-ce une nouvelle forme d’injonction véhiculée par le management ou une revendication des travailleur·es ? Autrement dit, aimer son travail joue-t-il comme un ressort de l’émancipation (via la subjectivation) ou de l’aliénation (via l’assujettissement) ? A contrario, comment fait-on dans ce contexte lorsque l’on n’aime pas son travail ?

L’exigence d’amour du travail rompt avec la tradition de l’impensé émotionnel associé au travail puisque, jusque dans les années 1970, décennie de basculement dans l’idéalisation du choix et de l’individualisme contemporain, cette question ne se posait pas. L’injonction généralisée à aimer son travail est consubstantielle de la montée du nouvel esprit du capitalisme (Boltanski & Chiapello, 1999) dans les années 1980. Ce vaste mouvement de romantisation du capitalisme promeut une forme radicale de l’individualisme où la réalisation et l’amélioration de chacun-e passent par le développement personnel et l’entrepreneuriat de soi (Brökling, 2015).

Comment comprendre cette centralité de l’engagement et de l’attente affective dans et pour son travail ? Quels sont les effets sur la santé du fait d’aimer ou non son travail ?

Depuis la fin des Trente Glorieuses, le fonctionnement des organisations s’est caractérisé par un accroissement considérable de la flexibilité de la production, de l’emploi et du travail pour faire face à des marchés devenus plus volatils et à une concurrence accrue entre les entreprises dans un contexte de mondialisation. Sous l’influence du néolibéralisme, les structures et les modes de gouvernance des entreprises ont cherché à répondre de manière plus rapide et plus fine aux variabilités de l’offre et de la demande, ainsi qu’à la diversité des besoins de la clientèle, tout en réduisant les coûts de fonctionnement (Hanique, 2004 ; Ségrestin & Hatchuel, 2012 ; De Gasparo, 2021).

Entreprise en réseau, gestion par projets, holacracie, sous-traitance, etc. : ces formes d’organisation et de gestion se caractérisent par un double mouvement paradoxal (Linhart, 2009, 2015 ; Deranty, 2011 ; De Gaulejac & Hanique, 2015). D’un côté, elles laissent penser qu’elles donnent plus de responsabilité et de marge de manœuvre aux unités locales et aux individus, pour faire face aux fluctuations de la production. De l’autre, elles encadrent cette décentralisation, parfois de manière très serrée, au travers de normes, de systèmes de reporting et de technologies de traçabilité. Dans ce contexte, les individus sont appelés à faire preuve de créativité (Amado, Bouilloud, Lhuilier & Ulmann, 2017), d’autonomie et d’innovation, à s’engager dans leur travail, à s’identifier à leur équipe et à leur employeur, à prendre du plaisir dans leur activité professionnelle, et même à y trouver du bonheur (Askenazy, 2009 ; Boltanski & Chiapello, 1999 ; Le Garrec, 2021 ; Vallas & Cummins, 2015).

Les configurations actuelles du travail reposent sur cette tendance croissante à la subjectivation des salarié·es, entendue comme « l’engagement subjectif dans l’activité et la mise au travail d’affects, valeurs et dispositions relationnelles » (Périlleux, 2003).

Travailler, c’est aussi s’exposer à de la souffrance, à des risques, à de l’usure, à la répétitivité, à des horaires irréguliers et, plus largement, à différentes formes de contraintes (Dujarier, 2021 ; Clot & Lhuiler, 2010). La psychodynamique du travail et la clinique de l’activité se fondent d’ailleurs sur cette ambivalence du travail entre souffrance et plaisir. Selon les contextes, le travail peut participer de la construction de la santé, mais aussi de sa fragilisation (Clot, 2010 ; Clot & al., 2021 ; Davezies, 2021, Marquis, 2014). Si cette tendance ne recouvre pas l’ensemble des situations de travail, l’engagement de soi dans le travail se trouve cependant au cœur des prescriptions gestionnaires contemporaines (Bourel & Hayem, 2019 ; Boussard & al., 2020 ; Dujarier, 2015 ; Cabanas & Illouz, 2018).

Dans le même temps, une partie des jeunes arrivant sur le marché du travail (ou de moins jeunes en quête de changement) vient questionner ce modèle gestionnaire, en revendiquant de nouvelles attentes : des temps de travail réduits permettant des activités et des engagements para-professionnels ou privés. Les réactions diverses des employeur·es face à ces nouvelles appréhensions de la vie – professionnelle et personnelle – soulignent à quel point le modèle du travail « total » et nécessairement épanouissant reste pourtant dominant.

Aussi, le rapport strictement utilitaire à son travail est-il en voie de disparition dans un monde qui prône la réalisation de soi par le travail ? L’amour de son travail prend-il des formes différentes selon les situations de travail ou les caractéristiques individuelles (type d’activité, taux d’occupation, position professionnelle, sexe, classe, « race », âge, etc.) ? Quels intérêts les discours sur le plaisir au travail servent-ils concrètement ? Dans quelle mesure les attentes des travailleur·es et des directions d’entreprises convergent-elles ?

Telles sont quelques-unes des perspectives que nous souhaitons aborder lors de ces journées.

Les contributions présenteront l’objet de la recherche, la problématique, le terrain, la(les) méthode(s) utilisée(s) pour le recueil des données (ou à défaut, les sources de travail si la recherche n’est pas liée à un terrain) ainsi que les résultats principaux (ou en ébauche pour les recherches en cours).

Les propositions s’inscriront dans l’un des 4 axes thématiques (voir la description complète des axes dans le programme ci-joint) :

  • Axe 1 : Les rapports paradoxaux entre amour du travail et santé
  • Axe 2 : Le bonheur au travail comme outil de management ou levier organisationnel
  • Axe 3 : Amour du travail, engagement professionnel et vie privée
  • Axe 4 : Stratégies individuelles et collectives pour (re)créer du sens face à des situations professionnelles dégradées

Modalités de soumission

Les participant·es sont invité·es à déposer un résumé en français d’une longueur maximale de 500 mots (sans les références).

Le document devra également mentionner :

  • Nom, prénom et affiliation de l’auteur·e / des auteur·es
  • Axe principal dans lequel s’inscrit la contribution
  • Trois mots clés pertinents
  • Adresse email de contact

Le résumé doit être envoyé à l’adresse suivante : colloquesantetravail@unifr.ch

avant le 20 janvier 2025

  • Toute contribution ne répondant pas aux critères susmentionnés ne sera pas prise en compte.
  • Seules les personnes ayant réglé leur inscription au colloque pourront y participer et paraîtront dans le programme final.
  • Chaque communication durera 15 minutes et sera programmée dans le cadre d’ateliers thématiques.

Calendrier

  • Date limite de soumission des propositions : 20 janvier 2025
  • Les décisions concernant l’acceptation ou le refus des propositions seront communiquées avant mi-mars 2025.
  • Ouverture des inscriptions au colloque : 24 mars 2025
  • Clôture des inscriptions : 20 juin 2025

Tarifs et inscriptions

  • Les deux journées : 250 CHF
  • Une journée : 150 CHF
  • Tarif AVS et étudiant·es applicable uniquement pour les 2 journées : 50 CHF (le nombre de places réservées à ce tarif est limité)
  • Sont inclus dans les prix : les repas du midi, les pauses ainsi que l’apéritif de clôture.

Comité d’organisation

Pour l’Université de Fribourg

  • Le Garrec Sophie, Maître d’enseignement et de recherche, Département de Travail social, politiques sociales et développement global
  • Pedersen Line, Lectrice, Département de Travail social, politiques sociales et développement global

Pour l’Université de Lausanne et Unisanté

  • Krief Peggy, Médecin du travail cadre, Maître d’enseignement et de recherche clinique, Faculté de biologie et médecine, UNIL, Unisanté

Pour la Haute école de travail social et de santé de Lausanne (HES-SO)

  • Kuehni Morgane, Professeure ordinaire, Filière Travail social

Pour la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP)

  • Lamamra Nadia, Professeure, Responsable de champ de recherche

Pour l’Université de Lausanne

  • Perrenoud Marc, Maître d’enseignement et de recherche, Faculté des sciences sociales et politiques

Pour la Haute École de Santé Vaud (HESAV, HES-SO)

  • Probst Isabelle, Professeure associée, Unité de recherche en santé

Pour la Haute École de Santé du Valais (HES-SO)

  • Weissbrodt Rafaël, Professeur associé, Institut Santé

Places

  • Fribourg, Switzerland

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Monday, January 20, 2025

Attached files

Keywords

  • santé au travail, engagement, risques psycho-sociaux, subjectivité au travail, management, vie familiale et sociale

Contact(s)

  • Séverine Moll-Lauper
    courriel : colloquesantetravail [at] unifr [dot] ch

Information source

  • Isabelle Probst
    courriel : Isabelle [dot] Probst [at] hesav [dot] ch

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Aimer son travail nuit-il à la santé ? », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, September 24, 2024, https://doi.org/10.58079/12cbx

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