HomeL’Amérique latine dans la glace. Antarctiques latino-américains

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L’Amérique latine dans la glace. Antarctiques latino-américains

Antártida como reflejo de Latinoamérica: identidad y multiplicidad

Cahiers des Amériques latines

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Published on Tuesday, September 24, 2024

Abstract

Nous invitons les chercheurs de sciences sociales et humaines à contribuer à un dossier des Cahiers des Amériques latines sur l’Amérique latine et l’Antarctique dans une perspective disciplinaire ou interdisciplinaire. Nous accueillerons les contributions axées sur les relations entre ces deux régions dans des approches disciplinaires variées : anthropologie et archéologie, études culturelles, économie, humanités environnementales, histoire, relations internationales, droit international, science politique, littérature, études sociales des sciences et technologies, ou écologie politique.

Announcement

Argumentaire

Le 1er décembre 1959, à Washington D.C., après un long processus de négociations, les douze pays ayant participé au programme antarctique de l’Année géophysique internationale (AGI) 1957-1958 sont parvenus à un accord pour consacrer le continent antarctique à la paix et à la science en signant le traité sur l’Antarctique, mettant ainsi fin - ou du moins suspendant - une ère de différends et de conflits. Parmi les 12 signataires du traité figuraient deux pays d’Amérique latine, l’Argentine et le Chili, qui avaient une longue histoire avec le continent blanc et étaient au centre du principal conflit territorial sur le continent, en opposition aux prétentions britanniques.

Depuis son entrée en vigueur en 1961, le traité international a évolué, élargissant ses domaines d’application et son cadre normatif, développant un caractère de plus en plus environnemental et incorporant de nouveaux adhérents et parties actives. À ce jour, il compte 56 membres, dont 29 ont un statut consultatif lors des réunions du traité, c’est-à-dire qu’ils ont le droit de vote sur les décisions concernant le continent. L’Amérique latine a participé à cette évolution en ajoutant neuf membres, dont quatre ont obtenu le statut consultatif : le Brésil, l’Uruguay, le Pérou et l’Équateur ; et deux autres ayant des activités importantes en Antarctique, bien qu’ils n’aient pas encore obtenu la reconnaissance pour obtenir le même statut : la Colombie et le Venezuela. L’Amérique latine se présente donc comme l’une des régions les plus impliquées dans l’ensemble de ce régime de l’Antarctique, ce qui se justifie non seulement par sa proximité géographique – elle est la région la plus proche du continent - mais surtout par ce qui est perçu comme un sentiment de connexion et d’appartenance avec lui (géologique, historique et environnemental).

Bien que l’Antarctique soit un lieu dédié à la paix et à la science, relativement exempt de conflits, d’exploitation économique et de contamination, certaines questions restent litigieuses - comme la bioprospection, la pêche et le tourisme, tandis que d’autres pourraient constituer à l’avenir la source d’intenses conflits - comme la question territoriale non résolue et le potentiel d’exploitation des minéraux. Par conséquent, l’Antarctique est à la fois un lieu d’utopie mais aussi de puissantes anticipations géopolitiques.

Alors que les études sociales traditionnelles sur l’Antarctique privilégient les approches ancrées dans l’histoire, l’économie, le droit et la politique, s’affirme aujourd’hui une approche plus large et interdisciplinaire analysant les aspects sociaux de l’Antarctique, qui inclut les études culturelles sur les imaginaires, les ethnographies, les études socio-écologiques et les études de genre, entre autres. Les études appartenant à l’approche études sociales des sciences et technologies (ou STS) sont de plus en plus nombreuses, en particulier sur les stations scientifiques et la présence physique des scientifiques sur le continent. Certains chercheurs en sciences sociales effectuent des travaux de terrain sur le continent lui-même. Ces efforts sont pertinents pour documenter les aspects culturels, sociaux et environnementaux et enrichir les approches historiques, politiques et économiques de l’Antarctique.

Dans un contexte de crise environnementale mondiale, de multiplication des conflits militaires et de troubles de l’ordre institutionnel international, il est important d’étudier et de réfléchir au rôle que jouera le continent antarctique. Il convient ainsi de comprendre son passé, d’évaluer son présent et d’analyser les voies possibles qui s’ouvrent pour le continent. L’Amérique latine a joué un rôle important à cet égard et il est primordial de comprendre la relation qu’elle entretient avec le continent austral. Parfois considéré comme une extension de l’Amérique latine, il existe une large pluralité de perceptions sud-américaines sur l’Antarctique, qui révèlent un sentiment de connexion ancré dans les réalités géologiques mais aussi sociétales. Il s’y reflète en outre des tendances à la divergence et à l’unification des identités latino-américaines. Nous aimerions donc que ce dossier puisse refléter ces différentes approches de l’Antarctique en Amérique du Sud et permettre une relecture de l’imagination géopolitique sud-américaine, des liens politiques et émotionnels entretenus avec le continent blanc.

Dans cette optique, nous invitons les chercheurs de sciences sociales et humaines à contribuer à un dossier sur l’Amérique latine et l’Antarctique dans une perspective disciplinaire ou interdisciplinaire. Nous accueillerons les contributions axées sur les relations entre ces deux régions dans des approches disciplinaires variées : anthropologie et archéologie, études culturelles, économie, humanités environnementales, histoire, relations internationales, droit international, science politique, littérature, études sociales des sciences et technologies, ou écologie politique.

Nous proposons aux auteurs de faire des propositions qui abordent un ou plusieurs des domaines suivants :

Pluriel ou singulier ?

Quels sont les « mondes » de ces Antarctiques latino-américains ? Il s’agit de revisiter la question de l’Antarctique comme entité unique et uniforme, déjà remise en cause par les sciences sociales. Tout d’abord, il est désormais admis que le continent est constitué de différentes sous-régions qui peuvent être individualisées en termes géologiques, écosystémiques, politiques, nationaux ou économiques. Mais la diversité de ces mondes antarctiques est également due au fait que de nombreux pays latino-américains s’investissent en Antarctique, ce qui implique une série d’initiatives et donc des mondes antarctiques très différents. L’Antarctique chilien a une histoire, une importance dans l’imaginaire national, une place dans l’action diplomatique, et renvoie à des ressources humaines et technologiques et à une intervention directe sur le territoire antarctique qui sont très différentes, disons, des dynamiques correspondantes au Brésil ou au Costa Rica. Cependant, il existe en même temps une approche et une identité communes avec le continent qui rendent unique cette relation de l’Amérique du Sud avec l’Antarctique. Cette tension entre pluriel et singulier s’applique à l’Antarctique mai aussi à la même manière dont l’Amérique latine s’insère dans les affaires mondiales.

Où sont les Antarctiques latino-américains pour les études SHS ?

L’Antarctique latino-américain constitue-t-il pour les SHS des mondes largement déterritorialisés, un ensemble d’activités qui se déroulent SUR l’Antarctique et pas seulement EN Antarctique ? S’agit-il de mondes qui existent dans les politiques publiques, dans les imaginaires, dans les textes, dans les sociabilités ? Quels sont les mondes sociaux de l’Antarctique latino-américain ? Quelle est la place des territoires antarctiques eux-mêmes dans la vie sociale des groupes qui travaillent sur/avec le continent antarctique ? Quelles sont les relations entre ces groupes (politiques, diplomatiques, scientifiques, économiques, populations nationales en général, etc.) qui vivent loin de l’Antarctique et ceux qui y vivent, même temporairement ? Selon la fameuse question de Howkins, faut-il aller en Antarctique pour travailler sur l’Antarctique latino-américain ? Méthodologiquement, comment les SHS travaillent-ils sur l’Antarctique latino-américain : archives, entretiens, ethnographie des réunions et des couloirs bureaucratiques et diplomatiques, et/ou travail de terrain sur le continent lui-même ?

Les pays latino-américains dans le miroir de l’Antarctique

Comment la position des différents pays latino-américains par rapport à l’Antarctique nous renseigne-t-elle sur la vie politique de chacun de ces pays et sur la région en tant que telle, y compris l’intégration, la coopération et la concurrence entre les pays ? Comment cela nous informe-t-il sur les transformations de la place que prennent ces pays dans l’ordre international ? Les articles utilisent-ils les études sur l’Antarctique comme moyen d’analyse de la transformation plus large de la géopolitique latinoaméricaine ?

Présenter un éventail de regards disciplinaires sur l’Antarctique

Quel est l’apport de chaque discipline des sciences sociales et humaines dans l’analyse de l’Antarctique ? L’un des objectifs de ce numéro sera également de présenter la richesse que chaque discipline apporte à ces études SHS émergentes sur l’Antarctique. Nous encourageons donc les propositions qui présentent une vue d’ensemble des avancées et des défis posés par une approche disciplinaire : relations internationales, sociologie de l’action publique, archéologie, anthropologie, sciences humaines, etc.

Évaluation

Toutes les propositions seront examinées dans le cadre du processus d’évaluation par les pairs puis les auteurs des propositions sélectionnées seront invités à participer à un atelier virtuel pour discuter des améliorations et des liens possibles entre les différentes contributions.

Les articles retenus sont évalués en double aveugle par les membres des comités de la revue et des évaluateur-rices externes.

Modalités de contribution

Réception des articles via OJS.

Date limite : avant le 15 janvier 2025

Pour être reçus, les articles doivent être originaux, correspondre à la ligne éditoriale et contenir de 45 000 à 50 000 signes (espaces, notes, bibliographie, résumés et mots-clés compris)

Contact :

  • icardone@pucp.edu.pe
  • david.dumoulin@sorbonne-nouvelle.fr

Les Cahiers des Amériques latines reçoivent également, pendant toute l’année, des propositions pour la section « Études ».

Coordination

  • Le numéro spécial sera édité par Ignacio Javier Cardone, professeur à la Pontificia Universidad Católica del Perú (PUCP) et spécialiste de l’Antarctique, notamment du rôle de la science et des politiques antarctiques latino-américaines. Il est l’auteur de plusieurs articles et chapitres sur la question, ainsi que du livre The Antarctic Politics of Brazil (Palgrave, 2022). Il est également un membre actif du Comité permanent des sciences humaines et sociales du Comité scientifique de la recherche antarctique (SC-HASS/SCAR).
  • Le co-éditeur de ce numéro spécial, David Dumoulin Kervran (IHEAL-CREDA) s’intéresse à l’Antarctique depuis plusieurs années et en particulier aux stations scientifiques qui s’y multiplient. Dans le projet de recherche collective qu’il coordonne (ANR SciOUTPOST) les stations antarctiques françaises sont comparées avec d’autres sites scientifiques isolés à travers la catégorie « d’avant-postes de la science ». Il supervidr également une thèse d’anthropologie sur la vie sociale dans plusieurs stations scientifiques avec Sophie Houdart.

Comité scientifique

  • Luis Felipe de Alencastro, Professeur, histoire, Fundação Getúlio Vargas, Escola de Economia de São Paulo (Brésil)
  • Claude Bataillon, Professeur émérite, géographie, université Toulouse-Jean-Jaurès (France)
  • Carmen Bernand, Professeure émérite, histoire, université Paris Ouest-Nanterre-La Défense (France)
  • Peter Birle, Chercheur, science politique, Ibero-Amerikanisches Institut, Berlin (Allemagne)
  • Bernard Bret, Professeur émérite, géographie, université Lyon 3 (France)
  • Martine Droulers, Directrice de recherche émérite CNRS, géographie (France)
  • Flavia Freidenberg, Professeure, science politique, Universidad Nacional Autónoma de México (Mexique)
  • Néstor García Canclini, Professeur, anthropologie, Universidad Autónoma Metropolitana (Mexique)
  • Christian Gros, Professeur émérite, sociologie, université Sorbonne Nouvelle, IHEAL (France)
  • Serge Gruzinski, Directeur de recherche CNRS et directeur d’études EHESS, histoire, UMR Mondes américains (France)
  • Antonio Sérgio A. Guimarães, Professeur, sociologie, Universidade de São Paulo (Brésil)
  • Odile Hoffmann, Directrice de recherche, géographie, IRD-Urmis (France)
  • Mona Huerta, Institut des Amériques (France)
  • Stephen Hugh-Jones, Professeur, anthropologie, King’s College, Cambridge (Royaume-Uni)
  • Hal Klepak, Professeur émérite, histoire, Royal College of Canada (Canada)
  • Jean-Pierre Lavaud, Professeur émérite, sociologie, université des sciences et technologies de Lille 1 (France)
  • Annick Lempérière, Professeur, histoire, université Paris 1, UMR Mondes américains (France)
  • Jaime Marques-Pereira, Professeur, économie, université de Picardie-Jules Verne (France)
  • Guy Martinière, Professeur émérite, histoire, université de La Rochelle (France)
  • Alain Musset, Directeur d’études EHESS, géographie, Centre de recherches historiques (France)
  • Daniel Pécaut, Directeur d’études EHESS émérite, sociologie, Centre d’étude des mouvements sociaux (France)
  • Marielle Pépin-Lehalleur, Chargée de recherche honoraire CNRS (France)
  • Jean Revel-Mouroz, Directeur de recherche émérite CNRS, géographie (France)
  • Yves Saint-Geours, Ministre plénipotentiaire honoraire, ancien ambassadeur de France au Brésil et en Espagne (France)
  • Hervé Théry, Directeur de recherche émérite CNRS, géographie, Creda (France)
  • Héctor Hugo Trinchero, Professeur, anthropologie, Universidad de Buenos Aires (Argentine)
  • Juan Gabriel Valdés, Professeur, science politique et relations internationales, Universidad Austral de Chile (Chili)
  • Laurence Whitehead, Senior Research Fellow, science politique, université d’Oxford Nuffield College (Royaume-Uni)

Places

  • Campus Condorcet
    Aubervilliers, France (93)

Date(s)

  • Wednesday, January 15, 2025

Keywords

  • antarctique, étude socioécologique, imaginaire, étude culturelle

Contact(s)

  • David Dumoulin
    courriel : david [dot] dumoulin [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr

Reference Urls

Information source

  • Roberta Ceva
    courriel : iheal [dot] cal [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« L’Amérique latine dans la glace. Antarctiques latino-américains », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, September 24, 2024, https://doi.org/10.58079/12cev

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