De quelle manière et en quoi, des débuts du 20^e siècle à 2020, des paradigmes et références scientifiques et/ou théoriques (ou autres, s’agissant de pédagogie, relevant de la « théorie-pratique ») ont-ils, selon différentes séquences et dans différents champs, influé sur les discours et dispositifs mis en oeuvre en vue de la démocratisation du système scolaire et de la lutte contre l’échec scolaire ? Avec quels effets ? Quelles leçons est-il possible de tirer du bilan qui pourrait être établi à partir de ces analyses ? Issus de « séminaires-ateliers » préparatoires, les 6 symposiums constitutifs du colloque ne se réduiront pas à la diffusion de résultats de recherche déjà complètement élaborés, mais fourniront aussi les conditions d’un travail collectif où les problématiques et les options de recherche seront examinées collectivement, dans la perspective d’une prochaine manifestation scientifique avec appels à communication.

Réseau Thématique CNRS « Recherches autour des questions d’éducation »

Responsables : Nicolas Vibert, Grégoire Borst

Axe 6 : Vers une éducation démocratique. Histoire et actualités des discours et des pratiques

Responsables de l'axe 6 : Annabelle Allouch, Sarah Al-Matary

Comité d'organisation : Solenn Huitric, Frédéric Mole, André Robert, Jean-Yves Seguy, Yves Verneuil

Présentation

Le colloque s’attachera à la question des relations entre les paradigmes scientifiques (ou à visée scientifique) mobilisés plus ou moins explicitement, et les politiques scolaires s’inscrivant dans une perspective de « démocratisation », cela dans le contexte français caractérisé par des évolutions, voire des « explosions scolaires » successives (ce qui n'interdira pas la prise en compte de situations étrangères) Le point de focalisation particulièrement investigué se situera dans l’ensemble des médiations intervenant entre ces deux pôles, saisies aussi bien en termes de dispositifs pédagogiques et didactiques mis en oeuvre dans une visée démocratisante que dans les discours produits par la sphère éducationnelle au sens large. Celle-ci inclut nécessairement la sphère administrative (textes de lois, annexes, arrêtés, décrets) et, autant qu’on puisse les appréhender, les relais discursifs opérés par les agents de l’administration (directeurs ministériels, recteurs, inspecteurs d’académie, inspecteurs) ; mais elle ne s’y limite pas (d’où une ouverture sur partis politiques, associations, syndicats, courants de pensée, chercheurs évidemment, revues, personnalités influentes, etc.). Il s’agira donc d’identifier les références scientifiques ou théoriques mobilisées, les paradigmes ou modèles utilisés, leur évolution, autour de tel ou tel aspect de ‘politiques’ (saisies à diverses échelles) visant la démocratisation scolaire. Cela suppose en amont des explorations dans les discours scientifiques et théoriques pris en eux-mêmes.

Pour étayer cette histoire des liens entre politiques de démocratisation et paradigmes scientifiques, débouchant sur des questions contemporaines, un des cadres théoriques possibles pourra être celui de la sociologie pragmatiste, en tant qu’il donne de la visibilité non seulement aux acteurs mais aussi aux objets et dispositifs, et qu’il s’intéresse aux chaînes de traduction existant entre ceux-ci, ainsi qu’à celles mettant en rapport, sans conception applicationniste, modèles scientifiques et réalisations pratiques. Il ne s’agit là que d’une proposition, chaque équipe de chercheurs restant libre de ses choix de cadrage théorique.

Question centrale

De quelle manière et en quoi, des débuts du 20e siècle à 2020, des paradigmes et références scientifiques et/ou théoriques ont-ils, selon différentes séquences et dans différents champs, influé sur les discours et dispositifs mis en oeuvre en vue de la démocratisation du système scolaire et de la lutte contre l’échec scolaire ? Avec quels effets ? Quelles leçons est-il possible de tirer du bilan qui pourrait être établi à partir de ces analyses ?

Si une politique est impulsée par l’échelon gouvernemental, sa mise en action interfère nécessairement avec une multiplicité d’interventions d’acteurs sociaux, tels que la représentation nationale, les syndicats, les associations de spécialistes, les laboratoires de recherche, les parents d’élèves et autres stake holders, l’opinion publique, les leaders d’opinion, les revues, etc. d’où l’intérêt de ne pas les exclure des analyses qui seront développées.

Il s’agira ainsi, notamment :

• d’interroger l’histoire des approches scientifiques pensées, utilisées ou instrumentalisées pour améliorer l’enseignement et sa démocratisation
• d’examiner la façon dont des discours matriciels s’instillent dans des discours plus prosaïques de type administratif ou autre visant à faire évoluer dans une intention démocratisante la réalité des structures, des établissements (y compris dans leur composante matérielle), des classes et des pratiques pédagogiques
• de chercher à comprendre comment le discours scientifique en lui-même – ainsi que l’ensemble de ses médiations et traductions – est mobilisé dans le cadre de ces dispositifs censés l’incarner et la façon dont ces dispositifs sont évalués (ou non).

Ces recherches seront conduites :

• autour de différents champs, dans une dimension historique : psychologie (psychologie expérimentale puis sciences des apprentissages), sociologie, neuro-psychologie, neurosciences…
• en examinant comment les diverses options scientifiques se réfractent dans le discours politique, institutionnel, administratif, syndical…
• en portant l’attention sur quelques dispositifs généraux, par ex : médecine scolaire, orientation, statistiques scolaires, dispositifs de formation, mise en oeuvre de la forme scolaire sous son aspect matériel (architecture scolaire), etc.

Comprendre en profondeur ces relations ‘paradigmes’ ou ‘références’ scientifiques/politiques de démocratisation éducative à différents échelons suppose de sélectionner quelques ‘entrées’ topiques et quelques moments-clés de l’histoire de la diffusion de discours sur l’enseignement en direction des acteurs du système (cette compréhension historique a aussi la visée d’examiner les conditions d’une amélioration possible du système actuel).

Symposiums

Le conseil scientifique a proposé de construire, au cours de l'année universitaire antérieure, des séminaires-ateliers préparatoires autour des 6 entrées suivantes, qui donneront matière au cours du colloque à 6 symposiums (appelés à des interactions internes comme il va de soi, mais aussi inter-symposiums) :

• S1 : De la théorie aux politiques et pratiques d'orientation scolaire et professionnelle (responsables : Jérôme Martin et Jean-Yves Seguy)
• S 2 : Sciences cognitives, apprentissages et démocratisation (de 1990 à aujourd’hui) (responsable : Stanislas Morel)
• S3 : Modèles du développement de l'enfant, leur rôle et leur incidence dans la démocratisation scolaire (responsable : Dominique Ottavi)
• S4 : Paradigmes scientifiques, démocratisation, formation (responsables : Françoise Lantheaume et Sandrine Lothaire)
• S5 : La démocratisation de l’école à l’épreuve de la « science ». Regards historiques sur les perspectives marxistes (1925-1990) (responsables : Stéphane Bonnéry, Frédéric Mole, André Robert, Yves Verneuil)
• S6 : Conceptions mobilisées dans la représentation, l’évolution et l’approche critique de la matérialité de la forme scolaire en lien avec la question de la démocratisation (responsables : Henri-Louis Go, Frédérique Prot)

Déroulé prévisionnel du colloque

Journée 1 : MSH - Salle Marc Bloch

• 9h30 Accueil et ouverture
• 10h-12h 1e créneau symposium
• 12h-14h déjeuner
• 14h-16h 2e créneau symposium
• 16h-16h30 pause
• 16h30-18h30 3e créneau symposium

Journée 2 : Palais Hirsch - Grand amphithéâtre

• 8h30-10h30 4e créneau symposium
• 10h-30-11h pause
• 11h-13h 5e créneau symposium
• 13h-14h30 déjeuner
• 14h30-16h30 6e créneau symposium

Modalités de participation

L'accès au colloque est gratuit. Il peut se faire en présence (journée 1: amphi Marc Bloch, 14 avenue Berthelot; journée 2: Grand amphi, 16 quai Claude Bernard) et à distance (les liens seront précisés).

Dans les deux cas, inscriptions préalables nécessaires auprès de :jean.yves.seguy@univ-st-etienne.fr ou andre.robert@univ-lyon2.fr