Dans le cadre de la XIV^e Journée des doctorant·e·s du laboratoire AMERIBER (UR 3656) de l’Université Bordeaux Montaigne, les participant·e·s sont invité·e·s à s’interroger sur le concept d’exception, notamment au travers de la notion de crise et des processus de création qui en découlent.

Argumentaire

Le terme de « crise » vient du mot grec « krisis », qui signifie « décision, jugement ». Notons que le verbe « krinein » désigne la faculté de choisir, de distinguer, de juger. Dans le domaine médical, la crise est provoquée par une rupture avec un état initial stable. Ce processus impose donc de prendre des décisions, nécessaires pour sortir de l’incertitude.

L’acte de création apparaît alors comme une solution pour faire face aux bouleversements imprévisibles. La « création », du latin « creatio », désigne l’action de produire l’être, d’inventer, d’innover. Créer peut combler un manque, réinjecter de la stabilité là où la crise n’avait laissé que du désordre. Non seulement les périodes de crises peuvent contraindre les façons de créer, mais c’est aussi la création qui permet d’endiguer un phénomène de crise. C’est cette influence mutuelle, entre crise et création, que nous voulons placer au cœur de cette XIVe Journée des Doctorants.

Les axes envisagés, mais non contraignants, sont les suivants :

Axe 1 : État d’urgence et politiques d’exception

Nous vivons un début de XXI^e siècle marqué par les crises (politiques, économiques, sociales, sanitaires). Pour y répondre, les gouvernements multiplient les « états d’exception » - aussi appelés « états d’urgence » -, qui consistent en une suspension partielle ou totale du droit, afin de préserver l’ordre social en temps de crise. Aussi, l’état d’urgence permet aux dirigeants de créer de nouvelles normes qui réorganisent la société en période d’incertitude. Nous invitons tout particulièrement les participants à ne pas se limiter aux crises contemporaines et à réfléchir aux dérives qui ont pu en découler.

Axe 2 : Les interactions entre crise et création

Il s’agira ici de réfléchir sur comment un contexte de crise, soit-il politique, économique, social ou encore individuel, influe sur la production artistique et intellectuelle et inversement. Dans quelle mesure une crise façonne-t-elle et influence-t-elle les œuvres qui s’en inspirent ? La crise signifie-t-elle une plus grande liberté créatrice ou alors au contraire la censure ? Ou encore quelles réponses ou solutions apportent la création face à la crise ?

Axe 3 : Comment raconter la crise dans une oeuvre

Cet axe vise à aborder la manière d’évoquer, de raconter le thème de la crise qui apparaît à travers le prisme de l’auteur comme un motif fictionnel à l’intérieur même de l’oeuvre. Indépendamment d’un contexte de création qui peut être tout à fait différent voire inconnu, la crise est fictionnalisée ou retranscrite dans l’ouvrage, qu’il s’agisse d’une toile de fond ou d’un thème central. La crise peut être citée, métaphorisée ou encore sublimée. Elle peut être abordée de manière générale ou plus personnelle, inspirée de faits réels ou de l’imaginaire. Fictions introspectives et (auto)biographiques, politiques, historiques, ou encore fantastiques, dystopiques, et post-apocalyptiques sont les bienvenues.

Axe 4 : Création linguistique face à la crise

La crise désigne au sens large toute situation d’urgence nécessitant un changement. Dans un contexte de crise, que celle-ci soit individuelle (crise existentielle à l’adolescence, crise d’identité transgenre) ou collective (économique, environnementale, sanitaire, entre autres), l’individu cherche parfois une solution en faisant preuve de créativité. Cet axe invite à aborder les débats autour de l’écriture inclusive et de sa volonté de lutter contre les stéréotypes sexistes en modifiant le langage. Il serait également pertinent de s’intéresser aux euphémismes employés en temps de crise, ainsi qu’à la création lexicale en étudiant le “parler jeune” ou encore les néologismes apparus en raison du développement des nouvelles technologies ou de la pandémie.

Modalités de soumission

• Les propositions de communication doivent inclure un résumé de votre présentation (400 mots maximum, titre inclus), votre nom ainsi qu’une brève notice biographique (½ page maximum, qui ne compte pas dans les 400 mots qui résument votre intervention).
• Les propositions seront évaluées par le comité scientifique et les intervenants seront notifiés dans les jours qui suivront.
• Les interventions devront être en français, et seront limitées à une durée de 20 minutes maximum. Les participants pourront également avoir un Powerpoint.

Les propositions sont à envoyer par courriel à jd2024ameriber@gmail.com

avant le 25 octobre 2024,

• Pour toute question ou demande d'information supplémentaire, n'hésitez pas à nous contacter à cette adresse.

Informations pratiques

• Nous reviendrons vers les participants pour communiquer le lieu de l’évènement.
• La pause déjeuner sera offerte pour les intervenants et le transport financé pour les personnes ne venant pas de Bordeaux.

Bibliographie indicative

AGAMBEN, Giorgio (traduit de l’italien par GAYRAUD, Joël). État d’exception. Paris (France) : Éditions du Seuil, 2003.

BAKHTIN, Mikhail. The Dialogic Imagination : Four Essays. University of Texas Press, 1981.

FAVREAU, Hélène. « La création lexicale : entre jeu sur la langue et transgression de la norme. Le cas des mots-valises. » Faire danser la langue : le langage en jeu. Université de Toronto, 2011.

FOUCAULT, Michel. The Order of Things : An Archaeology of the Human Sciences. Vintage Books, 1970.

FRYE, Northrop. Anatomy of Criticism : Four Essays. Princeton University Press, 1957.

GOFFMAN, Erving. Stigma : Notes on the Management of Spoiled Identity, 1963.GOUPY, Marie. L’état d’exception ou l’impuissance autoritaire de l’État à l’époque du libéralisme, Paris (France) : CNRS, 2016.

PIAT, Florence et BRAGUIER-GOUVERNEUR, Laurey, éditeurs. Normes et transgressions dans l’Europe de la première modernité. Presses universitaires de Rennes, 2013.

SCHMITT, Carl. Political Theology : Four Chapters on the Concept of Sovereignty. University of Chicago Press, 2005.