Le colloque aura pour but d'étudier les évolutions de la représentation de la violence, de la brutalité et de la soumission, de l'Antiquité à nos jours, sans restriction de parmi les arts visuels, ni de contexte culturel et géographique. Il s'intéressera particulièrement aux mutations du regard porté sur les œuvres visuelles, dans ce que ce regard – ou son anticipation par les artistes – signifie en termes de perception de la violence. Allant de la mise en scène triomphale des victoires des rois antiques jusqu’à l’exhibition des victimes de la guerre dans la photographie contemporaine, le colloque concernera la représentation tant de la guerre que des punitions, des violences interpersonnelles et sexuelles et jusqu’aux formes de la contrainte. Un intérêt particulier sera porté aux évolutions des notions de victime, héros et bourreau, à travers leurs avatars iconographiques.

Argumentaire

Qui est familier de l’iconographie guerrière des souverains de l’Antiquité, des palais assyriens et des temples de Ramsès II à la Colonne Trajane, ne s’étonne plus de la revendication par ces pouvoirs d’une violence légitime, entièrement assumée par le souverain et dans laquelle les victimes du bras conquérant sont réduites au statut de faire-valoir de la puissance politique qui s’affirme par la violence. Bien plus proches de nous, les photographies que les reporters font parvenir au public des conflits contemporains sont au contraire dans une grande part empreinte d’une attention spécifique aux victimes, dont la souffrance est devenue le sens prêté à la violence.

Cette évolution au long terme, dont l’évidence est trompeuse, force à s’interroger sur les mutations, non pas uniquement des motifs et de leurs significations au sein de systèmes de sens socio-culturels, mais surtout sur celle des regards, à la fois anticipés par les auteurs des œuvres et matérialisés dans les contextes d’expérience visuelle. Ce changement, dont les extrêmités sont plus faciles à repérer que les étapes intermediaires et les ruptures, se perçoit dans les différents arts visuels, tant le domaine plastique regroupant peinture, sculpture et les techniques qui en sont proches, que dans des arts plus récents tels la photographie, la bande dessinée et le cinéma.

Plusieurs systèmes d’explication ont été laborés afin de comprendre ce changement de paradigme, qui, malgre des portées heuristiques parfois très fécondes, ne permettent d’expliquer à eux seuls l’entièreté des mécanismes à l’œuvre dans ces mutations du regard sur l’image. D’une part, les théories de René Girard ont mis en lumière les changements de conception des catégories de victime et de bourreau, à travers ce qu’il interprète comme une dénonciation des mécanismes du bouc émissaire. De l’autre, le processus de « civilisation des mœurs » étudié par Norbert Elias correspond à un abaissement des seuils de tolérance à la violence, qui intégrerait le regard porte sur les représentations. La perspective doit ainsi être élargie, de sorte à inclure les apports plus récents des sciences sociales, à la fois en termes d’interprétations renouvelées des phénomènes de violence et quant aux différences entre régimes iconographiques.

Le colloque vise donc à interroger ces mutations sur le temps long et est donc ouvert à des contributions embrassant de nombreuses périodes historiques, de l’Antiquité de nos jours, ainsi qu’à divers contextes géographiques. Il tendra aussi à regrouper des études portant sur l’ensemble des modes de figuration visuelles, non restreints aux Beaux-Arts dans leur définition occidentale ni aux technologies contemporaines de l’image. Il aura enfin pour vocation d’appréhender des types différents de violence et de brutalité, allant de la guerre aux punitions corporelles en passant par les violences interpersonnelles ou la contrainte. Les contributeurs sont invités à engager des discussions sur les définitions et les limites qu’ils emploient pour les concepts centraux du colloque.

Les contributions seront organisées selon plusieurs axes :

1) L’étude de la re ception des images, des modalite s de contact avec l’image, des catégories socio-culturelles concernées, des débats tenant à leur diffusion et à leur appropriation

2) Une approche comparatiste de dossiers mettant en perspective des évolutions d’un type de motif violent, ou les différences entre des contextes culturels et géographiques spécifiques

3) Une étude des catégories à l’œuvre dans les scènes de violence, telles que victime, héros ou bourreau, selon un parcours chronologique ou avec mise en perspective de leur apparition en contexte iconographique

4) Une interprétation de dossiers iconographiques précis à la lumière des contextes politiques, sociaux et idéologiques

Conditions de soumission

Limite de dépôt des contributions : 8 janvier 2025

Modalité de dépôt : Fichier Word ou PDF comprenant

• la présentation du chercheur (nom et prénom, rattachement institutionnel, nom du/des directeur.rice.s de recherche pour les doctorants),
• et le titre et le résumé de la proposition (350 mots maximum).

Il est possible de joindre à la proposition une ou deux images pouvant servir de support.

Les propositions en français et en anglais sont acceptées.

Adresse de contact : colloqueregard2025@gmail.com

Le colloque aura lieu sur deux jours, les 15 et 16 mai 2025, sur les sites Sorbonne et Serpente (75005 et 75006).

Il pourra faire l’objet d’une publication.

Comité scientifique

• Matthieu Hagenmüller, jeune docteur et ATER à Sorbonne Université, UMR 8167, équipe Mondes pharaoniques - Histoire
• Emma Maurel, doctorante à Toulouse-Jean Jaurès et Université de Montréal, Canada, école doctorale TESC
• Azadeh Yekdaneh, doctorante à Sorbonne Université, école doctorale 124