La journée d’étude organisée par le laboratoire Langues, Littérature, Arts et Cultures (LLAC) et la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Rabat abordera principalement la question de l’articulation telle qu’elle est abordée dans L’enseignement/apprentissage du français au sein du système éducatif marocain. Se manifestant diversement à travers les différents cycles et filières, ce concept-clé de la didactique intégrée présente plusieurs enjeux relevant de la progression des apprentissages, de la transition entre les niveaux de formation et de l’employabilité des lauréats. De même, le défi de l’articulation, que nous soupçonnons peu explicite dans le discours officiel et insuffisamment conscientisé par les praticiens, peut être attribué à divers facteurs : l’hétérogénéité des choix éducatifs adoptés, la divergence des programmes retenus ou encore la disponibilité des ressources didactiques adaptées à chaque cycle.

Argumentaire

Le Maroc possède un paysage linguistique diversifié et complexe marqué par la diglossie qui caractérise la cohabitation des langues officielles, maternelles et étrangères sur son sol (A. Khatibi, 1983 ; F. Laroui, 2011 ; A. Boukous, 2018). À cet égard, le français, nonobstant son statut officiel, occupe une place privilégiée en raison de l’héritage colonial et des relations étroites avec la France et les pays francophones. L’enseignement/apprentissage du français joue en effet un rôle important dans le système éducatif marocain, du secondaire qualifiant à l’université en passant par la formation professionnelle. Néanmoins, le contexte national actuel est ponctué par un processus toujours inachevé de réformes touchant les différents cycles d’enseignement et de formation : Vision Stratégique 2015-2030 ; SNFP-2021 ; Pacte ESRI 2030. De ce fait, une investigation d’ordre didactique et pédagogique, exhaustive et actualisée, de l’état des lieux de la discipline Français, ses défis et ses opportunités serait d’un intérêt crucial.

La journée d’étude organisée par le Laboratoire Langues, Littérature, Arts et Cultures (LLAC) abordera principalement la question de l’articulation. Se manifestant diversement à travers les différents cycles, ce concept-clé de la didactique intégrée (M. Causa, 2019 ; E. Soucy, 2022) présente plusieurs enjeux relevant de la progression des apprentissages, de la transition entre les niveaux de formation et de l’employabilité des lauréats. De même, le défi de l’articulation, que nous soupçonnons peu explicite dans le discours officiel et insuffisamment conscientisé par les praticiens, peut être attribué à divers facteurs : l’hétérogénéité des choix éducatifs adoptés, la divergence des programmes retenus ou encore la disponibilité des ressources didactiques adaptées à chaque cycle.

Au secondaire qualifiant et en rapport avec les objectifs institutionnels, l’enseignement du français vise le développement des compétences langagières et culturelles, essentiellement à travers les œuvres littéraires, tout en mettant l’accent sur la préparation des lycéens aux épreuves régionales du baccalauréat. Toutefois, les classes surchargées, la motivation des élèves et la rigidité des programmes constituent des enjeux importants laissant peu de place à l’innovation pédagogique et didactique. Ainsi, le décloisonnement des cycles qualifiant et supérieur pourrait-il se réaliser en tenant compte de l’harmonisation des curriculums, la conception coordonnée de programmes de mise à niveau et la création de partenariats.

À l’université marocaine, le français est proposé dans divers cursus : spécialisés (cas des études littéraires et linguistiques) ou transversaux (FLE, FOS et FOU). Or, le constat fait état d’une difficulté d’articulation entre les différents parcours d’enseignement et de formation qui se manifeste par le recours à des approches hétérogènes et des référentiels de compétences peu contextualisés. Tel est le cas de la transition qui s’opère actuellement de la tradition académique associant la langue à la communication (LC) vers une nouvelle posture intégrant les Soft skills. En outre, si le plaidoyer institutionnel et académique est quasi-unanime vis-à-vis des approches pédagogiques actives, la mise en place des classes connectées et des plateformes numériques est toujours en gestation.

La formation professionnelle essentiellement assurée par l’OFPPT couvre quant à elle une variété de domaines, notamment le tourisme, les affaires et l’industrie et propose des modules transversaux portant sur les compétences comportementales et sociales, l’entrepreneuriat et les langues. Le français y joue un rôle crucial en tant que vecteur/objet (G. Legros, 2004) visant une meilleure intégration dans la vie active. En effet, depuis 2020, l’Office a intensifié l’e-learning par la mise en place d’une plateforme de langues étrangères conforme au CECRL. Devenue centrale pour l’apprentissage du français, elle offre une variété de cours spécifiés en fonction du domaine et du parcours professionnel. Cependant, les efforts déployés, afin de promouvoir la langue française et développer les compétences communicatives, seraient loin d’atteindre pleinement les finalités assignées à cause, entre autres facteurs, de l’inadéquation des méthodes et contenus de formation retenus au contexte socioculturel.

En somme, il est opportun de se poser les questions suivantes : sous quelles formes et modes se décline actuellement le français dans le paysage linguistique marocain du point de vue d’une politique éducative coordonnée ? Comment adapter les approches pédagogiques actives et les méthodes didactiques innovantes, fort plébiscitées mais parfois mal (re)contextualisées, afin d’améliorer l’enseignement/apprentissage de ladite langue aux différents cycles d’étude et de formation ? Quels en sont les présupposés théoriques et conceptuels ? Comment expliciter et optimiser les pistes d’articulation et de convergence ciblant la maitrise du français à la lumière des systèmes de passerelles entre formations et de certifications mis en place (ou envisagés) ?

Les contributions attendues en vue de cette journée d’étude devraient s’inscrire dans l’un des axes prédéfinis ci-après. Elles peuvent porter sur un niveau d’étude/ formation en particulier ou se situer à l’intersection de différents cycles (secondaire qualifiant, universitaire, formation professionnelle). Seront privilégiées les propositions de communication qui rendent compte ou éclairent l’état actuel de l’enseignement/apprentissage de la langue française au Maroc tout en investissant sous l’angle didactique et/ou pédagogique la question de l’articulation et ses diverses ramifications. Les communications peuvent être des réflexions théoriques, des études de cas ou des analyses de pratiques innovantes.

Axes proposés

• Lecture croisée des réformes éducatives et des textes officiels en rapport avec l’enseignement/apprentissage du français dans différents cycles ;
• Perspectives d’articulation du statut du français aux démarches didactiques spécifiques (DFLM, FLE, FLS, FOS, FOU, ) ;
• Enjeux et limites de l’intégration de la composante littéraire dans les curriculums du français au Maroc ;
• Formation initiale et/ou continue des enseignants et son impact sur leurs pratiques pédagogiques et didactiques en classe de français ;
• Fondements conceptuels des approches pédagogiques de la discipline Français au cycle universitaire et rôle des modèles didactiques en ingénierie de formation ;
• Opportunités de convergence des modes d’enseignement du français entre l’université et les cycles antérieurs ou entre les différents cursus de spécialisation ;
• Interrelations Langue, Communication et Soft skills en contexte universitaire et/ou professionnel ;
• Plateformes numériques d’apprentissage du français au Maroc : défis didactiques et socioculturels.

Modalités de soumission

 Vous devriez envoyer,  vos propositions de communication en français, conjointement aux adresses électroniques ci-après :

• nadiaaimade@gmail.com
• a.salmi@um5r.ac.ma 

avant le 30 novembre 2024, date de tombée (deadline)

Nous vous prions de respecter les normes suivantes :

• Nom et prénom en majuscule, statut, affiliation académique et courriel de l’auteur, le tout sous forme d’une brève notice biographique 
• Titre de la communication, mots-clés (5 maximum) et bibliographie sommaire 
• Positionnement par rapport aux axes proposés dans l’argumentaire    
• Résumé d’environ 250 mots 
• Rédaction de la proposition de communication en Word (Times New Roman, 12 p.p.)

Dates importantes

• Publication de l’appel à communication : 7 octobre 2024
• Date limite de soumission des propositions de communications : 30 novembre 2024
• Notification aux auteurs de la décision du comité scientifique : 15 janvier 2025
• Tenue de la journée d’étude : 20 février 2025
• Publication des actes de la journée d’étude prévue ultérieurement.

Information utile

• Veuillez noter que les organisateurs ne prennent pas en charge les frais de transport et de séjour.

Coordination de la journée

• Aimade Nadia (Université Mohammed V de Rabat)
• Nifaoui Asma (Université Mohammed V de Rabat) 
• Salmi Abdellah (Université Mohammed V de Rabat) 

Comité d’organisation

• Aimade Nadia (Université Mohammed Vde Rabat) 
• Moughi Nouhaila (Université Mohammed Vde Rabat) 
• Nifaoui Asma (Université Mohammed Vde Rabat) 
• Salmi Abdellah (Université Mohammed Vde Rabat) 

Comité Scientifique

• Aazim Jalila Achouaq, (ENSAM, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Afryad Fatiha, (FLSH, Université Ibnou Zohr, Agadir) 
• Azouine Abdelmajid (FLSH, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Baida Abdellah (ENS, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Belkaz Aziz, (FLSH, Université Ibnou Zohr, Agadir) 
• Benabid Assia, (FS Ben Msik, Université Hassan II, Casablanca) 
• Chemsi Ghizlane, (FS Ben Msik, Université Hassan II, Casablanca) 
• Chnan- Davin Fatima, (INSPE, Université Aix Marseille, France) 
• Cuq Jean-Pierre, (Professeur émérite), France) 
• Dlimi Samira (ENS, Université Mohammed V de Rabat) 
• El Ganbour Rachid, (FLSH, Université Mohammed I, Oujda) 
• El Oufir Saloua, (FLSH, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Haidar Mehdi, (FSE, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Hmimid Zahra, (FSE, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Ibrahimi Ahmed (ENS, Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan) 
• Mabrour Abdelouahed, (FLSH, Université Chouaib Doukkali, El Jadida) 
• Moudian Souad, (FLSH, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Nejjari Amel, (ENSA, Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan) 
• Ouardi Hicham (FLSH, Université Mohammed Vde Rabat) 
• Sadiqui Mina, (ENS, Université Moulay Ismail, Meknès) 
• Tahiri Abdellatif (FLSH, Université Mohammed Vde Rabat) 

Références bibliographiques

ABOU HAIDAR, L. (2023). « Statut du français au Maroc. Représentations et usages chez des lycéens marocains ». Cahiers du CELEC, (4).

AIMADE, N. (2021), « Les Technologies de l’Information et de la Communication en Éducation : Un tremplin vers la réussite », Sēmēion Méditerranée, [S.l.], n. 4, aug. 2020. ISSN 2657-2516. DOI : https://doi.org/10.34874/PRSM.semeion_med-i4.22358

AIMADE, N. (2022), « La pédagogie intégrative ou inclusive  : solution efficace ou chimère ? ». Revue Akofena n 005 vol 2, pp. 311-322, Editeur : L3DL-CI Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) DOI : https://doi.org/10.48734/akofena.n5v2.28.22

1. (2016). » Vers un enseignement efficace du français : le fonctionnel utilitaire ou le littéraire civilisationnel ? », Revue marocaine de l’administration de l’éducation, n° 6, publiée en collaboration avec la faculté des Sciences de l’Éducation et avec la participation du Ministère de la Culture, Rabat, p. 21-33, Dépôt légal : 01116-2008, ISSN : 2028-215X.
2. (2018), Essais de politique et d’aménagement linguistiques, Publications de l’IRCAM, Série Etudes et recherches, N 64, Rabat.

CAUSA, M. (2019), « Enseignement de et en langues : entre frontières et continuum, quelles articulations ? » VALS/ASLA - Bulletin suisse de Linguistique appliquée (ISSN : 1023-2044). Published by Neuchâtel : Institut de linguistique de l’Université. DOI : https://www.vals-asla.ch/journal/

CHAARI, A. (2024). « Politiques linguistiques au Maroc : états des faits et retombées sur le statut des langues en contact. Cas de l’arabisation ». Echos Jeunes Chercheurs, 1(1), 2-5.

LAROUI, F. (2011). Le drame linguistique marocain. Editions le Fennec.

LEGROS, G. (2004). « Le français : discipline singulière, plurielle ou transversale ? K’ènnè d’héve, Tchantchès ? ». La Lettre de l’AIRDF, 35(2), 13-2

MESSAOUDI, L. (2016). « La fracture linguistique dans l’enseignement scientifique au Maroc : quelles remédiations ? ». Langues, cultures et sociétés, 2(1), 69-85.

PIRARO, S., & LABADESSA, P. (2024), « Un espace virtuel multilingue comme outil pour une formation professionnelle en langue française : le cas du site web de l’Union Européenne », REPÈRES-DORIF, (Hors-série), 1-3.

PUREN, C. (2022), « Modélisation, types généraux et types didactiques de modèles en didactique complexe des langues-cultures ». Essai. DOI :http://www.christianpuren.com/mestravaux/2022f/

REIFI, K., & LAKRARSI, A. (2024), « Repenser la formation professionnelle au Maroc à travers l’approche par les compétences dans un cadre de partenariat public-privé », International Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics, 5(5), 351-371. 

ROYAUME du Maroc, Ministère de l’Enseignement Supérieur, (2022), « Plan National d’Accélération de la Transformation de l’Écosystème de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, Pacte ESRI 2030 ».

ROYAUME du Maroc, Ministère de l’Education Nationale (2002/2007), Orientations Pédagogiques pour l’enseignement du français dans le secondaire qualifiant.

SALMI, A. (2023), Expériences des langues des écrivains marocains et maitrise intégrée du français : étude comparative et modélisation didactique, Thèse de doctorat, Faculté des Sciences de l’Education FSE, Rabat, Maroc, (404p).

SOUCY, E. (2022). « Vers une définition de l’approche intégrée du français ». [Article prospectif]. Formation et profession, 30(3), 1-14.