HomeIdentités culturelles et identités numériques en Afrique
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Published on Wednesday, October 23, 2024

Abstract

Le présent colloque organisé dans le cadre du premier Congrès du Centre de Recherche sur les Dynamiques des Mondes contemporains, a pour ambition de questionner, dans une approche transdisciplinaire, les interconnexions à l’origine des influences mutuelles entre identités culturelles et identités numériques en Afrique dans un monde de plus en plus interconnecté. L’objectif étant de mieux situer les identités culturelles africaines face à l’influence technologique sans cesse croissante. Les effets pervers de la mondialisation du numérique sont de véritables menaces pour l’exposition, la valorisation et la transmission générationnelle du patrimoine historique traditionnel en l’Afrique. L’impérieuse nécessité d’adopter et d’adapter la technologie numérique en tenant compte de la grille de lecture locale est indispensable aux risques de l’envahissement des valeurs étrangères et la perte de l’authenticité culturelle endogène. Donc, l’identité culturelle africaine peut s’accommoder à la modernité numérique pour faciliter son inclusion dans une économie mondiale interconnectée en préservant ses valeurs et ses priorités.

Announcement

Argumentaire

En Afrique, la question de l’identité culturelle est profondément enracinée dans une histoire riche de diversité ethnique, linguistique et religieuse, où chaque communauté forge son existence à travers des pratiques culturelles héritées et perpétuées au fil des générations. Toutefois, avec l’avènement des technologies numériques, un nouveau terrain d’expression identitaire s’impose, remettant en question les modes traditionnels de transmission culturelle. L’Afrique est désormais engagée dans une ère numérique qui ouvre des perspectives sans précédent pour les interactions sociales, politiques et économiques, mais qui expose également le continent à de nouveaux défis.

Le numérique en Afrique, avec son impact croissant sur la vie quotidienne et son rôle dans la globalisation, agit comme un levier à double tranchant. D’un côté, il permet la mise en réseau, l’expression et la diffusion des cultures locales, tout en facilitant l’inclusion dans une économie mondiale interconnectée. De l’autre, il amplifie les inégalités d’accès et menace l’intégrité des patrimoines culturels face à l’invasion massive des contenus étrangers. Comme le soulignent Yanon et Barbey, l’arrivée des technologies numériques a bouleversé la dynamique entre les cultures locales et globales, créant ainsi de nouvelles tensions, mais aussi des opportunités inédites (ctd -494).

Dans ce contexte, il devient essentiel de repenser la relation entre identité culturelle et identité numérique, non seulement en tant que problématique sociétale, mais aussi en tant qu’enjeu pour la préservation des cultures africaines et l’affirmation d’une souveraineté numérique. La question qui se pose alors est la suivante : comment l’Afrique peut-elle conjuguer la modernité numérique avec la richesse de ses identités culturelles, tout en s’assurant que cette transition technologique soit inclusive et respectueuse de la diversité ?

Cet argumentaire propose d’explorer cette intersection, en mettant en lumière les interactions complexes entre identité culturelle et numérique en Afrique, les opportunités que le numérique offre pour la valorisation des cultures locales, ainsi que les défis qu’il soulève pour la sauvegarde des patrimoines immatériels dans un monde de plus en plus interconnecté.

Axe 1 : Les identités numériques en question : entre construction et fragmentation en Afrique

Les identités numériques, construites à partir de l’interaction avec les nouvelles technologies, redéfinissent les modes de représentation et de participation sociales en Afrique. Ces identités, souvent façonnées par des influences globales et locales, posent la question de l’authenticité, de la fragmentation et du contrôle des récits identitaires sur les plateformes numériques. Cet axe explore comment les individus et les communautés africaines s’approprient l’espace numérique pour se (re)définir, tout en faisant face aux risques de fragmentation et de perte de contrôle sur leurs propres représentations culturelles. Les chercheurs intéressés pourront travailler autour de questions suivantes : comment les identités numériques se construisent-elles dans le contexte africain, où coexistent des dynamiques culturelles traditionnelles et mondialisées ? Dans quelle mesure l’espace numérique favorise-t-il l’expression d’identités hybrides, et quelles sont les implications de ces identités pour les cultures locales ? Quels sont les enjeux liés à la fragmentation des identités dans un environnement numérique où la surveillance, les algorithmes et les plateformes façonnent les comportements et les représentations ? Quelles sont les limites et les opportunités offertes par les réseaux sociaux et les plateformes numériques pour promouvoir une identité numérique authentique et autonome, face à l’influence des puissances technologiques mondiales ? Il s’agira d’analyser la manière dont les Africains, notamment les jeunes, naviguent entre leur identité culturelle traditionnelle et les nouvelles possibilités d’expression numérique, en tenant compte des multiples influences globales et locales. Il pourra également s’agir d’évaluer les impacts positifs et négatifs de la numérisation sur les identités culturelles africaines, notamment la création de nouvelles formes d’appartenance communautaire en ligne, ainsi que la fragmentation identitaire engendrée par les logiques de consommation et d’algorithmes. Il est également donné la possibilité de démontrer comment les plateformes numériques peuvent être utilisées pour préserver et enrichir les identités culturelles africaines, tout en analysant les risques liés à la dépendance aux infrastructures technologiques étrangères. Cet axe permettra de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre dans la construction des identités numériques africaines. Il s’agit de fournir des clés pour interpréter les risques de fragmentation et d’aliénation, mais aussi d’identifier les stratégies pour renforcer l’autonomie et l’authenticité des représentations culturelles dans un environnement numérique mondialisé.

Axe 2 : Systèmes informatiques et stéréotypes identitaires : renforcement ou déconstructions en Afrique ?

Les systèmes informatiques, qu’il s’agisse des algorithmes des réseaux sociaux, des moteurs de recherche, ou des plateformes numériques, jouent un rôle croissant dans la diffusion et la perpétuation de stéréotypes identitaires. En Afrique, où les identités culturelles sont diversifiées et complexes, ces systèmes peuvent renforcer des stéréotypes négatifs ou simplifier des identités multiples en catégories homogènes, ce qui limite l’expression authentique des identités africaines. Cet axe explore comment les systèmes informatiques contribuent à la diffusion de stéréotypes identitaires en Afrique, tout en examinant les stratégies pour déconstruire ces clichés et promouvoir des représentations plus nuancées et inclusives. Le questionnement pourra tourner autour de la manière dont les systèmes informatiques et les algorithmes reproduisent des stéréotypes identitaires concernant les Africains sur les plateformes numériques mondiales. Les questions suivantes pourraient être explorées : quels impacts ces stéréotypes numériques ont-ils sur la perception des identités africaines, tant à l’échelle locale que globale ? Dans quelle mesure les biais algorithmiques présents dans les systèmes informatiques influencent-ils la construction d’identités stéréotypées en ligne ? Quelles sont les initiatives en Afrique qui visent à déconstruire les stéréotypes identitaires à travers l’utilisation de technologies numériques et à promouvoir des narratifs plus authentiques ? Il s’agit donc d’analyser l’impact des systèmes informatiques, en particulier les algorithmes des moteurs de recherche, des réseaux sociaux et des plateformes de contenu sur la perpétuation ou la déconstruction des stéréotypes identitaires en Afrique. Il sera également question d’examiner les effets de ces stéréotypes sur les perceptions externes et internes des identités africaines, s’agissant notamment de l’autoreprésentation et de la visibilité numérique. Les intéressés pourront au demeurant proposer des solutions pour utiliser les technologies numériques et les systèmes informatiques dans une optique de déconstruction des stéréotypes et de valorisation des identités africaines sous toutes leurs formes. Cet axe thématique vise à éclairer les dynamiques de production, de diffusion, mais aussi de déconstruction des stéréotypes identitaires à travers les systèmes informatiques en Afrique. Il cherchera à proposer des solutions pour renforcer des représentations plus justes et plus complexes des identités africaines, en combattant les biais algorithmiques et en développant des stratégies numériques inclusives et conscientes des enjeux culturels.

Axe 3 : Modèle de l’identité numérique : construction, représentation et enjeux en Afrique

Le modèle de l’identité numérique renvoie à la manière dont les individus et les communautés se construisent et se représentent à travers les technologies numériques. En Afrique, ce modèle est influencé par des dynamiques locales, culturelles et globales qui redéfinissent les notions de soi et d’appartenance. Cet axe explore les différentes approches théoriques et pratiques du modèle de l’identité numérique en Afrique, en tenant compte des spécificités culturelles, des usages des technologies, et des enjeux sociopolitiques liés à la gestion de cette identité dans un contexte numérique mondialisé. L’on peut partir des questions suivantes : quelles sont les composantes du modèle de l’identité numérique dans le contexte africain, et comment diffère-t-il des autres régions du monde ? Comment les identités numériques se construisent-elles à l’intersection de l’individualité et de la communauté, notamment dans les contextes culturels africains où les identités collectives sont fortes ? Quels sont les impacts des technologies et des plateformes numériques (réseaux sociaux, blogs, forums) sur la formation et l’évolution des identités numériques ? Quelles sont les implications éthiques et sociales de la gestion de l’identité numérique en Afrique, notamment en termes de sécurité, de vie privée et de souveraineté numérique ? Il sera question dans cet axe de définir les caractéristiques d’un modèle d’identité numérique dans les contextes africains, en prenant en compte les particularités culturelles, sociales et économiques. Les intéressés pourront également analyser la manière dont les technologies numériques et les réseaux sociaux influencent les (auto)représentations des Africains en ligne. Il s’agira enfin d’explorer les enjeux liés à la sécurité, à la protection des données et à la souveraineté numérique dans la gestion de l’identité numérique, tout en tenant compte des inégalités d’accès aux TIC. Cet axe vise à proposer un cadre théorique pour comprendre le modèle de l’identité numérique dans le contexte africain, en soulignant les spécificités culturelles, sociales et technologiques. Il explore aussi les enjeux de sécurité, de souveraineté et de gestion de l’identité numérique dans un environnement globalisé. L’objectif est de proposer des pistes pour que les Africains puissent construire des identités numériques autonomes, sûres, et représentatives de leur diversité culturelle, tout en naviguant dans les dynamiques mondiales des plateformes numériques.

Axe 4 : Les réseaux sociaux comme technologie culturelle : enjeux, dynamiques et transformations en Afrique

 Les réseaux sociaux, en tant que technologie culturelle, jouent un rôle central dans la transformation des pratiques culturelles, des identités et des modes de communication en Afrique. Ils ne sont plus seulement des outils technologiques, mais des espaces où les cultures se (re)construisent, se diffusent et se transforment. Ce thème explore comment les réseaux sociaux participent à la (re)définition des cultures locales et globales en Afrique, tout en interrogeant leur rôle dans la préservation, la promotion et la marchandisation des identités culturelles. Le questionnement tournera autour de : comment les réseaux sociaux, tels que Facebook, Instagram, TikTok et X (ex-Twitter) agissent comme des technologies culturelles en Afrique ? Dans quelle mesure ces plateformes permettent-elles de préserver et de diffuser les cultures locales africaines tout en facilitant l’expression des identités hybrides ? Quelles dynamiques sociales et culturelles émergent des pratiques d’utilisation des réseaux sociaux en Afrique, et comment ces dynamiques transforment-elles les rapports aux identités, à la tradition et à la modernité ? Quels sont les impacts des réseaux sociaux sur la marchandisation des cultures africaines et la création de nouvelles formes d’expression culturelle ? Cet axe se propose d’analyser le rôle des réseaux sociaux en tant que vecteurs de diffusion et de transformation des cultures en Afrique, en tenant compte des spécificités locales. Il pourra également se permettre d’explorer comment les réseaux sociaux permettent aux Africains de s’approprier, de modifier ou de réinventer leurs identités culturelles à l’ère numérique. L’on pourra envisager d’examiner les dynamiques de création, de marchandisation et de consommation des cultures africaines sur les réseaux sociaux. Enfin, une possibilité est donnée d’étudier les impacts des réseaux sociaux sur la préservation et la transformation des traditions culturelles africaines, en particulier chez les jeunes générations. Cet axe vise aussi à mettre en lumière l’importance des réseaux sociaux, qui sont devenus des technologies culturelles en Afrique, capables de transformer à la fois les pratiques culturelles traditionnelles et contemporaines. Il explorera les façons dont les Africains utilisent ces plateformes pour renforcer leur culture, tout en interrogeant les risques de marchandisation et de standardisation. En fin de compte, cet axe permettra d’analyser l’impact des réseaux sociaux sur la manière dont les Africains naviguent entre tradition, modernité et identité numérique dans un contexte mondialisé.

Axe 5 : Identité numérique et domination culturelle : enjeux de pouvoir et résistances en Afrique

À l’ère du numérique, les plateformes technologiques et les réseaux sociaux deviennent des espaces où se jouent des rapports de pouvoir entre les cultures. En Afrique, la construction de l’identité numérique est souvent influencée, voire dominée par des acteurs extérieurs (plateformes, médias, entreprises technologiques) qui imposent des normes, des valeurs et des récits culturels mondiaux. Cet axe thématique examine comment la domination culturelle se manifeste dans l’espace numérique et analyse les moyens par lesquels les Africains peuvent résister à cette influence tout en réaffirmant leurs identités culturelles propres. Les contributeurs intéressés par cet axe pourront mener leur réflexion autour des questions suivantes : comment la domination des plateformes numériques mondiales (Facebook, Google, TikTok, etc.) influence-t-elle la construction de l’identité numérique des Africains ? Quels sont les mécanismes à travers lesquels les systèmes informatiques et les algorithmes renforcent la domination culturelle dans le contexte africain ? Dans quelle mesure les identités numériques des Africains sont-elles façonnées par des représentations culturelles extérieures, et comment cela affecte-t-il la perception de soi et des autres ? Quelles stratégies de résistance les Africains peuvent-ils adopter pour protéger et promouvoir leurs cultures dans un environnement numérique dominé par des acteurs extérieurs ? Cet axe se fixe pour objectifs d’analyser les dynamiques de domination culturelle exercée par les grandes plateformes numériques et leurs impacts sur la formation des identités numériques africaines. Il pourra également étudier les mécanismes algorithmiques et les logiques économiques qui renforcent les inégalités culturelles dans l’espace numérique. Il se propose par ailleurs d’explorer les formes de résistance numérique qui permettent aux Africains de contester cette domination et de réaffirmer leurs identités culturelles dans des espaces numériques dominés. Enfin, il donne la possibilité de proposer des pistes pour que les identités numériques africaines soient construites de manière autonome, tout en étant protégées des influences culturelles hégémoniques. Cet axe vise à approfondir la compréhension des rapports de domination culturelle dans l’espace numérique, en particulier à travers les algorithmes et les plateformes dominantes, et à identifier les stratégies permettant aux Africains de résister à ces dynamiques. Il cherchera également à proposer des solutions pour que les Africains puissent construire et promouvoir des identités numériques autonomes et représentatives de leur diversité culturelle, tout en limitant l’impact des influences hégémoniques extérieures.

Modalités de soumission 

Les propositions de communication devront être envoyées simultanées aux adresses appobaidou@yahoo.com ; romeotchanga@gmail.com ; contact@cerdym.org

avant le le 20 décembre 2024

Elles devront être présentées sous forme d’un argumentaire d’une page environ, accompagné des sources mobilisées et d’une courte bibliographie, ainsi que d’un bref CV scientifique d’une page maximum.

Calendrier

  • 20 décembre 2024 : date limite de réception des propositions de communication
  • 27 décembre 2024 : publication du choix des intervenants retenus
  • 10 janvier 2025 : publication du programme du colloque
  • 17-18 février 2025 : tenue du colloque à l’hôtel GENEVA-Douala

Comité d’organisation

Président :

  • Ernest Messina Mvogo, Coordonnateur du CERDYM, Université de Douala

Vice- Présidents :

  • Zakaria Beine, Coordonnateur du PRESHS, Université du Ndjamena
  • Brenda Diangha, CERDYM / Université de Douala

Membres :

  • Jeannette Wogaing
  • Souleymanou Amadou
  • Nkouandou Marcel
  • Arlette Etoa Ndende
  • Tchanga Athanase Roméo
  • Melingui Ayissi Aimé
  • Tchoudja Prince Nico
  • Appolinaire Baidou
  • Tchudjing Casimir
  • Léa Kemegne Simo
  • Djob-Likana Edouard
  • Gasissou Armelien
  • Gertrude Palaï-Baipame
  • Jacques Temajo
  • Bela Mengada Léopold
  • Sandjon Frank D’alip
  • Philippe Etanga Awono
  • Hilary Elise Zeh
  • Ngami Tchato Leila
  • Mvondo Nga Mida Alain

Comité scientifique 

  • Boulou Ebanda de B’beri, Université d’Ottawa
  • Papa Demba Fall, Université Cheick Anta Diop
  • Robert Kpwang Kpwang, Université de Douala
  • Meredith Terretta, Université d’Ottawa
  • Emmanuel Tchumtchoua, Université de Douala
  • Eugène Eloundou, Université de Yaoundé I
  • Michael Okyerefo, Université du Ghana
  • Ernest Messina Mvogo, Université de Douala
  • Nadeige Ngo Nlend, Université de Douala
  • Zakaria Beine, Université de Ndjamena
  • Brenda Diangha, Université de Douala
  • Japhet Anafak Lemofak
  • Atangana Kouna, Université de Yaoundé I
  • Christian Bios, Université de Yaoundé I
  • Nadeige Ngo Nlend, Université de Douala
  • Ngam Confidence, Université de Bamenda
  • Ndoutorlengar Médard, Université de Ndjamena
  • Adjé Séverin Angoua, Université Houphouët-Boigny d’Abidjan
  • Jeannette Wogaing, Université de Douala

Places

  • Hôtel GENEVA-Douala
    Douala, Cameroon

Date(s)

  • Friday, December 20, 2024

Keywords

  • identité numérique, culture

Contact(s)

  • ROMEO TCHANGA
    courriel : romeotchanga [at] gmail [dot] com
  • Appolinaire Baidou
    courriel : appobaidou [at] yahoo [dot] fr

Information source

  • Ernest Messina Mvogo
    courriel : mmest2006 [at] yahoo [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Identités culturelles et identités numériques en Afrique », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, October 23, 2024, https://doi.org/10.58079/12jxt

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