HomeExpériences de la violence et conflits contemporains
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Published on Monday, November 04, 2024

Abstract

Le séminaire « Expériences de la violence et conflits contemporains », organisé par des doctorants en histoire du laboratoire MESOPOLHIS (UMR 7064), propose des rencontres mensuelles pour les chercheurs, post-doctorants, doctorants et étudiants en sciences humaines et sociales. Il s’intéresse aux formes multiples de la violence en contexte de guerre, en particulier aux XIXe et XXe siècles. En tant qu'objet d'étude, la violence est analysée sous l’angle de ses manifestations physiques, psychologiques et sociales, ainsi que de ses effets sur les humains et les environnements. Le séminaire vise à confronter des approches méthodologiques et interdisciplinaires pour enrichir les réflexions sur ce sujet complexe.

Announcement

Argumentaire

Objet de questionnement profondément pluridisciplinaire, la violence connaît des formes multiples à travers les espaces et les époques et elle est surtout présente à diverses échelles des relations humaines. Une des expressions de la violence pouvant être particulièrement extra-ordinaire surgit dans les contextes de guerre. Comprise comme un fait social total, la guerre connaît des évolutions significatives lors de la période contemporaine traversée par le développement des États nations et des empires coloniaux. L’importance de sa dimension industrielle, les effectifs grandissants qu’elle mobilise – et qu’elle touche – ou encore les évolutions technologiques des armements employés, sont autant d’aspects qui caractérisent le fait guerrier contemporain. La violence de guerre se déploie cependant à travers diverses formes de conflits qu’ils soient symétriques, asymétriques, hybrides, etc. Une pluralité de formes qui tend vers une progressive réduction, voire une disparition de seuil entre les mondes combattants et non combattants qui implique de questionner les interprétations des violences et leurs conséquences en dehors de la temporalité guerrière.

Ces expériences de la guerre contribuent à façonner notre rapport avec l’objet « violence(s) de guerre ». Un objet « proprement indéfinissable » pour l’historien Jean-Clément Martin, et profondément pluriel comme le souligne l’anthropologue Stéphane Audouin-Rouzeau. La violence est cependant intrinsèquement un objet mouvant à travers les périodes et les contextes puisque comme le souligne – entre autres – Jacques Semelin « la perception et la définition de ce terme sont étroitement liées à notre sensibilité contemporaine ». Considérer les violences de guerre c’est-à-dire les « violences de la guerre et dans la guerre » implique de s’intéresser à « la violence vécue » pour tenter d’en comprendre les évolutions. En effet, les bouleversements humains (physiques et psychiques), sociaux, environnementaux liés aux conflits contemporains participent à façonner, les corps, les esprits et la mémoire de ces évènements traumatiques.

Ainsi, les études des expériences de la violence de guerre dans la période contemporaine peuvent être rattachées à différentes séries de questions. La première est celle des acteur.ices, ici pris au sens le plus large : bourreaux, victimes, témoins, tous.tes sont affecté·es par la violence qu’ils et elles ont infligés, subis, observés. La violence peut ici servir d’angle pour aborder la complexité des manières dont elles touchent inégalement plusieurs populations ou bien se superposent à d’autres formes de violences, raciales, sexistes, sociales, qui s’en retrouvent elles aussi profondément modifiées par le contexte de conflit ou la mémoire du conflit. Si les moyens de la guerre et donc de la violence infligée tant aux combattants qu’aux non-combattants évoluent, cela a-t-il des conséquences sur la manière dont ces actes paroxystiques sont vécus, dans toute la gamme des positionnements que l’on peut avoir par rapport à ceux-ci ? Sans remettre en question la particularité de chacun de ces groupes, cette approche affine la compréhension de la particularité de l’expérience violente en contexte guerrier.

Par ailleurs, alors que la science progresse, les armes et les manières dont les actes de violence peuvent être infligés s’enrichissent d’une gamme macabre de plus en plus terrifiante pour le contemporain. S’interroger sur les expériences de la violence, c’est donc aussi s’interroger sur les seuils de la violence, leurs représentations, sur la manière dont elles sont anticipées, ou à l’inverse sur comment elles sont transmises, ou non.

Enfin, le concept de violence telle que pensé par Françoise Héritier (2005) ne se limite pas aux humains, mais s’étend à tout être animé. Cela amène donc à s’interroger sur les vécus non-humains, à la fois ceux des animaux, eux-mêmes acteurs ou victimes des actes violents en période de guerre, mais aussi de manière plus générale, des environnements, que les capacités offertes par la guerre industrielle marquent d’autant plus durement. Par ailleurs, à travers les interactions entre les hommes et leurs milieux, entre les expériences humaines et non humaines, cette perspective permet d’éclairer également sous un angle nouveau l’expérience humaine de la violence.

Organisation

À travers ces rencontres régulières nous souhaitons constituer un espace d’échange pour donner l’opportunité aux post-doctorant.es et doctorant.es de présenter leurs recherches en cours tout en bénéficiant de retour des chercheur.euses et enseignant.es chercheur.euses travaillant sur ces questions.

Ce séminaire interdisciplinaire permettra de partager nos outils, ainsi que de problématiser nos approches et nos concepts respectifs dans une perspective à la fois épistémologique et méthodologique. Il sera également un lieu de réflexion pour mieux comprendre les processus qui contribuent à structurer de manière cloisonnée les champs de production de la connaissance sur les expériences multiples de la violence.

Il se déroulera en 4 séances de 2 heures, prévues entre janvier et juin 2025, au cours desquelles seront organisées des interventions individuelles de 20 à 25 minutes, suivies d’un temps de discussion où pourront s’effectuer des retours des autres intervenant.es et de l’audience.

Le format sera hybride : en présentiel dans les locaux du Mesopolhis à Aix en Provence et sur Zoom.

Modalités de soumission

Profils des contributeur·rices : Doctorant.es, post-doctorant.es et jeunes chercheur·euses

Les propositions, de 500 mots environ, accompagnées d’une brève notice biographique, sont à envoyer à l’adresse du séminaire : semdoc.mesopolhis@gmail.com

avant le 24 novembre 2024

Les auteur·ices seront informé·es du choix du comité d’organisation après le 1er décembre.

Calendrier

  • Lancement de l’appel à communication : 8 octobre 2024
  • Fermeture de l’appel à communication : 24 novembre 2024
  • Réponse des organisateurs : 6 décembre 2024
  • Tenue du séminaire : de janvier à juin 2025 (une fois par mois)

Bibliographie indicative et non exhaustive 

AUDOUIN-ROUZZAU Stéphane, Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (XIXe-XXIe siècle), Paris, Seuil, 2008.

BRUYERE-OSTELLS Walter, « Bilan historiographique et limites de l’approche purement historienne de la violence de guerre au XIXe siècle », Corps, n° 15, 2017, p. 249-259.

CABANES Bruno, Une histoire de la guerre du XIXe siècle à nos jours, Paris, Seuil, 2018. HÉRITIER-AUGÉ Françoise (dir.), De la violence I, Paris, Odile Jacob, 2005.

MCSORLEY Kevin, War and the Body. Militarisation, Practice and Experience, London, Routledge, 2013.

SCARRY Elaine, The Body in Pain : The Making and Unmaking of the World, Oxford, Oxford University Press, 1985.

SWAAN Abram de, « Chapter 4. The Transformations of Violence in Human History », in The Killing Compartments. The Mentality of Mass Murder, New Haven and London, Yale University Press, 2015.

Comité d’organisation du séminaire

Dans le prolongement des études conduites dans le cadre du groupe de recherche international « War Losses and Casualties » et de l’équipe de l’Axe 5 « Violences, crises et conflictualités contemporaines » du Mesopolhis, cette rencontre mensuelle s’inscrit dans une volonté de croiser les différentes approches de jeunes chercheur.euses ayant à traiter des phénomènes de violence(s), pour mieux approcher les vécus multiples provoqués par la confrontation aux phénomènes guerriers.

  • Théo Borel, ATER en histoire contemporaine, doctorant en histoire
  • Pauline Cherbonnier, doctorante en histoire
  • Victor Natalizio, doctorant en histoire
  • Thomas Ramonda, docteur en histoire

Places

  • 31 avenue Jean Delmas
    Aix-en-Provence, France (13)

Event attendance modalities

Hybrid event (on site and online)


Date(s)

  • Sunday, November 24, 2024

Keywords

  • violence, guerre, méthodologie, interdisciplinarité

Contact(s)

  • semdoc.mesopolhis@gmail.com
    courriel :

Information source

  • Thomas Ramonda
    courriel : thomas [dot] ramonda [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Expériences de la violence et conflits contemporains », Call for papers, Calenda, Published on Monday, November 04, 2024, https://doi.org/10.58079/12lza

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