Les liens complexes qui unissent l'homme à la forêt ont laissé des traces dans la mémoire commune. Le thème est devenu un standard dans la recherche depuis que se développe une histoire de l'environnement, une histoire culturelle et une histoire sensible. Le sujet de l’arbre et la forêt est une question écologique coupée des grands enjeux sociaux et culturels. Ce thème intéresse toutes les périodes de l'histoire : là où une forêt primitive avait déjà colonisé la terre, les premières familles d'hommes durent abattre les chênes pour planter une autre variété d'arbre : l'arbre généalogique. Bien des travaux de micro ou de macro-histoire portent sur la forêt dans ses rapports avec l’homme. Ce thème nécessite la rencontre d'autres sciences : humaines (géographie, littérature, sociologie, anthropologie, voire démographie) ou plus « dures » (archéologie, biologie, climatologie, dendrochronologie), voire des arts comme la médecine.

Argumentaire

"Toute idée humaine ou divine qui prend le passé pour racine a pour feuillage l'avenir" (Victor Hugo).

Les liens complexes qui unissent l'homme à la forêt ont laissé des traces dans la mémoire commune. Forêt nourricière indispensable à la vie par les ressources qu'elle offre à l'homme, arbre matériau essentiel à toute construction, bois source d'énergie qui chauffe le four du verrier et l'âtre familial, autant d'aspects analysés par des spécialistes d'histoire forestière à l'attention du plus grand nombre. Devenue au fil du temps un espace de loisirs et d'évasion, mais également restée l’espace du loup et du sauvage dans l’imaginaire collectif et dans la littérature populaire, la forêt n'échappe pas aux paradoxes. Symbole dans notre société d'une liberté par ailleurs perdue, elle n'en est pas moins un espace très protégé, surveillé, modelé par l'action des forestiers, où l'abattage concerté et la plantation de nouveaux arbres contribuent à dissiper le mythe d'une forêt intangible, née du seul caprice de la Nature.

Les quatre Festivals d'Histoire de La Diana successifs ont, depuis 2016, peu ou prou, touché à l'arbre : "Boire et manger. Une histoire culturelle" a témoigné d'une appétence pour les produits de la terre et du sous-bois. "L'eau, source de vie" a jailli dans bien des forêts. "Limites et frontières" se situent souvent à l'orée du bois. Beaucoup de "paysans" sont partis à la recherche de leurs "animaux", brebis, cochon ou vache, égarés dans les bois. Ainsi l'histoire à La Diana se fait volontiers buissonnière.

Le thème est devenu un standard dans la recherche depuis que se développe une histoire de l'environnement, une histoire culturelle et une histoire sensible. Le sujet de l’arbre et la forêt est une question écologique coupée des grands enjeux sociaux et culturels.

Ce thème intéresse toutes les périodes de l'histoire : là où une forêt primitive avait déjà colonisé la terre, les premières familles d'hommes durent abattre les chênes pour planter une autre variété d'arbre : l'arbre généalogique. Bien des travaux de micro- ou de macro-histoire portent sur la forêt dans ses rapports avec l’homme.

Ce thème nécessite la rencontre d'autres sciences : humaines (géographie, littérature, sociologie, anthropologie, voire démographie) ou plus « dures » (archéologie, biologie, climatologie, dendrochronologie), voire des arts comme la médecine.

Ce sujet intéresse bien des centres de recherche en France et à l'étranger (du Canada à la Côte d'Ivoire).  C'est en Belgique et en France qu'est née, il y a cent ans, l'histoire forestière : cf la publication de La grande somme d'Histoire de la Forêt en Belgique. 1922, ainsi qu'un cours polycopié donné dans les années 1920 aux futurs responsables de l'administration et de la gestion des forêts françaises, publié sous le titre Histoire des forêts françaises. De la Gaule chevelue à nos jours, par JM. Ballu, G. Huffel, GA Morin, éditions IDF-CNPF, 2019. L'Ecole américaine a pris le relais dans les années 1970, en étendant le sujet : Wilderness and the American Mind de Roderik Nash (Yale, 1967) passe pour le premier ouvrage en histoire de l'environnement. En France, s’est constitué depuis une douzaine d’années un réseau universitaire de chercheurs en histoire environnementale (RUCHE), regroupant des chercheurs provenant de nombreuses disciplines de sciences sociales, mais il existe depuis plus de 40 ans un Groupement d’Histoire des Forêts Françaises (GHFF), actuellement présidé par les géographes universitaires Marc Galochet et Jérôme Buridant.

Le Festival d'Histoire, outre le colloque, véritable tronc de l'ensemble, comprendra aussi, au cours du mois de novembre 2025, un salon du livre d'histoire, des projections cinématographiques, des expositions  à La Diana, dans les médiathèques du Forez, au Musée d'Allart de Montbrison, des rencontres avec les collégiens et les lycéens, des conférences en Université Pour Tous, des parcours botaniques en Forêt.

Nous privilégierons quatre axes particuliers :

• plantation ou déboisement, la valse-hésitation historique des espaces boisés

les recensements forestiers sont de tradition. Ils disent les victoires et les défaites de l'homme sur la nature et de fait, scande sa démarche conquérante sur la planète.  Ils disent aussi les changements climatiques, les mouvements démographiques. C'est le moment de faire une étude historique des essences d'arbres implantés ou débités : chênes, pins, et autres conifères et feuillus.

• Le peuple des bois

bûcherons, charbonniers, scieurs de long, braconniers … La forêt est parcourue depuis longtemps par des chasseurs, des cueilleurs (y compris sorcières), des pêcheurs, des "coureurs des bois" (trappeurs). N'oublions pas les bandits de grand chemin, les résistants au grand coeur (Robin Wood), les réfugiés, les ermites. Ce sera peut-être l'occasion de parler des repas de famine (ou de gastronomie) : pain d'écorce, pâté de gland, fruits sauvages, champignons.

• l'arbre dans la ville

L'Occident a défriché son espace au coeur des forêts et fondé contre elles ses institutions dominantes : la religion, le droit, la famille, la cité. Lieu de civilisation, la ville semble souvent hostile à la forêt, lieu de la sauvagerie. Pourtant, à maintes époques, mais surtout depuis le XIXe siècle, l'homme a domestiqué l'arbre, constituant des vergers, des parcs et jardins d'arbres d'ornement, des rues bordées d'arbres. En ce XXIe siècle, il revendique même parfois la re-création de « forêts urbaines ». N'oublions pas les arbres-symboles : arbres funéraires, arbre de mai, arbres de la liberté, arbres de la mutualité ... ainsi que les arbres de la punition (potences ou bûchers).

• les représentations littéraires et artistiques de la forêt

Le bois aiguise les sens et les sentiments : peur, passion, fascination. Les forêts, monde écarté, opaque, dépayse, enchante, terrifient l'imaginaire occidental. Les forêts occidentales, pas seulement Brocéliande, abondent de fées, d'enchanteurs, de nymphes et autre sylfides. Les animaux sauvages paraissent eux-mêmes magiciens (le cerf de saint Hubert,...). Le romantisme forestier anime les plus grands penseurs/poètesdu XIXe siècle  (Chateaubriand, Victor Hugo, George Sand). On lui trouve bien des précurseurs (Horace, Virgile, Ronsard, La Fontaine) ou des successeurs (Peguy, Proust, Yves Bonnefoy). La peinture, le cinéma, tous les arts tournent autour de l'arbre.  La politique se paye de mots : racines, écorces, déracinement,...

"Des chênes dépouillés de leurs cimes touffues
Les squelettes dressaient leurs longues branches nues ;
Les feuilles que roulaient les secousses du vent
Ondoyaient sous nos pas comme un marais mouvant,
Et les bois morts tombés bruissaient sur la terre
Comme les ossements qu'un fossoyeur déterre". (Lamartine, Jocelyn).

Conditions de soumission

envoyer à Muriel Pichon, secretariat@ladiana.com

avant le 31 janvier 2025

• le nom, les titres et publications de l'auteur, ses coordonnées courriels, téléphoniques et postales
• le titre de la proposition de communication
• un argumentaire problématisé de 1000 signes.
• La bibliographie et les sources étudiées

Les propositions seront examinées par le conseil scientifique et validées avant le 31 mars 2025.

Les renseignements pratiques vous seront communiqués lors des réponses.

L'organisation prend à son compte l'hébergement, une nuitée, mais pas les déplacements.

Comité scientifique

• Eric Baratay (histoire des animaux, professeur d'histoire contemporaine à l’université Lyon III/IUF),
• Corinne Beck (professeure d'archéologie et histoire médiévale émérite à l'université de Valenciennes)
• Andrée Corvol/Dessert (directrice de recherche émérite au CNRS, fondatrice et longtemps présidente du Groupe d'Histoire des Forêts Françaises)
• Stéphane Frioux (historien de l’environnement, maître de conférences HDR à l’université Lyon II,),
• Catherine Lenne (enseignante-chercheuse en biologie de l'arbre, Université Clermont-Auvergne)
• Fabien Locher (chargé de recherches au CNRS/EHESS, Paris)
• Didier Nourrisson (Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Lyon 1, Larhra et La Diana)
• Pierre Peyvel (vice-président de La Diana)
• Stéphanie Thiebault (spécialiste de l'histoire de la forêt et de l'évolution des environnements de la Préhistoire à nos jours, directrice de recherche au CNRS).

Éléments d’une bibliographie historique

Amat (Jean-Paul), Les forêts de la Grande Guerre : histoire, mémoire, patrimoine, Paris, PUPS, 2015.

Beck (Corinne), Les eaux et forêts en Bourgogne ducale vers 1350-vers 1480, Paris, L'Harmattan, 2008.

Bépois S., Richard H. (dir.), La forêt au Moyen Age, Les belles Lettres, 2019.

Chalvet (Martine), Une histoire de la forêt, Paris, Seuil, 2011.

Corbin (Alain), La douceur de l’ombre. L'arbre, source d'émotions, de L'Antiquité à nos jours, Paris, Fayard, 2013, Prix du livre de l'environnement. Véolia).

Corvol (Andrée), L'homme aux bois. Histoire des relations de l'homme et de la forêt. XVIIe-XXe siècle, Paris, Fayard, 1987.

Corvol (Andrée), L'arbre en Occident, Paris, Fayard, 2009.

Corvol (Andrée), Histoire de la chasse. L'homme et la bête, Perrin, 2010.

Corvol (Andrée), L'arbre dans la cité. Histoire d'une conquête XVIIe-XXIe siècle, éditions Le Pommier, 2023.

Delcourte-Debarre (Marie), Espaces forestiers et société en Avenois, XIVe-debut XVIIIe siècle, Valenciennes, 2016.

Duceppe-Lamare (François), Chasse et pâturage dans les forêts du Nord de la France. Pour une archéologie du paysage sylvestre, XIe-XVIe siècles, Paris, Seuil, 2020.

Fressoz (Jean-Baptiste), Locher (Fabien), Les révoltes du ciel. Une histoire du changement climatique, Xve-XXe siècle, Seuil, 2020.

Guizard (Fabrice)., Les forêts au Moyen-Age, éditions Gisserot, 2024.

Harrison (R. P.), Forêts. Histoire de l'imaginaire occidental, Paris, Flammarion, 1994, rééd. 2015.

Harrison (R. P.), Jardins. Réflexion sur la condition humaine, Le Pommier éditeur, 2007.

Le Bouler (Hervé), Forêts. Des racines et des hommes, éditions Delachaux et Niestlé, 2022.

Lenné (Catherine), Dans la peau d'un arbre, Belin, 2014 ; réédition Points, 2023.

Mathis (Charles-François) et Pépy (Emilie-Anne), La ville végétale. Une histoire de la nature en milieu urbain (France, XVII^e-XXI^e siècle), Champ Vallon, 2017.

Reddé Michel (dir.), Gallia rustica. Les campagnes du Nord-Est de la Gaule, de la fin de l'Age de fer à l'Antiquité tardive, 2 vol., Bordeaux, Ausonius, 2017-2018.