Ce colloque interdisciplinaire aborde la question de la désinformation par l’image. Il vise à analyser le rôle croissant des images, notamment sur les réseaux sociaux, et leur impact dans les processus d’information et de désinformation. Les chercheurs, journalistes et professionnels de l’éducation se réuniront pour explorer les pratiques éducatives autour de l’image et l’éducation aux médias (EMI). Trois axes sont mis en avant : l’éducation à l’image, l’adaptation des pratiques journalistiques face aux images de désinformation, et l’analyse critique des images de désinformation. L’objectif est de promouvoir une réflexion sur les dispositifs éducatifs et professionnels pour contrer la désinformation et favoriser un esprit critique face aux images.

Colloque international 
Appel à communications du programme de recherche européen DE FACTO (Programme de recherche de lutte contre la désinformation) 
Institut Français de Presse, Université Paris-Panthéon-Assas, 5-6 juin 2025

Argumentaire

Face à la place croissante des réseaux sociaux numériques, les études récentes sur la désinformation en contexte de guerre, de période électorale ou de crise climatique, montrent qu’elle passe de plus en plus par les images sous toutes leurs formes sémiotiques (montages, images fixes ou animées, images générées par l’IA, deepfakes, etc.). La production de l’information par les médias traditionnels se tourne plus souvent vers des formats autour de l’image (photoreportages, posts sur les réseaux sociaux, etc.) et de la vidéo (reportages vidéo, interviews, stories, etc.). Les images constituent souvent l’un des premiers contacts des jeunes avec les médias. Ces tendances sont liées à plusieurs facteurs : rôle croissant des plateformes et de leurs algorithmes dans la diffusion et la hiérarchisation de l’information ; reconfigurations des pratiques informationnelles face au numérique ; accès facilité aux outils techniques ; démocratisation de l’accès à l’IA générative ; désintermédiation ; transformations de l’économie des médias. Malgré l’intensification de ces phénomènes, les recherches sur le rôle des images dans la désinformation et l’éducation aux médias et à l’information (EMI) restent insuffisamment développées. Le dernier compte-rendu des États généraux de l’information aborde peu cette question sur comment « former, informer et désinformer par l’image ».

Ce colloque interdisciplinaire vise à rassembler les recherches sur les liens entre images, éducation aux médias, fact-checking et désinformation. Il cherche à fédérer des approches complémentaires issues des sciences de l’information et de la communication, des sciences sociales et humaines, ainsi que des sciences juridiques et économiques, des sciences cognitives et de l’éducation pour étudier les méthodes, les acteurs, les modalités de circulation des images et les impacts de la désinformation. Inscrit dans le cadre du programme européen DE FACTO, l’événement réunit chercheurs, journalistes et professionnels de l’éducation pour mettre en dialogue des pratiques situées de lutte contre la désinformation. L’enjeu est ainsi de questionner le rôle ambivalent des images qui peuvent à la fois servir à former, informer et désinformer. Le colloque a ainsi l’ambition de questionner les convergences entre pratiques professionnelles, recherche et pratiques éducatives autour de l’EMI, à l’échelle nationale et internationale, et d’impulser des échanges autour de préoccupations communes.

Sont attendues des communications qui analysent des expériences concrètes où l’image est au cœur de dispositifs d’éducation aux médias et à l’information, de pratiques de fact-checking et de procédés de désinformation. Les chercheurs invités amorceront une réflexion sur la fabrication et la circulation de l’information pour éclairer les processus menant à l’information et à la désinformation par l’image, à la médiatisation des événements et des causes, à l’usage stratégique des médias dans la perspective d’une mise en visibilité de certains acteurs et de buts particuliers (complotisme, fakes news, post-vérité, propagande, etc.). Nous serons également sensibles aux propositions réflexives qui offrent des perspectives décentrées sur la manière dont les problématiques de la désinformation sont abordées dans le journalisme, l’éducation aux médias et la recherche. Par exemple, celles qui voient les fake news comme un problème public à part entière ou qui remettent en cause les paniques morales qui l’entourent, qui explorent diverses conceptions de « l’esprit critique », qui questionnent la pluralité des régimes de vérité ou encore qui déconstruisent certains mythes bien ancrés autour du numérique et de ses promesses. De même, il s’agit de prêter attention à la manière dont l’image cristallise divers fantasmes, qu’il s’agisse de son prétendu pouvoir à dire le vrai ou au contraire de la méfiance qu’elle suscite, en raison de sa supposée capacité à nous rendre crédules. Face aux phénomènes de manipulation de l’information par l’image et aux inégalités des publics dans la capacité à y faire face, comment les politiques éducatives (publiques, privées, associatives, etc.) ont un rôle essentiel à jouer pour former les futurs citoyens. Les enseignants en témoigneront et les chercheurs et professionnels des médias discuteront des enjeux cognitifs et sociaux liés à ces questions.

Plusieurs axes guideront ce colloque :

1.     Former et s’informer par l’image

Sans forcément se limiter aux « jeunes publics », puisque l’EMI peut éclairer les citoyens tout au long de la vie, les contributions pourront aborder les façons dont les publics des médias et des réseaux sociaux numériques s’informent – ou sont exposés à la désinformation – par l’image. En miroir, seront examinées comment les images s’intègrent dans les dispositifs pédagogiques d’éducation aux médias et à l’information.

2.     Les journalistes face à la désinformation par l’image

Cet axe s’intéresse à la manière dont les journalistes adaptent leurs méthodes, leurs formats médiatiques (comme le décryptage et le décodage) et leur posture professionnelle face à la circulation d’images de désinformation sur les réseaux sociaux numériques. Existe-t-il des logiques de régulation, un fact-checking spécifique aux images qui nécessiterait une formation, des outils spécialisés et une organisation de travail adaptée ? Faut-il un fact-checking par l’image ?

3.     Analyser et déconstruire les images de la désinformation

Des communications analysant les images de la désinformation contemporaine sur le numérique sont les bienvenues, en mettant l’accent sur les procédés (sémiotiques, textuels, etc.) utilisés dans la création et la diffusion des contenus visuels, ainsi que sur les statuts de l’image et ses rapports à la vérité. Sont aussi bienvenues les approches qui considèrent la spécificité des dispositifs techno-sémiotiques et/ou socio-économiques dans lesquels ces images sont produites et circulent, ainsi qu’aux dynamiques des communautés numériques qui les façonnent et les propagent.

Modalités de contribution

Les propositions attendues sont d’une longueur de 3 000 signes maximum (hors 
bibliographie). Merci de joindre à votre proposition une brève notice biographique précisant 
votre affiliation.

Les propositions de communication sont à adresser aux contacts suivants :

• laura.verquere@u-paris2,
• arnaud.mercier@u-paris2.fr
• pauline.escande-gauquie@sorbonne-universite.fr

avant le 15 janvier 2025. 

Retours aux auteurs du comité scientifique : 17 février 2025. 

Comité de sélection des contributions scientifiques 

• Tatiana Ávila Gomes : Université Paris-Panthéon Assas
• Dusan Bozalka : Université Paris-Panthéon Assas
• Pauline Escande-Gauquié : Celsa Sorbonne Université
• Mariana Grépinet : Université Paris-Panthéon Assas et Celsa Sorbonne Université
• Arnaud Mercier : Université Paris-Panthéon Assas
• Nathalie Sonnac : Université Paris-Panthéon Assas
• Laura Verquere : Université Paris-Panthéon Assas et Celsa Sorbonne Université