Ces journées d’étude visent à faire se rencontrer les perspectives autour de la question du militantisme académique afin d’éclairer la notion de « scholactivism » dans le contexte juridique français. Il s’agira de reposer la question du rapport entre savoir et pouvoir en droit français, et d’ouvrir une discussion avec des chercheurs en droit issus de systèmes juridiques étrangers.

Argumentaire

Classiquement, le rôle des universitaires est compris comme s’arrêtant à la production et la reproduction du savoir. Il reviendrait alors aux politiques et aux activistes de mettre en action ce savoir, en l’utilisant pour la mise en œuvre de politiques publiques ou pour des actions militantes. Mais, depuis le tournant des années 60-70, une conception renouvelée du rôle des universitaires propose de pousser plus en avant le rapport entre savoir et politique : les universitaires pourraient, voire devraient, utiliser le savoir qu’ils produisent pour amener directement à des changements dans la société. Désignée sous les termes de « scholar-activists » ; « scholactivism » ou « militantisme académique », cette nouvelle conception du rôle des chercheurs est largement développée dans l’ensemble des sciences sociales. Elle reste cependant en partie étrangère à la discipline juridique en France.

En ce sens, les journées d’études des 2 et 3 décembre visent à faire se rencontrer les perspectives autour de la question du militantisme académique afin d’éclairer la notion de « scholactivism » dans le contexte juridique français. Pour ce faire, la première journée se centrera sur l’exemple des disciplines comme la science politique, l’économie ou les sciences de l’environnement afin d’éclairer le cas de la discipline juridique. La deuxième journée se proposera de faire varier l’échelle de la discussion en interrogeant plus directement les enjeux du militantisme académique dans le contexte de la discipline juridique. A la lumière des échanges précédents il s’agira de reposer la question du rapport entre savoir et pouvoir en droit français, et d’ouvrir une discussion avec des chercheurs en droit issus de systèmes juridiques étrangers.

Programme

Lundi 2 décembre

8h45 – Accueil des participants

9h00 – Allocutions d’ouverture

• Sandro Landi – Directeur de la MSHBx
• Olivier Décima – Directeur du Département de recherche DETS
• Nicolas Labarre – Vice-président à la Recherche Université Bordeaux Montaigne
• Marc Mainguené – Présentation de la Fondation Anthony Mainguené

9h45 – Militantisme et production du savoir : cadrer la discussion/poser les concepts

 Modérateur – Cédric Brun – Maître de conférences en philosophie des sciences, Vice-président “Société et Sciences”, SPH, Université Bordeaux Montaigne

• ‘Scholactivism’: une controverse globale autour de l’engagement de la doctrine juridique en droit constitutionnel
  Marie Padilla, Maîtresse de conférences en droit public, CERCCLE, Université de Bordeaux
• Conceptualizing scholar-activism through scholar-activism accounts
  Farzana Bashiri, PhD Candidate in Research Policy School of Economics and Management Lund University

10h45 – pause-café

11h – Militantisme et production du savoir : illustrations des sciences sociales

Modérateur – Nicolas Labarre – Professeur en Histoire et cultures des États-Unis, Vice-Président Recherche, CLIMAS, Université Bordeaux Montaigne

• Controverses mainstream vs hétérodoxie dans l’histoire de l’analyse économique : quelques leçons sur la liberté académique, la neutralité axiologique et le progrès des savoirs
  Matthieu Montalban, Maître de conférences en économie, HDR, BSE, Université de Bordeaux
• Posture de recherche et positionnement idéologique : une étude de cas
  David Diallo, Professeur en Histoire et cultures des États-Unis, IRM, Université de Bordeaux
• Être « rabat-joie féministe » en science politique : réflexions disciplinaires et épistémologiques
  Maureen BAL, Doctorante en science politique, IRM, Université de Bordeaux

12h30 – Pause déjeuner

14h30 – Militantisme et production du savoir : le cas des sciences de l’environnement

Modérateur – Julien Lagoutte – Maître de conférence en Droit privé et Sciences criminelles, ISCJ, Université de Bordeaux

• Liaisons dangereuses : la place des scientifiques dans les débats politiques sur le changement climatique
  Michael Stambolis, Maître de conférences en études américaines et études de genre, Université Toulouse Jean Jaurès
• Engagement et conversion écologique d’universitaires : entre légitimités militante et scientifique
  Gauthier Simon, Doctorant en science politique, IRM, Université de Bordeaux
• La recherche de la correcte application du droit est-elle une forme de militantisme ?
  Dorian GUINARD, Maître de conférences en droit public, Sciences Po Grenoble

16h30 – fin de la journée

Mardi 3 décembre

8h45 – Accueil des participants

 9h00 – Militantisme et production du savoir juridique en France : une question renouvelée ?

 Modérateur – Olivier Décima, Professeur en droit privé et sciences criminelles, ISCJ, Université de Bordeaux

• Militantisme et dogmatique juridique : l’exemple français de l’entre-deux-guerres
  Nader Hakim, Professeur en histoire du droit, IRM, Université de Bordeaux
• Le droit du travail, une discipline militante?
  Kieran Van Den Bergh, Doctorant en droit privé et sciences criminelles, COMPTRASEC, Université de Bordeaux
• La recherche en droit à travers des lunettes violettes. L’engagement féministe des universitaires juristes
  Carolina Cerda-Guzman, Maîtresse de conférences en droit public, CERCCLE, Université de Bordeaux
• L’hypocrisie du républicanisme militant en droit constitutionnel français : l’exemple des enjeux liés à la colonisation et à la décolonisation
  Pierre Barillé, Doctorant en droit public, CERCCLE, Université de Bordeaux

11h – Pause-café

 11h15 – Militantisme et production du savoir juridique : l’apport des expériences étrangères

Modératrice – Marie Padilla, Maîtresse de conférences en droit public, CERCCLE, Université de Bordeaux

• Feminism and Scholactivism: Some Tentative Reflections
  Rosalind Dixon, Professor of Law, University of New South Wales
• Taking the constitutional ought seriously: modern constitutions and the role of the constitutional law scholar
  Paolo Sandro, Assistant Professor of Public law and Legal theory, University of Leeds
• Academic self-awareness and Scholactivism
  Liora Lazarus, Professor of Law, University of British Columbia

Conclusions