Faire société(s) avec les animaux pour/par le paysage : constats, actions, perspectives
Projets de paysage - numéro 33
Published on Friday, December 13, 2024
Abstract
Où sont les autres dans cette forme si singulière d’appréhension du réel qu’une partie de l’humanité a fini par appeler paysage, landschaft, landscape, paisagio, medio ambiante... Au-delà des seuls « autres humains », comment s’y loge la multiplicité des êtres avec qui nous cohabitons la Terre ? C’est là le vaste sujet que ce numéro de la revue Projets de paysage propose d’explorer. En partie seulement, puisqu’il ne s’agira ici « que » des animaux. Comment l’idée de paysage évolue-t-elle au contact des animaux ? Comment évoluent nos façons d’agir, nos comportements de ménagement ou d’aménagement de nos espaces de vie ? Au nom du paysage, que faisons-nous pour contribuer au mouvement général de cohabitation de la Terre avec les autres, animaux et vivants ? Ce dossier est ouvert autant aux chercheurs et chercheuses sensibles au sujet qu’à des paysagistes, artistes, architectes ou autres spécialistes de l’action sur l’espace et les territoires qui auraient fait des expériences de processus ou conduites de projets ou d’études, susceptibles d’alimenter la rubrique « Matières premières », en forme de récits ou de retours d’expériences, ou d’être portées sur un niveau plus réflexif dans la rubrique « Dossier thématique ».
Announcement
Coordination
- Cyrille Marlin (École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, Passages-UMR 5319 CNRS)
- Dominique Henry (École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, Lacth et Passages-UMR 5319 CNRS)
Argumentaire
Où sont « les autres » ?
Où sont les autres dans cette forme si singulière d’appréhension du réel qu’une partie de l’humanité a fini par appeler paysage, landschaft, landscape, paisagio, medio ambiante... Au-delà des seuls « autres humains », comment s’y loge la multiplicité des êtres avec qui nous cohabitons la Terre ? C’est là le vaste sujet que le 33e numéro de la revue Projets de paysage propose d’explorer. En partie seulement, puisqu’il ne s’agira ici « que » des animaux. Ce dossier est ouvert autant aux chercheurs et chercheuses sensibles au sujet qu’à des paysagistes, artistes, architectes ou autres spécialistes de l’action sur l’espace et les territoires qui auraient fait des expériences de processus ou conduites de projets ou d’études, susceptibles d’alimenter la rubrique « Matières premières », en forme de récits ou de retours d’expériences, ou d’être portées sur un niveau plus réflexif dans la rubrique « Dossier thématique ».
Avec l’idée de « paysage » et ses nombreux déploiements de sens, l’histoire de la modernité occidentale nous a livré un plan conceptuel singulier agissant comme manières parmi d’autres possibles non seulement de saisir, qualifier, représenter, organiser, faire évoluer... les apparences et les expériences des espaces que nous habitons, mais aussi les relations que nous entretenons avec l’ensemble des choses, des phénomènes et des êtres qui les constituent et participent de la définition apparente de nos lieux de vie humains. Cette façon d’en-visager le monde a très largement contribué à façonner nos manières certes d’inclure, mais aussi d’exclure, de réduire, assouvir, négliger, instrumentaliser, domestiquer, contrôler… les présences animales dans nos manières d’habiter. Bref, contribué par là à mettre un ordre animal dans nos expériences ordinaires. On pourrait aller jusqu’à dire que parmi d’autres moyens, la notion de paysage a, au même titre que celles de nature, de vivant, de milieu, d’écosystème, d’environnement, avec qui elle partage aujourd’hui de troubles halos de sens, participé à asseoir autant des formes de compréhension et de rapprochement que des formes de domination plus ou moins conscientes des animaux.
Au cours de l’évolution du regard sur les espaces et les lieux dont nous sommes faits, certaines espèces ont été privilégiées, d’autres écartées, voire occultées, invisibilisées. Une grande partie de l’humanité, plutôt urbaine (bien que ce ne soit pas là une condition sine qua non), a perdu jusqu’à sa capacité à identifier les êtres qu’elle croise, ne s’aperçoit de la présence d’animaux dits « sauvages » qu’à la vue des dépouilles laissées la nuit sur les routes, de surcroît incapable de reconnaître les charognards diurnes et nocturnes qui les font disparaître. Excepté le cas de quelques espèces de compagnie, d’espèces domestiquées pour la production de nourriture et d’animaux captifs, la rencontre avec les animaux autres qu’humains est souvent teintée d’une marque négative (Blanc, 2016 ; Salomon Calvin, 2023). Elle se traduit au mieux par une mise à distance quand ce n’est pas un effort de destruction au pire. Le fantôme de « la mauvaise rencontre » embrume ainsi majoritairement la configuration de nos expériences animales potentielles. Plutôt que désir de mondes à découvrir ou plaisir d’expériences nouvelles à vivre avec d’autres êtres, l’espace-temps de la rencontre est bien souvent marqué par la crainte. La plupart des araignées ou insectes, des rats et autres rongeurs n’y résistent pas.
Les liens avec les animaux, s’ils n’ont pas disparu, sont plus ténus, traversent moins l’ordinaire des modes de vie urbains que celui d’autres modes de vie plus ruraux ou moins occidentaux. Si des relations simples du type prairies-fleurs-abeilles-apiculteurs ou du type estives-moutons-chiens-bergers sont encore saisissables par tous, de moins en moins de gens savent faire correspondre l’apparence d’une prairie bocagère, une pelouse d’altitude, une hêtraie-sapinière, une forêt surexploitée, une rivière... avec les nombreuses vies animales domestiques ou sauvages qui les peuplent, encore moins les formes si variées de leur imbrication active avec l’activité humaine. Quand il n’est pas une attraction, l’animal tend à devenir une abstraction. L’expérience de ou avec l’animal s’estompe pour une partie non négligeable de nos concitoyens. Jusqu’à la deuxième moitié du xxe siècle, « pour beaucoup d’habitants, l’envol d’une alouette, le chant nocturne des rainettes, un lapin qui détale, ces rencontres banales étaient au cœur de leur perception du territoire » (Stépanoff, 2021, p. 26). Les paysans français se sont rendu compte les premiers du déclin de ces présences en même temps que leur espace se transformait drastiquement par la « révolution verte ».
Les animaux invisibilisés, entre différentes approches des paysages
Si cet appel à contributions ne se restreint pas au cas français ni au monde occidental, le sens des politiques publiques de l’aménagement des territoires et de la valorisation des paysages en France est un indice précieux de l’état de l’implication des mondes animaux dans la définition de nos mondes humains. Que penser par exemple d’une loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages qui en 2016 semble établir un lien entre les présences vivantes et les paysages, à la recherche d’une combinaison opérationnelle entre différents registres d’approches de l’aménagement du territoire par la notion de paysage, entre écologie scientifique, écologie du paysage, paysages culturels et paysages ordinaires ? Les atlas et plans de paysages y sont mentionnés comme un premier pas combinatoire entre paysage et vivant, via l’idée de biodiversité. Que penser alors des descriptions que l’on trouve dans ces atlas qui rendent compte depuis deux décennies des variétés de nos paysages à travers cultures et modes de vie locaux ? Une analyse systématique[1] montre qu’il y est à peine fait mention de la participation des animaux domestiqués ou sauvages. Souvent absents des images, des textes et autres documents, littéralement positionnés hors du cadre de la description, ils ne semblent pas faire partie des paysages. Un hors-champ qui en dit peut-être long sur nos relations aux animaux avec qui les habitants des montagnes, des vallées, des plaines et collines, des périphéries et des villes partagent pourtant les espaces et souvent le quotidien, pour qui brebis, vaches, loups, oiseaux, poissons, écureuils, souris, moustiques, mouches, abeilles, vers de terre…, et d’autres sortes d’êtres encore comme les bactéries et les champignons… font partie de la vie de tous les jours. Ne façonnent-ils pas, n’orientent-ils pas, ne déforment-ils pas eux aussi activement le cadre et les manières de vivre ?
Que penser de plus de politiques publiques qui cartographient des trames bleues, vertes, marron ou noires ? Sur fond d’écologie du paysage, elles exploitent une perspective moins culturaliste. Elles cherchent ouvertement à protéger les conditions d’existence de certains êtres dans nos environnements de plus en plus anthropisés, en combinant les notions d’écosystème, de milieu, de paysage et de cadre de vie. Ce faisant, elles discernent des espaces propices aux présences animales dans une optique qui pourrait apparaître aux générations futures comme relativement ambiguë. La notion de paysage y justifie une forme d’organisation de l’espace des humains comme des animaux en « zones » dont certaines seraient moins propices aux activités ordinaires des uns, les humains, pour préserver les conditions de vie des autres, les animaux. Tenter de maintenir ainsi à distance la vie ordinaire des habitants d’un lieu et celle des animaux qui l’habitent ne produit-il pas l’effet inverse à celui escompté, en réduisant une possible et nécessaire complexification du milieu humain comme animal ?
Ce hors-champ animal institué inconsciemment par des politiques publiques de la biodiversité, de la nature et du paysage, tantôt sur fond d’idée plutôt culturaliste et géographique du paysage, tantôt sur fond d’écologie scientifique et politique, n’est-il pas plus largement le signe d’une difficulté rencontrée par les sciences elles-mêmes quand elles abordent les paysages ? La difficulté à faire correspondre le plan conceptuel de la notion de paysage avec les vies animales. Bref, à inscrire l’idée de paysage dans le sens des vies animales[2].
Cette difficulté n’implique-t-elle pas une nouvelle imagination scientifique ? N’induit-elle pas de nouvelles formes d’observation, de comptes rendus, de récits, ou de formes cartographiques comme celles des zones critiques proposées par la chercheuse en architecture Alexandra Arènes (Brayer et al., 2019) ou des cartographies de collectifs de la paysagiste chercheuse Amandine Saget (2023) ? N’engage-t-elle pas des modes de pensée incluant les animaux comme ceux des artistes Lois Weinberger, concernant les animaux et plantes déconsidérés, et Wu Mali à Taïwan qui prend en considération les insectes (Grout, 2024) ? Ne nécessite-t-elle pas d’assumer des formes de contamination des expériences et des milieux, des entrecroisements des vies humaines et des vies animales, des lieux humains et des lieux animaux ? D’en accepter et d’en saisir les complexités et les solidarités, ancrées parfois dans les expériences les plus anodines ?
Peut-on faire l’hypothèse que la difficulté s’estomperait si l’on cherchait à réinscrire ce qui dans l’expérience ordinaire des humains comme des animaux peut apparaître insignifiant au premier abord, parce que trop ancré dans une réalité vécue par trop singulière de chaque être ? Des formes d’attachement entre les lieux et les êtres qui les habitent difficiles à saisir à trop grande distance. Autrement dit, il faudrait faire l’hypothèse qu’il serait nécessaire de tenter d’échapper au pli généralisé du « capitalocène », qui substitue la plupart du temps à l’art de l’observation l’usage de descriptions de plus en plus pré-parées, dont le niveau de schématisation intéressé et utilitariste invite peu ou prou à l’oubli de la réalité des rencontres et des interpénétrations ordinaires des vies humaines et/ou animales.
Il pourrait alors s’agir ici de « quelques problèmes d’échelles » comme l’écrit Anna Lowenhaupt Tsing (2017, p. 77) dans l’appréhension et la description des expériences. Dans son ouvrage maintenant célèbre, elle propose une science de la contamination fondée sur un nouvel art de l’observation dont la méthode serait d’« écouter et raconter des histoires qui se bousculent, dont l’objet de recherche serait la diversité contaminée et dont l’unité de base serait la rencontre indéterminée » (ibid.). En préface de l’ouvrage, Isabelle Stengers résume :
« S’intéresser aux ruines (les paysages du capitalisme) ne signifie pas contempler un paysage désolé mais apprendre à saisir ce qui, discrètement, s’y trame. […] Les ruines appellent un mode d’observation qui a été délaissé par ceux qui ont exigé que la réalité se soumette à leurs propres catégories et répondent à leurs propres questions. Elles demandent ce que Tsing appelle l’art d’observer (art of noticing). Et elles demandent l’art du récit, qui nourrit l’imagination et la sensibilité, par-delà ce qui pourrait être “classé sans suite”, comme réactionnaire, dérisoire ou insignifiant » (Stengers, dans Lowenhaupt Tsing, 2017, p. 8).
Le questionnement central de ce numéro prend donc place ici. Comment l’idée de paysage évolue-t-elle au contact des animaux ? Et avec elle, comment évoluent nos façons d’agir, nos comportements de ménagement ou d’aménagement de nos espaces de vie ? Au nom du paysage, que faisons-nous pour contribuer au mouvement général de cohabitation de la Terre avec les autres, animaux et vivants ? Somme toute, comment nous arrangeons-nous aujourd’hui avec l’idée très largement anthropocentrée de paysage, au moment où les médias, les politiques, les citoyens et le discours scientifique, les lois, le Giec… parlent avec obsession et de manière variée de biodiversité en péril, d’extinction des espèces, de bien-être animal, de crise du vivant, etc. ? À l’aube d’une transition de paradigmes qui semble s’annoncer, comment et par quoi l’idée de paysage se modifie-t-elle aussi ?
La notion de paysage entre crise du vivant et crise des sensibilités. Ou le problème du rapport de la notion de paysage à la vie
Déjà en 2011, la relation entre l’homme et l’animal, et plus largement la place de l’animal dans le paysage, est interrogée dans le numéro 21 de la revue Les Carnets du paysage.
« Entre notre environnement humain et le milieu animal […], il s’agit d’entrevoir les façons dont nous coexistons avec les animaux, comment nos milieux communiquent, se superposent ou entrent en conflit. » (Brisson et Tiberghien, 2011).
Comme les paysages, les animaux occupent depuis longtemps une place importante au croisement des sciences sociales et des sciences naturelles. La littérature scientifique consacrée aux rapports et aux interactions entre hommes et animaux est abondante. En 1988, dans le numéro de la revue Terrain consacré à « Des hommes et des bêtes », deux ethnologues précisent que le « projet d’une ethnographie systématique des pratiques et des représentations liées à l’animal date des folkloristes » (Chevalier et Notteghem, 1988). Si le cœur du numéro repose largement sur les effets des représentations sociales historiques sur ces relations, il est facile de constater que lors du colloque de l’ethnologie française consacré aux animaux en ethnographie, tenu au Museum d’histoire naturelle de Paris en 2019 (Renault, 2020), les problématiques et méthodes ont beaucoup évolué en trente ans. Durant cette période, les développements théoriques des sciences sociales ont bouleversé l’organisation paradigmatique entre nature et culture, infléchissant de fait la place et le rôle des êtres non humains dans la redéfinition des sociétés et des collectifs (Descola, 2005) ou dans un repositionnement scientifique de « perspectives partielles » plus adaptées à leur étude (Haraway, 2010, 2021). La pensée de la « spéciété » ou de la « société d’espèce » (traduction de shushakai par le géographe Augustin Berque), approche mésologique développée par le primatologue japonais Imanishi Kinji (traductions françaises 2011, 2022) depuis les années 1930, prenant ses distances avec les méthodes et concepts de l’écologie scientifique alors en plein essor, fait dorénavant l’objet d’explorations méthodologiques et/ou théoriques qui souvent contribuent au dévoilement et à la décomposition de cosmogonies capitalistes relativement désincarnées.
En se démarquant de l’ancienne zoogéographie, un courant de la géographie sociale observe et analyse les présences animales de manière très localisée, envisagées comme « des phénomènes complexes impliquant des acteurs humains et animaux » (Marin, 2023). Y sont mises en évidence et questionnées les problématiques d’acteurs de l’aménagement et de la gestion des territoires en lien avec des présences animales comme le sanglier dans la région bordelaise (ibid.). Une géographie « humanimale » élargit la géographie sociale aux formes d’imbrication des territoires humains et animaux (Estebanez et al., 2013). En 2017, un numéro des Annales de géographie est consacré aux « Territoires des humains et territoires des animaux ». Les coordinateurs l’introduisent par des « éléments de réflexions pour une géographie animale » en plein essor (Bortolamiol et al., 2017). « L’histoire tumultueuse » des rapports entre écologie et géographie, mise à plat par le géographe Philippe Pelletier (2022) semble vivre une nouvelle ère d’imbrication à travers la question animale. Idem pour ce qui concerne l’histoire des relations entre les sciences naturelles et les sciences sociales. La notion de crise du vivant énoncée par les sciences biologiques et écologiques est précisée en « crise du sauvage » par certains anthropologues (Stépanoff, 2021) ou « crise des sensibilités », « crise de nos interactions avec les vivants » (Descola, 2005 ; Morizot, 2020).
Une effervescence semble animer aussi le champ de la philosophie à la suite de travaux pionniers comme ceux méthodologiques et théoriques de Donna Haraway (2010, 2021). Dominique Lestel introduit dans les années 1990-2000 en France une façon de penser l’animal dans une perspective ontologique en théorisant une synthèse des approches éthologiques et ethnographiques des activités animales (Lestel, 2001). Les investigations philosophiques de Baptiste Morizot (2018, 2020, 2023), Joëlle Zask (2020), Vinciane Despret (2009, 2019), Matthieu Duperrex (2019, 2021) et Isabelle Stengers (1997, 2017) portent la question sur le registre du problème de la pensée du vivant : du langage et des discours sur ce qui existe.
Cette littérature, qui emprunte aux sciences naturelles, à l’écologie scientifique et aux sciences sociales, s’emploie à redéfinir le plan conceptuel de l’espace de la rencontre des êtres vivants, de la vie des êtres en commun, de la cohabitation des espèces animales avec les mondes humains, plus avant de la « société globale du vivant » (Imanishi, 2022). Pour cela, plus encore qu’aux écosystèmes, elle fait référence de manière récurrente au « paysage », souvent sans définition conceptuelle très claire, dans des sens qui se situent quelque part entre le plan de pensée de l’écologie profonde de Paul Shepard (2002), celui de l’écologie du paysage, celui d’une philosophie de l’esthétique, celui des anthropologues du dépassement des dualismes modernes et celui des contaminations des ruines paysagères du capitalisme de l’anthropologue Lowenhaupt Tsing. La référence au paysage semble être au cœur de la pensée des présences animales. Elle semble permettre un déplacement, voire un dépassement de l’ordre des approches disciplinaires.
Le géographe Georges Bertrand soulignait il y a cinquante ans le caractère peu scientifique de la notion de paysage, bien qu’elle soit au fondement du développement de la géographie :
« Le paysage, qui occupe une place essentielle dans la vie quotidienne, ne relève d’aucune catégorie scientifique et n’est réductible à aucun concept. Notion plutôt que concept scientifique, elle permettrait de naviguer sans discipline à la charnière des sciences de la nature et des sciences de la société » (Bertrand, 1978).
Ce « défaut » pare la notion d’un puissant polymorphisme en fonction des plans de pensée dans lesquels elle est convoquée. Son autonomie vis-à-vis des disciplines scientifiques la rend très vivante, prête à guider des habitudes de pensée comme des évolutions notoires. Elle semble ainsi être à même d’accompagner les tentatives de grands changements de paradigmes, de jouer un rôle dans la redéfinition des plans de pensée émergents, notamment ceux qui concernent les animaux. À moins qu’au contraire, ses multiples sens passés ne contraignent cet effort.
Derrière la difficulté d’imbrication de l’idée de paysage aux sens des vies animales, n’y aurait-il pas un problème de nature bien plus général : celui de la relation que l’idée de paysage entretient avec la pensée du vivant ? Bref, avec la vie. Dans quelle mesure, alors, la notion de paysage ne pourrait-elle pas évoluer en des sens plus propices à une pensée du vivant ? À quel point ne pourrait-elle pas accompagner par son évolution des modalités d’approche conceptuelle du vivant ? Peut-on se prendre à imaginer une évolution possible de l’idée de paysage vers un concept croisant le spatial et le biologique, comme celui de « milieu » ou de « cellule » qu’analysait en son temps le philosophe Georges Canguilhem (2006).
Le ménagement de nouveaux « espaces de barbarie »
Une hypothèse est proposée ici à la réflexion des contributeurs et des contributrices. Au-delà de la crise du vivant à propos de laquelle alertent les approches de l’écologie scientifique, des sciences biologiques et naturelles, la notion de paysage positionnée aux croisements des disciplines des sciences sociales, de la philosophie, de l’art et des sciences naturelles n’inviterait-elle pas à la réouverture de nouveaux espaces de barbarie ? Le terme « barbarie » n’est bien sûr pas ici à prendre au sens d’acte de barbarie. Il renvoie au sens étymologique du moment délicat où est conscientisé l’étranger dans sa caractéristique première d’étrangeté : qui ne parle pas notre langue, qui n’applique pas nos règles, ne connaît pas nos mœurs, qui ne sait pas au sens de « ne sait pas comme nous », qui ne se comporte pas comme nous… Bref, avec qui l’on ne sait si oui ou non ni comment on pourrait communiquer.
C’est le moment particulier de la rencontre entre des êtres de nature différente que ni les uns ni les autres ne peuvent encore asservir, le moment de l’indistinction des différences (dans le sens d’incapacité à discerner) entre des êtres encore ignorants de ce que savent les autres, de leurs manières d’être (Morizot, 2020). Une « pure rencontre » aurait peut-être écrit Gilles Deleuze. Le moment où la « société globale du vivant » (Imanishi, ibid.) se met nécessairement sur un mode exploratoire, où se constitue et s’institue, à travers l’expérience et l’observation, le lieu des échanges des vivants. Ce moment survient tout le temps quelque part. Il est toujours une sorte de scène de laquelle les acteurs humains, animaux, plantes, rivières, eau de pluie, pierres, soleil, montagnes… ne peuvent s’extraire comme spectateurs. Une scène où chaque être vit aux aguets, dans une sorte d’état d’éveil à l’autre. Parmi les nombreux termes dont la langue japonaise recèle pour dire « paysage », elle en possède un pour parler de cette scène sans extériorité possible : fûkei (Marlin 2021 ; Nakamura, 2021). Le sens de fûkei est lié à une autre notion qui s’apparente à notre terme lieu, mais dont le halo de sens est bien plus large et engage plus entièrement les vies des êtres quelque part à un moment donné : ba. Il contracte dans la langue comment ce moment de rencontre entre les êtres quelque part se constitue en « lieu », mais dans une perspective temporelle collective, c’est-à-dire en « croître-ensemble entre les lieux, les gens (y compris en japonais les animaux et autres vivants), les choses et les faits » (Berque, 2014).
De quelle nature sont de tels lieux-ba aujourd’hui ? De quelle nature seront les lieux-ba à venir ? Sur quels actes et comportements d’observation, de ménagement ou d’aménagement, de vie ordinaire… reposent ou reposeront-ils ? De la part d’humains et de la part d’animaux ? Quelles manières de vivre impliquent-ils ? Desquelles seront-ils l’explication ou la négation ? Des projets artistiques contemporains menant à une transformation spatiale peuvent se situer d’emblée en relation avec des animaux, eux-mêmes partie prenante du milieu (Grout, 2024). Si une scène se constitue, les animaux sont-ils des agents/acteurs au même titre que les êtres humains ? Il s’agit donc pour ce nouveau numéro de Projets de paysage d’explorer des principes d’intégration de la rencontre entre les êtres comme acte paysager premier fondamental. Au-delà de la parole qui fonde de manière bien trop humaine rencontres, échanges et vie politique des humains, c’est aussi une occasion d’explorer de nouvelles dimensions politiques de l’idée de paysage, peut-être plus diplomatiques ou solidaires que communautaires. Telle est la dernière ambition, bien trop grande peut-être, de ce numéro.
Trois perspectives sont proposées aux contributeurs et contributrices
L’appel à contributions est ouvert à toute situation et référence concernant tous les continents et modes de relation au vivant. Tous les espaces et échelles sont concernés. Ceux du jardin y compris.
- Perspective 1. Quelles actions paysagères des humains avec les animaux ? Quels « lieux » entre des animaux et des humains ménageons-nous, aménageons-nous en tant qu’humains ? Comment ? Dans quelle mesure les animaux interviennent-ils avec nous ? Quels espaces et quelles temporalités sont concernés ? Quels processus ? Quelles sortes de projets ?
- Perspective 2. Quelles actions paysagères des animaux avec d’autres espèces animales ? Beaucoup d’animaux modifient leur environnement. Quels « lieux » entre les êtres d’espèces différentes, y compris des humains, en résultent ? Quels types de regroupements humains et animaux sont concernés ? Comment ? Quels espaces et quelles temporalités ? Quels processus ?
- Perspective 3. Quelles nouvelles méthodes d’observation et de compte rendu (cartographies, récits d’expériences de vie ou récits de chantiers…) pour ménager, aménager, ou bien pour que se ménagent autrement des « lieux » entre des humains et des animaux ?
Les rubriques
Cet appel à propositions d’articles concerne deux rubriques de la revue Projets de paysage. Le « Dossier thématique » rassemble des contributions à caractère scientifique tandis que la rubrique « Matières premières » accueille des contributions, témoignages d’expériences, pouvant servir de matière à réflexion ou de complément aux contributions de la première rubrique.
Nous invitons celles et ceux qui proposeront des contributions au « Dossier thématique » à ménager une place dans leur texte plus théorique à la question : Quelles conséquences ou non pour l’idée de paysage ?
Nous invitons celles et ceux qui proposeront des contributions à la rubrique « Matières premières » à présenter des récits élaborés et judicieusement illustrés d’expériences ou de projets pour lesquels une attention particulière aura été portée aux présences animales.
Les auteurs veilleront à préciser clairement la rubrique pour laquelle ils soumettent leur article et la perspective à laquelle ils souhaitent contribuer.
Modalités de soumission
Un résumé de deux pages (soit environ 6 000 signes), comprenant une bibliographie indicative, 5 mots-clés et la mention du ou des champ(s) disciplinaire(s), devra être envoyé
à Emmanuelle Passerieux-Gibert : projetsdepaysage@gmail.com
avant le lundi 3 février 2025
- La rubrique (« Dossier thématique » ou « Matières premières ») et la perspective choisies doivent impérativement être précisées ;
- les résumés doivent être envoyés au format .doc et non PDF ;
- une sélection sera faite à partir de ces résumés et la commande des textes aux auteurs sera envoyée le lundi 17 février 2025 ;
- les textes devront impérativement être envoyés le lundi 19 mai 2025 au plus tard à Emmanuelle Passerieux-Gibert : projetsdepaysage@gmail.com ;
- calibrage impératif des textes pour le dossier thématique : entre 30 000 et 50 000 signes, espaces, notes et bibliographies comprises. Les textes plus longs ne pourront être acceptés ;
- calibrage impératif des textes pour la rubrique « Matières premières » : entre 15 000 et 30 000 signes, espaces, notes et bibliographies comprises. Les textes plus longs ne pourront être acceptés ;
- les fichiers devront contenir le texte et les images et ne pas dépasser 10 Mo ;
- pour la présentation des textes et les consignes à suivre, veuillez impérativement consulter le site Internet de la revue à l’adresse suivante : https://journals.openedition.org/paysage/278
Les comités
Directrice de publication : Alexandra Bonnet
Comité de rédaction
- Nathalie Carcaud, professeure de géographie à l’Institut Agro Rennes-Angers (pôle Horticulture-Paysage, Angers), UMR CNRS ESO (Espaces et Sociétés)
- Bernard Davasse, géographe, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, Passages-UMR 5319 CNRS
- Élise Geisler, maîtresse de conférences en sciences et architecture du paysage à l’Institut Agro Rennes-Angers (pôle Horticulture-Paysage, Angers), UMR CNRS ESO (Espaces et Sociétés)
- Catherine Grout, professeure en esthétique, HDR, École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, Laboratoire Conception Territoire Histoire Matérialité (Lacth)
- Dominique Henry, paysagiste (DPLG), géographe (PhD), maître de conférences en ville et territoire à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, Laboratoire Conception Territoire Histoire Matérialité (Lacth) et Passages-UMR 5319 CNRS
- Cyrille Marlin, paysagiste et géographe, maître de conférences HDR à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, laboratoire Passages-UMR 5319 CNRS
- Alexis Metzger, géographe, enseignant chercheur contractuel en histoire et culture du paysage, École de la nature et du paysage, Insa Centre Val de Loire, UMR 7324 Citeres (CNRS-université de Tours-Insa CVL)
- Yves Petit-Berghem, géographe, professeur à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille, Laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep)
- Sylvie Servain, géographe, professeure des universités, École de la nature et du paysage de Blois, Insa Centre Val de Loire, UMR 7324 Citeres (CNRS-université de Tours-Insa CVL)
- Monique Toublanc, sociologue, ingénieure paysagiste, maîtresse de conférences honoraire à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille, Laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep)
Comité scientifique
- Sabine Bouché-Pillon, maîtresse de conférences en écologie urbaine, École de la nature et du paysage de Blois, Insa Centre Val de Loire, UMR 7324 Citeres (CNRS-université de Tours-Insa CVL)
- Sylvie Brosseau, architecte-chercheur, université Waseda à Tokyo
- Serge Briffaud, historien, professeur à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, chercheur à Passages-UMR 5319 CNRS
- Béatrice Collignon, géographe, professeure à l’université de Bordeaux-Montaigne, directrice de l’UMR Passages 5319
- Hervé Davodeau, géographe, professeur à l’Institut Agro Rennes-Angers (pôle Horticulture-Paysage, Angers), UMR CNRS ESO (Espaces et Sociétés)
- Gérald Domon, géographe, École d’architecture de paysage, université de Montréal
- Pierre Donadieu, professeur émérite en sciences du paysage à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille
- Sabine Ehrmann, artiste, docteure en esthétique, enseignante à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille (ENSAPL), chercheuse du Laboratoire Conception Territoire Histoire Matérialité (Lacth)
- Georges Farhat, architecte, historien des jardins et du paysage, Associate Professor, université de Toronto et membre fondateur du Laboratoire de l’École d’architecture de Versailles (Léav)
- Viviana Ferrario, professeure en géographie à l’université IUAV de Venise
- Marina Frolova, géographe, professeure au département de géographie régionale et physique, faculté de philosophie et de lettres, université de Grenade
- Josefina Gómez Mendoza, professeure émérite de géographie à l’université Autónoma de Madrid, membre de l’Académie royale d’histoire d’Espagne et de l’Académie royale d’ingénierie civile
- André Guillerme, professeur d’histoire des techniques au Conservatoire national des arts et métiers à Paris
- Fabienne Joliet, professeure de géographie à l’Institut Agro Rennes-Angers (pôle Horticulture-Paysage, Angers), UMR CNRS ESO (Espaces et Sociétés)
- Laurent Matthey, géographe, professeur assistant, département de géographie et environnement de l’université de Genève
- Francesca Mazzino, professeure en architecture du paysage, coordonnatrice du master interuniversité « projet des espaces verts et du paysage », université de Gênes
- Yves Michelin, géographe et agronome, professeur à VetAgroSup
- Diego T. Moreno, professeur de géographie, coresponsable du Laboratoire d’archéologie et d’histoire environnementale (LASA), DAFIST-DISTAV, université de Gênes (Italie)
- Philippe Poullaouec-Gonidec, architecte, paysagiste et plasticien, directeur de la chaire Unesco en paysage et environnement (Cupeum) et de la chaire paysage et environnement (Cpeum), professeur à l’École d’architecture de paysage de l’université de Montréal (Canada)
- Sylvie Salles, architecte et urbaniste, École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine
- Anne Sgard, professeure de géographe, université de Genève
- Nicole Valois, professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal (Canada)
Bibliographie
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Notes
[1] Source personnelle de Cyrille Marlin (2020) : document non publié de prérecherche dans le cadre d’une mission d’actualisation de l’atlas des paysages des Pyrénées-Atlantiques (2020-2024) sur la base des atlas rendus accessibles par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (https://objectif-paysages.developpement-durable.gouv.fr/carte-interactive-1 ?poi_atlas =1) et des atlas de paysages espagnols.
[2] Si ce numéro de Projets de paysage met l’accent sur les animaux, la flore et l’inanimé, comme les montagnes et les rivières, sont aussi bien concernés.
Subjects
- Geography (Main category)
- Society > Ethnology, anthropology > Social anthropology
- Mind and language > Thought > Philosophy
- Society > Ethnology, anthropology > Cultural anthropology
- Society > Urban studies
- Society > Geography > Geography: society and territory
- Society > Geography > Nature, landscape and environment
- Society > Geography > Applied geography and planning
Date(s)
- Monday, February 03, 2025
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Keywords
- relation homme-animal, paysage, société du vivant, lieu de la rencontre, contamination
Contact(s)
- Emmanuelle Passerieux-Gibert
courriel : projetsdepaysage [at] gmail [dot] com
Reference Urls
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To cite this announcement
Cyrille Marlin, Dominique Henry, « Faire société(s) avec les animaux pour/par le paysage : constats, actions, perspectives », Call for papers, Calenda, Published on Friday, December 13, 2024, https://doi.org/10.58079/12wx9