Published on Tuesday, January 07, 2025
Abstract
Notre colloque international « Imageries artistiques du “corps propre” à l’aune du vivant dans la littérature, les arts visuels et le design » interroge le concept phénoménologique du « corps propre » quant aux différentes manifestations du vivant dans des domaines artistiques annexes, tel que la littérature, les arts visuels, le cinéma et le design.
Announcement
Le colloque international "Imagerie artistiques du 'corps propre' à l'aune du vivant dans la littérature, les arts visuels et le design" est un évènement scientifique qui aura lieu à Hammamet du 27 au 30 Avril 2025 à Hôtel "Les Citronniers".
Argumentaire
Le concept du « corps propre »[1] est central à la phénoménologie de Maurice MerleauPonty. Il désigne le corps vécu tel qu’il est perçu par le sujet dans sa contingence au monde. Il constitue en se faisant le point de départ de toute perception et de tout rapport à ce monde. Il ne se réduit ni à la matière ni à la pensée car il constitue leur synthèse mutuelle. Il est toutefois chair sensible et médium expérientiel.
Contrairement à la vision cartésienne où le corps est une machine distincte de l’esprit, le « corps propre » est la condition de possibilité de toute expérience. Il est à la fois ce par quoi nous appréhendons le monde et nous nous situons en lui. « Le corps propre » ne se résout pas à un simple support passif autant qu’il s’active dans sa contingence à l’espace, aux autres et aux objets.
A ce propos, le présent colloque international intitulé « Imageries artistiques du ‘corps propre’ à l’aune du vivant dans la littérature, les arts visuels et le design » explore la représentation artistique de ce dernier relativement aux dynamiques de la vie biologique, symbolique, sociale et existentielle. Il s’agit ici d’une réflexion sur la manière émancipée dont l’art capte, transforme et interprète le corps vivant dans sa complexité et sa fragilité.
En l’occurrence, l’imagerie de ce corps trouvera sa résonance profonde dans la littérature où elle sera interrogée suivant des sensations vécues au seins d’expériences incarnées car le corps devient ici le médiateur des expériences menée par les personnages du récit. Il constitue à ce propos le prisme sensationnel et émotif par lequel l’auteur appréhende son univers romanesque. Dans A la recherche du temps perdu, Marcel Proust explore comment les sensations corporelles éveillent la mémoire involontaire et ouvre l’accès à des souvenirs enfouis. Le « corps propre » se convertit ainsi en un vecteur d’existence temporaire. Quant à Annie Ernaux dans l’Evènement ou Les années, elle décrit les expériences corporelles (grossesse, avortement, vieillissement) comme des éléments centraux de la mémoire individuelle et collective.
Dans La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï, le corps devient un espace de douleur. La perception subjective de la maladie chez la militante américaine Susan Sontag est mise métaphoriquement en lumière dans son œuvre pour explorer le poids symbolique et social du corps souffrant. Ce même corps véhicule dans La peste d’Albert Camus un enjeux philosophique universel tel que la lutte contre l’absurdité. Ainsi, « le Corps propre » dans la littérature s’avère à la fois intime et universel. Il est le lieu de perception, de transformation et de contestation.
Dans le domaine du design, le concept du « corps propre » se déploie différemment dans l’expérience vécue qui interagit avec les objets, les espaces et l’environnement. Désormais, la représentation du vivant est inséparable des questions environnementales. Les designers sensibilisent au lien entre le corps humain et son écosystème, soulignant, ainsi, la dépendance du vivant à son milieu.
D’une part, les déploiements du « corps propre » dans le design s’agencent autour de « l’expérience de l’utilisateur (the user expérience) », tel que les chaises conçues par Charles et Ray Eames, par exemple, le fauteuil « Lounge Chair » épousant la forme du corps en offrant une expérience confortable et les outils ergonomiques tels que les souris d’ordinateur ou les outillages du jardin qui s’adaptent au corps de l’utilisateur. D’autre part, « l’expérience sensorielle » engage ce corps dans sa globalité sensorielle (la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût). Les matériaux sélectionnés par le designer, les textures et les formes sont ainsi choisis pour alimenter cette expérience sensorielle. A titre d’exemple, on peut inviter ici le travail d’Isamu Noguchi qui conçoit des meubles et des sculptures initiant le corps à explorer par le toucher et la posture. Dans les environnements immersifs d’Olafur Eliasson, l’utilisateur ressent pleinement l’espace à travers son corps.
« Le corps propre » s’avère aussi un repère essentiel dans l’architecture et le design d’intérieur. Il est le repère majeur pour la création des espaces adaptés aux échelles humaines. Le Modulor de Le Corbusier, basé sur les propositions du corps humain, est un exemple illustre de la conception des bâtiments et des objets adaptés aux dimensions humaines.
Dans le domaine des Arts visuels, ce concept s’expose de différentes manières pour refléter la tension entre la subjectivité vécue et la matérialité du corps. D’ailleurs, l’imagerie du corps vivant à travers l’histoire de l’art a permis d’explorer non seulement l’anatomie, mais aussi la relation entre l’être humain, la vie et son environnement. Ce dialogue entre l’intime et l’extime, entre le biologique et le symbolique, continue de nourrir la création artistique contemporaine.
L’imagerie artistique s’intéresse souvent à la chair, aux textures, aux mouvements et aux émotions, mettant en lumière le corps comme une entité vivante, non figée. Des artistes comme Francis Bacon, Jenny Savil ou Lucian Freud explorent les transformations de la chair pour révéler la tension entre l’intérieur organique et l’apparence extérieure. Ils ont exploré dans leurs œuvres l’intimité du corps vécu en avançant sa corporéité brute, loin de toute idéalisation et sublimation.
En effet, le vivant est par essence en évolution, et l’art explore les transformations du corps à travers des thèmes comme la naissance, la vieillesse, la maladie, ou encore la mort. Des artistes classiques comme Michel-Ange, mais aussi contemporains comme Damien Hirst, abordent ces transitions qui montrent l’impermanence du vivant.
A l’aune des mythologies, des religions et des croyances, le corps est perçu comme une métaphore du cycle de vie et de mort. Des vanités de la peinture baroque aux installations contemporaines éphémères (comme celle de Christian Boltanski), le vivant actionne sa dimension à la fois sacrée et fragile. Ainsi, des performances d’artistes comme Marina Abramović mettent en jeu le corps propre en tant qu’espace de résistance, d’endurance ou de transformation.
Aujourd’hui, le « corps propre » est interrogé à la lumière des mutations technologiques et biologiques. Ces derniers inspirent des représentations du vivant à travers une imagerie microscopique. Les œuvres de bio-art ou d’artistes s’inspirant des cellules, des tissus ou des systèmes organiques donnent une nouvelle dimension à la compréhension du corps. Les approches bio-artistiques postmodernes jouent avec la frontière entre l’organique et l’artificiel, en intégrant des éléments vivants dans les œuvres. On peut penser au travail d’artistes comme Orlan, Stelarc ou Eduardo Kac, qui questionnent l’identité du corps humain face aux avancées technologiques, à la génétique et à la biologie synthétique. La biologie inspire aussi des représentations du vivant à travers une imagerie microscopique. Les œuvres de bio-art ou d’artistes s’inspirant des cellules, des tissus ou des systèmes organiques donnent une nouvelle dimension à la compréhension du corps.
En outre, les prothèses, les modifications génétiques et les interfaces homme-machine redéfinissent les frontières du corps vécu. Cela soulève des questions sur l’identité corporelle et la place de l’humain dans un monde de plus en plus numérisé. Pourtant, même à travers ces transformations, le « corps propre » reste un espace de subjectivité, le lieu où se manifeste notre manière unique d’habiter le monde.
Axes du colloque :
Nous proposons à titre indicatif et non pas exhaustif quelques pistes de réflexion qui orientent le questionnement sur le « corps propre » à l’aune du vivant dans les domaines artistiques susmentionnés :
1. L’imagerie artistique du « corps propre » comme matière vivante et sensible dans la littérature, les arts visuels et le design
2. L’imagerie artistique du « corps propre » et la nature du vivant dans la littérature, les arts visuels et le design
3. L’imagerie artistique du « corps propre » dans le cinéma
4. L’imagerie artistique du « corps propre » à l’échelle microscopique dans la littérature, les arts visuels et le design
5. L’imagerie artistique du « corps propre » à l’ère des nouvelles technologies et les mutations de la question identitaire
Modalité de soumission
Les chercheurs souhaitant participer au colloque doivent envoyer une proposition comprenant : les coordonnées et l’affiliation de l’auteur, un résumé de l’intervention contenant sa problématique abordée et 3 à 5 mots clefs.
Le tout ne doit pas dépasser les 1500 signes.
Les propositions peuvent être rédigées en arabe, en français ou en anglais.
Elles doivent être envoyées avant le 31 Mars 2025 à minuit
à l’adresse recherchecreationabidart@gmail.com
Frais d’inscription
Les candidats tunisiens sélectionnés devront régler des frais d’inscription de 250 dt. Les candidats étrangers qui vont séjourner le long du colloque devront verser les frais de 250 euros. Les conférenciers ne sont définitivement admis pour participer au colloque qu’après l’envoie du justificatif de règlement des frais d’inscription sur le mail du colloque susmentionné.
Ces frais d’inscription couvrent l’accueil en pension complète dans une chambre single du conférencier tunisien pour 1 nuitée à l’hôtel « Les Citronniers » à Hammamet. L’hébergement du conférencier étranger pour 4 nuitées en pension complète dans une chambre single au même hôtel. Ils incluent également les pauses cafés, les tod’s begs contenant la documentation spécifique au colloque.
Toutes ces dépenses sont prises en charge par le Centre Culturel Privé Abid’Art.
Comité scientifique
- Hedia ABDELKAFI, Professeur émérite de Littérature française de l’enseignement supérieur, Université El Manar, Tunisie
- Sami BEN AMEUR, Professeur émérite d’Arts Plastiques de l’enseignement supérieur, Université Tunis I, Tunisie
- Nizar BEN SAAD, Professur de Littérature française de l’enseignement supérieur, Université de Sousse, Tunisie
- Raief MALEK, Professeur de design de l’enseignement supérieur, Université du roi Abdelaziz, Jeddah, Péninsule Arabie Saoudite
- Donia BETTAIEB, Professeur de design de l’enseignement supérieur, Université du roi Abdelaziz, Jeddah, Péninsule Arabie Saoudite
- Tarek BEN CHAABANE, Maître de conférences en Cinéma, Université Carthage, Tunisie
- Khaled ABIDA, Professeur en Arts Plastiques, Université de Monastir, Tunisie
Comité d’organisation
- Sondes Rouin, Université de Monastir, Tunisie
- Nadia Chakroun, Université de Monastir, Tunisie
- Neila Ben Rhouma, Université de Manouba, Tunisie
- Alya Berhouma, Collège Lassale, Tunisie
- Asma Saidane, Université de Manouba, Tunisie
- Afef Naouali, Université de Gabes, Tunisie
- Salah Hmida, Université de Monastir, Tunisie
Note
[1] Dans la phénoménologie de Merleau-Ponty, le concept du « Corps propre » s’oppose à celui du « corps objectif » étudié par les sciences.
Subjects
- Europe (Main category)
- Society > Sociology > Sociology of culture
Places
- Hôtel les Citronniers - Rue nevers, Hammamet
Hammamet, Tunisia (8050)
Date(s)
- Monday, March 31, 2025
Attached files
Keywords
- corps propre, vivant, littérature, art visuel, design
Contact(s)
- khaled Abida
courriel : khaled_abida [at] yahoo [dot] fr
Information source
- khaled Abida
courriel : khaled_abida [at] yahoo [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Imageries artistiques du « corps propre » à l’aune du vivant dans la littérature, les arts visuels et le design », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, January 07, 2025, https://doi.org/10.58079/130zr