Published on Wednesday, January 08, 2025
Abstract
Ce colloque se donne pour objet l’analyse du groupe social que constituent (ou pas) les étudiant·es africain·es en France, qu’il s’agisse de sentiment d’appartenance, d’attentes communes, de lieux de rencontre et de vie, d’origine sociale, d’âge, de genre, de cursus scolaire et/ou universitaire, d’engagement associatif, syndical ou politique, de sociabilité, de regard porté ou toute autre caractéristique qui fonde un groupe, ou au contraire est facteur d’hétéronomie, telles les origines nationales ou sociales, ou le fait d’être ou non détenteurs/trices d’une bourse. Cela n’exclut pas de s’intéresser aux trajectoires individuelles, en particulier celles des étudiantes, qui ont longtemps été très minoritaires.
Announcement
Argumentaire
Une présence ancienne, et qui évolue dans le temps
Dès l’entre-deux guerres il y avait en France métropolitaine quelques étudiants africains, certes peu nombreux, surtout masculins, mais dont certains tel Léopold Sédar Senghor devinrent célèbres. Le Ministère des colonies en décompte 75 en 1926, et ils seraient 40 en 1932. Mais après la seconde guerre mondiale leur nombre connait une croissance exponentielle. Cela est dû aux bouleversements politiques, à un désir nouveau d’aligner l’enseignement en Afrique française sur celui de la métropole alors même que les lycées ont été créés tardivement, à l’exception du lycée Faidherbe de Saint-Louis du Sénégal en 1919, et les universités encore plus. La première, et la seule jusqu’aux indépendances, celle de Dakar, n’ouvre ses portes qu’en 1957. Pendant longtemps il n’y a donc pas d’autres choix pour celles et ceux qui veulent poursuivre leurs études que de venir en France. Mais à partir des années 1970, la tendance s’inverse et le nombre d’étudiant.es africain.es en France diminue. Ils et elles représentent encore en 1985 58% du total des étudiant.es étranger.es en France mais n’en représentent plus en 1999 que 49% dont 31 000 environ venant d’Afrique subsaharienne et des iles de l’Océan indien1. Cette baisse est due à plusieurs facteurs : la possibilité de suivre des cursus complets dans les universités africaines mais aussi la diminution des bourses françaises ou nationales et les restrictions croissantes en matière de visa, sans compter les relations compliquées avec un certain nombre de pays et la menace d’une augmentation conséquente des droits d’inscription ainsi que la fin de l’automaticité des équivalences de diplômes. Aujourd’hui rares sont les étudiant.es africain.es qui suivent en France des cursus complets. Les provenances se sont diversifiées, même si l’Afrique francophone fournit la majeure partie du contingent. Quelques enquêtes, telle celle de Jean-Pierre Ndiaye2, ont été produites par le passé ainsi que des études et un colloque pour tenter de comprendre les modes de vie, les difficultés et/ou les attentes de ces étudiant.es.
Un groupe social à part entière
Ce colloque se donne pour objet l’analyse du groupe social que constituent (ou pas) les étudiant.es africain.es en France qu’il s’agisse de sentiment d’appartenance, d’attentes communes, de lieux de rencontre et de vie, d’origine sociale, d’âge , de genre, de cursus scolaire et/ou universitaire, d’engagement associatif , syndical ou politique, de sociabilité, de regard porté ou toute autre caractéristique qui fonde un groupe, ou au contraire est facteur d’hétéronomie, telles les origines nationales ou sociales, ou le fait d’être ou non détenteurs/trices d’une bourse. Cela n’exclut pas de s’intéresser aux trajectoires individuelles, en particulier celles des étudiantes, qui ont longtemps été très minoritaires. On pourra interroger les motivations ayant impliqué la venue en France, les attentes induites, le parcours universitaire et la trajectoire ultérieure. Les études en France ont-elles été et sont- elles encore valorisées sur le plan professionnel ? Ou au contraire ne constituent-elles pas, dans certains cas, un pis-aller ? Quels sont les choix faits alors que d’autres options s’ouvrent, notamment l’Amérique du Nord, et/ou la Chine ? Les étudiant.es reviennent-ils/elles dans leur pays d’origine ou se fixent- ils/elles ailleurs que ce soit en France ou dans d’autres pays ? Dans quelle mesure s’impliquent-ils dans la vie associative (sport, culture, solidarité), syndicale et politique française ? On s’intéressera tout particulièrement aux étudiant.es africain.es originaires de pays non francophones, pour qui la langue aurait pu constituer un handicap.
Variations, contraintes et opportunités à travers les époques
Le colloque prétend également s’inscrire dans le temps long, des débuts du XXe siècle au très contemporain. Les communications pourront donc être inscrites dans ce temps long ou au contraire privilégier un moment spécifique.
On pourra aussi s’intéresser aux procédures particulières destinées aux étudiant.es et à leur accompagnement, tel Campus France, quand elles visent plus spécifiquement les pays africains. Les problèmes rencontrés par les étudiant.es africain.es sont nombreux, ne serait-ce que l’obtention parfois difficile des visas et autres titres de séjour. Récemment encore les visas des étudiant.es burkinabe et malien.nes ont été annulés, du fait des relations diplomatiques de la France avec leur pays d’origine. L’augmentation annoncée des frais d’inscription pour les étudiant.es hors Union européenne, et bien que la plupart des universités résistent encore constitue une sérieuse menace et risque de dissuader nombre d’entre elles/eux de choisir la France. Le parcours est parfois un véritable saut d’obstacle. Il peut être intéressant d’analyser la représentation qu’ils et elles se font ou sont fait.es de leur séjour en termes d’attentes comblées ou au contraire déçues. Les difficultés rencontrées peuvent être diverses de même que les affects mis en jeu, le séjour être perçu comme une réussite ou un échec, les relations nouées pendant le séjour intéressantes ou pas, durables ou non. On se demandera s’il y a des générations d’étudiant.es africain.es distinctes et on pourra essayer de les définir. Être étudiant.e en France durant la période coloniale et maintenant n’a évidemment pas le même sens mais il y a une mémoire de la colonisation qui peut aussi peser et impacter le séjour, différemment sans doute de même que peuvent l’impacter les rapports avec le pays d’origine, le cas extrême étant peut-être celui d’étudiant.es exilé.es.
Certain.es de ces étudiant.es ont fait une partie de leurs études dans leurs pays d’origine, d’autres ont fait toutes leurs études supérieures voire même une partie des études secondaires en France. Certain.es ont même fait une partie de leurs études dans d’autres pays qui leur étaient étrangers. Des comparaisons peuvent alors être utilement instruites.
Modalités de soumission
Les propositions pourront se situer, sans exclusive, selon trois axes principaux :
- Axe 1 : Etudiants africains en France : identités plurielles, statuts variés
- Axe 2 : Etudier en France : parcours, enjeux et défis
- Axe 3 : Organismes de financements et mobilités étudiantes (inclure les agences d’état et les structures confessionnelles)
Les propositions ne devront pas excéder 500 mots et si possible être accompagnées d’une bibliographie et des sources utilisées.
Elles sont à envoyer, à julie.peghini@ciup.fr ou à fblum@univ-paris1.fr
avant le 15 février
Le colloque se tiendra les 13 et 14 juin 2025 à la la Cité internationale universitaire de Paris, Résidence Lucien Paye, Boulevard Jourdan.
Comité scientifique
Françoise Blum (CHS des mondes contemporains), Scholastique Dianzinga (Université Marien Ngouabi de Brazzaville), Daouda Gary-Tounkara (Imaf), Odile Goerg (Université Paris Diderot)), Pierre Guidi (IRD), Héloïse Kiriakou (Chercheuse indépendante), Mubarak Mahmud (INRAE) Nadeige Ngo Nlend (Université de Douala), Céline Pauthier (Université de Nantes), Julie Peghini (Université Paris8, CEMTI, Fondation Lucien Paye), Ophélie Rillon (Imaf), Alexis Roy (Imaf), Michel Sot (Historien), Guillaume Tronchet (IHMC), Elena Vezzadini (Imaf) .
Notes
1 Michel Sot (Dir.), Etudiants africains en France , Paris, Karthala, 2002
2 Jean-Pierre N’Diaye, Enquête sur les étudiants noirs en France, Paris, Editions Réalités africaines, 1962.
Places
- Résidence Lucien Paye - 17 Boulevard Jourdan
Paris, France (75014)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Saturday, February 15, 2025
Attached files
Keywords
- Etudiant.es africain.es, Etudes en France, Circulations
Contact(s)
- Françoise Blum
courriel : fblum [at] wanadoo [dot] fr - Julie Peghini
courriel : Julie [dot] PEGHINI [at] ciup [dot] fr
Information source
- Françoise Blum
courriel : fblum [at] wanadoo [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Étudiant·es africain·es en France », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, January 08, 2025, https://doi.org/10.58079/131i5