Calenda - The calendar for arts, humanities and social sciences
Parole artistique, parole médiatique
Expressão artística, discurso midiático
Parcours et performances politiques au Brésil et en France
Trajetórias e performances políticas no Brasil e na França
Published on Thursday, January 09, 2025
Abstract
Cette rencontre cherche à mettre au jour les parcours, peu connus des publics, de Carolina Maria de Jesus en France et de Françoise Ega au Brésil, afin de poursuivre le dialogue fictif créé entre ces deux femmes du XXe siècle et dont les regards et les réflexions sont encore d’actualité et précieuses pour notre société contemporaine. Ces femmes nous invitent à réfléchir sur les multiples (et ambivalentes) possibilités qu'offre la publication de récits autobiographiques (du livre aux formats éphémères) dans l’espace public élargi : en ligne et hors ligne, au croisement entre médias, politique et recherche. Nous souhaitons ainsi discuter de la manière dont la mise en récit de soi conditionne l’accès à l’espace médiatique et politique des personnes venant des marges. Comment des individus isolés, aux parcours singuliers, deviennent-ils, parfois à leur insu, les porte-paroles d’une réalité collective ?
Este encontro busca motivar o debate, a produção de ideias e novas reflexões ligadas aos percursos pouco conhecidos das autoras Carolina Maria de Jesus na França e Françoise Ega, cujas visões são atuais e relevantes para nossa sociedade contemporânea. Ambas as escritoras nos convidam a refletir sobre as múltiplas (e ambivalentes) possibilidades oferecidas pela publicação de relatos autobiográficos (do livro aos formatos mais efêmeros) na esfera pública ampliada: resultado do cruzamento entre mídia, política e pesquisa acadêmica, online e offline. Assim, pretendemos discutir de que forma a construção da narrativa autobiográfica condiciona o acesso de pessoas provenientes das margens ao espaço midiático e político “do centro”. Como indivíduos isolados, com trajetórias singulares, tornam-se, às vezes sem querer, porta-vozes de uma realidade coletiva?
Announcement
Argumentaire
L’Institut français de presse de l'Université Paris-Panthéon-Assas (IFP) et l’École de communication et d’art de l’Université de São Paulo (ECA/USP) organisent un colloque international dans le cadre des commémorations de l’année France-Brésil.
Cette rencontre cherche à mettre au jour les parcours, peu connus des publics, de Carolina Maria de Jesus en France et de Françoise Ega au Brésil, afin de poursuivre le dialogue fictif créé entre ces deux femmes du XXe siècle et dont les regards et les réflexions sont encore d’actualité et précieuses pour notre société contemporaine. Ces femmes nous invitent à réfléchir sur les multiples (et ambivalentes) possibilités qu'offre la publication de récits autobiographiques (du livre aux formats éphémères) dans l’espace public élargi : en ligne et hors ligne, au croisement entre médias, politique et recherche.
Nous souhaitons ainsi discuter de la manière dont la mise en récit de soi conditionne l’accès à l’espace médiatique et politique des personnes venant des marges. Comment des individus isolés, aux parcours singuliers, deviennent-ils, parfois à leur insu, les porte-paroles d’une réalité collective ? En quoi le passage par les supports culturels leur confère-t-il la possibilité de parole médiatique, au nom d’une pluralité de voix ?
Dans deux pays aux histoires politiques distinctes, avec des paysages médiatiques et des histoires de luttes sociales différenciées, comment ces deux femmes peuvent-elles nous rassembler ? Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega nous permettent d'explorer le silence social et médiatique, et d’éclairer toutes celles et ceux dont la parole est refusée ou non entendue par le plus grand nombre. Comment ces deux figures constituent-elles des archives vivantes des exclus ? En quoi leur absence des espaces institutionnels et de pouvoir reflète-t-elle une marginalisation plus large dans la société ? Elles illustrent une forme d'existence et de résistance par le biais de leurs écrits, transformant leurs récits personnels en témoignages universels.
À travers la publication de leurs ouvrages, elles accèdent à une visibilité médiatique et politique, devenant ainsi les porte-paroles de nombreuses voix en France et au Brésil. Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega sont ainsi devenues des symboles politiques, reconnues pour leurs engagements en s'impliquant dans diverses causes : le droit à la ville, au logement, à l'éducation, à la diversité ethnique et à l’égalité de genre. Ainsi, tout en reconnaissant Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega comme des figures emblématiques, il est important de ne pas les considérer comme un écran, mais plutôt comme des points d’entrée vers une exploration plus vaste d’autres contextes et situations, permettant de questionner les dynamiques sociales, culturelles et politiques qui sous-tendent leurs productions et leurs engagements.
Impliquant des artistes, des chercheurs et des professionnels de la communication, français et brésiliens, cette rencontre poursuit quatre objectifs majeurs :
1. Étudier le récit autobiographique comme stratégie de visibilité pour les groupes marginalisés dans les sphères médiatiques et politiques. Comment leurs récits personnels enrichissent-ils les réflexions autour des vulnérabilités sociales ? Quels enseignements en tirer pour comprendre l'articulation entre identité, mémoire collective et reconnaissance publique ?
2. Explorer les nouvelles formes et reconfigurations des formats d’expression à l'ère des plateformes numériques. Quelles sont aujourd'hui les formes privilégiées pour l'expression de soi ? Sommes-nous limités aux vlogs, vidéos courtes et contenus éphémères ? Quelle est la place des formats traditionnels tels que le livre, la littérature de cordel , ou la correspondance ? Dans quelles conditions ces derniers formats persistent-ils et continuent-ils de jouer un rôle crucial dans la transmission des récits personnels ? Quelles opportunités sont offertes par les plateformes immersives, transmédias ou utilisant des modèles d'intelligence artificielle ? Comment cette nouvelle dynamique affecte-t-elle des marchés consolidés tels que la télévision, la radio, le cinéma, les jeux vidéo et la société du spectacle elle-même ?
3. Interroger la circulation des idées et des récits personnels dans les sphères médiatiques et culturelles. Comment le rapport à la diversité de parcours est-il traduit et discuté dans les œuvres des artistes, journalistes et intellectuels d'aujourd'hui ? En quoi ces récits permettent-ils d’ouvrir de nouveaux horizons pour penser la pluralité des expériences humaines et la reconnaissance des parcours multiples dans l’espace public ?
4. Discuter les circonstances historiques et culturelles qui ont favorisé l'émergence de figures comme Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega sur la scène publique. Comment les groupes sociaux perçus dans une position marginalisée utilisent-ils aujourd'hui les réseaux sociaux et autres plateformes numériques pour subvertir les normes, élaborer des stratégies de visibilité, et mobiliser des tactiques de résistance ? Quelles politiques publiques (post-coloniaux) ont été ou sont encore possibles pour favoriser une plus grande diversité et inclusion dans les processus médiatiques ?
Parcours biographiques
Carolina Maria de Jesus (1914 - 1977)
Caroline Maria de Jesus a embrassé la carrière d'écrivaine après avoir mené une existence marquée par les métiers de femme de ménage et de chiffonnière dans la collecte d’ordures. Elle circulait quotidiennement entre le centre de la ville de São Paulo et le bidonville où elle élevait ses trois enfants : Vera Eunice, João José et José Carlos. Dans la promiscuité de la Favela du Canindé, Carolina Maria de Jesus trouvait une « chambre à soi » à travers la tenue rigoureuse d’un journal intime, une pratique peu commune parmi les classes populaires brésiliennes. Elle décrit sa lutte pour survivre à São Paulo, faisant face à la famine et à l’extrême pauvreté.
Dans les années 1960, certains de ses cahiers personnels ont été compilés en un livre par le journaliste Audálio Dantas, qui a rencontré Carolina Maria de Jesus à la suite d’une enquête de terrain qu’il réalisait dans le quartier où elle vivait. Il est devenu son agent littéraire et orientera sa carrière d’auteure. Cette rencontre fait actuellement l’objet de discussions par la famille de Carolina Maria de Jesus : le journaliste connaissait-il l’existence déjà de l’existence de Carolina Maria de Jesus avant son arrivée au Canindé ? Un premier reportage sur Carolina Maria de Jesus avait déjà été publié dans le journal Folha da Manhã en 1940 sous le titre « Carolina Maria, poetiza preta ». Le récit d’Audálio Dantas, qui affirme avoir « découvert » Carolina Maria de Jesus par hasard, soulève des questions fondamentales sur la notion même de "découverte" et, plus largement, sur le rôle de la médiation journalistique à l’égard des personnes en marge. Qui découvre qui, dans quel but, et qui donne accès à quoi ? Ces interrogations mettent en lumière les dynamiques de pouvoir et les intentions sous-jacentes dans les processus de médiatisation.
La publication au Brésil de l’ouvrage Quarto de Despejo : Diário de uma favelada (1960) permet la mise en visibilité de Carolina Maria de Jesus et lui donne une présence médiatique dans différents titres de la presse brésilienne et internationale . A ces répercussions symboliques s’ajoutent des implications plus personnelles permettant à Carolina Maria de Jesus de quitter le bidonville et de s’installer en ville dans une « casa de alvenaria » en Santana, et ensuite dans une ferme à Embu-Guaçu. Carolina Maria de Jesus est la première femme noire brésilienne à voir son œuvre traduite à l’étranger, en 14 langues. En français, son premier livre est publié sous le titre Le Dépotoir chez Stock, deux ans après sa parution au Brésil (1962).
L'une des trois publications de Carolina Maria de Jesus - le Journal de Bitita - a initialement paru en français aux éditions Métailié en 1982, avant d'être éditée au Brésil en 1986. Ce livre suscite une polémique toujours d'actualité autour de l'œuvre de Carolina Maria de Jesus : le rapport entre l'oralité et l'écriture, entre les différents registres de parole et l'usage d'une langue dépourvue des normes grammaticales, syntaxiques et orthographiques. Entre le livre publié et le manuscrit original, des changements profonds s’observent dans la structure du texte, des omissions, et même l'inclusion de passages, sans le consentement de l'auteure, décédée en 1977. Par exemple, le titre retenu en France, Journal de Bitita, se démarque de celui choisi initialement par l’auteure (Um Brasil para os brasileiros). Ces différences sont emblématiques d’une parole qui pour être entendue se doit se conformer à des normes et stratégies éditoriales, mais également à des normes de visibilité sociale et médiatique, jouant également avec les imaginaires français à propos du Brésil au XXe siècle.
De septembre 2021 à avril 2022, l’Institut Moreira Sales (IMS) a inauguré à São Paulo, en plein cœur de l’Avenida Paulista, une exposition intitulée Um Brasil para os brasileiros, reprenant le titre de l'ouvrage dédié à Carolina Maria de Jesus. L'exposition, organisée par l'anthropologue Hélio Menezes et l'historienne Raquel Barreto, avec la collaboration d'une équipe autonome de l'IMS, est structurée en 16 sections intégrant des extraits, des livres, des cahiers manuscrits, des photographies, des journaux, des vidéos et des documentaires sur Carolina Maria de Jesus, en dialogue avec les œuvres d'artistes visuels brésiliens réalisées entre 1951 et 2021.
Françoise Ega (1920 - 1976)
Françoise Ega a transformé sa vie en un témoignage poignant sur les femmes ultra-marines venues en métropole pour exercer des métiers domestiques tels que le ménage, la garde d'enfants et la cuisine. Arrivée à Marseille au milieu des années 1950, en provenance de la Martinique, Françoise Ega s’installe à La Busserine, au nord de la ville. Elle s’engage comme femme de ménage – ou « bonne à tout faire » - de 1962 à 1964. Elle consigne ses expériences dans des carnets de notes qui deviendront son journal de terrain (ou journal de résistance), un document puissant qui témoigne des conditions des femmes antillaises arrivées en France métropolitaine dans les années 1960.
Françoise Ega a découvert l'existence de Carolina Maria de Jesus à travers un reportage de Paris Match (1962) et a commencé à lui écrire. Bien que ces lettres ne soient jamais parvenues à leur destinataire, elles constituent la matière première du livre de Françoise Ega. Deux ans après sa mort, ses écrits prennent la forme d’un livre, intitulé Lettres à une Noire (L’Harmattan, 1978), réédité par Lux en 2021 et publié la même année en portugais par Todavia. Par leur existence, ces lettres soulèvent la question des dialogues transatlantiques entre l'Europe, l'Afrique et les Amériques, mettant en lumière les rencontres, les partages d'expérience et la construction d'un savoir dépassant les frontières géopolitiques.
Récit à la première personne, Françoise Ega tire de ce qu’on pourrait appeler une ethnographie ordinaire des « éléments de compréhension [qu’elle en retire] nous en apprennent peut-être autant sur [elle-]même que sur les autres ». De la même manière que dans les années 1970, Awa Thiam part à la rencontre des femmes du Mali, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée, du Ghana et du Nigéria pour écrire un livre qui retrace des parcours similaires au sien. Ces récits descriptifs mêlant l'intime et le politique perdurent en France, portés aujourd’hui par des femmes telles que Douce Dibondo (animatrice de podcast, essayiste et autrice), Amandine Gay (réalisatrice, comédienne et autrice), Axelle Jah Njiké (animatrice de podcast, chroniqueuse et auteure) et Kiyémis (blogueuse et autrice).
Le roman autobiographique de Françoise Ega retrace les dialogues et les activités d’un individu directement concerné par les questions qu’il aborde, sans qu’une autre personne n'oriente sa manière de raconter les expériences vécues ou témoignées. Une nouvelle fois, le format livre devient un outil pour redonner la voix aux invisibles, en l’occurrence ces femmes issues des territoires ultra-marins, qui, une fois arrivées en France métropolitaine, voient leur destin scellé en tant qu’employées de maison. La publication devient en quelque sorte une pièce maîtresse dans la construction de la mémoire collective d’un groupe dont l’activité est marquée par la discrétion et la modestie. Un travail invisibilisé réalisé par des femmes qui nettoient le monde (gares, aéroports, musées, villes...), dans une économie où leurs corps sont épuisés . Dans ce contexte, où l’invisibilisation est une caractéristique centrale, on s'intéresse encore très peu aux savoirs qui se construisent par le partage des pratiques, des expériences et des échanges sociaux.
Les femmes venues des Antilles dans les années 1950 et 1960 font l’objet d’une forme de déshumanisation selon Françoise Ega qui utilise l’expression d’« engin convenable ». Celle-ci se cristallise dans les interactions quotidiennes : les difficultés ajoutées aux tâches, les échanges humiliants, les ordres injustes, la réduction au silence et à la solitude. Dans le cas de Françoise Ega, les patrons lui attribuent même un prénom différent, écrasant ainsi son identité et son individualité. Cette expérience ne lui semble pas isolée, Françoise Ega l’estime liée aux politiques publiques, dont la création en 1963 du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer (Bumidom) par Michel Debré en est pour elle le symbole .
Depuis 2019, une rue dans le 14e arrondissement de Marseille porte le nom de Françoise Ega : « Rue Françoise-Ega. Dites Mam’Ega, poète et militante (1920-1976). De même, une association sociale et culturelle porte son nom – Comité Mam’Ega – et lutte contre l’illettrisme et « toute forme d’exclusion au sein du quartier du grand Saint-Barthélemy dans les quartiers nord de la Ville de Marseille ».
Ouvertures et questions de l'actualité
À la croisée de la « diversité des sociétés » et du « dialogue transatlantique », les parcours de Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega soulèvent des questions contemporaines en sciences de l’information et de la communication, tant en France qu'au Brésil.
Axe 1 - Médias, journalisme et récit de soi
Les parcours médiatiques de Carolina Maria de Jesus et de Françoise Ega mettent en lumière la place ambivalente des médias et du journalisme dans la visibilité des « minorités », oscillant entre espace d'émancipation et de stigmatisation. Ces auteures n’ont-elles pas été prisonnières d’un "récit unique" sur leur œuvre qui les cantonne au rôle de femme noire et les réduise au statut de porte-parole de cette partie de la population ? Dans le cas de Carolina Maria de Jesus, les photographies dans les journaux brésiliens de l’époque en témoignent : elle est souvent mise en scène pour représenter ce qu'elle était (une habitante d’un favela), et non ce qu'elle est devenue (une écrivaine). Quelle place les médias et les journalistes accordent-ils aux voix marginalisées ? Et de façon plus générale, quels traitements réservent-ils aux personnes en marge de la société ? Ce désir de construire des récits moins cloisonnés se retrouve plus récemment dans la publication collective Noire n’est pas mon métier (Seuil, 2018). Sous l’impulsion de l’actrice Aïssa Maïga, un groupe de professionnels de l’audiovisuel y retrace leurs parcours professionnels, marqués par les questions de stéréotypes. Il apparaît donc pertinent d’étudier comment Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega, à travers une démarche de lutte et de résistance par l’écriture , ont habilement contourné (ou détourné) la stratégie médiatique du « récit unique » et de la mise en visibilité des minorités.
Axe 2 - Le « style littéraire » dans le parcours des minorités
Récemment, lors de la réédition au Brésil des deux volumes de Casa de Alvenaria (Companhia das Letras, 2021), l'écrivaine et spécialiste en littérature afro-brésilienne Conceição Evaristo et la fille de Carolina Maria de Jesus, Vera Eunice de Jesus, ont intérrogé à nouveau la dimension autour des tentatives de mise en forme des écrits de Carolina Maria de Jesus. Conformer son œuvre aux normes des maisons d’édition standardiserait-elle non seulement sa force, mais aussi son style unique ? Certes, factuellement, Carolina Maria de Jesus ne maîtrisait pas le registre formel de la langue portugaise, puisqu’elle n’a pas pu terminer ses études au collège. Par conséquent, elle ne pouvait pas s’ajuster à la forme soutenue pour s’adresser à ses lecteurs. Cette façon d'écrire ouvre-t-elle des possibilités ou enferme-t-elle Carolina Maria de Jesus dans un stéréotype de classe ? Cela pose aussi la question en filigrane de la dimension sociale du style littéraire, des normes éditoriales et plus largement du travail qui font les maisons d’édition spécialisés. Par exemple, Anacaona, une maison d'édition indépendante spécialisée dans la littérature, les essais et les manifestes écrits par des auteurs et auteures qui traitent de thèmes considérés comme marginaux en France et au Brésil. En quoi neutraliser un texte, pour le rendre standard, contribue-t-il à l'effacement de son caractère original ? Cet axe permet ainsi d'explorer les ruptures que le « style littéraire » de Carolina Maria de Jesus et de Françoise Ega engendrent et inspirent en tant que modes d’auto-représentation . Par ailleurs, une autre ligne de réflexion concerne la création de formes autonomes de publication et l'utilisation d'autres « médias périphériques », tels que les saraus15, les slams16, les cercles littéraires et les fanzines.
Axe 3 - Maintenance, care et visibilité du travail
Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega restituent leur expérience à partir de leur travail domestique au sein d’une sphère privée, renvoyant traditionnellement aux enjeux du soins, souvent dévolus aux femmes (perçues comme racisées). Le care est un concept politique qui interroge la distribution inégale des responsabilités de soin dans la société, ainsi que la manière dont ce travail est réparti et valorisé. L’invisibilité de ce travail (ou le mépris qu’on lui accorde) réalisé quotidiennement par les femmes dans la maintenance des espaces publics et privés doit encore être interrogée. Qui nettoie le monde ? Quelle place et quelles fonctions occupent ces femmes dans la construction des récits médiatiques, culturels et politiques ? La visibilité (ou invisibilité) demeure cruciale dans la médiatisation de certains groupes professionnels, comme en témoignent les 22 mois de grève menés par les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Clichy-Batignolles, entre 2019 et 2021. La pertinence d’étudier les relations entre les productions littéraires et l’engagement collectif de Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega à l’égard des mouvements sociaux de leur époque s’impose. En particulier la réciprocité entre littérature et engagement social : de quelle manière ces écrivaines ont-elles inspirés ces mouvements, et, inversement, comment les mouvements ont nourri leur oeuvres et leur vie.
Axe 4 - L’intime et les formats médiatiques
Les publications de Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega adoptent la forme d’un récit autobiographique, ouvrant ainsi la voie à une réflexion sur la construction de l'intimité et du soi à l'ère des plateformes et réseaux sociaux. L'émergence du récit de soi semble intrinsèquement liée aux avancées du Web 2.0, facilitant la production et le partage de contenu et permettant à des individus ordinaires de s'exprimer. Toutefois, Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega montrent que cette pratique n'est pas nouvelle : l'exposition de soi trouve ses racines dans une pluralité de formats, tels que la correspondance ou les enregistrements sonores.. Par exemple, l’émission radio que la journaliste Émilie Mendy a réalisé une sur les cassettes envoyées par sa grand-mère depuis le Sénégal19. Ainsi, une analyse pourrait s'étendre à explorer comment ces différentes modalités ont permis à travers les générations d’exprimer une parole sur le soi pour accéder à des espaces médiatiques, politiques et culturels.
Conditions de soumission
Les propositions de communication, en français ou en portugais, doivent être envoyées à jaercio-bento.da-silva@u-paris2.fr et schwartz@usp.br
avant le 31 janvier 2025
Elles comporteront :
- Le titre de la communication ;
- Une proposition de 3 000 signes maximum (espaces compris), précisant l’objet de la présentation, son orientation disciplinaire, théorique et méthodologique, sa problématique ainsi que les principaux résultats ;
- Une bibliographie indicative ;
- Une brève biographie ;
Les propositions de communication, une fois rendues anonymes, seront évaluées en double aveugle par des membres du comité scientifique.
Les modalités non académiques (journalistiques, biographiques, artistiques) sont acceptées et pourront être mises en valeur dans la programmation de l'événement.
Les propositions relevant de tous les champs disciplinaires seront examinées : sciences de l’information et de la communication, sociologie, économie, droit, sémiologie, cinéma, anthropologie, histoire, philosophie, art, ingénierie informatique, architecture et urbanisme, politiques publiques et relations internationales.
L'inclusion d'autres personnalités – en plus de Carolina Maria de Jesus et Françoise Ega – est évidemment possible et souhaitée.
Les propositions retenues devront être suivies de la rédaction d'un texte complet (20 000 signes, espaces compris), à soumettre au plus tard le 25 juillet 2025.
Ce document servira aux modérateurs et modératrices des panels et sera transmis au service de traduction simultanée (français-portugais-français).
Calendrier prévisionnel
- Diffusion de l'appel à communications : octobre 2024
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Date limite de soumission des propositions : 31 janvier 2025
- Envoi des notifications d'acceptation : mars 2025
- Parution du programme : juin 2025
- L’envoi du texte complet de la communication : 25 juillet 2025
- L'événement est prévu du 27 au 29 août 2025, à l’IMS Paulista (São Paulo, SP, Brésil)
Comité d’organisation
- Marie-France Chambat-Houillon, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Jaércio da Silva, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Izabela Moi, Agência Mural de Jornalismo das Periferias
- Gilson Schwartz, Universidade de São Paulo (ECA/USP)
- Vitor Souza Lima Blotta, Universidade de São Paulo (ECA/USP)
Comité scientifique
- Rosangêla Aparecida Hilário, Université de São Paulo (Diversitas/USP)
- Rebecca Botelho Portela de Melo, Universidade Federal de Pernambuco (UFPE)
- Manon Cerdan, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Valérie Devillard, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism
- Raquel de Barros Pinto Miguel, Université fédérale de Santa Catarina (CFH/UFSC)
- Carla Maria dos Santos Silva, Université de São Paulo (Diversitas/USP)
- Roseli Lopes, École Polytechnique de l'Université de São Paulo (EP/USP)
- Cécile Méadel, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Camila Moreira Cesar, Université Sorbonne-Nouvelle (ICM/Irmeccen)
- Itania Maria Mota Gomes, Universidade Federal da Bahia (Facom/POSCOM)
- Sophie Noël, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Bibia Pavard, Université Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Luana Rabetti, Université de São Paulo (Diversitas/USP)
- Maria Angélica Souza Ribeiro, Université de São Paulo (Diversitas/USP)
- Teresa Cristina Teles, Université de São Paulo (Diversitas/USP)
- Victor Vicente, Universidade de São Paulo (ECA/USP)
Ce projet bénéficie du soutien du Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaires sur les médias (Carism), de l'Agência Mural de Jornalismo das Periferias, du groupe UAIFAI – Universos Abertos à Imaginação, à Fantasia e aux Arts de l'Invention de l'Institut d'Études Avancées de l'USP (IEA/USP), de l'Instituto Moreira Salles (IMS), du Groupe de Recherche Journalisme, Droit et Liberté (JDL/ECA/USP) et du Programme de Master Interdisciplinaire en Humanités, Droits et Nouvelles Légitimités (PPGHDL/FFLCH/USP).
Apresentação
A Escola de Comunicações e Artes da Universidade de São Paulo (ECA/USP) e o Institut Français de Presse da Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP) organizam um congresso internacional no âmbito das comemorações do ano França-Brasil.
Este encontro busca motivar o debate, a produção de ideias e novas reflexões ligadas aos percursos pouco conhecidos das autoras Carolina Maria de Jesus na França e Françoise Ega, cujas visões são atuais e relevantes para nossa sociedade contemporânea . Ambas as escritoras nos convidam a refletir sobre as múltiplas (e ambivalentes) possibilidades oferecidas pela publicação de relatos autobiográficos (do livro aos formatos mais efêmeros) na esfera pública ampliada: resultado do cruzamento entre mídia, política e pesquisa acadêmica, online e offline.
Assim, pretendemos discutir de que forma a construção da narrativa autobiográfica condiciona o acesso de pessoas provenientes das margens ao espaço midiático e político “do centro”. Como indivíduos isolados, com trajetórias singulares, tornam-se, às vezes sem querer, porta-vozes de uma realidade coletiva? Em que medida a passagem por suportes culturais, legitimados pelas lógicas de mercado, lhes confere o acesso à fala midiática, em nome de uma pluralidade de vozes?
Nesses dois países com trajetórias políticas distintas, com paisagens midiáticas e histórias de lutas sociais diferenciadas, como essas duas figuras podem nos unir na busca de perspectivas de inclusão e emancipação? Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega nos permitem explorar o silêncio social e midiático e iluminar todas aquelas e aqueles cujas falas são negadas ou não ouvidas nas esferas de poder. Essas duas figuras representam um arquivo das vozes dos excluídos, daqueles que não são representados nos espaços institucionais e de poder. Elas ilustram uma forma de existência e resistência por meio de seus escritos, transformando suas narrativas pessoais em testemunhos universais.
Por meio da publicação de suas obras, Carolina e Françoise alcançam visibilidade midiática e política, tornando-se assim porta-vozes de muitas outras na França e no Brasil. Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega tornaram-se, portanto, símbolos políticos, reconhecidas por seus engajamentos em diversas causas: direito à cidade, à moradia, à educação, à diversidade étnica e à igualdade de gênero.
Ao reconhecer Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega como figuras emblemáticas, é importante não considerá-las unicamente como uma tela a contemplar, mas sim como pontos de entrada (e de partida) para uma exploração mais ampla de outros contextos e situações de desigualdade e exclusão, permitindo questionar as dinâmicas sociais, culturais e políticas que sustentam suas produções e engajamentos.
Envolvendo artistas, pesquisadores e profissionais da comunicação, franceses e brasileiros, este congresso busca alcançar quatro objetivos principais:
1. Estudar o relato autobiográfico como estratégia de visibilidade para grupos marginalizados nas esferas midiáticas e políticas. Como os relatos pessoais enriquecem esse debate? Quais lições podem ser extraídas para compreender a articulação entre identidade, memória coletiva e reconhecimento público?
2. Explorar as novas formas e reconfigurações dos formatos de expressão na era das plataformas digitais. Quais são hoje as formas preferidas para a expressão de si? Estamos limitados a vlogs, vídeos curtos e conteúdos efêmeros? Qual é o lugar dos formatos tradicionais, como o livro, a literatura de cordel ou a correspondência? Em que condições esses últimos formatos persistem e continuam a desempenhar um papel crucial na transmissão de relatos pessoais? Quais oportunidades são criadas pelas plataformas imersivas, transmídia ou que utilizam modelos de inteligência artificial? De que maneira essa agenda impacta mercados consolidados como a televisão, o rádio, o cinema, os games e a própria sociedade do espetáculo?
3. Interrogar a circulação de ideias e relatos pessoais nas esferas midiáticas e culturais. Como a diversidade de trajetórias é traduzida e discutida nas obras de artistas, jornalistas e intelectuais contemporâneos? De que forma esses relatos abrem novos horizontes para pensar a pluralidade das experiências humanas e o reconhecimento dos múltiplos percursos no espaço público?
4. Discutir as circunstâncias históricas e culturais que favoreceram o surgimento de figuras como Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega na cena pública. Como os grupos sociais marginalizados utilizam hoje as redes sociais e outras plataformas digitais para subverter normas, criar estratégias de visibilidade, e mobilizar táticas de resistência? Quais pactos políticos foram ou ainda são possíveis para promover maior diversidade e inclusão nos processos midiáticos?
Percursos biográficos
Carolina Maria de Jesus (1914 - 1977)
Carolina Maria de Jesus abraçou a carreira de escritora depois de ter trabalhado quase a vida toda como empregada doméstica e catadora de papel . Ela circulava diariamente entre o centro da cidade de São Paulo e a favela onde criava seus três filhos: Vera Eunice, João José e José Carlos. Na favela do Canindé, Carolina Maria de Jesus encontrou um "quarto próprio" por meio da manutenção rigorosa de um diário íntimo, prática pouco conhecida entre as classes populares brasileiras. Ela descreve sua luta para sobreviver em São Paulo, enfrentando a fome e a extrema pobreza.
Na década de 1960, alguns de seus cadernos pessoais foram compilados em um livro pelo jornalista Audálio Dantas, que conheceu Carolina Maria de Jesus durante uma investigação que realizava na região onde ela vivia. Ele se tornou seu agente literário e orientou o começo da sua carreira como escritora. Esse encontro é atualmente objeto de discussões pela família de Carolina Maria de Jesus: o jornalista já conhecia a existência de Carolina Maria de Jesus antes de sua chegada ao Canindé? Uma primeira reportagem sobre Carolina Maria de Jesus já havia sido publicada no jornal Folha da Manhã em 1940 sob o título “Carolina Maria, poetiza preta”. O relato de Audálio Dantas, que afirma ter "descoberto" Carolina Maria de Jesus por acaso, levanta questões fundamentais sobre a própria noção de "descoberta" e, mais amplamente, sobre o papel da mediação jornalística em relação às pessoas marginalizadas ou excluídas do registro oficial. Quem descobre quem, com qual objetivo, e quem tem acesso a quê? Essas interrogações iluminam as dinâmicas de poder e as intenções subjacentes nos processos de mediação.
A publicação no Brasil da obra Quarto de Despejo: Diário de uma favelada (1960) possibilitou a visibilidade de Carolina Maria de Jesus e lhe conferiu uma presença midiática em diferentes meios de comunicação brasileiros e internacionais . A essas repercussões simbólicas somam-se implicações mais pessoais, permitindo a Carolina Maria de Jesus deixar a favela e se estabelecer na cidade em uma “casa de alvenaria” em Santana, na zona norte da cidade, e depois em uma sítio em Embu-Guaçu. Carolina Maria de Jesus é a primeira mulher negra brasileira a ver sua obra traduzida para o exterior, e em 14 idiomas. Em francês, seu primeiro livro foi publicado sob o título Le Dépotoir pela editora Stock, dois anos após sua publicação no Brasil (1962).
Uma das três publicações de Carolina Maria de Jesus - o Diário de Bitita - foi inicialmente publicada em francês pela editora Métailié em 1982, antes de sair no Brasil, em 1986. Este livro suscita uma polêmica ainda atual em torno de sua obra: a relação entre oralidade e escrita, entre os diferentes registros de fala e o uso de uma língua não conforme as normas gramaticais, sintáticas e ortográficas. Entre o livro publicado e o manuscrito original, observam-se mudanças profundas na estrutura do texto, omissões e até mesmo a inclusão de trechos, sem o consentimento da autora, que faleceu em 1977. Por exemplo, o título escolhido na França, Diário de Bitita, difere daquele inicialmente escolhido pela autora (Um Brasil para os brasileiros). Essas diferenças são emblemáticas de uma fala que, para ser ouvida, parece precisar se conformar a normas e estratégias editoriais, mas também a normas de visibilidade social e midiática, simbolizando também os imaginários franceses sobre o Brasil no século 20.
De setembro de 2021 a abril de 2022, o Instituto Moreira Salles (IMS) realizou, em São Paulo, em plena avenida Paulista, um dos centros financeiros da cidade mais rica do país, uma exposição intitulada Um Brasil para os brasileiros, dedicada a Carolina Maria de Jesus. A exposição foi pensada pelo antropólogo Hélio Menezes e pela historiadora Raquel Barreto, com a colaboração da equipe do IMS. Ela foi estruturada em 16 seções que incluíram edições dos livros, dos cadernos manuscritos, das fotografias, dos jornais, dos vídeos e dos documentários sobre a escritora, e ainda trouxeram obras de artistas visuais brasileiros realizadas entre 1951 e 2021 para dialogar com o conteúdo.
Françoise Ega (1920 - 1976)
Françoise Ega transformou sua vida em um testemunho pungente sobre as mulheres ultramarinas (vindas das antigas colônias francesas no Caribe) que vieram para a Europa para exercer trabalhos domésticos como os de limpeza, de babá ou na cozinha . Chegando a Marselha no meio da década de 1950, vinda da Martinica, Françoise Ega se estabeleceu em La Busserine, bairro localizado ao norte da cidade. Ela trabalhou como empregada doméstica de 1962 a 1964. Neste período, ela registrou suas experiências em cadernos de anotações que se tornaram um diário (diário de resistência ), um documento poderoso que testemunha as condições das mulheres antillanas que chegaram à França metropolitana na década de 1960.
Françoise Ega descobriu a existência de Carolina Maria de Jesus por meio de uma reportagem da Paris Match (em 1962) e começou a escrever cartas endereçadas a Carolina Maria de Jesus. Embora essas cartas nunca tenham chegado a sua destinatária, elas constituem a matéria-prima do livro de Françoise Ega, publicado dois anos após sua morte. Intitulado Lettres à une Noire, foi lançado pela editora L'Harmattan em 1978 ; em 2021 foi reeditado pela Lux em 2021 e publicado também no Brasil pela editora Todavia. Por sua existência, essas cartas levantam a questão dos diálogos transatlânticos entre a Europa, a África e as Américas, destacando os encontros, as trocas de experiências e a construção de um conhecimento que ultrapassa as fronteiras geopolíticas.
Em um relato em primeira pessoa, Françoise Ega extrai o que poderia ser chamado de uma etnografia ordinária “elementos de compreensão que talvez nos ensinem tanto sobre [ela] quanto sobre os outros ”. Da mesma forma que, nos anos 1970, Awa Thiam partiu em busca das mulheres do Mali, Senegal, Costa do Marfim, Guiné, Gana e Nigéria para escrever um livro que retrata trajetórias semelhantes à sua. Esses relatos descritivos que misturam o íntimo e o político perduram na França, sendo atualmente representados por mulheres como Douce Dibondo (apresentadora de podcast, ensaísta e autora), Amandine Gay (diretora, atriz e autora), Axelle Jah Njiké (apresentadora de podcast, cronista e autora) e Kiyémis (blogueira e autora).
O romance autobiográfico de Françoise Ega traça os diálogos e as atividades de um indivíduo diretamente envolvido nas questões que aborda, sem que outra pessoa direcione sua forma de contar as experiências vividas ou testemunhadas. Mais uma vez, o formato livro se torna uma ferramenta para devolver a voz aos invisíveis, neste caso, essas mulheres negras originárias dos territórios franceses no Caribe que, uma vez chegadas à França metropolitana, veem seu destino selado como empregadas domésticas. A publicação torna-se, de certa forma, uma peça central na construção da memória coletiva de um grupo cuja atividade é marcada pela discrição e pela modéstia. Um trabalho invisibilizado realizado por mulheres que limpam o mundo (estações, aeroportos, museus, cidades...), em uma economia onde seus corpos são levados à exaustão9. Nesse contexto, onde a invisibilização é uma característica central, ainda se investiga muito pouco os conhecimentos que se constroem por meio do compartilhamento de práticas, experiências e intercâmbios sociais.
As mulheres que vieram das Antilhas nas décadas de 1950 e 1960 são alvo de uma forma de desumanização, segundo Françoise Ega, que utiliza a expressão “máquina conveniente ”. Essa desumanização se cristaliza nas interações cotidianas: as dificuldades adicionais às tarefas, as trocas humilhantes, as ordens injustas, a redução ao silêncio e à solidão. No caso de Françoise Ega, os patrões até lhe atribuem um nome diferente, esmagando assim sua identidade e individualidade. Essa experiência não lhe parece isolada; Françoise Ega acredita que está ligada às políticas públicas, das quais a criação em 1963 do Escritório para o Desenvolvimento das Migrações nos Departamentos Ultramarinos (Bumidom) por Michel Debré é, para ela, um símbolo.
Desde 2019, uma rua no 14º arrondissement de Marselha leva o nome de Françoise Ega: "Rua Françoise-Ega. Dites Mam’Ega, poète et militante (1920-1976)." Da mesma forma, uma associação social e cultural leva seu nome – Comité Mam’Ega – e luta contra o analfabetismo e contra "toda forma de exclusão dentro do bairro do grande Saint-Barthélemy, no norte da cidade de Marselha ".
Aberturas e questões da atualidade
Na interseção da "diversidade das sociedades" e do "diálogo transatlântico", os percursos de Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega levantam questões contemporâneas em Ciências da Comunicação, tanto na França quanto no Brasil.
Eixo 1 - Mídia, jornalismo e narrativa pessoal
Os percursos midiáticos de Carolina Maria de Jesus e de Françoise Ega reforçam o lugar ambivalente da mídia e do jornalismo na visibilidade das « minorias », oscilando entre espaço de emancipação e estigmatização. Essas autoras não foram prisioneiras de uma "narrativa única" sobre suas obras, que as restringe ao papel de mulher negra e reduz seu status ao de porta-vozes dessa parte da população?
No caso de Carolina Maria de Jesus, as fotografias nos jornais brasileiros da época atestam isso: ela é frequentemente encenada para representar o que era (habitante de uma favela), e não o que se tornou (escritora). Que lugar a mídia e os jornalistas concedem às vozes marginalizadas? E, de forma mais geral, quais tratamentos eles reservam às pessoas à margem da sociedade? Na França, esse desejo de construir narrativas menos compartimentadas se reflete mais recentemente na publicação coletiva Noire n’est pas mon métier (Seuil, 2018), por exemplo. Sob a liderança da atriz Aïssa Maïga, um grupo de profissionais do audiovisual francês demonstra o quanto seus percursos profissionais são marcados pelas questões de estereótipos ethno-raciais. Assim, torna-se pertinente o estudo de como Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega, por meio de uma abordagem de luta e resistência através da escrita , habilmente contornaram (ou desviaram) a estratégia midiática de visibilização das minorias sob o prisma da "narrativa única".
Eixo 2 - O "estilo literário" no percurso das classes populares
Recentemente, durante a reedição no Brasil dos dois volumes de “Casa de Alvenaria ” (Companhia das Letras, 2021), a escritora e especialista em literatura afro-brasileira Conceição Evaristo e a filha de Carolina Maria de Jesus, Vera Eunice de Jesus, explicaram no prefácio que o questionamento sobre a sintaxe dos escritos volta sempre como uma questão: de que maneira adequar o texto ao padrão das editoras contribuiria para reduzir a força de sua obra e neutralizar seu estilo próprio? É verdade que Carolina Maria de Jesus não dominava o registro formal da língua portuguesa, uma vez que não pôde concluir seus estudos. Essa forma de escrever abre possibilidades ou aprisiona a autora em um estereótipo de classe? Isso também levanta, subjacente, a questão da dimensão social do estilo literário, das normas editoriais e, de forma mais ampla, do trabalho que fazem as editoras especializadas. Anacaona é uma editora independente francesa especializada em literatura, ensaios e manifestos assinados por brasileiros e brasileiras que abordam temas considerados marginais. Em que medida “editar” um texto para torná-lo padrão contribui para o apagamento de seu caráter original? Esse eixo permite, assim, explorar as rupturas que o "estilo literário" de Carolina Maria de Jesus e de Françoise Ega proporcionam e inspiram como modos de auto-representação . Além disso, uma outra linha de reflexão diz respeito à criação de formas autônomas de publicação e à utilização de outras "mídias periféricas", como saraus16, slams , rodas literárias e fanzines.
Eixo 3 - Manutenção, cuidado e visibilidade do trabalho
Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega restituem suas experiências a partir do trabalho doméstico na esfera privada que executaram, remetendo tradicionalmente às questões do cuidado, muitas vezes atribuídas às mulheres percebidas como racializadas. O cuidado (care ) é um conceito político que interroga a distribuição desigual das responsabilidades de cuidado na sociedade, bem como a forma como esse trabalho é distribuído e valorizado. A invisibilidade desse trabalho (ou o desprezo que se lhe atribui), realizado diariamente por mulheres na manutenção de espaços públicos e privados, ainda precisa ser questionada. Quem limpa o mundo? Que lugar e quais funções essas mulheres racializadas ocupam na construção das narrativas midiáticas, culturais e políticas? A visibilidade (ou invisibilidade) continua sendo crucial nas estratégias de midiatização de certos grupos profissionais, como atestou o movimento que impulsionou os 22 meses de greve das camareiras do hotel Ibis Clichy-Batignolles, em Paris, entre 2019 e 2021. Uma abertura para estudar as relações entre as produções literárias e o engajamento coletivo de Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega em relação aos movimentos sociais e de como essa relação se manifestava de maneira recíproca : De que maneira essas escritoras inspiraram esses movimentos e, inversamente, como foram influenciadas por eles?
Eixo 4 - A intimidade e os formatos midiáticos
As publicações de Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega adotam a forma de um relato autobiográfico, abrindo assim um espaço para uma reflexão sobre a construção da intimidade e do eu na era das plataformas e redes sociais. O surgimento do relato de si parece intrinsecamente ligado aos avanços do Web 2.0, facilitando a produção e o compartilhamento de conteúdo e permitindo que indivíduos comuns se expressem. No entanto, Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega mostram que essa prática não é nova, a exposição de si tem suas raízes em uma pluralidade de formatos, como a correspondência ou as gravações sonoras. Por exemplo, o programa de rádio que a jornalista Émilie Mendy fez sobre as fitas cassete enviadas por sua avó desde o Senegal . Assim, uma análise poderia se estender para explorar como essas diferentes modalidades permitiram, ao longo das gerações, expressar uma voz pessoal para acessar espaços midiáticos, políticos e culturais.
Submissão de proposta de comunicação
As propostas de comunicação, em francês ou em português, devem ser enviadas até 31 de janeiro de 2025 para o e-mail jaercio-bento.da-silva@u-paris2.fr e schwartz@usp.br.
Elas devem conter:
- O título da comunicação;
- Uma proposta de no máximo 3.000 caracteres (espaços incluídos), detalhando o objeto da apresentação, sua orientação disciplinar, teórica e metodológica, sua problemática e os principais resultados;
- Uma bibliografia indicativa;
- Um breve currículo.
As propostas de comunicação, uma vez anonimizadas, terão dupla avaliação por membros do comitê científico. As modalidades não acadêmicas (jornalística, biográfica, artística) são aceitas. Os trabalhos práticos farão parte da programação durante o evento.
Propostas de todas as áreas disciplinares serão examinadas: ciências da comunicação, sociologia, economia, direito, semiótica, cinema, antropologia, história, filosofia, arte, engenharia da computação, arquitetura e urbanismo, políticas públicas e relações internacionais.
A inclusão de outras personalidades – além de Carolina Maria de Jesus e Françoise Ega – é evidentemente possível e desejável, desde que sejam abordadas questões relacionadas aos diferentes eixos de pesquisa.
As propostas selecionadas deverão ser seguidas pela redação de um texto completo (20.000 caracteres, espaços incluídos), a ser submetido até 25 de julho de 2025.
Este documento servirá para os moderadores e as moderadoras dos painéis e será enviado ao serviço de tradução simultânea (francês-português-francês).
Calendário
- Difusão da chamada para comunicações: Outubro de 2024
- Data limite para envio das propostas: 31 de janeiro de 2025
- Envio das notificações de aceitação: Março de 2025
- Publicação do programa completo: Junho de 2025
- Envio do texto completo da comunicação: 25 de julho de 2025
- Evento previsto de 27 a 29 de agosto de 2025, no IMS Paulista (São Paulo, SP)
Comitê de organização
- Marie-France Chambat-Houillon, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Jaércio da Silva, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Izabela Moi, Agência Mural de Jornalismo das Periferias
- Gilson Schwartz, Universidade de São Paulo (ECA/USP)
- Vitor Souza Lima Blotta, Universidade de São Paulo (ECA/USP)
Comitê científico
- Rosangêla Aparecida Hilário, Universidade de São Paulo (Diversitas/USP)
- Rebecca Botelho Portela de Melo, Universidade Federal de Pernambuco (UFPE)
- Manon Cerdan, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Valérie Devillard, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Raquel de Barros Pinto Miguel, Universidade Federal de Santa Catarina (CFH/UFSC)
- Carla Maria dos Santos Silva, Universidade de São Paulo (Diversitas/USP)
- Roseli Lopes, Escola Politécnica da Universidade de São Paulo (EP/USP) Cécile Méadel, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Camila Moreira Cesar, Universidade Sorbonne-Nouvelle (ICM/Irmeccen)
- Itania Maria Mota Gomes, Universidade Federal da Bahia (Facom/POSCOM)
- Sophie Noël, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Bibia Pavard, Universidade Paris-Panthéon-Assas (IFP/Carism)
- Luana Rabetti, Universidade de São Paulo (Diversitas/USP)
- Maria Angélica Souza Ribeiro, Universidade de São Paulo (Diversitas/USP)
- Teresa Cristina Teles, Universidade de São Paulo (Diversitas/USP)
- Victor Vicente, Universidade de São Paulo (ECA/USP)
Este projeto conta com o apoio do Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaires sur les médias (Carism), da Agência Mural de Jornalismo das Periferias, do grupo UAIFAI – Universos Abertos à Imaginação, à Fantasia e às Artes da Invenção no Instituto de Estudos Avançados da USP (IEA/USP), do Instituto Moreira Salles (IMS), do Grupo de Pesquisa Jornalismo, Direito e Liberdade (JDL/ECA/USP) do Programa de Pós-Graduação Interdisciplinar em Humanidades, Direitos e Novas Legitimidades (PPGHDL/FFLCH/USP).
Subjects
- Information (Main category)
- Mind and language > Epistemology and methodology > Biographical approaches
- Mind and language > Information > History and sociology of the book
- Zones and regions > America > Latin America
- Zones and regions > Europe > France
- Mind and language > Information > History and sociology of the press
- Mind and language > Information > History and sociology of the media
- Periods > Modern > Twentieth century > 1945-1989
Places
- Sao Paolo, Brazil
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Friday, January 31, 2025
Attached files
Keywords
- Françoise Ega, Carolina Maria de Jesus, publication, récit autobiographique, minorité, travail domestique, care, médias
Reference Urls
Information source
- Jaércio da Silva Jaércio da Silva
courriel : jaercio-bento [dot] da-silva [at] u-paris2 [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Parole artistique, parole médiatique », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, January 09, 2025, https://doi.org/10.58079/131wc

