L’Institut supérieur des arts et métiers de Mahdia (ISAMM) – Université de Monastir, et  l’équipe ADNT (Arts, design et nouvelles technologies) du laboratoire Langage et traitement automatique organisent une exposition scientifique intitulée « Trans-forme(s) ».

Contexte

L’Institut Supérieur des Arts et Métiers de Mahdia (ISAMM) – Université de Monastir, en collaboration avec l’équipe ADNT (Arts, Design et Nouvelles technologies) du laboratoire LLTA (Laboratoire Langage et Traitement Automatique), organisent la deuxième édition de l’AGORA  Rencontre Expo-scientifique « Trans-forme(s) » AGORA•RES du 07 au 09 mai 2025, ayant pour thématique ; Représentation et transmission des savoirs en arts et design à l’ère des technologies émergentes, autour de conférences, tables rondes et masterclass et expositions.

Le mot "agora," hérité de la Grèce antique, désigne cet espace où les voix se croisent, les idées s'entrelacent et les liens humains se tissent au fil des débats. Inspiré par cet héritage, la rencontre AGORA•RES propose un espace de rencontres et d’échanges où les différences deviennent des forces, où les idées, même lorsqu'elles s’opposent, construisent des ponts. Chercheurs, designers, artistes, architectes, ingénieurs, sociologues, philosophes, ainsi que tous les concepteurs et créateurs de tous horizons sont invités à participer à cette expérience collective. L’agora se concrétise ainsi dans le geste de l’artisan qui réinvente nos traditions, dans la ferveur des créateurs qui investissent notre espace physique, dans la quête infatigable des chercheurs qui explorent de nouvelles voies.

Argumentaire

À l’heure où le dérèglement climatique, social, économique et géopolitique frappe à nos portes avec une intensité que personne ne peut plus ignorer, nous sommes placés face à une urgence : celle de repenser notre rapport au monde et aux autres. Ces crises, bien que multiples, sont intimement liées, comme des fils noués dans une toile complexe (Morin, 2005). Et pourtant, au cœur de cette complexité émerge une évidence : l’avenir ne se construit pas demain. Il s’élabore aujourd’hui, à travers nos gestes, nos choix, nos engagements et nos actions.

Et si demain devait se résumer à une seule chose, ce serait cette certitude : chaque geste compte. À l’image du colibri, dont la légende raconte qu’il apportait une goutte d’eau pour éteindre un incendie, chacun de nous a un rôle à jouer, aussi modeste soit-il. Et c’est précisément dans cette multiplication des petits gestes que réside la puissance collective. Chaque métier, chaque savoir, chaque domaine de compétence est une pièce essentielle de cette toile. Et si cette conviction trouve écho dans tous les champs d'activités humaines, c'est dans le domaine de la création qu'elle résonne avec une grande intensité, car au fond, créer, c’est agir.

Les créateurs et concepteurs de tous horizons, armés de leurs médiums : plastiques, graphiques, numériques, visuels, installations, objets, projets, récits… sont appelés à nous faire découvrir de nouvelles voies. Ceux qui, à travers leur savoir-faire, leur savoir-agir, leur savoir-imaginer et/ou leur savoir-œuvrer (Manzini, 2014), sont appelés à enrichir notre compréhension, pour un avenir plus viable (Turner, 2006). Parce que réinventer nos espaces, nos gestes, nos récits, c'est réinventer nos vies.

Partant de ce postulat, la rencontre propose à explorer des pratiques alternatives, à vivre des expériences situées dans cet entre-deux, cet au-delà, où innovation et humanité cohabitent. En effet, le préfixe « trans », du latin « de l'autre côté », incarne le passage, la mutation, le mouvement, le changement, le dépassement des frontières, qu'elles soient physiques, sociales, techniques ou conceptuelles (Chaouat, 2019). Interroger le « trans » comme levier, c’est s'aventurer dans l'exploration des limites, à travers des créations ou des projets qui franchissent les frontières conventionnelles des arts, du design, de la technologie et de la pensée ; aller au-delà des stéréotypes (Léchot Hirt,2015).

Dans ce contexte, il devient essentiel de renouer avec une démarche où l'humain est placé au cœur de l'innovation, à travers des rencontres, des conférences, des tables rondes, des expositions, des créations et des projets. L’agora se veut un lieu qui rassemble des acteurs venus de divers horizons ; chercheurs, designers, artistes, architectes, sociologues, et bien d'autres encore.

Les journées questionnent les multiples façons de « trans-former », à la croisée de nombreuses disciplines. Ici, le préfixe « trans » est considéré comme vecteur de changement ou/et de mutation tandis que la « forme » est abordé comme une entité malléable et évolutive.
Cette « trans-formation » s’offre, en effet, à être saisie depuis différentes perspectives, en tant qu’objet, espace, récit, graphisme, installation ou encore comme un système dynamique.

L'hypothèse de départ propose d'envisager la création non pas comme une entité figée, mais comme une dynamique vivante, une « présence en mouvement » qui se métamorphose sous le regard de l'observateur. Cette perspective repose sur l'idée que l'œuvre d'art ou de design ne se limite pas à sa matérialité ou à son état final, mais qu'elle est indirectement liée à l'acte de perception et à l'interprétation. Cette approche invite à envisager les objets, les espaces ou les systèmes comme des réalités en perpétuelle transformation, influencées par les interactions humaines, les contextes culturels, sociaux, économiques ou encore les technologies avancées.

À ce titre, Gilbert Simondon a révélé l'entrelacs subtils entre les sociétés humaines et les technologies, inscrivant cette question au cœur même des pratiques culturelles et artistiques. Dans un monde de célérité, sa thèse aspire à rendre à l'être humain les clés pour tracer son chemin, où les technologies ne cessent d’évoluer à une vitesse fulgurante (Simondon, 1958). D’autre part, Umberto Eco a introduit le paradigme de l'œuvre vivante, depuis les années 1960, laissant à chaque regard la possibilité d'en découvrir une nouvelle interprétation (Eco, 1962). Dans la continuité de cette démarche, l'approche autopoïétique de Francisco Varela propose que l'œuvre et la sensibilité intelligible de l'observateur se façonnent mutuellement à travers le processus d'énaction. Ces considérations nous conduisent à envisager la forme non comme une finalité, mais comme une étape dans un processus évolutif, un espace ouvert à l’interaction. Cette perspective invite à redéfinir notre rapport au monde, à développer une approche plus inclusive et dynamique de la création, où la « trans-formation » devient une valeur en soi.

Les rencontres comprendront une variété d'activités. Elles seront animées par des :

● Présentations des projets au sein de l’exposition, explorations-discussions en petits groupes.
● Sessions thématiques (tables rondes, poster session)
● Workshops de discussion, animés selon des objectifs déterminés pour traiter les questions communes soulevées par les recherches présentées.
● Conférences plénières (introduction, conclusion)

Modalités de participation

Envoi d’un résumé et d’un descriptif d’œuvres, ou de communication seule, d’environ 700 mots, accompagné d’un titre, de mots clés (6 au maximum), d’une liste bibliographique et d’une brève biographie à l’adresse agora.adnt@isammh.u-monastir.tn

● Éléments que vous prévoyez d’exposer avec des images légendées, réunies dans un PDF
● Dimensions des objets (dont éditions imprimées).
● Lien vers les objets numériques (site Internet, vidéo, piste audio, etc.) et durée le cas échéant. Uniquement lorsque ces médiums sont inhérents au projet.

Les langues de soumission acceptées : Français, Arabe, Anglais.

Les frais de participation : 180 DT / 100 EUR

10 mars 2025 : clôture de la réception des propositions.

Publication

Un feuillet d’exposition imprimé présente la Rencontre, les projets exposés et le programme.

Les actes de la Rencontre Expo-Scientifique seront édités par le laboratoire LLTA.

La soumission d’articles pour publication se fait en deux formats distincts à envoyer à l’adresse agora.adnt@isammh.u-monastir.tn

• Un format incluant le nom de l'auteur(e), ses coordonnées, une brève biographie, le titre de l’article, 5 mots clés, un résumé et le texte de l’article (entre 28000 et 30000 signes).
• Un format anonyme incluant le titre de l’article, 5 mots clés, un résumé de l’article et le texte intégral de l’article (entre 28000 et 30000 signes espaces compris).

Comité d’organisation

• Amira Jaghmoun (coordinatrice)
• Amira Elhadji
• Ines Megdiche
• Mariem Khalifa
• Noureddine Massoud
• Fatma El Ghazel

Coordination

• Mounir Triki, Dir. Laboratoire Langage et Traitement Automatique, Université de Sfax ;
• Ramzi Turk, Dir. Axe Arts Design et Nouvelles Technologies, Université de Sfax ;
• Wided Ammari, Dir. Institut Supérieur des Arts et Métiers de Mahdia, Université de Monastir ;
• Amira Jaghmoun, cheffe du projet Agora, Université de Monastir.

Comité Scientifique

• Moez Safta, Professeur des universités, Université de Tunis, Tunisie ;
• Mohamed Bouattour, Professeur des universités, Université de Sfax, Tunisie ;
• Sami Ben Ameur, Professeur des universités, Université de Tunis, Tunisie ;
• Mounir Triki, Professeur des universités, Université de Sfax, Tunisie ;
• Sana Jemmali, Professeure des universités, Université de Sousse ;
• Khaled Abida, Professeur des universités, Université de Monastir, Tunisie ;
• Tameur Ennouel, Professeur des universités, Université Oran 1, Algérie ;
• Georges Gagneré , Maître de conférence, Université Paris 8, France ;
• Ali Jelliti, Maître de conférences, Université de Gabès,  Tunis ;
• Ramzi Turki, Maître de conférences, Université de Sfax, Tunisie.    

Bibliographie indicative

Chaouat,N.(2019).L’Homme Trans,Variations sur un préfixe.Collection Variation.Editions:Léo Scheer.

Eco, U.(1962). L'œuvre ouverte.trad. Roux de Bézieux, Seuil, 1965.

Jankovic, N. (2012). Revolution by global design : croire en la croissance ?  Préface à Buckminster Fuller & al, E3, Paris, Éditions B2, p. 7-31.

Léchot Hirt, L. (2015). Recherche-création en design à plein régime : un constat, un manifeste, un programme. Sciences du Design, 01, mai 2015, p. 35-42.

Manzini, E. (2007). Design Research for Sustainable Social Innovation. in R. Michel (dir.), Design Research Now. Essays and Selected Projects, Basel/Boston, Birkhäuser, p. 233-245.

Schon, D. (1994), Le praticien réflexif : à la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel.Montréal :Éditions Logiques.

Turner, F. (2006). From Counterculture to Cyberculture. Steward Brand, The Whole Earth network, and the rise of digital utopianism. Chicago:The Univesity of Chicago Press (tr. fr. Aux sources de l’utopie numérique, Caen, C&F Éditions,2012)

Papanek, V. (2021). Design pour un monde réel : écologie humaine et changement social. Dir. A. J. Clarke et E. Quinz. Dijon : Presses du réel.

Uexkull, J. (2010).Milieu animal et milieu humain.Paris:Bibliothèque,Rivages.

Vial, S. (2013). L’être et l’écran : comment le numérique change la perception. Paris : PUF.