D’après Le Dictionnaire de l’Académie Française, « compléter » c’est rendre complet « quelque chose » afin de la porter à la perfection alors que « achever » c’est conduire un processus à son terme après l’avoir commencé, d’où viennent les différences subtiles entre « complétude » et « achèvement » ainsi qu’entre « incomplétude » et « inachèvement ». Nous vous proposons donc de chercher les lieux de « la complétude et l’incomplétude » dans des exemples linguistiques et littéraires qui témoignent de leurs croisements et de leurs nuances dans les processus de création et d’accomplissement de « l’œuvre ».

Argumentaire

Dans leur usage courant, « complet » et « achevé » sont souvent confondus puisqu’ils renvoient à l’idée de « finitude ». Une distinction des nuances n’est cependant pas sans importance. D’après Le Dictionnaire de l’Académie Française, « compléter » c’est rendre complet « quelque chose » afin de la porter à la perfection alors que « achever » c’est conduire un processus à son terme après l’avoir commencé, d’où viennent les différences subtiles entre « complétude » et « achèvement » ainsi qu’entre « incomplétude » et « inachèvement ».

Certes, « la complétude » ne doit pas être confondue avec la saturation ou la surcharge, voire le trop plein. C’est en contraste avec le manque, la lacune et l’insatisfaction que « la complétude » prend sens. Cette opposition entre « complétude » et « incomplétude » renvoie nécessairement à la capacité du langage à construire du sens et à faire comprendre « le dit ».

Le fait de qualifier un « discours humain » de « complet » laisse entendre « la décidabilité », la justesse, sans excès, ni imperfection, voire « une économie dans la langue et le discours ordonnée à des formes « pleines » » selon Lallot.

Rappelons que pour Platon et Aristote, « la complétude » est essentielle à la construction d’un énoncé lisible, clair et compréhensible. De ce point de vue, la notion de « complétude » est indissociable de l’agencement syntaxique des énoncés. Cet ajustement syntaxique n’est pas sans lien avec une complétude sémantique. Nous pouvons en outre trouver la notion « autoteleia » chez les grammairiens grecs, qui renvoie à cette propriété syntaxique et sémantique caractéristique des énoncés bien construits. Ce terme n’est pas séparable d’un autre qu’est « elleipsis » (l’ellipse) « qui en désignant littéralement le manque, délimite précisément la nature de ce qui manque et remplit paradoxalement ce manque » en termes de Catherine Moreau.

Nous vous proposons donc de chercher les lieux de « la complétude et l’incomplétude » dans des exemples linguistiques et littéraires qui témoignent de leurs croisements et de leurs nuances dans les processus de création et d'accomplissement de « l’œuvre ».

Voici la liste non exhaustive des axes suggérés :

• Du brouillon incomplet à l’œuvre complète
• Limites de complétude dans l’œuvre anthume et l’œuvre posthume
• Complétude, saturation, surcharge
• Complet, décidable, achevé
• Presque complet, elliptique, lacunaire
• Poétique de la complétude et l’incomplétude
• Réception de la complétude/l’incomplétude
• Le sentiment de complétude/d’incomplétude
• Complétude/incomplétude dans le langage de l’intelligence artificielle (IA)

Modalités de soumission

Nous invitons les chercheurs intéressés par cette problématique à nous envoyer leurs propositions de contribution en français. Les titres et les résumés des contributions, d’environ une page, accompagnées d’une notice biographique et d’une demi-douzaine de mots clefs sont à envoyer par voie électronique à chercherlesnuances@outlook.fr

avant le 06 avril 2025

Les actes feront l’objet d’une publication ultérieure après évaluation des travaux par le comité scientifique.

Calendrier

• Date limite de soumission des résumés : 6 avril 2025
• Notification d’acceptation : 27 avril 2025
• Envoi des articles : avant le 1 octobre 2025
• Avis du comité : 15 novembre 2025
• Envoi des articles après rectifications : 20 décembre 2025
• Publication : mars 2026

Responsables

• Ghada Maamria
• Ghada Nechi
• Saber Raddaoui

Comité Scientifique (ordre alphabétique des noms)

• Mohamed Chagraoui (Université de Tunis El Manar)
• Bruno Clement (Université Paris 8)
• Maxime Decout (Université de la Sorbonne)
• Alina Ganea (Université Dunărea de Jos de Galaţi, Roumanie)
• Hichem Messaoudi (Institut Supérieur des Langues de Tunis)
• Nizar Ben Saad (Université de Sousse)

Bibliographie indicative

ALBRESPIT Jean (dir.), Complément, complémentation, complétude, du lacunaire au complet, Presses Universitaires de Rennes, 2021.

Barbaras Renaud, La vie lacunaire, Vrin, 2011.

Baroni  Raphaël, La Tension narrative. Suspense, curiosité et surprise, Seuil, 2007.

Bauman Zygmunt, La vie en miettes : Expérience postmoderne et moralité, Editions du Rouergue, 2003.

BENOIT Éric (dir.), Poétiques de l’incomplétude, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Modernités », 2024.

Dällenbach Lucien, Le récit spéculaire, Essai sur la mise en abyme, Seuil, 1977.

DESCARTES R, Méditations métaphysiques, Édition de Jean-Marie Beyssade, Michelle Beyssade, 2011.

LALLOT Jean, « La complétude dans la grammaire alexandrine », in : Sylvain AUROUX, Simone DELESALLE, Henri MESCHONNIC (dir.), Histoire et grammaire du sens : hommage à Jean-Claude Chevalier, Armand Colin. Paris, 1996.

ORWELL George, « Nouveaux mots » (« New words », 1940) dans Essais, Articles et Lettres (volume 2), Paris, Ivréa/Encyclopédie des naissances, 1996.

TORMA Julien, Écrits définitivement incomplets, Collège de pataphysique, 2003.